L’hiver est là, il est temps de prendre un shot de Catastrophe
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Auteur·ice : Joséphine Petit
24/11/2020

L’hiver est là, il est temps de prendre un shot de Catastrophe

Ou plutôt cinq shots. De pleine nature, d’énergie pure, de mots justes et de chorégraphies dingues. De vert, de rose, de mauve, de blanc, de jaune, de rouge, de bleu et d’argent. En ce mois de novembre confiné, Catastrophe nous offre ce qu’il y a de plus précieux : une bouffée d’air pur.

GONG! La série, c’est cinq vidéos publiées chaque mardi du mois de novembre, cinq clips éclairant des morceaux du merveilleux album GONG! paru à la rentrée dernière. Avec la volonté de nous insuffler de l’oxygène en images, ces clips ont été filmés sans artifices en seulement deux jours, dans le Vexin, à l’écart des villes et de leur lot d’inquiétudes. On n’en attendait pas moins des géniaux membres du groupe, qui réinventent les codes de la musique et de la scène depuis maintenant plusieurs années, brouillant les pistes et redéfinissant les modes. Ces mêmes artistes qui ont fait de GONG! une comédie musicale et qui continuent de nous émerveiller à chacune de leurs initiatives.

 

Le rideau s’ouvre sur Gisela, un interlude parlé contant l’histoire d’une chienne recueillie, de mort, et de framboises sacrées. Un peu comme le calme avant la tempête, la respiration avant l’effort, Gisela introduit Danse tes morts, Pt II, et prépare doucement nos jambes à laisser monter l’envie de danser. À voir tous ces corps bouger jusqu’au bout de leurs doigts sur des lignes d’horizon qui s’étirent, le désir de courir à travers champs devient redoutablement communicatif. Avaler ses peurs dans un doux exutoire, danser pour reprendre le contrôle ou mieux le perdre, Catastrophe inspire dans un plan séquence qui se termine en explosion d’énergie colorée. Juste le temps de reprendre son souffle avant de calmer le rythme avec Gromit, qui nous rappelle à nos vies chargées qui filent à toute allure. “J’ai vu des gens manquer de temps”. Ici, on appuie sur pause à l’extérieur, on écoute attentivement ce que Pierre a à nous dire, et on apprend par cœur la chorégraphie des hôtesses de l’air, pour mieux se préparer à la reprise des concerts, peu importe l’échéance.

Les Méridiens confirme une fois de plus la plume de ses auteurs et livre dans un élégant tableau les silhouettes de Blandine et Arthur, dans un face à face immobile au milieu des hautes herbes secouées par le vent, sous un arrière-plan digne de l’œil d’un peintre. Le voyage se termine avec Le Grand Vide, qui prend ici tout son sens à travers les étendues vertes et bleues qui défilent sous nous yeux. On ressort de cette épopée secoué, avec une soif de grandeur, de nature et de poésie non pas étanchée mais ravivée. En fermant les yeux, on se verrait presque au beau milieu des champs à notre tour.

Une chose est sûre : le groupe sait nous parler. Si dans les angoisses de cette fin d’année, savoir respirer est devenu vital, Catastrophe nous livre ici un manuel de lâcher prise salutaire. À consommer sans modération, le plus souvent qu’il le faudra.

© Antoine Henault