Rappel des faits : depuis juin 2017 et la sortie de son incroyable premier album Flip, Lomepal enchaine les sold-out avec autant d’aisance que les tricks sur sa planche de skate. Que ça soit en France ou en Belgique, son nom est sur toutes les lèvres et sa musique (qu’on le veuille ou non), dans toutes les oreilles. On était déjà à l’une de ses premières dates de la tournée d’automne au Grand Mix. Quatre mois plus tard nous revoilà donc face à Pal-Pal mais cette fois-ci à l’Aeronef. On vous raconte.
Réglé comme une horloge suisse, il est 20h lorsque Gus Dapperton débarque sur la scène d’un Aeronef pas encore tout a fait complet mais déjà bien rempli. Un peu comme l’était Elbi, lors du show de Lomepal au Grand Mix, ce choix de première partie est un peu étonnant puisque les mondes musicaux de ces artistes et celui de la tête d’affiche semblent être à des années lumières. Et pourtant, c’est sans aucun souci que le New Yorkais embarque avec lui le public dans son univers où se mélangent The Drums et Mac DeMarco. En résulte une dream pop à la fois douce et rêveuse, souvent portée par une basse assez hypnotique et qui accroche directement l’oreille, notamment sur un titre comme Gum, Toe and Sole.
Le New Yorkais – qui jouait là son premier concert en France – et ses trois musiciens semblent être très à leur aise sur scène et enchainent durant une bonne demi heure les titres de l’EP Yellow And Such mais aussi l’excellent single Prune, You Talk Funny.
Si on n’a rien compris à ce que le jeune homme essayait de dire entre les chansons, il a parfaitement rempli son rôle de chauffeur de salle et nous a confirmé que dans le grand bouillon musical de l’indie pop américaine, il reste pas mal d’artistes à suivre avec attention en 2018.
Pas vraiment le temps de se poser, puisqu’entre les deux shows, c’est Henry Fexa qui vient nous divertir. Le magicien/humoriste, déjà présent sur la date du Grand Mix, nous a une nouvelle fois démontré tout son talent et présenté son univers entre drôlerie et poésie.
Il est alors 21h lorsque les lumières s’éteignent. Dès les premières notes, on comprend que le délire ne s’arrêtera pas avant la fin du show. Pendant approximativement 1h15 sans interruption, Lomepal va enchainer les tubes qui constituent son répertoire. On avait déjà apprécié sa performance en octobre mais force est de constater que ce n’est pas une marche qu’il a gravi mais carrément un escalier. La voix se fait plus sûre sur les moments chantés, notamment sur le refrain de Ray Liotta ou sur l’excellente Club, qui vire définitivement plus vers la pop que le rap. Ce qu’on aime surtout chez le Parisien, c’est la palette musicale qui émane de ses morceaux et qui prend encore plus corps en live grâce à une interprétation habitée et puissante. Que ce soit sur l’inquiétant égotrip de Pal-Pal, la planante Bryan Hernan, la mélancolique Bécane, la crève coeur Yeux Disent ou les bangers évidents que peuvent être Malaise ou Pommade, il se donne à chaque chanson et nous emmènent avec lui sans grande difficulté, entre pogos et mouvements de foule à faire palir de jalouse intermarchés et ses pots de Nutella. La foule réagit à la moindre note, à la moindre intonation, reprennant en choeur et par coeur toutes les lyrics du rappeur (même si en vieux con prétenieux, l’auteur de ces lignes continuent de douter que la majorité du public comprenne les références à Octova Parango, Kusturica ou Janis Joplin).
S’il a pris de la bouteille dans sa présence scénique et dans sa voix, l’autre point important à noter à la vue du concert de ce jeudi soir, c’est la mise en scène. Entre le spot de skate, qui sert de décor et les lumières, des moyens ont été mis en place pour offrir aux spectateurs une plus value bienvenue, la preuve aussi que, contrairement à d’autre rappeurs, le garçon prend clairement son public au sérieux et est bien décidé à lui offrir un spectacle à la hauteur.
Mission réussie donc, puisqu’on ressort du show lessivé, puant la sueur mais surtout, et c’est le plus important, heureux avec un sourire d’une oreille à l’autre. Lomepal nous avait déjà conquis, que ce soit sur scène et sur album, mais hier il nous a confirmé tout le bien que l’on pensait de lui. Oups, il nous a touchés dans le coeur.
Crédit photos : Noémie Danjou
Lomepal sera en tournée sold out dans toutes la France ainsi qu’en Belgique jusqu’en avril. Vous pourrez le retrouver dans de nombreux festivals cet été, notamment au We Love Green, à Dour et Aux Nuits Secrètes.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.
