Un an et demi après la sortie de son deuxième album When Life Presents Obstacle, l‘espoir du rap underground britannique est de retour avec I Can’t Wait To See U Again (ICWTSUA). Sur ce nouvel EP, Louis Culture continue d’implanter son identité artistique singulière avec ces six nouveaux titres tous aussi différents que captivants. Le rappeur et producteur londonien brouille toujours plus les frontières des genres en mêlant rap, hip-hop alternatif et autres influences de la musique noire britannique.
Si vous ne connaissez pas encore Louis Culture, c’est que votre algorithme est corrompu, mais La Vague Parallèle est justement là pour tenter d’y remédier. Depuis la sortie de son premier album Smile Soundsystem – succès critique et médiatique – il est devenu l’une des figures emblématiques du rap émergent de la capitale britannique. Originaire du sud de Londres, son flot reconnaissable et ses productions vibrantes aux influences house et UK garage l’ont placé dans l’héritage d’autres rappeurs tels que Kid Cudi, M.I.A. ou Kanye West qui utilisent le rap comme prétexte à l’exploration plutôt que comme finalité musicale. Avec ICWTSUA justement, il incorpore de nouvelles sonorités et étend son champ d‘exploration, tout en confortant son identité artistique. Sur X (anciennement Twitter), il décrit d’ailleurs l’EP comme son meilleur projet pour ces mêmes raisons : “ce n’est pas à proprement parler un projet de rap, mais avant tout un projet d’écriture et de composition“.
À la base de l’écriture de cet EP, ICWTSUA, il y a une réflexion sur les sentiments duels d’une séparation. Tout d’abord la nostalgie de la personne qui n’est plus là et le désir de la revoir, mais aussi la nécessité d’accepter le changement et le besoin de se retrouver soi-même. En d’autres termes, ICWTSUA c’est l’expression de sentiments complexes, parfois contradictoires qui se superposent : j’ai hâte de te revoir, mais j’ai hâte de me revoir.
Pour composer autour de ces sentiments post-ruptures, Louis Culture s’est entouré d’autres producteurs et a invité trois artistes en featuring. Sur le premier titre de l’EP, Times Square, on retrouve le chanteur originaire de Rotterdam Elijah Waters. Dans une veine plus mélancolique, les cordes et la voix soul d’Elijah Waters se marient à un Louis Culture plus serein, plus juste. Il invite également Alex Cosmo Blake sur Don’t You Give Up On Love pour une prod qui mêle héritage garage UK et vibes néo-funk. Enfin sur Hide Your Pills, chanson sur la tentation de l’auto-destruction quand on va mal, c’est l’Écossais not dvr qui accompagne le rappeur londonien. D’ailleurs, ne dérogeant pas à la règle des visuels on point de Louis Culture (on vous invite à aller revoir le clip de Grimes), le clip, réalisé par Connor Pritchard, est simple, mais efficace. Les plans sont travaillés, l’esthétique léchée, bref on aime.
ICWTSUA apparaît comme une œuvre d’exploration, pas dans le sens de prématuré, mais plutôt dans le sens de liberté et d’opportunité de créer de nouvelles combinaisons entre le rap puissant de Louis Culture et des productions plurielles, toujours surprenantes. Sur Mannequin, la prod musicale est expérimentale : un rythme soutenu, un son texturé, un flow imperturbable, une voix altérée et étouffée sur les refrains. Louis Culture se montre vulnérable, mais aussi cynique sur la façon dont on traite nos émotions sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie. En résumé, un pur banger avec un message de fond. En six morceaux, le Britannique de 26 ans explore de nouveaux horizons sans jamais perdre sa propre identité, ni sa patte. Au contraire, cela fait partie intégrante de sa singularité musicale.
Et si vous n’êtes toujours pas convaincu·es après cet éloge assumé, il vous reste les concerts pour vous faire votre propre idée. Après plusieurs shows en 2023 en Angleterre, à Los Angeles, à Paris et dernièrement à Bruxelles lors des Fifty Session en octobre, Louis Culture a entamé une tournée européenne le 10 avril dernier à Copenhague pour défendre l’EP ICWTSUA en live. Il passera notamment à Paris (au Hasard Ludique), à Cologne, à Berlin, à Amsterdam avant de terminer par Bruxelles le 25 avril prochain. Entouré de deux autres figures de la scène rap alternative londonienne, Jeshi et Finn Foxell, il mettra le feu à l’Orangerie lors des Nuits Botanique dans la capitale belge. On s’y voit ?
Adepte des lectures aléatoires qui accompagnent mes mood swings, entre Feist, Michel Berger et Solange.