NeS, toujours les deux pieds sur terre
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Auteur·ice : Arotiana Razafimanantsoa
16/05/2023

NeS, toujours les deux pieds sur terre

NeS court sans s’arrêter sur la piste sans fin de l’industrie du rap. Son départ a été bien lancé, son accélération épatante et surtout impulsée par son flow ciselé et ses rimes saillantes. Cela va sans dire : c’est une pépite prometteuse. Alors que se passe-t-il lorsqu’on est l’un de ces jeunes artistes émergents qui font l’objet de fortes attentes ? Réponse : on fait ce qu’on sait faire de mieux – c’est-à-dire continuer à faire de la musique – tout en gardant les deux pieds sur terre et en répétant la même phrase en boucle : « ÇA VA ALLER ».

La célébrité peut vite nous monter à la tête, d’autant plus lorsqu’elle est inopinée. L’école ne nous a pas appris à faire face à notre propre orgueil. Enfin, elle ne nous a tout simplement pas appris à faire face à nous-mêmes. Ce n’est donc pas pour rien qu’on nous rabâche la fameuse citation : « la meilleure école, c’est la vie. » Ce sont de multiples leçons survenues après une répétition d’erreurs, de regrets et de culpabilité qui nous permettent d’établir une méthode pour faire face à notre alter ego – ou pourrait-on dire le petit démon rouge sur l’autre épaule qui nous pousse à prendre des décisions égoïstes. Et puis avec le temps et l’expérience on découvre le remède : une parfaite mixture d’humilité et d’acceptation.

Moi aussi j’ai un ego de rappeur

Mais jе m’invente pas de lifе

Donc pour la suite j’peux dire sur un track que j’ai ultra peur

Souvent cité parmi les rappeurs les plus prometteurs de la nouvelle génération, NeS est désormais à une autre étape de sa course. Et quelle que soit l’étape de notre course, on sera continuellement confronté·es à des remarques et des critiques, on fera face à nos peurs et nos doutes, jusqu’à se demander si ça sert à quelque chose de continuer à courir. Et pourtant, arrivé·es à la vitesse de croisière, on ne peut pas se permettre de ralentir car le SCOREBOARD est tout de même encourageant. Autant garder les deux pieds sur terre et les yeux fixés sur l’objectif. On peut même jeter un coup d’œil sur le côté pour repérer nos proches qui nous encouragent sur les gradins, comme NeS avec son équipe : les mots ne sont plus nécessaires car ils se comprennent comme par télépathie. Résultat : ÇA VA ALLER, un projet qui illustre une « ambition énorme cachée dans l’keu-sa » mêlée à des questionnements et une introspection profonde. Ce projet dépeint l’évolution des pensées de NeS. En l’écoutant, on ne peut s’empêcher d’aligner les nôtres aux siennes et de hocher la tête lorsqu’on entend des punchlines qui nous parlent.

Suivre la course de NeS, c’est aussi assister à celle de ses co-équipiers, notamment Lil Chick qui l’accompagne depuis le début de son ascension et qui a produit dans ce projet A/R, SCOREBOARD avec Planaway, -94°C avec Restonsflex et LE SOURIRE D’UNE TOMBE. Le combo Nes x Lil Chick est comparable à une alchimie parfaite : l’un amplifie la force de l’autre, comme s’ils étaient faits pour faire de la musique ensemble et ça s’entend dans chacune de leur collaboration. Ce n’est pas non plus surprenant d’y retrouver Deemax et Yvnnis car comme NeS le dit sans détour : « je fais des feat qu’avec les gens que j’aime. » Depuis le début de l’année, ils sont tous sur la même lancée avec des projets – CAP & CAPUCHE (Deemax) et NOVAE (Yvnnis) – qui sont guidés par la même envie, la même ambition.

Avec mes gars on se capte même sans fil, même sans se feel

On est les mêmes sensibles

De grosses gouttes de sueur, des douleurs lancinantes, le moral à plat… Les barrières qui se dressent sur notre chemin peuvent vite nous décourager. Un léger petit trot devient éprouvant même si au tout début de la course il n’y avait rien de plus facile. Regarder devant paraît moins évident car au final la ligne d’arrivée n’a plus l’air si proche. « J’ai l’impression que mes pupilles sont aimantées par le sol. » On a beau être parmi une cohue de coureurs, le sentiment de solitude peut nous gagner même si la voix de notre inconscience continue à résonner dans notre tête : « ÇA VA ALLER ».

Et puis d’un coup on se rappelle que, depuis les tribunes, plusieurs paires d’yeux sont toujours rivées sur nous. Un modeste sourire se dessine sur nos lèvres car oui, malgré la douleur et le désarroi, il faut leur montrer qu’on garde le contrôle. C’est un léger sourire qui se veut être rassurant mais qui en réalité cache quelque chose de plus triste et profond. Est-ce comparable à ce que NeS appelle LE SOURIRE D’UNE TOMBE ? C’est justement ce morceau qui conclut le projet et ainsi les réflexions de NeS. Après un enchaînement de vers saisissants, le titre se finit par une coda purement instrumentale qui progresse en gagnant en rythme et en intensité, comme si elle nous invitait à prendre ce paradoxe dans la joie et de danser au milieu d’une piste au sommet d’un mont qu’on a longuement escaladé. Danser même s’il existe de plus hauts sommets, car un long chemin a déjà été parcouru pour y arriver.

 

S’il y a une chose dont NeS est persuadé, c’est qu’il court sur la piste qu’il a toujours attendue, même si elle est remplie d’obstacles. La course est peut-être interminable mais elle regorge de richesses qui nous serviront de leçons. De cette façon on trouvera la formule magique qui nous aidera à maintenir notre endurance en dépit des embûches qui nous empêchent d’avancer. En tout cas NeS a la sienne : acceptation + humilité. On a qu’une hâte, c’est de l’écouter raconter sa course et ses réflexions sur la scène de La Cigale le 29 septembre.

Le plus important c’est d’avoir les deux ieds-p sur terre

J’fais pas la superstar, j’suis pas une superstar

Mes ons’ : c’est juste des maquettes qui ont bien tourné

 

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