New Long Leg : le premier album saisissant de Dry Cleaning
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Auteur·ice : Léa Formentel
08/04/2021

New Long Leg : le premier album saisissant de Dry Cleaning

| Photo : Hanna-Katrina Jędrosz

Le 2 avril dernier paraissait sur le label 4AD New Long Leg, le tout premier disque de Dry Cleaning, étonnante formation originaire du sud de Londres. Produit par John Parish (PJ Harvey, Aldous Harding), cette galette introductive est un véritable bijou, faisant briller une fois de plus la scène britannique qui ne manque décidément pas d’excellents groupes.

New Long Leg se vit comme une aventure, tout au long des dix titres qui composent le tracklisting, voguant au fil de riffs de guitares entêtants sur Strong Feelings, John Wick ou encore More Big Birds. Le tout mêlé au spoken word enivrant de la leadeuse Flo Shaw : c’est donc ça, la recette du succès de Dry Cleaning. “It’s not rocket science” chante justement la frontwoman dans Unsmart Lady – traduisez “ce n’est pas sorcier”. Un savant mélange d’humour et de post-punk.

On retrouve d’ailleurs cet humour décalé dans l’excellent clip de Scratchcard Lanyard. Sorti en novembre 2020 —au moment où nous vivions amèrement un deuxième confinement la simple vue de la tête de Shaw chantant dans un bar miniature nous conférait alors un sentiment aigre-doux.

 

Une des caractéristiques de ce groupe, c’est indéniablement son songwriting. Il s’avère que Florence Shaw est une collectionneuse de mots : “Je collecte des discours et les mots viennent de là. J’imagine des scènes entre les gens à partir de ça, ce qu’ils pourraient se dire. Parfois c’est inspiré de ce que j’ai entendu, de gens au pub, parfois ça vient plutôt de la façon qu’ils ont de parler dans les publicités, les tabloïds ou les quotidiens. Mon inspiration vient de textes courts et de l’évolution du langage au Royaume-Uni”, confiait-elle aux Inrockuptibles dans une interview de décembre 2019. Une manière inédite et intéressante d’aborder l’écriture de paroles qui rejoint complètement le côté décalé qui décrit la formation londonienne.

Formé en 2018, le groupe composé de Florence Shaw (chant), Nick Buxton (batterie), Lewis Maynard (basse) et de Tom Dowse (guitare) regroupait à l’origine Nick, Lewis et Tom. Florence Shaw, qui avait étudié au Royal College of Arts avec Tom, les rejoindra quelques mois plus tard pour former ce qui donnera naissance à Dry Cleaning.

 

Plus mature et résolument plus punk

Bien que l’on colle aujourd’hui assez hâtivement l’étiquette “post-punk”, il serait dommage de réduire Dry Cleaning à ce seul genre, selon Tom, guitariste du band. Le groupe est avant tout le résultat de plusieurs influences : “Lewis aime vraiment le funk et le métal, donc le son a commencé à évoluer dans une direction qui, personnellement, n’est pas si proche du post-punk”, expliquait-il au magazine NME.

 

Les quatre Anglais·es ont fait sensation dès Sweet Princess, premier EP sorti en 2019. Six titres dont le Magic of Meghan, articulé autour de cette drôle de thérapie consistant à penser aux fiançailles de Meghan Markle et du Prince Harry pour vous consoler de la fin de votre propre relation. Plus mature et résolument plus punk, New Long Leg, enregistré en seulement deux semaines l’été dernier aux Studios Rockfield, perdus dans la campagne galloise, est une réussite. La scène britannique ne cesse décidément pas de briller.


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