Nuits Botanique 2022 : nos highlights de la troisième semaine
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Auteur·ice : Rédaction
18/05/2022

Nuits Botanique 2022 : nos highlights de la troisième semaine

| Photo : Giulia Simonetti

Les Nuits Botanique sont de retour pour l’édition 2022, du 27 avril au 15 mai. Encore une programmation éclectiquement délicieuse qui va du rap au métal en passant par le jazz et la pop, et on en passe. Vous l’aurez compris, l’équipe de La Vague Parallèle se devait d’être là et vous propose de vous immerger dans l’ambiance si particulière de ces rendez-vous au cœur du Jardin Botanique et entre les murs de ce trésor d’architecture. Récap de la troisième semaine avec Ascendant Vierge, Wet Leg, Indigo de Souza, Robbing Millions, Erika de Casier et beaucoup d’autres ! 


11/05 | Tiberius B + Indigo De Souza

Rien n’attise plus notre excitation et notre impatience qu’une session live bien exécutée, et celle que Indigo De Souza offrait dans les studios de KEXP le mois dernier est pile de ce calibre-là. Jeune pousse de la scène alt-pop grungy et emo bien mélodramatique comme on les aime, l’Américaine assurait sa première date belge dans une Rotonde attentive, réceptive et galvanisée par le spectacle. En même temps, il y a de quoi : De Souza est une vraie bête d’intensité. La soirée avait bien démarré, plus timidement, avec Tiberius B, artiste britannique à la pop mélanco-rebelle. On retiendra sa spontanéité, son authenticité, son timbre voilé, intelligemment couvert d’effets de reverb efficaces. Mention spéciale pour son titre Olivia qui nous aura fait chalouper en fin de set.

Quand Indigo De Souza monte sur scène, on est d’abord marqué·es par la ressemblance physique avec une légende du panthéon musical : les tatouages, la robe courte, les cheveux volumineux coiffés en choucroute. Mais on ne retrouvait rien de la soul jazzy d’Amy Winehouse ce soir-là. À la place, des compositions pop-rock franches aux sonorités plurielles signées d’une des artistes niche les plus excitantes de son rang. Avec les titres de ses deux premiers albums sous le bras, elle construit des sets impeccables aux émotions multiples : la légèreté grinçante de Kill Me, la ballade aigre-douce Late Night Crawler ou encore l’euphorie de son tube Take Off Ur Pants. Tout cela dans une véritable allégresse qui traduit l’émotion du band qui entame ici sa toute première tournée européenne. L’occasion de rencontrer leur public et de voir ces petites têtes de l’autre côté de l’Atlantique entonner les lyrics si malicieuses des morceaux : “I don’t like fucking boys who need to know what to say when there’s silence in the room” Il y a un esprit de liberté et d’indépendance dans ses chansons, et on aura pris tellement de plaisir à observer ces aficionados les chanter avec des étoiles dans les yeux et des frissons sous les manches. Grosse claque lorsque Real Pain retentit dans la salle en nous emportant dans un voyage aux mille altitudes, où les notes aigües impossibles de la chanteuse se mêlent brillamment à l’accompagnement de ses musiciens. Un grand moment, une grande artiste.

| Photos : Giulia Simonetti


11/05 | Shoko Igarashi + Anna Meredith

Malgré le succès incontesté de Anna Meredith, que vous pouvez découvrir dans son NPR Music Tiny Desk, c’était bel et bien pour Shoko Igarashi que nos oreilles vibraient le 11 mai dernier au Grand Salon. Beaucoup de Belges étaient venu·es admirer la complexe élégance de la multi-instrumentiste. Même si l’artiste nous vient du Japon et des Etats-Unis, elle est un peu notre fierté de la scène alternative jazz bruxelloise. La saxophoniste nous avait déjà impressionné·es lors du Fifty Lab en novembre dernier, malgré le manque d’atmosphère dans on set dû à un trop peu de scénographie. De quoi placer notre excitation au plus haut pour l’arrivée de Shoko au Botanique, cette fois-ci entourée des jeux de lumière du Grand Salon. Point de saxo dans les rangs de ses instruments à vent, aujourd’hui, c’est flûte traversière, clarinette et clarinette électrique. Elle s’accompagne de Casimir Liberski (encore un virtuose), son fidèle comparse, au synthé analogique de l’espace.

Shoko Igarashi se prépare alors à nous présenter son premier album Simple Sentences et ne manque pas de doser chaque note pour nous montrer l’évidence de chaque morceau. Si la simplicité et la franchise en sont les maîtres mots, les intrications d’influences ressortent comme des lueurs divines. Pourrait-on appeler ça du Shokoism ? Le morceau va dans ce sens en tout cas, représentant l’artiste à merveille avec ses teintes de funk, électro et vibe japonaise. On retrouvera des sons de son album à venir qu’on connaissait déjà comme le puissant et mystérieux AppleBanana, mais aussi des sons qu’on découvre et qui nous montrent le large spectre de sonorités que Shoko peut nous offrir. Il nous semble avoir entendu Anime Song en fin de set, qui nous a réveillé·es pour 100 ans au moins avec ses influences à la YELLOW MAGIC ORCHESTRA, vraiment très apprécié. Un énorme big-up à ces deux musicien·nes incroyables qu’on ira voir et revoir, encore et encore. Et… psst ! L’album est maintenant sorti et on vous le conseille vivement.

| Photos : Caroline Bertolini


13/05 | Ascendant Vierge + COUCOU CHLOE + Catnapp + Promis3

Le 23 mai c’était le sprint électrique au Chapiteau. De quoi en perdre son souffle, sa voix et ses vêtements. On a effectivement “survécu” à un enchaînement disjoncté et très sportif : quatre concerts en quatre heures. La soirée débute tôt, il est 19h et on commence avec le duo belge queer Promis3 et leur univers cyberpop survitaminé. Ensuite, on enchaîne avec Catnapp, jeune artiste argentine vivant à Berlin avec sa musique électro mêlée au post-rap. À 21h arrive COUCOU CHLOE, prodige électro aux multiples talents. Le public danse, le feu brûle à vif ! La jeune DJ, productrice et chanteuse française nous propose une musique expérimentale sombre à mi-chemin entre la techno, le hip-hop et la trap. Son tout dernier EP, ONE, sorti en décembre 2021, reflète bien les différentes facettes de cette artiste. WIZZ a été le coup de cœur de cette soirée où le public s’est laissé transporté par le tempo.

Il est 22h et quelques minutes, oui on les attendait l’eau à la bouche. Le public impatient ne tient plus. Pour cette édition 2022, le rendez-vous avec Ascendant Vierge était un immanquable. Un concert ultra sold-out pour lequel les festivalier·ères sont remonté·es comme des piles. Comme à son habitude, Mathilde Fernandez, chanteuse symphonique à l’univers gothique, et Paul Seul, producteur, se métamorphosent en un ouragan pacifique ravageant le Botanique. Et ça, on peut vous le dire, c’est une expérience à vivre en boucle ! La voix, l’esthétique et le flow de Mathilde hypnotisent, bouleversent et propulsent le public dans un autre monde. Le show commence fort et le duo nous présente les différents titres de leur magnifique chef d’œuvre Vierge. Cet album ovni est sorti en 2020, pourtant il pourrait être futuriste et retro à la fois. Discoteca, Impossible Mais Vrai ou encore les succès Influenceur et Faire et Refaire ravagent le public. Les prods énervées et déstructurées mêlées à la voix aérienne de Mathilde font poggoter frénétiquement la foule. La fin du concert est acclamée, félicitée et largement applaudie, le duo extravagant laisse encore une fois une belle trace.

| Photos :  Giulia Simonetti


13/05 | Robbing Millions XL + Gut Model

Encore un concert qu’on attendait avec impatience, c’est la création XL du grand Robbing Millions qui ramène toute sa troupe pour jouer à ses côtés. Un set sur lequel on aurait aimé danser comme les fans #1 à côté de nous, mais notre focus était aux photos. Il faudra quand même saluer les musicien·nes de Gut Model qui nous ont offert un spectacle électrisant, auquel nous sommes arrivé·es en retard certes, mais pour trouver une salle déjà remplie et concentrée sur le quintet disposé en une ligne plus solide que le mur de Berlin, wait… En bref : des corps, de la sueur et des guitares, la soirée ne commençait donc pas trop mal.

Une bière dans le gosier, nous partions à l’aventure dans ce set bourré de talent belge. On y retrouvait la grande Shoko Igarashi dont on vous parlait plus haut en invitée saxo, Raphael Desmarets et Julien Drinkel – en plus des musiciens habitués de la scène psychédélique de ce cher voleur de millions. Une composition particulièrement humble qui se mesure à la place que prend l’artiste parmi ses compatriotes du son, la même que la leur. Chacun·e a droit à son moment pour briller. L’ambiance est très bleutée même si quelques projections réchauffent la pièce de temps en temps. On a droit aux singles de Holidays Inside qui nous ont ravi les oreilles, et notre petit préféré Camera qui fait danser toute la salle sous les paroles “Don’t forget to bring your cameraaa”. Gros tournant dans ce live qui détermine l’ambiance de lâcher-prise qui suivra. A partir de là, les fans du premier rang vivent leur meilleure vie entre les lignes de basse qui claquent et les guitares qui crient. Enfin, le moment que nous attendions,  le saxophone fait son apparition à nouveau pour un instrumental aux sonorités jazz, fait de solos de chaque instrument, ou comment ne pas donner envie aux gens de partir. La seule déception de ce concert était sa fin trop prématurée à notre goût.

 

| Photos : Caroline Bertolini


15/05 | Wet Leg + Ada Oda

Il fait bon vivre dans le Grand Salon du Botanique. Alors que la salle a l’habitude d’accueillir des expositions ou des sets plus intimistes, cette année l’endroit aura été marqué par des shows électrisants et grandioses dans son cadre si particulier. À l’image de celui de Wet Leg. En première partie, on retrouvait le nouveau collectif belge Ada Oda, qui avait pour l’occasion enfilé leurs plus beaux shorts-cuisses. Belle énergie, des morceaux catchy et exaltants chantés exclusivement en italien (pour notre plus grand plaisir) qui auront suffi à attiser nos synapses. Déjà curieux·euses de découvrir la suite des aventures de cette nouvelle formation post-rock à l’univers déjà bien construit.

Le temps de profiter d’une pinte au soleil sur les marches du Bota (l’été avant l’heure à Bruxelles, ça ne se refuse jamais) et voilà qu’on rate le second concert de la soirée. On s’en remet aux retours de nos compatriotes : Water From Your Eyes c’était sympa”. Source : une mélomane avertie. Arrive alors l’heure du duo à qui tout semble sourire ces derniers mois. Le show de Wet Leg affichait déjà guichets fermés il y a des semaines, et seul·es les fans aguerri·es auront bénéficié d’une place de choix dans la salle pour observer distinctement leurs nouvelles idoles gratter leurs riffs francs et beugler leurs lignes décapantes. Noir de monde, une foule timide sur le début du set qui s’est tout de même bien réveillée sur la fin, notamment avec le tube Chaise Longue. De l’énergie, ça en débordait, mais il y avait aussi de la place pour de la douceur avec le céleste Obvious, la voix remarquable de Rhian Teasdale et une présence scénique marquante de l’ensemble du band. Le phénomène Wet Leg s’est justifié sous nos yeux et il nous tarde déjà de voir la joyeuse paire développer davantage leur univers loufoque et survolté.

| Photos : Giulia Simonetti


15/05 | Erika de Casier

Ce dimanche soir, on avait aussi rendez-vous avec Erika de Casier. Malgré le sentiment de fin de festival qui s’installait dans les jardins botaniques (ça se terminait le lendemain, mais pour le principe on préfère terminer un festival un dimanche), la curiosité et l’excitation résonnaient dans nos poitrines : Erika de Casier jouait à Bruxelles. Il faut dire qu’on a attendu ce concert avec impatience après l’annulation de la fin de sa tournée européenne en novembre dernier. On avait été rassuré·es de voir le show rapidement reprogrammé aux Nuits Bota, et qui plus est à la Rotonde (meilleure salle à l’unanimité). Mais alors, le live de la reine danoise du RnB ça donne quoi ?

Malgré un retard de 30 minutes et un début assez calme, Erika exprime dès les premières notes un RnB instinctif qui nous attrape et nous ramène 15 ans en arrière dans notre chambre (la Rotonde), lieu intimiste où les émotions peuvent se vivre pleinement alors que l’on écoute un mélange de sons RnB dans lesquels les cœurs sont brisés et les amours déçues. Il faut dire que depuis son dernier album Sensational, Erika manie à la perfection l’art de la catharsis anticipée dans ses chansons, où sans avoir vécu les mêmes expériences l’identification affective est inévitable. À Bruxelles, la timide Erika de Casier se sent comme à la maison (sa maman est originaire de Belgique). Elle conquiert le public belge en alternant ballades douces soutenues par son flow sensuel unique et autres hits entraînants aux résonances 90s-2000s qui ont fait sa renommée. On peut tout de même lui reprocher une scénographie trop simpliste qui laisse comme un goût de trop peu de sa prestation, là où on voudrait que sa personnalité esthétique singulière, juste milieu entre sensualité et ironie, nous submerge comme le font ses clips DIY. Mais Erika de Casier reste Erika de Casier, la Rotonde l’acclame pour l’élégance de son RnB. Et elle le mérite !

| Photos : Diego Mitrugno

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