Nunca, du ressenti avec distance et du rap bien au contact du réel
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Auteur·ice : Adriano Tiniscopa
08/05/2023

Nunca, du ressenti avec distance et du rap bien au contact du réel

Le discret rappeur Nunca, de banlieue parisienne — c’est la seule information de l’état civil que vous aurez sur lui —, a répondu aux questions de La Vague Parallèle afin de faire connaître un peu mieux le personnage. Après deux EP et la sortie en février de l’album VISAG3, il referme son triptyque et promet de prochains projets à la hauteur de ses pérégrinations de l’âme.

LVP : Salut Nunca ! Comment ça s’est passé la soirée Reconnecting With People #2 à Paris à FGO-Barbara ?

Nunca : C’était mon premier live et ça s’est très bien passé. Maintenant, il y a une marge d’amélioration. Là c’est le tout début, j’essaie d’assurer un live correct et de passer un bon moment avec le public. Mais il va falloir faire mieux, tenter de nouvelles choses pour la prochaine fois.

LVP : Tenter de nouvelles choses, c’est-à-dire ?

Nunca : Par exemple, travailler des nouveaux morceaux, voir comment on peut interagir avec le public…

LVP : Quel a été ton sentiment en sortant de ce tout premier live ?

Nunca : Je crois que j’ai pas réussi à tout capter de suite. L’équipe était contente donc j’étais content aussi. Sur scène je me suis amusé. C’était un test. Ta musique en studio c’est pas la même chose que de la jouer devant 300 personnes. J’ai l’impression que c’est même pas le même sport, ni la même discipline. C’est une autre sensation.

LVP : Et sinon tu as commencé quand le rap ?

Nunca : Je pense que j’ai commencé à rapper il y a huit ans et plus sérieusement il y a trois ans avec ma première production masterisée qui date de mars 2021. Et j’ai travaillé sur l’EP M1ROIR qui est sorti en septembre de la même année.

LVP : Si t’as commencé le rap il y a 8 ans, et plus sérieusement il y a 3 ans, pourquoi est-ce qu’on ne t’a pas vu pendant ces 5 années ?

Nunca : Disons que j’ai préféré prendre du temps tant que je n’étais pas satisfait. Je voulais pas que ça soit donné parce que ça ne me semblait pas intéressant de le faire. Sachant qu’à chaque fois que quelque chose est donné, tu vas trouver que ça ne l’est plus. Dans le sens où dès que tu sors un projet, tu lui trouves plein de défauts, de problèmes…

LVP : Grâce au regard des autres, tu te fais ton auto-critique, tu penses pas ?

Nunca : Même sans rien sortir, tu as la musique de la planète entière sur ton téléphone. Donc ça te permet de te jauger déjà. Mais trouver une forme d’auto-critique, d’objectivité envers soi-même, ça se travaille c’est sûr. Je voulais simplement faire le truc au maximum tout seul et après le présenter une fois abouti.

LVP : Tu es satisfait de ton album VISAG3 ?

Nunca : Ouais ! Je suis content aussi de plus l’avoir entre les pattes parce que ça faisait un moment qu’il était terminé. C’est un cycle passé et on va pouvoir avancer.

LVP : Tu fonctionnes par cycle dans ton processus créatif ?

Nunca : Ça accompagne assez logiquement des périodes où t’as des questions, des façons de réfléchir, des façons de te positionner dans la vie de tous les jours. Ça évolue pour nous tous·tes. Les projets prennent différentes formes en fonction des visions différentes que tu as, de tes idées qui peuvent évoluer, changer…

LVP : C’est quoi la trame générale derrière VISAG3 ?

Nunca : Je suis pas très morceaux à thèmes et j’aime bien quand les choses sont pas forcément explicites. Parfois, les idées derrière un morceau sont là pour accompagner la musique. Pour VISAG3 c’était un projet prévu depuis longtemps. Il s’inscrit dans un triptyque que j’ai commencé avec les EP M1ROIR en 2021 puis MI2AGE en 2022. L’idée c’était de clôturer le tout. C’est comme un trajet. Il est libre d’interprétation. À l’intérieur il y a des thématiques diverses et variées.

LVP : Du genre ?

Nunca : L’humain, la vie, des comportements, des événements systémiques, des gens qui vont bien, d’autres qui vont mal, des problèmes ici, des solutions là-bas… C’était une période de ma vie.

LVP : Pour les autres albums, tu vas surprendre tout le monde puisque tu seras dans d’autres phases ?

Nunca : J’essaie de les faire de manière spontanée. Je peux pas encore lire dans le futur… J’ai déjà des images, des esthétiques musicales, j’écoute des choses complètement différentes pour toujours m’inspirer.

LVP : Tu travailles avec qui pour les instrus ?

Nunca : Avec Kamaji, c’est un beatmaker, un poto qui est là depuis longtemps.

LVP : Je suppose qu’on a déjà dû te parler des instrumentales très planantes de tes morceaux.

Nunca : Je suis attaché à ce que les prods soient aérées. C’est pour ça que je travaille avec Kamaji qui répond bien à ça. Pink Floyd, PNL… C’est des artistes que j’apprécie pour ça aussi.

LVP : Tu vas rester dans ce genre de prods ?

Nunca : On verra, j’aime tester des trucs, m’amuser. Mais dans le projet VISAG3 il y a aussi des morceaux plus percussifs, un peu plus remplis, plus “chargés”, j’ai l’esprit porte ouverte.

LVP : Ce serait quoi le caractère qui te décrirait le mieux ?

Nunca : Je crois que je peux être obsessionnel, c’est un truc qu’on me dit souvent. Je peux être insupportable (rires). Parfois je me fixe un objectif et ça ne me quitte pas la tête avant un bout de temps.

LVP : T’as des sons du moment là ?

Nunca : Je viens de tomber sur un belge, OG Jobar et le morceau s’appelle 1140. Il y a également 23 Wa qui a sorti un album très intéressant Rorschach.


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