Quelques mois après avoir sorti Very Bad Drip, un EP rempli d’egotrip, Smeels revient avec Par amour et pour le geste, un projet plus dense et plus mature que les précédents. Une nouvelle carte de visite créée par amour et qu’il nous offre, pour le geste. Rencontre avec ce self-made man qui n’est pas venu faire de la musique, mais bien du Smeels.
Inutile de présenter Smeels si vous avez bon goût. Un artiste discret qui croit en lui, mais qui garde les pieds sur terre. C’est en tout cas ce que laisse transparaître son nouveau projet. Une mixtape plus personnelle, où le rappeur échange pour la première fois avec ses auditeurs. Si les artistes préfèrent souvent faire les présentations en musique, c’est également le cas de Smeels. Une mixtape de treize titres où il dévoile les treize meilleures parties de lui-même. Une porte vers son esprit qu’il ouvre avec des morceaux introspectifs et mélancoliques.
Les projets précédents n’étaient pas vraiment personnels. Mais là c’est vraiment, mon ressenti, ma personnalité, ma façon de voir les choses et mon état d’esprit. Ce qui me détermine finalement. C’est limite un entretien entre moi et l’auditeur.
Les thèmes que l’on retrouve sur ce projet sont, sans grande surprise, des thèmes qui accompagnent Smeels depuis un moment : l’amour, les femmes et l’argent. L’argent rime avec réussite pour le rappeur, qui ne s’en cache pas dans ses textes. Il n’est pas arrivé dans la musique par passion, mais bien parce qu’il voulait suivre une tendance et qu’il pouvait y faire de l’argent. Même si la passion finit toujours par faire surface…
J’ai commencé la musique parce que c’était cool et je me suis pris au jeu. C’est comme si demain tes potes ils t’invitent à faire une activité que tu n’as jamais faite, de la pelote basque par exemple. Tu kiffes, tu vas demander si samedi prochain tu peux y retourner. Tu vas prendre de plus en plus plaisir et peut-être que la passion elle va naître un jour. Je suis peut-être en train de devenir passionné, parce qu’avant je n’avais pas un sentiment de stress avant une sortie.
L’amour est la deuxième obsession de Smeels. Cela fait longtemps que le rappeur de Marmande en parle dans ses textes. C’est à l’école, lors d’ateliers d’écriture, qu’il va commencer à écrire des poèmes qui parlent de love, évidemment ! Petit à petit il va se mettre au rap et faire évoluer son style pour en arriver à Par amour et pour le geste. Un projet coloré dans lequel il prouve une nouvelle fois sa souplesse tant dans le chant que dans le rap.
Je pense que c’est un truc qui crée des souvenirs et qui te rend meilleur. L’amour m’intrigue et j’ai envie de me sentir amoureux. C’est un sentiment que j’aimerais bien expérimenter. Peut-être que le simple fait d’en parler me donne l’impression d’être amoureux.
Les mélodies que l’on retrouve sur ce projet se marient superbement avec la mélancolie que Smeels met en avant. Entre les quelques notes de guitares et des productions beaucoup plus brutes, les sonorités sont diverses, mais se complètent les unes les autres. Une musique difficile à définir et c’est mieux comme ça !
Aujourd’hui, je définis mon style musical comme du Smeels. Je ne fais pas du cloud rap, je ne fais pas du R&B, je ne fais pas de la trap et je fais encore moins de la zumba ou de la drill. Je fais du moi. Là où je me sens bien j’y vais, tout simplement.
Si Smeels se sent bien dans son art, c’est avant tout car il ne se met pas la pression. Depuis ses débuts il se le répète : « si jamais ça passe, si jamais ça casse, moi je laisse tout, j’suis même pas passionné, j’suis venu faire du cash ». Une mentalité qu’il aura gardée au fur et à mesure de son parcours. Tout comme le côté égotrip qu’il avait beaucoup mis en avant sur Very Bad Drip. Moins présent sur Par amour et pour le geste, on le retrouve tout de même sur certains morceaux comme Real Nword. « Si j’avais l’choix d’être comme ma mère, j’ferais le même fils ».
Avec ce projet, Smeels reste fidèle à sa musique et confirme son évolution. Sur un plan personnel et artistique. Un projet authentique qui s’adresse toujours au même public. Des auditeur·rices qui veulent écouter Smeels et pas (juste) de la musique.
Culture musicale inexistante car, pour certains, le rap n’en fait pas partie.
