Out In The World, la belle vie de GUM
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Auteur·ice : Victor Houillon
24/07/2020

Out In The World, la belle vie de GUM

Jay Watson a une meilleure vie que toi. Au lieu de grandir à Poitiers ou Brive-la-Gaillarde, c’est à Perth, en face de l’océan Pacifique, qu’il fait ses premiers pas. Et qu’il y rencontre un certain Kevin Parker, qu’il accompagne aux claviers sur les tournées de Tame Impala. Entre deux Coachellas, il enregistre des albums psychédéliques avec Pond, tantôt à la batterie, tantôt à la basse, tantôt à la guitare, en fonction des humeurs. Et quand ça ne lui suffit plus, il se consacre à GUM, son projet solo, dont Out In The World est le cinquième (et le plus abouti) album.

Mais qu’y-a-t-il dans la source qui abreuve Perth ? Au vu du réservoir de talents infinis qui émerge de cette ville australienne, c’est à se demander si des cristaux psychédéliques ne se sont pas glissés dans les cours d’eau. Au-delà de la bande à Kevin Parker, on y trouve également des groupes comme Psychedelic Porn Crumpets ou Methyl Ethel. Quoi qu’il en soit, on reconnait cette touche psychédélique dès les premières mesures de Weightless In L.A., qui ouvre l’album avec une candeur délicieuse. Pour une track avec un tel titre, l’australien retranscrit parfaitement cette impression d’apesanteur, que ce soit par les arpèges de guitare, les synthés flottants, la basse au ton résolument vintage ou ces chœurs bienveillants. GUM prend son auditeur par la main et l’emmène voler à la manière de Peter Pan. Parfait pour regarder défiler le paysage à bord d’un train et laisser son esprit divaguer au fil des prairies.

Toujours dans les airs, mais plutôt dans un style avion à réaction, cette douce introduction laisse place à un entrain certain sur Airwalkin et Out In The World. Le traitement de la boîte à rythme, qui va droit au but, et les riffs psychédéliques ici et là rappellent forcément Pond. Mais là où le groupe se distingue par une énergie débordante, GUM semble privilégier une pincée de mélancolie. En écoutant les morceaux défiler, on touche même à la nostalgie, comme si l’homme à la dégaine de surfeur s’était donné pour objectif de danser dans un tourbillon de souvenirs.

A bord de sa montgolfière, Jay Watson navigue au travers des courants ascendants comme The Thrill Of Doing It Right ou descendants comme Many Tears To Cry. Comme son nom le laisse à penser, ce morceau est un moment de douce introspection, qui dévoile une nouvelle facette de l’artiste. Celui qui apparaît toujours enjoué à la manière d’un Mac DeMarco, que ce soit en concert ou en interview, se met à nu pour le plus beau morceau de l’album. Les chœurs en guise de refrain se passent de lyrics, et n’en sont que plus poignants.

Au final, GUM réalise un projet à la fois cohérent et versatile. Si chaque morceau garde la patte de l’Australien, il alterne entre influence 60s sur Don’t Let It Go Out et jazz sur le surprenant Low To Low. Une dernière ballade au piano façon Supertramp avec You Make Your Own Luck, et l’aventure se termine en douceur. Là où le dernier album de Tame Impala fut très (trop?) poli, Out In The World  a su garder une candeur délicieuse. Après un concert en forme de joyeux capharnaüm au Supersonic il y a quelques années, on espère revivre une telle expérience prochainement. Avec, qui sait, peut-être une programmation de festival qui mise sur le tiercé gagnant Tame ImpalaPondGUM.

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