Padre Pio : Au nom du père, du fils et du Saint Godzi
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Auteur·ice : Charles Gallet
18/12/2018

Padre Pio : Au nom du père, du fils et du Saint Godzi

De Godzilla Overkill, on gardait un souvenir diffus et vaporeux de notre première rencontre. Du bruit, de la fureur et de la poésie, tels étaient les éléments qui nous semblaient tangibles lorsqu’on cherchait à former des souvenirs autour de son concert en première partie de Kim Giani à la Boule noire. Aujourd’hui, plus d’un an après cette date, Godzilla Overkill revient hanter nos esprits avec son ep Padre Pio.

Il y a parfois des EP ou des albums qui nous frappent directement l’esprit ou le cœur. Comme un coup dans le plexus qui nous laisserait le souffle coupé. On écoute et plus rien autour n’existe, le monde n’est plus régi par quelque chose de tangible et tout devient flou, cotonneux et presque iréel. N’existe alors que la musique et ce qu’elle nous fait ressentir. Et c’est souvent ce genre de musique dont on a le plus de mal à parler, parce qu’elle nous fait vivre des sentiments tellement forts qu’on ne saurait les quantifier ou les aplanir avec des mots. On ne dit pas tout ça de manière anodine, car Padre Pio nous a fait l’effet d’un véritable électrochoc. Sans doute du à l’époque, ou au fait qu’à un instant T la musique de Godzilla Overkill aura réussi à mettre des mots sur nos maux mais on s’est plongé tête la première dans la noirceur de son univers sans avoir peur de s’y noyer et en cherchant clairement à s’y perdre.

Padre Pio est un prêtre italien à qui l’on a reconnu des stigmates et qui finit par être canonisé malgré les doutes concernant le bonhomme. Entre culte et supercherie, c’est tout un monde, une frontière floue qui existe et qu’on a parfois du mal à définir.
La musique de Godzilla Overkill comme toute fable, religieuse ou non, s’intéresse à l’humain. Elle s’intéresse à la solitude, à l’amour, à l’image du père et aux failles que l’on creuse sans cesse avec l’alcool ou des substances qui nous permettent de nous en évader avant de nous replonger toujours plus loin dans ce qu’on cherche inévitablement à fuir. Et s’il use de référence religieuse, de choeur parfois apocalyptique et d’ambiance de fin de siècle, c’est pour les pervertir et les amener dans un monde qui est à l’opposé de ce que l’église peut proposer et véhiculer.
En quatre titre à la puissance musicale et émotionnelle folle, le garçon nous fout un coup de boule assez puissant. Tour à tour cru et poétique, étrange et attractif, l’univers de Godzilla Overkill se fond dans la nuit, dans les verres de trop, les mauvaises décisions et la noirceur qui anime tout être humain qui aime trop, vit trop et finit toujours par souffrir trop.
On est happé, hypnotisé par les jeux qui se jouent entre Les Epines et Dans Les Veines. Ces jeux de miroir, dans les ambiances, dans les paroles qui reviennent d’une chanson à l’autre et qui résonnent ainsi plus fortes dans nos esprits.
Le Coeur Au Coin Des Yeux explosent tel une grenade mélancolique, entre une production proche de la ballade et de la berceuse et des propos qui crèvent de sensibilité et d’honnêteté, porté par une voix toujours sur le fil de l’émotion et à deux doigts de basculer d’un côté ou de l’autre. On pourrait faire un parallèle facile avec Eddy De Pretto dont le propos est assez similaire, mais bien moins maitrisé, bien moins affirmé et clairement bien plus policé que ce nous propose Godzilla Overkill.
Et ensuite tout bascule, comme une porte de sortie, comme un échappatoire, Comme Un Amour de Krokodill nous permettrait presque de sécher les larmes qui coulent au coin de nos yeux et de retrouver un sourire qu’on avait perdu depuis un bon moment déjà.
Padre Pio est une expérience courte mais intense, qui nous aura lessivé émotionnellement mais nous aura permis aussi de nous mettre face à certains sentiments qu’on a tendance à refouler trop souvent. C’est sans doute la grande force de la musique de Godzilla Overkill : nous mettre à travers ce qui semble une musique extrêmement personnelle, face à notre propre personne.

 

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