Queen Ayra Starr, une perle rare
"
Auteur·ice : Giulia Simonetti
06/08/2021

Queen Ayra Starr, une perle rare

Si vous ne la connaissez pas encore, c’est le moment. Telle une queen du R’n’B, elle marque son passage avec classe sur la scène des plus grand·es. Après avoir sorti un EP en début d’année et dévoilé en juillet Bloody Samaritan, Ayra Starr propose ce 5 août son album 19 & Dangerous. Sur un fond tapissé de sonorités rappelant le gospel mélangé à des rythmes plus afrobeat, c’est surtout sa voix puissante qui impressionne. Un talent qui pourrait nous faire croire qu’elle est déjà une chanteuse affirmée. Pourtant, il est important de rappeler son tout jeune âge, 19 ans à peine, qui laisse présager une longue envolée. Le monde musical de la jeune artiste fait transparaître le message universel de cet art qui peut à la fois aider, guérir, mais aussi laisser vivre.

19 & Dangerous est un souffle d’énergie, signe de la soif de vie qu’a la jeune artiste nigérienne. Ce sont, en effet, onze titres retraçant les différentes réflexions sur la vie, les relations et les émotions qu’Ayra perçoit. Bien que ce soit un album solaire et dansant selon les codes de l’afrobeat, il cache des paroles parfois douloureuses et fortes. Chacun·e peut s’y reconnaître d’une manière ou d’une autre, tant au niveau sonore qu’au niveau des textes. Ce n’est pas parce qu’une personne est jeune qu’elle n’a rien à raconter et, même si c’était le cas, quel serait le problème ? Ici, elle s’ouvre en offrant son monde et ses histoires. Bercée par la musique de Shakira ou encore de Rihanna, elle a aussi grandi aux sons du gospel ou de Disney, sans oublier les différentes villes par lesquelles elle est passée : Lagos et Cotonou. Enfin, sa ressemblance, étonnante et pourtant plausible avec Billie Eilish au niveau de la collaboration et du soutien familial, est intéressante à souligner.

“Life is not problematical, we make it problematical because we always listen to someone else (…) without listening to ourselves.”

© Photo : @scrdofme

Cast, premier titre de l’album, est un hommage à la confiance : “Cause I am gonna live my life, Trust me I gonna live my life”.  En revanche, il n’est pas toujours facile de croire, de croire en soi et en les autres tout en avançant. Même si le premier titre souligne l’importance de la confiance en la vie, on se rend compte que c’est souvent plus facile à dire qu’à avoir. Les mensonges, la perte de temps, les trahisons sont comme des coups reçus en plein cœur qui  brisent l’innocence. On retrouve notamment cette thématique dans Snitch en collaboration avec Fousheé. Pour évoquer ces réflexions, les voix des deux artistes se mêlent en abordant des thématiques plus sensibles. Un autre featuring de l’album se retrouve dans Beggie Beggie avec Ckay, artiste lui aussi nigérien. Un titre aux sonorités pop et afrobeat, qui nous donne envie de danser, de profiter de la vie. Les ambiances semblent donc festives, mais on ressent toujours un grain de mélancolie chez Ayra : la solitude.

https://www.youtube.com/watch?v=6qKYgJ2Zutg

 

Paradoxalement, la douceur ne manque pas dans cet album. Si on ferme les yeux, c’est tout en délicatesse qu’Ayra nous tend la main pour qu’on plonge Underwater à ses côtés. Mais, ici aussi, cette délicatesse s’ouvre sur un chant de tristesse. La beauté de la vie n’a toutefois pas de prix et en vaut la peine même si se relever semble difficile « But I don’t wanna die ». La question des pourquoi et des questionnements intérieurs est récurrente dans les textes de la jeune artiste. Le chant libératoire, déjà présent dans Underwater, se prolonge aussi dans Toxic, comme une catharsis. La douleur amoureuse, mais aussi l’amour en général, est un des thèmes clés de l’album.  Lonely ou encore Karma en sont des exemples. Dans Lonely, la chanteuse souligne l’absence de l’autre qui peut rendre si fragile et si seul, montrant ainsi la petitesse de l’être humain : I’m only only human. Pour finir, Ayra nous quitte avec son dernier morceau, doux, mais solaire : Amin. Comme à son habitude, elle interpelle de manière subtile, déroutante, mais vraie.


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@