Rencontre avec Mustii
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Auteur·ice : Sébastien Hanesse
22/07/2016

Rencontre avec Mustii

Le temps s’arrête dans les grandes émotions. Un moment simple, sans retenue, ni plus, ni moins. Mustii se livre avec force, dans des détails qui ne trompent pas. Un regard de petit garçon qui aime prendre des risques, un corps d’homme qui aime se mettre en danger. Il monte sur scène comme un fauve, à la fois féroce et vulnérable, pour nous faire trembler et nous laisser un frisson sur la peau.

Elle vient d’où toute cette énergie ?

Elle vient des gens et de la musique. J’ai besoin d’entrer dans un certain état de conscience sur scène, d’être en contact avec tout le monde. C’est un état particulier, proche des effets de la drogue. Il faut une dose de théâtralité pour monter sur scène, l’énergie nait à dedans et ça monte de plus en plus. J’ai besoin d’aller directement dans le regard des gens. C’est un rapport unique avec le public, j’ai envie d’en profiter à fond, parfois même de les prendre tous dans mes bras. il faut aller les chercher, calmer le jeu en ayant envie d’aller dans des excès.

Tu es aussi comédien et metteur en scène. Est-ce qu’on séduit le public d’un concert comme on séduit le public d’un théâtre ?

Pas du tout. Au théâtre, il y a un 4ème mur, le rapport est beaucoup plus direct en concert. La mise à nu est beaucoup plus forte dans les textes que je chante. L’idée n’est pas de séduire mais d’être en contact direct, savoir qu’on vit la même chose au même moment, qu’on est tous dans la même énergie. Il y a des outils techniques similaires au théâtre et en concert mais ça reste des disciplines différentes. Au théâtre, tu ne vis pas les choses de la même manière. J’ai beaucoup plus de liberté quand je chante.

Tu étais comment avant d’avoir ce besoin de monter sur scène ?

J’étais hyper réservé, presque malade de timidité, je n’allais pas beaucoup vers les gens. La scène reste pour moi un lieu privilégié où il faut faire sortir les démons mais aussi les choses positives, c’est un jeu au final.

Tu en penses quoi quand on te compare à Oscar and the Wolf ?

Actuellement, c’est un de mes groupes préférés en Belgique. J’ai quand même l’impression qu’on n’est pas dans le même type d’énergie. On est dans des registres différents mais il est véritablement habité sur scène, et c’est ça qui me touche chez lui. Je suis aussi un grand fan de Florence and the Machine. Elle vit son concert d’abord pour elle-même, et après elle est très généreuse et elle prend conscience de tout ce qui se passe. c’est comme ça qu’un live doit être, tout peut se passer sinon ça n’a pas d’intérêt.

« Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu… ». Elle t’inspire quoi cette phrase de Cocteau ?

Ce feu, ce sont mes sentiments d’angoisse et de solitude durant l’adolescence. Je veux me nourir de ça pour écrire mes textes. Quelques-uns de mes textes sont difficiles mais je veux les vivre intensément et de là, créer quelque chose, remuer ces émotions et pouvoir vivre avec. Il faut en sortir plus fort, emporter ce sentiment avec soi, pas pour se complaire dedans, mais pour créer un résultat plus riche. La légèreté sur la légèreté ne fonctionne pas.

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