Hier soir je me suis senti l’âme d’un grand reporter envoyé en terrain hostile, tel Clovis Cornillac, embarqué par Fréderic Lopez à la découverte de la communauté Miao dans rendez-vous en terre inconnue.
Parce qu’honnêtement, quand on a bientôt 30 ans, qu’on ne se drogue pas et qu’on boit de moins en moins (une de ces informations est erronée), se retrouver un mardi soir à l’Aéronef pour l’Agartha Tour de VALD peut ressembler à une expérience un peu étrange.
J’arrive donc devant la salle, armé uniquement de mon courage et de ma casquette et je commence par jongler entre les cadavres de bières et de bouteilles d’alcool, me faisant bousculer au passage par des jeunes gens essayant désespérément de tirer au maximum sur leur joint jusqu’à s’en manger les doigts. Je ne suis pas encore entré dans la salle que cette idée me frappe déjà : cette soirée sera chaotique ou ne sera pas.
Seconde chose qui me frappe lorsque j’arrive dans la salle : mieux vaut ne pas être claustrophobe ce soir. Non seulement l’Aéronef est plus que rempli mais les gens semblent également très très chauds – ou déjà très très défoncés c’est au choix – alors que le concert n’a même pas commencé. Pour être honnête, je n’avais pas vu un tel public chauffé à blanc depuis très longtemps. C’est donc dans cette ambiance bouillonnante que débarquait sur scène Biffty, accompagné de DJ Weedim.
Et autant dire que le patron des souyons a fait le boulot, balançant ses tubes comme autant de pains dans la gueule, développant une incroyable énergie punk, il a clairement fait monter la température d’un cran supplémentaire. Mention spéciale à Shockwave et Souyon qui ont clairement rendu le public encore plus fou qu’il ne l’était déjà. En environ 30 minutes, le rappeur originaire de Neuilly a clairement montré qu’il était non seulement un excellent showman mais surtout un des artistes les plus originaux de la scène rap francophone actuelle.
21h20. Après une courte pause, les lumières s’éteignent et la scénographie de VALD se met en marche pour une introduction-résumé des vidéos internet les plus stupides postées à la sortie d’Agartha mixée avec les réponses terriblement drôles et cyniques du rappeur aulnaysien.
Je vais enfoncer une porte ouverte tout de suite : oui, le concert d’hier soir à l’Aéronef est probablement le meilleur concert qu’il m’ait été donné de voir en ce début d’année.
Non seulement parce que j’avais rarement vu une osmose aussi pure entre un artiste et son public, mais surtout parce que VALD est un véritable showman, qui maitrise son sujet mais surtout, offre une véritable proposition scénique. La scénographie et les jeux de lumière participent beaucoup à cette sensation de plénitude, de totalité, de gros show comme on en voit rarement en France.
Accompagné lui aussi de DJ Weedim et de son backeur, l’exceptionnel Suik’on Blaze AD, le rappeur fait la part belle aux chansons de son nouvel album. D’Acacia à Lezarman en passant par Megadose ou Blanc, le public reprend en chœur, porté par une transe joyeuse et contagieuse, toutes les paroles comme un seul homme. Le rappeur, en vrai maitre de scène, fait aussi preuve d’un humour assez ravageur: on assiste ainsi à ce grand moment de non sens durant lequel DJ Weedim fait hurler au public ” Fuck le capitalisme” pendant que VALD présente les produits qu’il vend à son stand de merchandising dont un CD “vendu 15€ alors qu’il est vendu 10€ en magasin“… Moment unique qui n’a pu que déclencher un fou rire immense.
Le point de non retour est atteint sur les tubes que sont Ma Meilleure Amie, Bonjour ou Eurotrap : ça danse, ça sue, et ça tombe dans les pommes. On participe pleinement à ce moment de plaisir commun, de relâchement cathartique.
Je peux le dire sans mauvaise foi, j’ai assisté à un véritable moment de scène et au final je ressors du concert transpirant et heureux. Que vous l’aimiez ou non, je ne peux que vous conseiller de voir VALD en live, d’un strict point de vue scénique, le gaillard se pose clairement comme un des meilleurs entertainer du moment.
Allez y et vous serez conquis … On parie ?
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.
