Rock is dead, long live guitar music! Une interview de cleopatrick
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Auteur·ice : Chloé Merckx
18/10/2022

Rock is dead, long live guitar music! Une interview de cleopatrick

La saison des festivals nous semble loin, l’odeur de la crème solaire nous manque et quitte à dégouliner de quelque part, on préférait la sueur au nez qui coule. Pas de panique, La Vague Parallèle a prévu le coup, une petite piqure de vitamine D, une interview qui vous vient tout droit du Pukkelpop !

Ian Fraser et Luke Gruntz n’aiment pas les vestes en cuir, ils sont plutôt sweat à capuche. Dans un genre rock qui se cherche, cleopatrick a le goût des choses simples. Une batterie, une guitare, une voix, de leur quatre mains ils ont foutu une claque phénoménale à la sortie de leur EP hometown. Dans la lignée dirty rock de Highly Suspect et Royal blood, leur son est brut, puissant et d’une simplicité efficace.

C’est de la guitar music comme ils l’appellent. Une musique sans prétention, qui balaie l’attitude “sex, drugs and rock & roll”. Un appel à la substance et une mise à mort du fake. Une contreculture au modern rock qui miroite ce que le grunge était au glam rock.

Un nouvel EP est prévu pour le 21 octobre prochain, 5 chansons sous le thème de la complaisance digitale écrites pendant une période qu’ils qualifient comme étant la plus intense de leur carrière. Le dernier single OK, reflète déjà notre vie numérique avec un riff sous speed dans un clip rythmé et oppressant. Un son qui, on n’en doute pas, sera probablement la soundtrack que tu auras en tête quand tu te repasseras ta dernière soirée punk pour laquelle tu as fini sur la table entouré·e de pils et couvert·e d’indélébile.

 

Quand on passe toute l’année à conquérir les scènes du monde entier, la voix en prend forcément un coup. Luke Gruntz était en vocal rest pendant notre interview. On a quand même eu droit à un petit coucou silencieux de sa part, mais son partner in crime, Ian, a lâché ses drumsticks pour répondre à nos questions.

La Vague Parallèle : Salut  Ian, comment ça va ? Vous avez hâte de jouer ce soir ? 

Ian : Ouais ça va super, on est super excités pour ce soir, le Pukkelpop fait partie des festivals dont on a regardé un nombre incalculable de vidéos de nos groupes préférés jouer live ici, donc on est vraiment contents d’être là.

LVP : Qu’est-ce que vous pensez de notre petite scène belge ? 

Ian : C’est cool, on n’a encore joué qu’une seule fois ici.

LVP : C’était à l’AB non ? 

Ian : Oui et c’était vraiment une super soirée, plein de gens cool se sont ramenés au concert et je me suis senti comme le mec le moins cool de la pièce (rires), il y avait vraiment une chouette vibe dans la salle.

LVP : En ce moment quelle est la chanson que tu préfères jouer live ?

Ian : En ce moment ça doit être notre chanson VICTORIA PARK. On avait l’habitude d’ouvrir le set avec mais maintenant on a pris l’habitude de la jouer plutôt en troisième. Dépendant de notre horaire aujourd’hui, on ne la jouera peut-être pas, mais j’aime bien le changement qu’on a fait de ne plus commencer le set avec.

 

LVP : On voulait vous poser une petite question, sur Instagram, votre bio c’est “the last rock band on planet earth”, qu’est-ce que vous voulez dire par ça ? 

Ian : Ah oui (rires). Ce n’est pas nécessairement la déclaration la plus sérieuse qu’on ait faite. On en parlait justement l’autre jour avec Luke qui est celui qui a écrit ça en premier lieu. Je pense qu’on s’est imaginé un petit scénario de quelqu’un qui scrollerait sur Instagram et qui tomberait sur notre page avec cette phrase, c’était une idée un peu cinématique mais au final c’est juste un peu drôle.

LVP : Et ça fait quoi du coup d’être un groupe de rock en 2022 ? 

Ian : Moi je trouve ça cool (rires). Aujourd’hui il y a tellement de musique qui sort et j’ai l’impression que quand tu as une guitare en main c’est facile pour les gens de faire des jugements rapides, et je trouve ça cool de justement casser ces jugements de temps en temps. J’espère que quand les gens écoutent notre musique ils entendent autre chose que ce à quoi ils s’attendaient quand on pense à un groupe de rock. C’est assez excitant et en plus, au vu de comment le monde évolue, on a de moins en moins de limites ce qui est cool. C’est super !

LVP : Toi et Luke vous avez grandi ensemble, appris la musique ensemble, comment ça a impacté le son que vous avez aujourd’hui ? 

Ian : Je pense que ce qui ressort le plus, c’est la manière dont on est toujours accordés. En grandissant on a toujours partagé ce qu’on aimait avec l’autre, dont la musique, et ça a fait qu’on a développé des goûts très similaires. Je trouve que nos goûts évoluent à un rythme très similaire aussi. Parfois j’ai l’impression que je n’arrive pas à trouver le vocabulaire musical adéquat pour exprimer ce que je ressens, mais Luke va tout de suite comprendre ce que je veux dire et le traduire pour moi. Puis inversement, si il ne trouve pas quelque chose je vais le trouver moi et c’est vraiment cool. Je vais pas dire qu’on finit chacun les phrases de l’autre mais musicalement, parfois, c’est le cas, on finit la pensée de l’autre.

LVP : Et du coup aujourd’hui comment vos goûts ont-ils évolué ? Il y a des artistes qui vous inspirent en ce moment ? 

Ian : Sur la scène actuelle, c’est difficile à dire. On essaie de trouver de l’inspiration un peu partout, aujourd’hui on ne peut plus dire qu’on n’écoute que du rock parce qu’il y a tellement de choses différentes et cool qui sortent en ce moment. Il y a ce groupe au Royaume-Uni qui s’appelle Sick Joy, ce sont de bons amis à nous. On a vu qu’ils jouaient à Reading plus ou moins en même temps que nous ce qui est assez excitant. Eux, on peut dire qu’ils essaient un peu d’influencer la courbe et ils font leur truc à eux, c’est ce genre de groupe dont on a un peu l’impression qu’ils ont un impact culturel qui nous inspire.

LVP : Et vous, en tant que groupe, vous avez ce genre d’aspirations aussi ?

Ian : Je ne sais pas trop (rires), en ce moment on vit un peu un rêve avec tous ces festivals, c’est un plaisir de tourner en ce moment. On a fait beaucoup de boulot et en premier lieu je pense qu’on veut surtout continuer de grandir et être présentés à des gens qui pourraient aimer notre musique et qui n’ont pas encore découvert notre groupe.

LVP : C’est peut-être une grosse question, mais comment pensez-vous que la scène rock va évoluer dans le futur ?

Ian : C’est difficile à dire parce qu’il y a beaucoup de musique rock avec laquelle nous personnellement on ne s’identifie pas. Mais j’ai quand même l’impression que tout va devenir encore meilleur. Et il y a beaucoup de groupes comme Arctic Monkeys ou même Tame Impala qui font de la super bonne musique, qui parfois n’est pas nécessairement ce que les gens identifient comme du rock, mais que moi j’aime placer dans cette catégorie. Honnêtement j’espère surtout qu’on va vers moins de division entre les genres et que ce gros mur entre le rock et les autres genres va tomber. Je ne sais pas trop, au fond même nous on a du mal à s’identifier au rock, on dit plutôt qu’on fait de la musique de guitare.

LVP : Vous êtes d’une certaine manière un peu engagés contre l’aspect parfois toxique du monde du rock ? 

Ian : Oui c’est un peu ça que j’essayais de dire plus tôt, j’ai l’impression que quand les gens voient une guitare ils font vite des assomptions puisque le terme rock était un peu une monnaie d’échange dans les années 70 et 80, le rock était représenté par ces rockstars avec des longs cheveux et des vestes en cuir. Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gens ont toujours cette image en tête et cette définition du rock alors qu’il y a tellement plus que ça.

cleopatrick interview

©Chloé Merckx


 

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