SadBaby Confessions : le spleen étincelant de BabySolo33
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Auteur·ice : Mathilde Vanderweyen
28/11/2022

SadBaby Confessions : le spleen étincelant de BabySolo33

| Photos : Lilian Hardouineau

On vous avait pourtant dit de ne jamais mettre votre nez dans le journal intime de qui que ce soit. Cette fois-ci, faites une exception. BabySolo33 se livre, à disque ouvert, dans son nouvel EP SadBaby Confessions et La Vague Parallèle a plongé dedans, tête la première.

Le journal intime. Passage obligé d’une jeunesse en pleine recherche identitaire et sociétale. Ça commence plutôt bien, on y met ses rêves et ambitions, on y raconte quelques anecdotes, auxquelles on greffe des photos mais également l’emballage de la première Chupa Chups partagée avec son amoureux·se. Mais bien entendu, avec le temps les photos finissent à moitié déchirées et le prénom de ton amoureux·se complètement hachuré. Le roller coaster émotionnel de la vie, en somme. Alors oui, comme tout journal intime, celui de BabySolo33 est chargé de désillusions romantiques, de complexes sociétaux mais aussi de douceur et d’ambition. Ce qui rend cet EP singulier, c’est la manière dont la reine du cloud rap l’a parsemé de sonorités électroniques, chargé d’autotune pour habiller ses idées romancées et greffé une esthétique des années 2000. L’air des skyblogs et des emojis symboles ^^ et <3 sont au cœur du phénomène BabySolo33.

Dès son premier EP Solo2019, sa musique résonne comme une prouesse innovante pour le rap. Aujourd’hui, la princesse du 33 fait de son intimité un nouvel EP. Le temps de 10 morceaux, BabySolo33 nous propulse dans un teen movie où elle évacue son spleen. Dans sa vie de nouvelle popstar, l’artiste surfe sur les codes de l’adolescence avec un grain de nostalgie, beaucoup de girl power et tout juste ce qu’il faut d’innocence.

Le storytelling est la fabrique même de cet opus. L’artiste met sa vie en musique ; la solidarité entre copines, le goût des jolies choses, le mépris des garçons, mêlé à un fantasme pour les bad boys indifférents. Autant de thématiques familières à tout un chacun mais que BabySolo traite avec vulnérabilité et sensibilité. Au-delà des inspirations personnelles, SadBaby Confessions se nourrit des films et des séries préférés de l’artiste. En résulte une musique très imagée, qu’elle met parfaitement en forme dans l’ensemble de ses contenus visuels, dont son dernier clip FakeBlood, troisième extrait clipé du projet. Porté par une guitare mélancolique, le titre conte l’image d’un ange déchu affecté par les amitiés « contrefaçon ».

Tant de fake people qui gravitent around my world 

J’ai que du love pour mes blood

 

Cet opus renferme bien d’autres sons qu’elle n’a pas mis en image mais qui parlent d’eux-mêmes. Zoom sur MiniSkirtJean, texte échappatoire des relations entretenues avec sa maman,  BBF <3 et sa forme de déclaration amicale mais également ses appréhensions face à l’argent et le pouvoir dans FuckMoney. La jeune rappeuse ne se la joue pas solo sur tout l’EP pour autant. Elle a également pris la liberté de prêter son mic à deux artistes de cette scène émergente, Floki et Le Chamal, pour le titre 33Story.

Elle est l’un de nos coups de cœur de cette nouvelle génération rap. Dans ce milieu de requin, principalement dominé par des hommes, cette jeune femme a certainement les dents les plus aiguisées. Pour des confessions ancrées dans un univers emo vaporeux, portant les valeurs de la nouvelle génération, BabySolo33 sait y faire ! Elle est la musique de demain en utilisant les codes d’hier.

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