“Si ça donne envie de faire l’amour, c’est que c’est parfait” – petit date avec Oracle Sisters à Pete the Monkey
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Auteur·ice : Victor Houillon
14/08/2022

“Si ça donne envie de faire l’amour, c’est que c’est parfait” – petit date avec Oracle Sisters à Pete the Monkey

Oracle Sisters, c’est le calme, le soleil, la douceur. L’astrologie, les rencontres improbables et la curiosité, aussi. Le groupe parfait pour Pete the Monkey, en somme. Conversation bienveillante avec un mathématicien venu d’Écosse, un peintre New-Yorkais et une actrice finlandaise à Saint-Aubin-sur-Mer, sous l’objectif de Clémence Trebosc. Lisez bien, un scoop en exclu se cache entre ces lignes. Rendez-vous le 17 août.

La Vague Parallèle : Hello les Oracle Sisters ! Après avoir rempli le Pop-Up, on vous retrouve à Pete the Monkey, organisé par la même clique. Vous étiez déjà venu·es ?

Julia : J’étais venue il y a cinq ans pour voir nos amis de Papooz.

LVP : Pete the Monkey, qu’est-ce que ça vous évoque ?

Chris : On nous a beaucoup parlé de ce festival, en nous disant que c’était le meilleur festival de France. Il y a une vraie ambiance ici, absolument pas corporate, sans tous ces panneaux publicitaires, un truc vraiment fait main. J’ai l’habitude de ce genre de festivals, j’aime bien. J’avais hâte de découvrir. Lewis est venu hier, Julia reste demain.

J : C’est très cosy. Nous venons de jouer au Fusion Festival devant 75 000 personnes, c’est agréable que ce soit plus petit ici.

Lewis : Oui, je préfère ce format-ci. Si tu oublies quelque chose en backstage, c’est plus simple d’aller le récupérer (rires).

 

LVP : Côté programmation, vous avez un coup de cœur, un·e artiste à ne pas manquer ?

L : J’aurais adoré voir Orchestra Baobab !

C : On a beaucoup écouté ce groupe quand on composait nos chansons.

L : Amadou & Mariam est loin d’être un mauvais remplacement, mais c’était vraiment le groupe qu’on souhaitait voir. On l’écoutait vraiment en boucle, en cuisinant, c’est tellement bien fait, bien composé, doux et chaleureux.

C : Tu sens le soleil.

L : Sinon, Faux Real sont des amis à nous. Ils ont joué hier, ils étaient incroyables.

© Clémence Trébosc pour La Vague Parallèle

LVP : Ce samedi commence fort avec un enchaînement David Numwami – Kids Return – Oracle Sisters, comme une vague de chansons mélancoliques et chill. Ce sont des artistes que vous suivez ?

L : Oui, on les connaît, ce sont des amis. Mais nous n’avons pas grandi à Paris, nous arrivons de différents endroits. Chris & moi avons grandi à Bruxelles, Julia en Finlande, Chris a vécu en Écosse, moi à New York… On a découvert un monde de musique ici où les gens aiment et font la musique qu’on aime bien, et en même temps nous puisons dans nos origines différentes.

C : Nous avons des points communs, aussi !

L : Oui, oui, mais j’essaye de souligner les différences (rires) !

C : De l’extérieur, il apparaît une cohésion autour de ces chansons nostalgiques. C’est peut-être un hasard.

L : En Écosse, il y a cette musique folk. Il y avait aussi cela quand je vivais à Dublin. Je sens qu’il y a ce côté french touch ici qui nous apprend beaucoup, tout comme l’éducation jazz. Dans notre album qui va sortir, il y a cette chanson, Lunch & Jazz Chords, qui part d’un challenge d’Armand de Papooz qui proposait de nous apprendre des accords de jazz. Disons qu’on se retrouve dans cette scène actuelle française, mais qu’on vient un peu d’un autre monde. Julia vient du heavy metal finlandais, surtout (rires).

© Clémence Trébosc pour La Vague Parallèle

LVP : Ces différences entre vous trois sont intéressantes, est-ce là-dedans que vous puisez quelque chose de nouveau ?

L : C’est ce qui nous intéresse. Nous sommes allé·es voir l’expo Picasso. Sans nous comparer à lui, la France a une histoire d’accueil des artistes étrangers qui retrouvent leur inspiration ici. C’est un pays qui a une vraie culture artistique. Nous ne venons pas d’ici, mais nous nous sentons chez nous. Nous amenons quelque chose d’ailleurs, et nous apprenons. C’est un échange.

LVP : On dirait une mauvaise blague : comment un peintre, un mathématicien et une actrice se sont retrouvé·es à Paris ? Selon vous, c’est cette ville qui a permis cette rencontre ?

L : Oui ! Chris et moi nous connaissions d’avant, nous sommes venus à Paris quand un ami nous a proposé de travailler dans un cabaret.

J : Je suis venue pour un film de sci-fi, Valérian & la Cité des Mille Planètes. Donc rien-à-voir.

 

LVP : Il y a un côté respirant, cosy dans vos chansons, notamment I Don’t Wanna Move, enregistré en une piste. Ce parti-pris organique est-il important pour vous ?

L : Oui, ça dépend des chansons, mais on aime bien faire des prises en live.

C : Capturer ce moment, qu’il y ait de l’air dans la musique. On garde ces bruits organiques de tabourets qui grincent, de doigts qui tapent sur le piano. On trouve ça vivant.

L : Ces petits détails qu’on entend. On espère que notre musique va bien se caler dans ce festival avec ce côté pas trop propre.

J : Homemade!

© Clémence Trébosc pour La Vague Parallèle

LVP : Que ce soit dans le nom, Oracle Sisters, ou dans les textes, on sent un vrai rapport à l’astrologie. Cela a-t-il une importance capitale dans vos trajectoires personnelles ?

L : Honnêtement, je suis pas mal branché astrologie, nous savons lire des thèmes natals, etc. Mais c’est surtout ce côté intuitif qui nous rassemble. Le nom Oracle Sisters parle de ce côté de la musique où tu ne sais pas d’où sortent les chansons. Il faut être ouvert à tout pour trouver l’information improbable qui te fera écrire.

J : Nous ne sommes pas strictement croyants.

C : Vous aimez bien quand on vous en parle. Les discussions tournent assez rapidement autour de l’astrologie, pour rencontrer quelqu’un par exemple.

L : Oui, ça nous intéresse !

J : Et nous amuse.

LVP : Chris, tu as l’air un peu plus en retrait par rapport à cela.

C : Moi, je ne connais pas, mais je trouve ça intéressant. Cela met des mots sur un personnage qu’on ne trouverait pas forcément tout seul pour l’analyser dans toute sa complexité. J’aime cette façon d’analyser les choses, même si ce n’est pas forcément là où je vais trouver des réponses.

L : Ce n’est pas notre seul intérêt. Mais dans l’astrologie, dans l’antiquité, c’était la façon d’analyser les gens. Ils projetaient toute la complexité humaine dans les étoiles. Cela faisait ressortir la capacité de l’Homme à envisager la variété des possibilités de personnalités. Maintenant, je pense que l’astrologie s’est reformulée plutôt dans la psychologie. Il y a des psychologues comme Carl Young, qui était aussi biologiste, qui ne fait pas de la pop psychologie, mais une pratique beaucoup plus développée. Il a écrit un livre sur l’astrologie en disant que c’est une façon antique de comprendre les différentes subtilités des personnalités. Je trouve ça intéressant.

J : On part loin, là (rires).

 

LVP : Sur Asc. Scorpio, au-delà donc des textes, la rythmique et la musique tranchent pas mal avec le reste de votre discographie. Elle a d’ailleurs cartonné. Vous aviez senti dès le début qu’elle était à part ?

L : Oui ! On l’a écrite d’une manière différente des autres. Souvent, on écrit avec deux ou trois guitares acoustiques, que l’on fait à part. Là, on est parti·es d’une boîte à rythmes pour la première fois, avec moi à la basse que je ne joue normalement pas et Chris à la guitare. On a trouvé les parties comme ça, très vite. C’était un peu un départ pour nous, la première fois qu’on bossait avec un producteur, avec cette envie de faire un truc à part. C’était marrant d’utiliser une technique différente pour écrire.

C : Casser les habitudes.

L : Oui, par exemple, sur un petit clavier Casio, ou une basse, tu trouves des choses que tu ne trouverais pas à la guitare.

On l’annonce pour la première fois ici, nous avons une chanson qui sort le 17 août.

LVP : Cette recherche de nouveaux instruments, c’est quelque chose qu’on va retrouver sur le nouvel album ? 

L : On l’annonce pour la première fois ici, nous avons une chanson qui sort le 17 août. C’est un peu la première chanson qu’on va dévoiler.

C : Tu verras, sur l’album, il y a beaucoup de piano. Plein de pianos ensemble. Aussi, il y a une légèreté dans Asc. Scorpio, alors que l’album sera un peu plus profond.

L : C’est très très deep, en fait, vous allez tous pleurer (rires).

C : Il y aura tout de même de l’air.

L : Oui, ce n’est pas un album d’Adèle (rires). Même s’il y aura beaucoup de piano.

© Clémence Trébosc pour La Vague Parallèle

LVP : Et du jazz, du coup.

L : Oui, des accords de jazz. Ou plutôt une tentative, une mention honorable.

C : Armand est venu à notre premier concert, et nous a dit “I should teach you some jazz”. “Let’s have lunch & jazz chords”, c’est de là qu’est partie la chanson.

L : Armand & Ulysse sont des guitaristes incroyables, qui sont formés dans cette éducation jazz que nous n’avons pas du tout. On aimait bien leurs accords un peu chelous.

C : On a une éducation en quoi, finalement ?

L : Folk ? Julia peut-être un peu plus que nous.

J : Je suis allée à l’American Jazz School à Paris !

LVP : Sympa !

L : Surtout quand tu le dis comme ça (rires).

J : Et pourtant, notre musique n’a rien à voir.

C : Nous étions plutôt du genre American Rock School.

L : Ok, nous devons l’annoncer : Julia est une musicienne de jazz incroyable, une batteuse incroyable…

J : …Continue, continue (rires).

© Clémence Trébosc pour La Vague Parallèle

LVP : Votre bio Spotify vous décrit comme de la “music to make love to”

L : …Ça vient d’un ami DJ, un des premiers qui nous a entendus. C’est la première personne qui a décrit notre musique.

C : Ça nous a touchés, on est depuis attachés à cette idée. C’est une bonne façon, une bonne raison pour faire de la musique.

L : Si ça donne envie de faire l’amour, c’est que c’est parfait.

LVP : Du coup, votre musique, il vaut mieux l’écouter dans des draps de velours ou en bord de plage en Normandie ?

L : Tu peux faire l’amour où tu veux (rires).

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