Slkrack : du rap tonitruant parmi des hordes de zombies
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Auteur·ice : Adriano Tiniscopa
23/11/2021

Slkrack : du rap tonitruant parmi des hordes de zombies

« Porte de la Chapelle ou terminus. Tout le monde descend, reste ou prend son bus. Bienvenue dans ma rue où la crasse colle à tes pieds sur le trottoir comme de la glue. » 1996, un certain Doc Gynéco vantait déjà ce « tieks » haut en couleur dans son titre Dans ma rue. Véritable hub du réseau de transport parisien, B.O Bagnoles de l’échangeur autoroutier en fond sonore, point de passage frontalier entre deux mondes, la capitale et la Seine-Saint-Denis (93), la porte de la Chapelle (-Saint-Denis) est toujours une pittoresque station de transit du Nord est de Paris. Aussi, point de rendez-vous mythique entre dealeurs et crackheads, il a longtemps été médiatisé comme, et réduit à, la « colline du crack ». « Crack ! », ça chauffe, l’histoire se répète. Car voilà, il y a 15 ans, c’est au tour d’Alpha 5.20, « le renoi le plus vrai » de nous parler de cette guedro du pauvre qui se vend chez lui à Bondy. C’est une partie de la réalité du 93 et un certain déni organisé condamne l’histoire à se répéter. Elle est cyclique paraît-il.

« Évacuer, démanteler, repousser, occuper », voici le mantra qui guide la gestion de ce fléau sanitaire et social esquintant des vies entières. Mais dans ce lugubre tumulte, il y a aussi des âmes qui vivent, des yeux pour capter ce qui défile et des voix qui surgissent pour le rapper quitte à se répéter. Mais paraît-iel que « répéter c’est dire mieux ». Slkrack y est né, y a grandi et vécu, de la porte de la Chapelle à Marx Dormoy (station de métro), c’est un peu chez lui tu vois ? Un quotidien, des galères, sa zone, Slkekra, de son sobriquet verlanisé, veut s’affranchir de tout ça. Mais les racines nous tiennent. Alors une curieuse relation s’installe entre lui et chez lui : quitter ou ne pas quitter la « tèce », tous ses gars du début ? Loin du bling-bling, le rappeur s’époumone pour les potes qui viennent le voir rapper de sa voix puissante et modulée sur des prods drill et RnB, le tout saupoudré d‘ad-libs à satiété. Slkrack a une plume prometteuse et un flow déjà bien à lui. Nous l’avons rencontré, posés dans un des studios du FGO-Barbara non loin de sa paroisse, toujours dans le 18ᵉ arrondissement, tu vois ?

Slkrack : Hey, hey !

La Vague Parallèle : Salut Slkrack ! Tu peux te présenter ? J’ai vu que tu étais plutôt « chapello-centré »… Disons que la porte de la Chapelle, c’est ta réf.

Slkrack : Ouais, c’est là où j’ai grandi tout simplement. Je suis de là-bas, je suis né là-bas, j’ai grandi là-bas. Et j’y suis toujours.

LVP : Ok je vois. Et tu as commencé quand à poser ?

S : À poser des sons ? Ça fait tellement « longtemps » que je ne pourrais pas te dire. Mais on s’y est mis sérieusement l’année dernière.

LVP : Et avant ça ? Tu avais déjà fait des « open mics » par exemple ?

S : Non même pas. Avant ça je rappais pour moi-même déjà avant tout. Ensuite, pour faire plaisir aux gars du quartier, mes potes de tous les jours qui aiment bien ce que je fais. Donc c’était par intermittence.

LVP : Ton quartier c’est Porte de la Chapelle même ?

S : En fait, pour être exact, c’est Porte de la Chapelle-Max Dormoy.

LVP : Maxdo comme tu dis.

S : Ouais PLC-Maxdo. C’est de la rue de la Chapelle jusqu’à la rue Max Dormoy, et entre les deux arrêts, il y a le quartier. C’est là que ça se passe, tu vois. Raymond Queneau, rue Boucry, place Hébert, rue Riquet. C’est là, entre les deux. Tout le monde se connaît.

LVP : C’est un grand… bassin ?

S : C’est une grande famille, un grand village (rires).

LVP : Ok je vois. Est-ce que ça reste un lieu de passage ou c’est comme dans beaucoup de cités, c’est cloisonné et donc fermé, créant un peu cet entre-soi ?

S : Un peu. Mais justement c’est entre les deux. Tout le monde se connaît. On va dans les mêmes écoles. Les parents se connaissent. On fait nos courses au même endroit, on va dans les mêmes gymnases.

LVP : Tu continues de fréquenter les mêmes bougs on va dire ?

S : En vrai, oui. Après, toi-même tu connais, quand on grandit, les affinités se renforcent parfois.

LVP : Ou pas…

S : Ou pas, oui. Mais en général, c’est toujours les mêmes cercles. D’ailleurs lui (ndlr : son manager Antoine était présent), il fait partie du quartier, du début. Et il est toujours là.

LVP : Je vois. Donc tu rappes pour les potes, le quartier. Tu veux t’exporter, exporter ton son ? Est-ce que tu as des projets ?

S : Justement. On s’y est mis sérieusement l’année dernière. Et même si ça reste « peu », on a commencé à toucher hors du quartier tu vois. Le but c’est de toucher de plus en plus de monde. De s’exporter du quartier et que ça ne reste pas un truc pour les potes ou pour la zone.

LVP : Ok, oui je vois. Et tu as réussi à te dégager un horizon dans le « monde du rap ». C’est comment d’ailleurs le « monde du rap », ça s’aide ou est-ce que ça se met des bâtons dans les roues ?

S : Tu vois, Paris c’est « petit » on va dire. J’ai beaucoup d’amis qui étaient déjà rappeurs, qui sont déjà rappeurs depuis un bon moment. Si je dois me baser sur ça, je dirais que, quand tu as des vrais amis, ils t’aident et te donnent des coups de main. Des plugs par-ci, des plugs par-là. Donc oui franchement ça va.

LVP : Tout à l’heure, on parlait de ton concert au FGO-Barbara il y a deux semaines. Tu avais déjà fait des scènes comme ça ?

S : Ouais, c’était super bien ici. Récemment on a aussi fait la Boule Noire. Il y a un gars du quartier aussi, Cashmire, qui avait son petit concert et qui m’a donné deux ou trois sons pendant son concert. Et incroyable aussi, on a chanté sur l’Arche de la Défense, sur le toit de l’Arche de la Défense. C’était à l’occasion de la « Saboteur Party ». C’est le label d‘Eff Gee, il y a Deen Burbigo aussi. Doums de L’Entourage c’est mon reuf et ses reufs deviennent mes reufs par alliance tu vois. (rires) Personne ne le sait mais dans l’Arche, il y a un ascenseur et tu montes au 39ᵉ étage je crois. Sur le toit tout était aménagé, il y avait une petite scène avec autant de monde, quasiment, que le concert qu’on a fait ici.

LVP : Est-ce que tu as un label toi d’ailleurs ?

S : Je bosse avec Doums et son label Frémont & Co. Pour l’instant on est ensemble, ça ne bouge pas.

LVP : D’accord. Si j’ai bien compris, tu as commencé à rapper sérieusement pendant le confinement c’est ça ?

S : Alors, pas « commencé », j’ai plutôt « repris » juste avant le confinement. J’ai envoyé un petit freestyle en avril, que les gens, à mon échelle, ont bien pris. Je l’ai envoyé en pleine période de confinement mais la préparation était bien en amont. Après, en juin on a sorti un titre qui s’appelle Tué par un flic.

LVP : Je voulais en parler d’ailleurs !

S : J’ai gâché le truc ou quoi ? (rires) C’est toujours la même chose. C’était par rapport aux événements qui avaient eu lieu aux États-Unis avec la mort de Georges Floyd. Ça a relancé une vague dans le monde entier. En vérité, ce son je l’avais écrit bien longtemps avant ça. On n’attendait pas un malheur pour sortir ce son. Mais on s’est dit qu’il était tellement vrai, avec un vrai impact dedans et qu’on n’allait pas le sortir comme si on sortait un banger ou pour aller danser. Il fallait le sortir dans un contexte. Et c’est ce qu’on a fait. Il est sorti un jour après la grosse manifestation pour Adama devant le tribunal de Paris. On y était, on a pris quelques images.

LVP : D’ailleurs, ça s’est terminé comment pour vous cette manifestation ?

S : Franchement, au début c’était cool, peace, tout le monde était ensemble. Bonne ambiance. Quand ça a dégénéré on a commencé à partir. Et ce son Tué par un flic on l’a posté un jour après cet événement sur Instagram. Il y a eu une grosse vague de partage. Quand je te dis vague, c’était vraiment…

LVP : Toi tu n’avais vu ça avec aucun son ?

S : À mon niveau non. De Kery James à Assa Traoré, en passant par le youtubeur Yvick.

LVP : Tout le monde en avait peut-être besoin de ton son.

S : Ça a fédéré. Et c’est là que j’ai compris que les gens me suivaient quand même un peu.

LVP : Je vois. C’est quoi la réalité de porte de la Chapelle en termes d’occupation policière ? On les voit le long de la voie du tram 3B, au moins de la porte de Clignancourt jusqu’à la Villette, à chaque station tu as des fourgons de police. Ça fait depuis combien de temps que c’est comme ça ?

S : En fait à porte de la Chapelle il y a trop de trucs. Il y a les crackheads, les migrants, les jeunes du quartier, il y a la prostitution. Tu as dû voir aussi que c’est un endroit où il y a le métro, la sortie du périph’, de l’autoroute, les terminus des bus. Il y a du covoiturage aussi. Ça crée le bordel. Il y a tout et n’importe quoi, tu vois. Ça devient dur à gérer parce qu’en plus de tout ça il y a la drogue, la violence, du monde…

LVP : Et quand tu es pris par tout ça, il se passe quoi ? Tu as grandi comment là-bas ?

S : Comme je le dis souvent, les gens voient ça comme un monde de ouf. Mais pour nous qui avons grandi ici, c’est normal. Je te dis n’importe quoi mais par exemple : c’est normal pour un britannique de parler anglais. Pour nous c’est normal aussi d’être à porte de la Chapelle. Tout ce qui se passe là-bas, pour nous, c’est normal. On a grandi ici donc on ne voit rien d’effrayant. Mais je peux comprendre que quelqu’un qui ne vit pas ici débarque comme ça et se dise « mais qu’est-ce qui se passe ici ?! On est où ?! ».

LVP : Le crack, tu es passé par là ? Tu en as fait ton blase, tu vois. C’est quelque chose de fort je trouve.

S : Pourquoi est-ce qu’il est dans mon blase ? C’est une dédicace au quartier. Et en même temps, quand tu dis « crack ! », c’est un truc puissant, c’est un mot puissant quoi. Tu as capté ? Aussi, quand on dit « t’es un crack » ça veut dire que t’es un as. Tout ça, ça colle bien avec le quartier. Et si je suis passé par là ? Hum…

 

LVP : J’écoutais le podcast Crackopolis produit par Arte et le gars te raconte que sa première dose, on lui a donné gratuitement, la deuxième, la troisième aussi… Puis le gars est tombé dedans comme ça en fait. Et moi j’ai l’impression que tout le monde ferme les yeux sur cette réalité, que ce soit les pouvoirs publics ou les gens du quartier. Tu en penses quoi ?

S : Ils ferment les yeux et puis quand ça devient trop, ils prennent le problème et ils le déplacent. C’est tout ce qu’ils font. Ça fait tellement longtemps qu’on est dans le quartier. Ça a toujours parlé de crack à porte de la Chapelle. Mais ça n’a jamais bougé. Nous, tout ce qu’on peut voir c’est quand on déplace les « crackheads » dans telle rue, ou alors quand on les déplace plus haut, quand on les redescend plus bas…

Antoine (son manager) : D’ailleurs il va bientôt y avoir les élections présidentielles. Et ce qu’il faut dire aussi c’est que, quand ça peut leur servir, ils en parlent et à des fins électorales. Surtout pour dire « là c’est la merde, est-ce qu’il faudrait pas un État plus autoritaire ? Est-ce qu’il faudrait pas élire tel mec, telle meuf, qui viendrait casser les codes ? ». C’est pour déplacer la pensée des gens aussi.

S : C’est un problème qu’ils utilisent à leurs avantages. Ils s’en foutent des riverains qui sont là tous les jours avec les crackheads.

LVP : Tu as vu le mur qu’ils ont érigé à Pantin pour, soi-disant, les empêcher d’accéder à la capitale ? Ils ont fait ça à la Trump. Et c’est complètement idiot, parce que 100 mètres plus loin, tu peux passer en fait.

S : Je ne sais pas ce qu’ils font, c’est un délire…

LVP : Et c’est qui finalement les « crackheads » ?

S : Je ne fais que me répéter mais comme on a grandi avec eux depuis petits, en fait, c’est tout le monde, frère. Je comprends que les gens puissent avoir peur. Mais nous on a tellement l’habitude que par moments on se pose avec eux, on a des discussions.

A : Ça peut être un mec du quartier qui a grandi là comme un mec qui est venu traîner un soir.

S : Ou un mec qui vient d’arriver dans le pays. Il y a aussi un gars qui m’avait raconté qu’il venait d’une bonne famille, qu’il avait pris un appartement. Alors que tu peux croire que c’est un SDF, un peu sale, tu sens qu’il est dans le mal. Mais il te dit qu’il habite à Pigalle et qu’il cherche juste à prendre sa dose avant de rentrer chez lui. Et pourtant tu les vois ici tous les jours et tu crois qu’ils vivent dans la rue. Il y en a ce sont des gens normaux en fait, ils vont au taf. C’est vraiment tout le monde. Il ne faut pas catégoriser. En fait, comme on en parle de plus en plus, ça paraît récent pour les gens.

LVP : Tu trouves qu’on en parle de plus en plus ?

S : Alors ce n’est pas exactement qu’on en parle plus, mais en tout cas avec les réseaux il y a cette impression. Tout est plus gros avec les réseaux. Et les gens croient que c’est lié aux migrants alors que grave pas.

LVP : Puis il y a eu l’histoire de la « colline du crack »…

A : Dis-toi que Doc Gynéco dans son premier album Première consultation (1996) il parle de ça comme si c’était aujourd’hui.

S : Les gens ont une fausse image, que c’est les migrants qui fument du crack.

A : Ils se sont rajoutés à quelque chose qui existait déjà.

S : C’est grave ça. Et comme ils se sont rajoutés, ça a grossi le truc, à travers les médias et les réseaux.

LVP : Ça fait longtemps alors.

S : Les grands nous racontaient quand on était petits que c’était déjà n’importe quoi à l’époque, que c’était terrible.

© finesse.télévision

LVP : Tu as des envies de bouger avec tout ça ?

S : J’ai déjà bougé un peu !

LVP : Raconte-nous ?

S : J’ai vécu un peu à Londres pendant 5 ans. J’ai commencé à faire des allers-retours en 2013, quelque chose comme ça. Et après je me suis installé définitivement en 2015-2016 et je suis rentré début 2019.

LVP : Ok. Tu as fait quoi là-bas ?

S : À la base je voulais y aller en mode école, tu vois. J’ai vite changé mes plans donc après j’étais « en mode » british. Je vis, je sors tous les jours.

LVP : Je vois. Et c’est bien de vivre là-bas ?

S : Ouais c’est bien. C’est un autre état d’esprit parce que c’est une autre immigration. Eux sont plus « en mode » Caraïbes, Jamaïque. Après tu vas trouver un peu des Marocains, Algériens, Camerounais, Maliens, mais minoritaires de ouf.

LVP : Et toi c’est quoi les origines des darons ?

S : Moi ? Camerounais.

LVP : Apparemment là-bas on ira moins te demander d’où tu viens. C’est vrai ça ?

S : Alors ça je te jure que c’est une question française. « Tu viens d’où ? », c’est une question française. Parce qu’à Londres, inconsciemment ça m’est arrivé de demander « where are you from? ». Et là, la personne me dit du quartier d’où elle vient. J’ai été obligé de lui préciser « ethnicity ». Et la personne m’a répondu « ok… Jamaïcan ».

LVP : Je vois.

S : Alors qu’ici, quand on te demande d’où tu viens, tu sais de quoi on te parle directement. Alors que là-bas, grave pas. On va te répondre qu’on vient du sud de Londres par exemple.

LVP : Tu as rappé un peu là-bas ?

S : Non pas du tout.

LVP : Un peu de drill ?

S : Je me suis pris la drill là-bas.

LVP : Un mot peut-être à ce sujet ? Ça vient de Chicago, Chief Keef c’est un peu la réf dans le genre.

S : De mon humble connaissance, je sais que ça vient de Chicago effectivement. Mais même avant les Chief Keef et tout ça, apparemment, il y avait déjà un petit mouvement. Mais c’est eux qui l’ont porté on va dire. Les Anglais ont repris le truc à leur sauce.

LVP : Ils reprennent toujours le truc à leur sauce !

S : C’est vrai. Et de leur sauce, ensuite ce que je sais c’est que c’est parti à New York. Mais chez les Anglais, ça fait un moment que la drill est installée. Quand je suis arrivé à Londres c’était déjà ça. Mais eux, ils n’étaient pas là pour reprendre la drill de Chicago, tu vois. C’était de la drill mais vraiment à eux. C’est bien pour ça qu’on parle aujourd’hui de « UK Drill ».

LVP : Ouais, c’est devenu un genre à part entière. Et toi tu estimes que tu fais quoi par exemple ? Que c’est à ta sauce ?

S : En vrai, à ma sauce. Ce n’est pas pour me donner un genre. Mais quand j’ai vécu à Londres je me suis pris le truc naturellement, tu vois. C’est ce que j’écoutais. Je ne me posais pas la question de savoir si c’était de la drill ou pas. Et après il y a eu l’explosion du mouvement. J’ai ce côté où je kiffe ce que font par exemple les mecs de New York niveau drill. Mais il y a ce côté naturel aussi chez moi. Donc franchement, c’est vraiment à ma sauce.

A : Parle de la branche du quartier à Londres !

S : Ah oui ! C’est un truc de fou. Dans notre quartier, on est beaucoup allés à Londres. Il y a même une branche du quartier de porte de la Chapelle à Londres. Ça veut dire qu’on est tous allés dans le même quartier à Londres.

A : Dans le même appart !

LVP : Pourquoi Londres ? C’est quoi les plugs, connexions là-bas ?

S : Les premiers du quartier qui sont allés à Londres, ils y sont allés comme ça, tu vois. Comme chacun peut partir en aventure. Moi j’étais avec un pote qui jouait au foot là-bas. Donc ça me faisait des allers-retours parce que c’était mon bon reuf. Tu connais, de fil en aiguille j’ai kiffé moi. C’est surtout qu’il y avait des mecs du tieks donc je me sentais à l’aise. Et là il y en a d’autres qui y sont. C’est lourd de ouf ! Incroyable qu’il y ait une branche du tieks à Londres ! Genre, t’es où ? Je suis à Shepherd’s Bush !

LVP : C’est un délire ce truc je suis d’accord ! Il y a un prochain projet qui se prépare en ce moment ?

S : En ce moment on est en train d’envoyer des singles mais sinon non, pas de projet en particulier. Même si c’est sûr que ça va venir dans la foulée. Sinon il y a beaucoup de projets de feats qui ont été faits ou qui sont en préparation. On fait beaucoup de studio et il y a des sons prêts.

LVP : C’est où ton studio d’ailleurs ?

S : Généralement je pose à Grand Ville Studio à Montreuil (Kezo je te vois).

LVP : Tu écris depuis longtemps ?

S : J’écrivais même avant de rapper. Quand tu écris pour rien tu vois.

LVP : Ça fait du bien non ? Pour gérer ses démons ?

S : C’est vrai qu’il y a des choses plus faciles à écrire et dire dans un son qu’en face-à-face. Après je ne sais pas si ça fait du bien ou non mais ça me permet de dire des choses que je ne dirais pas dans la vie de tous les jours.

LVP : C’est vrai. Tu as un processus de création ? Tu as besoin de t’isoler ?

S : J’aime bien écrire tout seul. Quand je kiffe trop un son, ça m’arrive d’écrire sur le son de quelqu’un. Par contre, je n’écris pas sans instru.

LVP : Tu es obligé de laisser tourner un truc ?

S : Oui, il me faut une petite vibe. Même pour les placements, j’ai besoin de l’instru. Je ne sais pas comment font ceux qui écrivent sans. Dernièrement on a un peu changé parce qu’on fait beaucoup de studio. Donc on arrive là-bas, on met la prod et…

LVP : Et puis on voit ?

S : On voit ce qui sort dessus.

A : Au feeling.

LVP : Qui s’occupe de tes prods ?

S : Quand tu es arrivé là, j’ai reçu un pack de sons de Diaby (t’inquiète, Diaby Tyler je te vois aussi) (rires).

LVP : Ces connexions, elles se sont faites au fur et à mesure des rencontres, c’est ça ?

S : Oui c’est ça. De plus en plus, je pose aussi avec Vrsa (Vrsa Drip je te vois) (rires). Il y a beaucoup de prods que j’achète sur le net sinon. Mais en général on m’envoie des petits truc par-ci, par-là.

 

LVP : Toi tu es plus Patek que Rolex ?

S : Et dans ce son je dis quoi ? Qu’il me faut un appart, pas une Patek ! Je suis dans ce mood.

LVP : C’est la galère en ce moment pour trouver un toit ?

S : Pas qu’en ce moment. Ça a toujours été un peu galère. D’expérience, j’ai des proches qui font des demandes, ils sont en galère, ça met des années.

LVP : Pour les logements sociaux ? À Paris, c’est parfois 10 ans d’attente.

S : C’est n’importe quoi. Donc moi je dis seulement que si j’ai un paquet d’oseille, il me faut un appart pas une Patek. Une Patek tu vas en trouver, un appart c’est moins sûr.

LVP : J’ai vu que tu avais repris Obsessed With You de Central Cee sur Spotify.

S : Oui. Et lui-même l’a repris de Stay Home. Et comme je te disais : studio, vibes, ah ! je ne sais pas trop quoi faire, vas-y mets la prod ! Et j’ai kické un petit truc dessus comme ça.

LVP : Je vois ! Est-ce que tu as 3 sons du moment à faire découvrir ? Ou des artistes ?

S : Vas-y je te donne 2 artistes : Chizii et Bayass. Et mon artiste en ce moment, elle a sorti un album hier, c’est Summer Walker. C’est du RnB à l’ancienne, un peu soul.

LVP : Je note ! Un petit mot pour la fin ?

S : On va montrer comment on envoie sérieusement. On a fait une bonne année mais là, c’est le moment de… On a déjà un peu montré qu’on était là. Mais là, on va montrer qu’on est là pour vous baffer. C’est ça en fait.

A : Péta !

LVP : Tu as une colère ?

S : Mon gars, là j’ai les nerfs du diable. Voilà ! Je suis en pétard. Là il faut leur montrer qu’on mérite, qu’on n’est pas là pour rien. On est là pour les baffer.

LVP : Je pense que par la musique on peut atteindre des choses qu’on ne pourrait pas atteindre autrement.

S : Même moi je me suis toujours dit ça. Par exemple, faire un petit truc dans la musique ça va me permettre de… « trois petits points » parce que ça peut te permettre tellement de choses, créer tellement de connexions, de voyager. Et c’est peut-être pendant un voyage que tu vas rencontrer quelqu’un qui fera que… Trop de trucs ! Je suis persuadé que par la musique, il peut se passer trop de choses, frère. Et je ne pourrais même pas te dire quoi, tellement les possibilités sont infinies.

LVP : Est-ce qu’il y a une question qu’on ne t’a jamais posée et que tu aimerais bien que je te pose ?

S : Quelle scène j’aimerais bien faire !

LVP : Et tu aimerais faire quelle scène ?

S : J’aimerais trop faire Bercy avec tous les mecs du 18 en première partie, comme une espèce de big festival spécial 18ᵉ (arrondissement).

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