Solann : poser la voix sur ce qui déborde
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Auteur·ice : Noa Perelsztejn
28/05/2025

Solann : poser la voix sur ce qui déborde

| Photo : Clémentine Ecobichon

Depuis la sortie de Si on sombre ce sera beau, Solann sillonne les routes. Des premières dates, choisies avec soin, une intensité palpable. Sur scène, elle incarne ses chansons avec cette douceur tendue qui bouleverse. À peine la première partie de cette tournée achevée, on a eu envie de prolonger ce moment suspendu, de revenir avec elle sur l’album, les concerts, et ce qui se passe quand les chansons quittent l’intime pour devenir partagées.

On s’est donc retrouvées à Bruxelles, à l’écart du tumulte, pour prendre le temps de parler. Il a été question de contes, de colère, de scène et de sorcellerie. De sa voix douce et de sa sincérité désarmante, Solann a déroulé le fil d’un univers où la vulnérabilité n’est jamais une faiblesse, mais une force féroce et poétique.

La Vague Parallèle : Hello Solann, on se rencontre après la fin de ta tournée – ou en tout cas de la première partie. Comment tu te sens aujourd’hui ?

Solann : Honnêtement, il y a une partie de moi qui me dit que je ne sais pas comment j’ai réussi à faire tout ça. Parce que c’était quand même 24 dates, quelque chose comme ça. Mais c’était fou et je suis très heureuse de l’avoir fait. Je suis quand même heureuse de me dire que dans 3-4 jours j’ai un petit temps de pause. Mais c’était du sport, un marathon.

LVP : Un peu d’euphorie quand même ?

Solann : Forcément. Je suis avec une équipe qui est tellement douce et où on rit beaucoup. Il y a une sensation de « ok c’est compliqué, on dort peu, on n’est pas chez nous, on n’est pas près de nos familles, nos compagnons ou compagnes etc ». Mais il y a cette entente qui est trop agréable.

LVP : Qu’est-ce que cette tournée t’a appris sur toi, sur ton rapport à la scène, ou même sur ton rapport au public ?

Solann : Mon rapport à la scène il a beaucoup changé. Parce qu’avant j’étais quand même très coincée, j’avais beaucoup de mal à bouger, c’était difficile. Et puis j’ai travaillé avec un chorégraphe, Nazir Ben Lala, qui justement m’a aidée à débloquer tout ça. Maintenant je prends beaucoup de plaisir à être sur scène. Avant, c’était quand même un petit peu rude parce que je sentais mes propres limites et ça m’énervait. Et puis le public. J’ai pu rencontrer des gens qui connaissaient les paroles, étaient à fond dedans et c’est le meilleur des cadeaux. J’ai découvert sur moi que ma voix elle tient, étonnamment, elle peut faire 3 ou 4 dates d’affilée, j’étais fière.

LVP : Est-ce qu’il y a un moment spécifique que tu as envie de raconter ? Un moment marquant ? Une émotion forte ?

Solann : Il y en avait plein, je pense qu’à chaque fois que je réalisais que les gens chantaient vraiment les chansons, c’était toujours assez fou. Ça s’est étonnamment bien passé, et c’était très doux. On m’a offert des cadeaux incroyables aussi. C’est très agréable quand les gens viennent après en dédicace et qu’ils te laissent des choses. J’ai eu tellement de bracelets avec mon nom marqué dessus, ou le nom des chansons. C’était si doux. J’ai eu aussi des fleurs, des livres, des photos, etc. Le sac avec les fleurs que j’utilise aujourd’hui d’ailleurs, c’est un sac qu’on m’a offert. Il est magnifique. C’est un vrai marathon, mais plein de cadeaux. Que ce soit des cadeaux littéralement ou des cadeaux sur scène, de pouvoir partager, chanter avec des gens.

Il y a eu un moment spécifique, c’était la première fois que ça m’arrivait. En fait, je ne vois pas très bien de loin, donc quand il y a des pancartes je n’arrive pas trop à lire. Il y avait une fille au premier rang, qui me disait « est-ce que je peux chanter Rome avec toi ? Parce que c’est mon anniversaire. ». Durant le concert, on fait Rome deux fois : une fois avec les batteries, un truc qui bouge, et à la toute fin on fait une dernière fois Rome en acoustique et les gens chantent. J’ai vu son message, je lui ai dit « Ne t’inquiète pas on va le faire ». Et puis Rome est passé et je l’ai vue ne pas comprendre parce que je lui avais dit qu’on allait le faire. À la fin je suis allée vers elle et on a pu chanter ensemble. C’était assez fou, c’était un très beau moment.

LVP : Si on passe un peu sur ton album, il s’appelle Si on sombre ce sera beau. Qu’est-ce que tu trouves qui est beau dans le fait de sombrer ?

Solann : En fait je pense qu’on va se péter la gueule, ça c’est certain. Je suis un peu fataliste ou cynique. Mais l’être humain est très fort dans sa capacité à faire de l’art, et à rendre belles les choses qui ne le sont pas du tout, ou juste pour les rendre vivables. Pour dire qu’on était là, et qu’on a vécu ça. C’est pour ça que si on se pète la gueule, on va le faire joliment.

LVP : On retrouve souvent chez toi cette dualité : une voix douce, des textes forts voire tranchants. C’est un choix délibéré, de ne pas forcément crier pour être entendue ? Ou de ne pas forcément vouloir utiliser des mots plus littéraux et de plutôt faire des métaphores pour annoncer des choses ?

Solann : Je pense que c’est pour moi que je le fais aussi. Parce que j’ai grandi avec des contes et des fables (même si parfois c’est hyper sanglant), et j’ai voulu un peu imiter ça. Parfois c’est plus en chuchotant que les gens vont écouter ce qu’on a à dire plutôt qu’en hurlant, donc j’ai décidé d’y aller dans la délicatesse. Bon parfois je balance le mot “pute” aussi. Ça dépend des morceaux en fait. Parfois il y a des choses qui doivent se dire littéralement.

LVP : Petit corps parle d’acceptation, de fragilité. Et ton premier EP s’appelait Monstrueuse. Est-ce que tu te sentais “monstrueuse” à l’époque ? Est-ce que c’est une évolution ? Quelle est ta perception par rapport à ça ?

Solann : En fait il y a plein de choses. Il y a eu une période dans mon adolescence, quand je me regardais dans le miroir, je me disais « mais je suis monstrueuse ». Dans le sens où je regardais mes traits et je ne les supportais pas. Il y avait ça. Il y avait aussi le fait que j’ai toujours été fan des monstres, dans tous les contes possibles. Et je crois qu’au bout d’un moment, c’était un fantasme d’être monstrueuse. C’est-à-dire, surtout en tant que femme, ce truc de « mais t’es hystérique, tu cries trop, tu réagis trop à des trucs ». Mais si vous voyiez comment je pourrais être, si j’étais monstrueuse, vous n’avez pas idée. C’est un peu cette idée-là, ce fantasme-là.

LVP : Est-ce que faire de la musique, c’est une manière pour toi de reprendre le contrôle sur tout ça et sur ce que les gens pouvaient dire sur ton corps ? Et toutes ces choses que tu trouvais monstrueuses avant ?

Solann : C’est un peu chelou à dire, mais j’ai eu ma puberté et j’ai eu une poussée de croissance, où j’ai commencé à ne plus ressembler à une enfant ou même à une ado un peu tard, vers mes 20 ans. Et ça s’est boosté un peu vers mes 22. Donc j’ai vraiment mis du temps. Maintenant je m’apprécie. Mais il y a eu un bon bout de temps où je ne me supportais pas. Je trouvais qu’il y avait des choses qui avaient grandi et pas d’autres. C’était un petit peu étrange. Ecrire des chansons m’a permis de plus me sentir en confiance et sentir que je faisais bien quelque chose. Ça donne une confiance en soi de fou. Je pense que ça m’a aidée à m’accepter encore plus en me disant « Mais je peux faire ça ! Qu’est-ce qu’on en a à foutre que je n’aime pas telle chose sur mon visage, que je n’aime pas tel truc. Moi je suis là. Je raconte des histoires les gens m’écoutent et les gens aiment bien. On est bon en fait. »

LVP : Dans Rome, tu évoques “Je compte même plus les fois où on m’a traitée de chienne”, et tu abordes la haine qu’on peut recevoir en tant que femme. La sortie du morceau a été tumultueuse avec les message de haine que tu as reçus, alors que c’était justement le thème de la chanson. Avec le recul, comment tu prends la chose ?

Solann : Je me dis que parfois en tant qu’artiste, en tant que personne qui raconte des histoires, on a peut-être ce devoir, cette inclinaison à élever les gens hors d’une certaine condition mentale, de certaines choses. Mais ces gens-là, je vais décider que je vais les laisser là, je ne peux pas les aider, qu’ils se démerdent. Enfin je veux dire, quand on a autant de haine, de tension par rapport à juste une chanson qui parle des femmes. Et je n’accusais pas grand monde, j’étais juste en train de dire « Je vis ça. Et ça me fait mal ». Il ne faut pas non plus oublier que si on est là, c’est grâce aux femmes et plein de choses comme ça. Et eux ça les a tellement trigger (même si je n’aime pas ce mot). Ils ont à peine lu un truc, tout de suite, ils ont vu rouge. Eux je ne les sauverai pas, qu’ils se démerdent.

| Photo : Ilan Brakha

LVP : Tu comptes leur répondre, ou ça ne vaut même pas la peine ?

Solann : La scène que j’ai faite avec cette chanson est une réponse suffisante.

LVP : Il y a aussi beaucoup de poésie dans tes chansons. Est-ce que tu ressens que ce détour par la métaphore est parfois plus puissant qu’un message frontal ?

Solann : Ça dépend vraiment. Il y a certaines chansons qui s’y prêtent et d’autres moins. Je crois aussi que j’ai une pudeur dans mes textes. Et d’autres fois où je suis juste en colère, j’ai envie de le balancer. Mais je pense que quand j’ai de la tristesse, je suis assez pudique. Pour Les draps, je n’ai pas voulu dire les choses trop frontalement. Alors que pour Rome, pour tout cramer, bah tout cramer quoi. On n’est pas dans l’embrasement doux d’un monde de demain, etc. Non on crame, on crame, on crame, on crame.

LVP : Dans Les draps, tu parles de violence sexuelle, mais avec beaucoup de pudeur et de justesse. Pourquoi c’était important d’aborder ce sujet-là dans l’album ? Est-ce que c’est un thème que tu voulais traiter depuis longtemps ?

Solann : Ce n’est pas un sujet que je voulais traiter. Je n’avais pas envie de faire une chanson sur le viol, mais j’avais envie de me libérer d’une culpabilité. J’avais envie de faire une chanson sur quelque chose qui me fait du mal. Et il se trouve que c’était ça en fait. Toutes mes chansons parlent de frustration, de douleur. Je n’ai pas de volonté de me dire à chaque fois « Je vais faire une chanson sur tel thème ». Je me dis « non j’ai besoin de lâcher quelque chose ».

LVP : Tu utilises souvent des figures animales comme des alter ego ou des symboles, est-ce qu’il y en a une que tu préfères ? Je pense à l’oiseau par exemple. Tu peux nous parler de cette façon d’écrire qui vient de ton enfance, penses-tu est-ce que ça va continuer à te suivre ?

Solann : Je pense, forcément, que ça vient des contes. Les animaux sont très utilisés pour des symboles. Ça fonctionne. Et puis moi j’ai toujours aimé l’image du bestiaire. Je me retrouve dans ces idées-là. Je parle de rat, je parle d’oiseau, je parle de hyène, etc. Je trouve que ça me parle beaucoup plus que d’autres façons de raconter.

LVP : Quand tu parles de fables, de contes, tu évoques aussi les sorcières. Tu te décris comme une “sorcière réconfortante”. C’est presque paradoxal. Mais on sait aussi que les femmes ont été et peuvent encore assez vite être traitées de sorcières, simplement pour avoir voulu être elles-mêmes. Pourquoi cette figure t’accompagne ? Est-ce que ça te permet de revendiquer une forme de pouvoir ou d’indépendance ?

Solann : C’était ma façon à moi, quand j’étais enfant, ado et puis adulte, justement de trouver de la force dans mes particularités. Je n’ai pas tellement de croyances, en tout cas pas de croyances arrêtées, pas de dogmes ou quoi que ce soit. Mais j’ai été élevée dans une famille très ésotérique, et je me dis que si on a bien un pouvoir, ou bien de la magie quelque part, c’est dans le fait de raconter des histoires. Qu’on puisse écrire quelque chose en 2005 dans un carnet, et dix ans plus tard, quelqu’un à l’autre bout de la planète va le lire, et ça va provoquer une émotion : pour moi c’est de la magie. Je trouve que cette magie chez les femmes, cette parole va dans la transmission, elle va dans la protection, elle vient dans le fait de guider. Je trouve que ça fait de nous des sorcières et j’aime beaucoup cette façon de voir les choses. Les sorcières, ça n’a jamais été quelque chose de négatif.

LVP : Dans Les ogres, tu dis que “les ogres ont mangé le monde”. Est-ce que cette phrase traduit une angoisse face à la marche du monde, au climat, à la politique, ou c’est plus intime que ça ?

Solann : Pour moi ce n’est même pas une angoisse de plus tard. On est dedans. Totalement. Que ce soit au climat, que ce soit au niveau des richesses, que ce soit au niveau d’une impunité terrifiante. On est dedans. J’y suis. Je trouve que c’est parce que justement je réfléchissais à des choses qui arrivaient que j’ai voulu écrire cette chanson.

LVP : Dans plusieurs de tes clips — je pense à Petit corps ou Les ogres — on retrouve la pluie. En plus du fait que ça apporte quelque chose esthétiquement, c’est une image forte. Est-ce qu’elle a un sens particulier pour toi ?

Solann : À chaque fois, ce n’était pas tellement mon idée, si je suis tout à fait honnête. Sachant que je me suis chopé des putains de pneumonies ou des choses comme ça. Mais il se trouve que c’est très beau et que ça fonctionne. Avec l’idée de la pluie et de la montée des eaux, il y avait ce truc, particulièrement dans Les ogres, « si je me noie, vous me noierez aussi », et ça allait bien avec. Maintenant, si je peux faire des trucs sur la plage au soleil, je ne serais pas contre.

LVP : Parce que ça a quelque chose d’un peu apocalyptique aussi.

Solann : Totalement, ça apporte une dimension autre.

LVP : Et d’ailleurs dans Les ogres, que ce soit sur le banquet ou la personne au milieu, tout le monde était dessous.

Solann : La pluie ça touche tout le monde. Si t’es dessous, t’es dessous. Il y avait un figurant, qui avait je crois 92 ans, quelque chose comme ça. On a filmé un petit plan avec lui sous la pluie et après on lui a dit « on gère avec les autres, ne reste pas ».  On voulait pas qu’il meure sur le tournage, ce ne serait pas drôle.

LVP : Le clip de Marcher droit se termine sur une image forte : tu coupes une longue tresse qui te relie à une autre version de toi-même. C’était symbolique ? Quelle en était la signification ?

Solann : Au moment où je te parle, ça fait longtemps qu’on a fait ce clip, donc je suis un peu perdue au niveau de la signification. Mais il y avait un peu cette idée de prendre une décision constante pour aller mieux, pour changer certaines choses. Si on refait toujours la même chose dans les situations, c’est normal que le résultat ne change pas. C’était ça, la folie. Et l’idée de sortir de cette folie, et quand je parle de la folie, c’est aussi quand on perd la tête littéralement, qu’on perd le sens des priorités. La priorité étant de rester en vie. Cette idée de choisir volontairement de couper, de sortir d’un schéma qui peut être confortable. Même des schémas douloureux qui sont confortables, parce qu’on ne connait que ça. Et j’avais un petit peu cette signification-là de dire « Ok c’est un choix conscient et on avance ». Parce qu’on décide de le faire. Parce qu’on accepte un inconfort.

LVP : Vous êtes deux dans le clip, il y a une certaine dualité. Est-ce que l’autre personne, c’est ton alter ego ?

Solann : C’est un truc intérieur. Effectivement c’est un alter ego. Mais c’est surtout quelque chose qu’on transporte avec nous, que ce soit une tristesse ou quelque chose qui veille sur nous. Souvent, quand on a des traumas, on a une personnalité qui se crée, qui pour nous protéger peut être dans des comportements destructeurs. Et c’est un petit peu ça, c’est ce qui fait du bien, de temps en temps il faut lâcher.

LVP : Dans cette chanson on entend aussi tes grands-parents, ton grand-père plus précisément. Qu’est-ce qui t’a amenée à l’intégrer dans la chanson ?

Solann : En fait mon grand-père, mes ancêtres et les personnes qui ne sont plus là aujourd’hui, font partie des gens qui font que je suis fière de faire ce que je fais et d’être qui je suis. Parfois quand j’ai envie de prendre des bonnes décisions, je le fais pour eux. Et mon grand-père maternel avait vraiment cette voix de Marseillais, et il a dit « ma petite fille n’est pas d’un singe, voilà je vous le dis. Elle fera comme elle veut ». Je suis tombée dessus au bon moment et ça m’a beaucoup marquée. J’ai eu de la chance. Mes grands-parents ont beaucoup filmé quand j’étais bébé au caméscope, et ils ont mis ça sur des DVD, dieu merci. Et voilà j’ai pu retrouver ça.

LVP : En plus de cela, il y a des choix d’arrangements qu’on entend moins dans la chanson française — on pense aux percussions très fines, aux nappes électroniques, aux cordes inattendues. C’est quoi qui guide tes choix : le texte, l’émotion, les mélodies et arrangements ?

Solann : C’est un tout. C’est au service d’une histoire. Quand j’écris un peu le truc, où je sais ce que je veux écrire, ce que je veux un peu lâcher, je cherche ce qui pourra au mieux servir l’histoire. Ça se construit comme ça. Je travaille avec Marso, qui est mon producteur musical. Et on fonctionne très bien. Il comprend vite mes idées. Moi je ne m’y connais pas beaucoup en musique, je n’ai pas fait de solfège ou quoi que ce soit. Mais quand je lui dis « Ouais j’aimerais bien qu’il y ait une nappe, ceci ou cela. », il me répond « Oui c’est bon ». Et il trouve en deux secondes, il arrive vraiment à capter même quand je donne deux, trois indices très vagues. Il y a un lien entre nous, on se comprend, c’est super.

LVP : Tu travailles les chansons dès le début avec une idée sonore en tête ? Ou c’est en studio, avec ton équipe, que les textures se construisent ?

Solann : Ça dépend vraiment. Il y a des chansons que j’écris moi de mon côté, dans ma chambre. Et là franchement c’est un tout. Je pense que je commence un petit peu plus par le texte et le ukulélé. La mélodie met toujours un peu de temps à venir. Et quand c’est avec Marso, justement, c’est les deux. Je lui dis ce que j’aimerais raconter, je donne de vagues idées, il commence à composer un truc, ce qui m’inspire pour dire certaines choses et pour écrire. Ça se fait vraiment en même temps, c’est un tandem.

LVP : Et c’était quoi le premier instrument avec lequel tu as commencé à faire de la musique ? Le ukulélé ?

Solann : Non, j’ai commencé au piano, mais je ne sais pas vraiment en jouer, juste pianoter. Je ne l’ai pas appris, ni le solfège ou quoi que ce soit. Mais j’ai commencé avec le piano parce qu’il y en avait chez mes deux grands-parents. Et à mes 16 ans, j’ai eu un ukulélé et j’ai continué là-dessus, parce que c’était quand même plus facile à transporter

LVP : Tu as senti depuis toujours que tu voulais faire de la musique ou c’est vraiment arrivé après avoir écrit des textes ?

Solann : Oui ça fait longtemps que je fais des spectacles dans le salon, que je chante et que je veux écrire.

LVP : Parce que t’as commencé avec le théâtre il me semble ?

Solann : Le théâtre c’était une façon professionnelle d’aller dans l’idée de la scène. Je savais que pour la chanson les gens doivent s’adapter à toi, à ce que tu écris. Alors que pour le théâtre tu peux t’adapter, tu deviens quelqu’un, tu deviens quelqu’un d’autre. Tu t’adaptes au rôle, tu t’adaptes au réalisateur. C’est une façon un peu plus facile. Et dieu sait que ce n’est pas un milieu facile, le théâtre, et qu’on n’a pas beaucoup de taf.

LVP : Tes chansons sont très écrites, très denses… mais elles ont aussi une respiration, une pulsation presque physique, parfois même dansante. Tu voulais qu’on puisse bouger, même en recevant quelques coups au cœur ou la tête ?

Solann : Oui, j’avais justement une volonté de pas m’enfermer. C’était un peu un laboratoire cet album, on a tout testé. Parce que j’étais trop heureuse de pouvoir faire des choses différentes de mon petit ukulélé-voix. On pouvait vraiment ne rien s’interdire.

LVP : Faire danser les gens c’était quelque chose dont tu avais envie aussi ?

Solann : Danser je ne sais pas, mais en tout cas les faire bouger et qu’il y ait certains rythmes d’électro. Je commence à savoir comment parler aux gens pour qu’ils puissent danser dans les concerts. Moi je voulais juste que ça résonne en fait, là dans la poitrine. C’est ce que je cherchais à faire.

LVP : Est-ce qu’il y a un morceau ou un·e artiste qui t’a accompagnée pendant la création de cet album ?

Solann : L’album a été écrit sur une longue période. Le plus vieux morceau, C’est tout cramé, qui s’appelait « Exutoire » à l’époque, c’était en 2020, donc ça fait quand même 5 ans. Je n’ai pas eu un seul morceau que j’ai écouté. Mais j’écoute beaucoup Jeff Buckley, Léonard Cohen et Anne Sylvestre, constamment. Je pense que ça m’a inspirée, rien que dans l’idée de vouloir faire de belles choses. Pas forcément dans le même style, mais de vouloir écrire de belles choses. Parce que je vois ce que ça peut me faire d’écouter ces musiques-là et les émotions qui vont avec. Je voulais un peu la même chose.

LVP : À La Vague Parallèle, on adore parler des artistes émergents. Est-ce que tu en as à nous conseiller ? Des gens que t’écoutes qui mériteraient qu’on les connaisse ?

Solann : Il y en a plein. C’est un peu biaisé, (mais je l’écoutais avant que ce soit mon amoureux), il s’appelle Nadir, et il a un morceau qui s’appelle Foule immense, qui est sorti il n’y a pas très longtemps. C’est du rap. Je l’ai justement rencontré de par son travail et c’est quand même particulièrement bien, ça mériterait plus de visibilité. C’est lui qui m’a accompagnée sur les concerts, parce qu’il est danseur aussi. Pour m’aider à ne plus avoir un balais dans le cul, en gros. Il y aussi Mab, le groupe, ce sont deux frères.
Mab et Nadir, ce sont les deux que j’écoute souvent en ce moment.

LVP : Merci pour les recommandations. Et maintenant, un peu de repos et puis la tournée se poursuit ?

Solann : J’ai une semaine de repos, après il faut commencer à enregistrer la suite. Et puis ce sont les festivals (on a trois tonnes de festivals). On reprend la tournée en octobre.

LVP : En tout cas on sait que tu vas passer par la Belgique, on a déjà hâte.


 

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