The KVB dévoile Unity, entre euphorie et doubles sens
"
Auteur·ice : Léa Formentel
27/11/2021

The KVB dévoile Unity, entre euphorie et doubles sens

Après la sortie de leur album live à La Cigale en 2020, qui ne fut qu’une apparition sans nouveautés, on attendait le retour du duo que forment Kat Day et Nicholas Wood. C’est chose faite : après deux années de gestation, The KVB dévoile ici Unity, son dernier album chez Invada Records.

Annoncé le 5 octobre dernier, accompagné de la sortie de leur clip Unité, le duo de coldwave sort ce vendredi 26 novembre Unity, son huitième album. Produit et mixé par Andy Savours (Black Country New Road, My Bloody Valentine, The Horrors), Unity représente un séduisant développement dans le voyage sonore du groupe. Toujours la même recette pour le groupe londonien, des guitares rayonnantes, des synthés texturés et une pointe de mélodie morose et sombre, mais présentés ici dans un nouveau dynamisme qui n’a pas échappé à notre oreille.

 

Unité est le premier extrait, sorti le 5 octobre dernier donc, accompagné d’un clip on ne peut plus captivant, accentués par les néons. On se croirait presque dans un jeu vidéo. Enfin, on voit apparaître la tête de Kat Day en gros plan sur des écrans géants affichés sur les immeubles qui nous sont présentés au fur et à mesure de la vidéo. Tous ces buildings vont résonner avec « industrial city », chanté à plusieurs reprises par les deux amants.

Les premières sessions d’écriture d’Unity ont eu lieu en Espagne au début de l’année 2019, lorsque la formation britannique s’est retrouvée inspirée par “les villas de luxe à moitié construites, toujours inachevées depuis le crash de 2008. Il y avait quelque chose d’étrange et de beau dans les paysages désolés et le béton sous le soleil.”, affirment-ils dans un communiqué de presse. Tout au long du disque, les thèmes abordés combinent les doubles sens : l’Unité d’habitation brutaliste de Le Corbusier donne son nom à la chanson titre, qui traduit en anglais devient Unity – un cri de ralliement sur la piste de danse. Blind et son refrain entêtant, Ideal Living, tube indiscutable, qui donne automatiquement envie de bouger la tête. Très beau, Lumens, renvoie à un univers dreampop aux couleurs mélancoliques. Quant à Omni, qui marque la clôture d’Unity, il débute solennellement avec la voix de Wood seul, accompagnée de guitares imbibées de reverb.

 

Alors oui, à travers ces dix morceaux, il y a une forme d’unité, comme quoi c’est un album qui porte bien son nom. Mais le son de The KVB a évolué au cours de cette dernière décennie. Car Nick et Kat débutaient à deux leur carrière en 2011, tandis que le chanteur / auteur-compositeur / multi-instrumentiste avait démarré en 2010 ce projet solo.

Cela n’a pas empêché Wood de refaire cavalier seul avec son projet Saccades, débuté en 2017. Il a d’ailleurs sorti Flowing Fades en 2021 chez Fuzz Club Records avec un style étant plus proche de la synthwave.

Depuis, le groupe a été productif et a exploré les sons et leurs distorsions. On remarque d’ailleurs dans Immaterial Visions (2013) la ressemblance avec A Place To Bury Strangers dans le style ou encore la profusion de delay et le côté très en dehors, (moins assumé ?) de Minus One (2013). C’est donc une nette évolution de style depuis Mirror Being  (2015) qui arbore un univers très sombre et bien plus techno, Unity se rapprochant plus de Only Now Forever (2018). C’est une fois de plus une création riche et personnelle que nous délivre ici The KVB, que nous accueillons avec plaisir.