Keep Dancing Inc, le pari de la jeunesse
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Auteur·ice : Paul Mougeot
30/10/2017

Keep Dancing Inc, le pari de la jeunesse

Né à la fin de l’année 2014, le groupe de cold-zouk Keep Dancing Inc est aussi précoce que les membres qui le composent. Charles, Louis et Joseph sont à peine âgés d’une vingtaine d’années et viennent pourtant de sortir un nouvel EP brillant de style et de maturité, Initial Public OfferingLa Vague Parallèle a rencontré les deux tiers du groupe quelques minutes à peine avant le début de leur release party au Pop-Up du Label.

La Vague Parallèle : Hello ! Pouvez-vous vous présenter et me parler de la naissance du projet ?

Joseph : Moi je suis Joseph Signoret et j’ai intégré le groupe un an après sa création. Le duo fondateur, c’est Charles de Cabarrus et Louis de Marliave. Ils ont fondé le groupe en…

Charles : … fin 2014 !

Joseph : C’est ça. Et moi, je les ai rejoints un an et demi après, environ.

Charles : En fait, Louis et moi on s’est rencontré à un concert et on s’est bien entendu. D’ailleurs, on s’est rencontré au même concert que Gaby, qui va jouer de la batterie avec nous ce soir sur deux morceaux. On avait tous des groupes dont on n’était pas pleinement satisfait donc on a fait un groupe tous ensemble et c’est devenu notre job.

LVP : Vous êtes donc à plein temps sur ce projet. Vous êtes très jeunes, est-ce que c’est plus facile à votre âge de tout arrêter pour la musique ?

J : On a tous entre 21 et 22 ans. Je pense que oui, c’est plus facile parce qu’on n’a pas encore de carrière par ailleurs, on a toujours travaillé dans la musique et en plus on vit chez nos parents…

C : … et c’est pas une honte de vivre chez nos parents à 21 ans ! Donc on se donne deux ans pour nous lancer à fond dans la musique et on espère que dans deux ans on arrivera à gagner notre vie comme ça.

J : C’est vraiment le bon moment pour le faire, en fait.

C : Voilà, te lancer dans la musique en tant que professionnel à 25 ans c’est ultra dur parce que t’es obligé d’avoir un job à côté, c’est super galère ! Nous, on a cette chance de commencer jeune et de ne pas avoir trop de pression dès le départ. Et surtout, on a décidé d’arrêter nos études à un moment où avait déjà signé avec un label et avec un tourneur, et où on avait donc de bonnes raisons de se dire que le groupe pouvait devenir un job. On ne l’a pas fait à l’arrache. Si ça se trouve, dans deux ans on sera de retour à la fac, mais au moins on aura vécu le truc à fond !

Vous êtes jeunes mais vous avez déjà une belle expérience du live, avec plusieurs dates en festivals et dans des salles parisiennes ainsi que quelques concerts à l’étranger, à Londres et à Manchester. C’est quoi votre plus gros souvenir en live ?

J : On doit tous avoir un souvenir différent. Louis et moi, on a beaucoup apprécié un concert qu’on a fait à l’Ubu, à Rennes, en première partie de Mykki Blanco, et sinon on a tous les trois adoré le concert du Midi Festival en 2016.

C : Ouais, ça c’était énorme ! Sinon, jouer à Londres et Manchester c’était incroyable. A Londres, c’était drôle parce qu’on avait un public composé à 70% de potes français qui avaient fait le déplacement. A Manchester, c’était un peu différent, c’était des gens anglais qu’on connaissait aussi : toute l’équipe de Wu Lyf, Ménage A Trois, parce qu’on faisait le concert avec Tom McClung, qui est un ex de Wu Lyf et qui a aussi bossé avec Los Porcos. Il y avait toutes ces personnes qu’on connaissait musicalement mais pas humainement et qui sont toutes venues à notre concert et ça faisait trop plaisir. C’était vraiment génial.

LVP : Vous êtes partis à New-York pour mixer votre EP. Comment ça s’est passé là-bas ?

C : C’était rigolo ! En fait, on a tout enregistré chez nous et on est arrivé là-bas avec nos fichiers audio pour bosser avec Daniel Lynas, qui est surtout connu pour avoir collaboré avec A$AP Rocky

J : … et qui a coproduit un morceau avec Kanye West.

C : … et qui a bossé avec Devonté Hynes, Mac DeMarco… Plein de gens ! On a tout mixé là-bas pendant une semaine, c’est notre label qui a financé ça. Ça nous a apporté un gros son chouette : on est passés de quelque chose de très DIY à quelque chose de beaucoup plus pop, dans le vrai sens du terme !

LVP : Daniel Lynas, c’est une belle référence. Vous rêveriez de bosser avec qui pour l’album ?

C : On a plein de noms en tête ! Y’a des gens avec lesquels ce serait réalisable et d’autres avec lesquels ça l’est moins (rires) !

J : Ouais, c’est ça ! Dans les gens peu réalisables, il y a David Wrench, qui a mixé le dernier album des XX, il a mixé deux morceaux sur l’abum de Jagwar Ma

C : Il est assez dingue, ce serait cool de bosser avec lui !

LVP : J’ai l’impression de lire dans votre EP la métaphore filée de la vie amoureuse d’un mec qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous : l’aveu de n’être pas encore prêt pour une relation avec Fix Me Now, une rencontre dans un contexte un peu festif avec Rhum & Ginger Magic, la descente du lendemain de soirée avec Interested ?, le rejet avec How Should We Feel ? puis l’acceptation avec Life Goes On. J’ai bon ?

C : J’y avais pas pensé, mais ouais, carrément (rires) !

J : Ouais, moi non plus (rires) !

C : C’est moi qui m’occupe des textes et souvent ce sont des trucs inspirés de ma vie, des trucs qui peuvent arriver à à peu près tout le monde. L’EP parle de ces choses-là. Après, pour l’album, je vais essayer de diversifier un peu les textes, parce que les histoires de cœur qui marchent moyen, j’en ai beaucoup parlé (rires). On a déjà bossé sur certains titres de l’album qui abordent d’autres thèmes cool et j’ai hâte de te montrer tout ça !

LVP : D’ailleurs, en parlant des textes, vous avez pris un risque, qui est celui de chanter en anglais alors que chanter en français a de nouveau le vent en poupe. Quelle est la raison de ce choix ?

C : Il y a 5 ans, c’était vraiment la norme de chanter en anglais, maintenant la norme c’est à nouveau de chanter en français, tu as raison. Après, moi, j’ai toujours beaucoup écouté de musique anglo-saxonne, et quand j’ai commencé à écrire des paroles, au collège, j’ai toujours écrit en anglais, avec un niveau fluctuant selon les années (rires). Avec Louis, au départ, on s’entendait aussi sur des références anglaises, même s’il y a quelques Français qu’on adore comme Etienne Daho ou Paradis, donc c’est pour ça qu’on avait envie de faire cette musique-là.

LVP : Justement, vous avez été adoubés par Etienne Daho et c’est Flavien Berger qui vous a proposé de faire votre premier concert. Vous aimeriez taper dans l’œil de qui, la prochaine fois ?

C : C’est pareil, il y en a plein ! Déjà, il faudrait que ce soit quelqu’un de gentil… Non mais vraiment ! En ce moment j’écoute beaucoup l’album de King Krule qui vient de sortir, c’est quelqu’un avec qui j’aimerais beaucoup bosser.

J : Moi, j’adorerais que Johnny Jewel vienne nous voir à la fin de notre concert ! C’est le gars derrière le label Italians Do It Better, avec des groupes comme Chromatics ou Glass Candy. Ce mec, c’est un génie et c’est une énorme inspiration pour nous !

LVP : Cet EP, comment vous allez le faire vivre sur scène ?

C : Keep Dancing Inc, à la base, c’est nous trois avec beaucoup de machines. Ce soir, ce sera un peu exceptionnel parce que sur Interested ? et sur un nouveau morceau, on va avoir Gaby à la batterie et ma sœur Manon au saxo, donc ça va être stylé ! A terme, on voudrait avoir un grand groupe tout le temps, inspiré par Jungle, Hot Chip, LCD Soundsystem

J : Talking Heads !

C : Talking Heads, exactement, tous ces méga-groupes.

 LVP : Est-ce que vous pourriez me parler de vos coups de cœur musicaux du moment ?

C : J’ai découvert un album de 2015 (No Now, NDLR) d’un Anglais qui s’appelle Clarence Clarity et qui est chez Bella Union. C’est un album de 20 titres qui est une sorte d’énorme bordel pop-psychédélique de ouf, c’est super intéressant, j’ai beaucoup aimé ça !

J : Récemment, j’ai découvert Kirin J. Callinan grâce à Fernando (Fernando Dias Marques derrière les projets Superlife+Cyclisme, NDLR), qui fait notre première partie ce soir, et c’est exceptionnel ! C’est un crooner australien qui fait de la pop, qui est souvent à la limite du mauvais goût mais qui reste toujours exceptionnel. Je n’avais jamais entendu ça, c’est totalement nouveau !

Keep Dancing Inc sera en concert le 30 novembre prochain à l’Olympic Café (Paris).

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