Avec Sand, Balthazar s’envole et signe un retour triomphant
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Auteur·ice : Hugo Payen
26/02/2021

Avec Sand, Balthazar s’envole et signe un retour triomphant

Il y a près de dix ans, Balthazar sortait son tout premier album, Applause. Un album aux sonorités innovantes, des plus assumées. On y découvrait alors une alchimie musicale hypnotisante, jonglant entre textes mélancoliques et arrangements langoureusement rock. Aujourd’hui, c’est avec Sand, un nouvel album des plus travaillés, approchant l’intime sous de nouvelles perspectives, que Balthazar nous revient. Un véritable chef-d’œuvre synonyme de nouvelles expériences pour le groupe qui nous invite, pour la cinquième fois, dans un univers indétrônable. Accompagné cette fois-ci des deux leaders du groupe, Jinte Deprez et Maarten Devoldere, on vous emmène dans ce prodigieux nouveau chapitre qu’est Sand.

Nous sommes au début des années 2000 quand Maarten Devoldere joue quelques accords de guitare dans les rues de Courtrai, accompagné de la talentueuse violoniste Patricia Vanneste. Le duo tombe alors sur un autre jeune guitariste, Jinte Deprez, qui s’avère être le meilleur ami de Devoldere depuis la secondaire. L’histoire commence pour Balthazar, qui voit officiellement le jour en 2004. Après avoir étudié ensemble au conservatoire de Gand, c’est en 2006 que le groupe prend de la hauteur en gagnant le prix du public au concours Humo’s Rock Rally.

Et si les fondations se forment cette année-là, le trio prend son temps avant de sortir son premier album, Applause, quatre années plus tard. Une arrivée des plus remarquées si l’on en croit le titre « d’album de l’année 2010 » aux Music Industry Awards. Le groupe est jeune, il se découvre à peine, et pourtant. C’est sur fond de prodigieuses mélodies, se mélangeant à une plume des plus poétiques, que Balthazar débarque sur le devant de la scène avec un univers des plus langoureux. Sans attendre, le groupe regarde vers l’avenir et sait qu’il ne compte pas s’arrêter là. Un an plus tard, c’est avec Rats que le groupe s’impose à nouveau. Un nouvel album alliant harmonie vocale et arrangements assurément pop-rock. Les nouvelles productions du groupe gagnent alors en profondeur, en chaleur et en maturité. Les portes s’ouvrent pour Balthazar, l’aventure est belle et bien commencée.

On n’a jamais été un groupe qui ne se concentre que sur la guitare, la basse et la batterie. On aime vraiment utiliser des instruments à sonorité plus orchestrale parce que ça apporte une touche spéciale à notre pop et la rend plus dramatique, plus sexy par moment avec le saxophone. On ne pouvait que pousser ces sonorités encore plus loin avec le nouvel album ! (Jinte Deprez)

Le succès de Rats permet alors à Bathazar de réaliser une tournée de deux ans, durant laquelle ils auront la chance de pouvoir jouer aux côtés du groupe Editors. Avec un nouveau titre d’album de l’année 2012 en poche, tout semble se dérouler à merveille pour le groupe. Pendant ce temps, l’inspiration ne cesse de germer et l’écriture ne cesse de s’arrêter. En 2015, après trois ans d’absence, le groupe refait surface avec Thin Walls. On y découvre alors des titres phares comme Bunker ou Decency, nous emmenant toujours plus loin dans l’univers du groupe. D’album en album Balthazar se réinvente, sans oublier l’essence même de ses débuts.

Balthazar excelle dans toutes ces différentes directions musicales. Cependant, le besoin de changer d’air se fait ressentir au sein du groupe après la tournée Thin Walls qui chamboule le public dans près de 30 pays. Pour la première fois en six ans, le groupe a besoin d’une pause. Mais au final, la musique est plus qu’une passion pour eux, elle rythme leur vie. Jinte et Maarten prennent alors deux routes différentes. Deprez nous propose, sous le nom de plume J.Bernardt, un R&B ondulant survolé de sonorités électros rafraîchissantes. Tandis que Devoldere, lui, creuse son côté de crooner mystérieux avec Warhaus, où se mêlent percussions brutes et guitares acoustiques.

Quand on compare avec nos premiers albums, on remarque qu’ils ont plus ce côté introverti, qui a changé très fort grâce à nos projets solo. On grandit aussi et ça se ressent dans la façon dont on fait de la musique. On a fait ce qu’on sentait devoir faire pour retrouver ce bonheur et cette joie que nous procure la musique. Et c’était très excitant de faire quelque chose d’autre, d’essayer quelque chose de nouveau avec de nouvelles personnes. Ça nous a indubitablement changé. (Jinte Deprez)

Deux approches différentes qui finissent par se retrouver début 2018 après un hiatus artistique des plus productifs. Ils l’avaient promis, Balthazar n’avait pas dit son dernier mot et l’espoir d’un nouvel album n’avait jamais quitté nos cœurs. Et si l’attente fut moins longue que prévu, elle valait véritablement le coup. L’annonce d’un quatrième album, Fever, vient raviver nos émotions. Malgré le départ de Patricia Vanneste la même année, le groupe est déterminé et plus motivé que jamais. On retrouve ainsi une recette inchangée sur fond d’harmonies mélancoliques sublimées par les voix de Deprez et Devoldere.

 

Mais Fever va plus loin, on gagne alors en chaleur. On sent que le groupe a gagné en maturité, en esthétique. Ils savent ce qu’ils veulent faire et pour quoi ils veulent le faire. Les arrangements sont travaillés dans les moindres détails et l’envie de danser en live sur ces riffs de basses languissants, cette guitare funky et ces percussions entêtantes ne nous lâche plus. Les cuivres commencent alors à prendre une place prépondérante dans cet ensemble. Avec des titres comme Entertainment ou Wrong Vibration, l’appel à sautiller sur des rythmes effrénés est lancé.

Quand on a recommencé à jouer avec Balthazar, j’ai réalisé à quel point j’adorais ce qu’on avait créé avec le groupe, cette idée de collectif, d’ensemble remplis d’égos qui s’harmonisent pour produire quelque chose. La raison pour laquelle Fever était beaucoup plus dansant et groovy c’est justement parce qu’on avait ce sentiment de joie d’enfin se retrouver. On voulait célébrer le fait de jouer ensemble à nouveau de la plus belle des manières. (Jinte Deprez)

Après nous avoir mis l’eau à la bouche avec des titres forts comme Losers ou On A Roll l’année dernière, annonçant l’arrivée d’un nouvel album, l’heure est venue pour Balthazar de lever le voile. Sand marque alors un retour des plus énergisants pour le groupe, apportant une touche de fraîcheur aux sonorités qui font leur succès depuis dix ans maintenant. Mais Sand signifie surtout un véritable voyage dans l’intime pour Jinte Deprez, Maarten Devoldere et leurs 3 compères : Michiel Balcaen, Tijs Delbeke et Simon Casier. Sand est unique en son genre de par ce mélange entre pop minimaliste, électronique élégante et groove sophistiqué. Ce nouveau chapitre confirme bel et bien le talent de songwriting du groupe et sa perpétuelle tendance à l’innovation. Le groupe ose plus, et c’est un pari des plus réussi.

On a énormément écrit pendant la tournée de Fever et notre première envie était d’enregistrer et de jouer nos nouvelles chansons en live, d’autant plus en sachant de quoi elles parlent. Puis le confinement a débarqué et on ne pouvait même plus se retrouver tous ensemble dans une seule pièce.  C’était un énorme challenge mais tout de même très intéressant car on apprend à se connaître nous-même dans ce genre de situation. On a donc été forcé de faire les choses avec une autre approche. (Maarten Devoldere)

Il est clair que le fait de jouer les rythmes élégants et les séduisantes mélodies de Fever chaque soir devant des salles, la majeure partie du temps sold-out, a rapidement ravivé la plume et l’envie du groupe de retourner au studio. Un processus d’écriture décomplexé devant être arrêté avec l’arrivée de la situation sanitaire que l’on connaît aujourd’hui. Alors que les membres du groupe se reposent dans leur Gand natal après la tournée de Fever, les premières dates d’été se voient être annulées. Mais le groupe ne se laisse pas abattre. Ils ont les textes, les idées et surtout l’envie. C’est décidé, ce nouvel album verra bel et bien le jour.

Au final, c’est vraiment chouette quand on laisse entrer des choses de l’extérieur qu’on ne peut pas contrôler. L’album n’aurait pas sonné de la même manière dans d’autres circonstances ! De base on voulait vraiment tourner ce nouvel album comme une expérience plus de groupe, plus authentique, avec plus de jams. Mais avec cette nouvelle perspective de travail, tu cherches à atteindre d’autres buts et de nouvelles opportunités créatives apparaissent alors à toi. (Jinte Deprez)

Un album ressemble à un chapitre de vie pour le groupe, avec son propre style et genre. Avec ce nouvel album, Sand, on peut découvrir de nouvelles sonorités, de nouvelles directions, débutées plus tôt avec Fever. Plus de place et d’opportunités sont données aux saxophone, trompette, percussions et sample électro, qui viennent sublimer les compositions en les rendant inévitablement irrésistibles.

 

Le groupe met alors le pied dans de nouveaux genres comme sur Powerless et You Won’t Come Around, qui nous font rentrer dans un univers jazzy grâce à des lignes de basse rythmées et à un piano des plus élégants. Sand mélange ainsi les différentes influences très éclectiques du groupe. Chaque titre apporte sa couleur et ses émotions. Ce nouvel album s’ouvre alors avec Moment et son rythme corsé plus qu’entraînant, mettant nos sens en alerte à l’idée de ce qui va nous arriver. Linger On, sixième titre de l’album, scintille de par son influence disco, entamée avec Losers quelques titres auparavant.

On a poussé ces nouvelles sonorités plus loin, ça c’est certain ! Après ce n’est pas une conclusion de tout ce qu’on a fait auparavant. Sand est assez différent de ce qu’on a pu faire sur Rats par exemple. On s’est laissé guider par les différentes coïncidences musicales que la situation sanitaire actuelle nous a amenées. Sand nous représente assez bien pour le moment ! (Maarten Devoldere)

Au fil de l’écoute, on découvre d’autres pépites des plus ensoleillées comme Hourglass ou Halfway, venues raviver nos envies de danser sous les dernières lueurs du jour avec leurs percussions enivrantes. La quête du langoureux, faisant partie intégrale de l’ADN du groupe depuis ses débuts, est toujours aussi présente. Quête qui inspire le délicieusement sombre Passing Through ou le très intime Leaving Antwerp. Des lignes de basses flottantes venues réchauffer nos oreilles, en passant par les riffs de guitares envoûtants, on peut dire que le groupe s’est fait plaisir sur ces nouvelles directions. Les arrangements sont rafraîchissants et travaillés, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.

 

Et si les sonorités et influences de Sand sont des plus diverses, il y a bien un thème récurrent dans ses compositions : le temps. Plus précisément l’attente, l’inquiétude, le fait de ne pas savoir vivre dans le moment présent ou de mettre trop d’attente en l’avenir. Des thèmes flirtant au plus proche de l’intime. Avec des sujets comme la perte de contrôle, ou de la personne que l’on aime, la mélancolie occupe toujours autant de place dans les textes.

Plus les années passent, plus on écrit sur des choses personnelles. On pousse moins ce côté énigmatique dans notre façon de raconter les choses, on utilise moins de métaphores et on essaye juste de dire les choses comme elles arrivent, et ce, le plus naturellement possible. Par conséquent ça les rend plus intimes, plus mélancoliques c’est sûr. D’un autre côté, sur You Won’t Come Around par exemple, qui est une breakup song, on a osé rendre la chose un peu plus fragile par moment. (Maarten Devoldere)

Le temps passe pour les deux leads singers et ce besoin d’écrire de façon très cathartique se fait ressentir. L’émotion et la mélancolie sont alors le véritable fil rouge de l’album, qui leur permet de confronter certaines choses de la vie de manière plus directe. L’écriture à quatre mains de Deprez et Devoldere se voit alors aborder les relations amoureuses sous d’autres facettes. Sand se termine par conséquent avec Powerless, véritable hymne à l’impuissance que nos âmes peuvent ressentir quand il s’agit d’amour.

Powerless est à propos d’une histoire d’amour, et plus précisément du moment où on tombe amoureux. On réalise alors qu’on devient impuissant face à ce qu’il nous arrive. Sauf que parfois ça n’arrive pas au bon moment et on ne se sent pas forcément prêt pour tout ça. L’amour est vraiment quelque chose qu’on ne peut pas contrôler. On A Roll peut nous l’expliquer d’une manière très différente d’ailleurs. (Maarten Devoldere)

Que ce soit artistiquement ou musicalement, le groupe s’est entouré de proches dans l’optique de garder cette idée d’authenticité musicale. Balthazar vient ainsi nous raconter de nouvelles histoires aussi touchantes les unes que les autres, et ce, de manière très hétérogène. L’artwork assez étrange de l’album vient alors prendre tout son sens. Cette sculpture de l’artiste hollandais Margriet Van Breevort, s’intitule « celui qui attend », en référence aux salles d’attente qui nous plongent dans cet état très conscient et gênant que nous procure l’attente. Une vision collant parfaitement avec les idées artistiques du groupe.

Et si Sand a été réalisé dans l’idée de jouer frénétiquement sur les scènes du monde entier, notre impatience ne peut être qu’à son apogée. Qui plus est, on ne le croyait plus mais c’est arrivé, une tournée vient même d’être annoncée. Et si comme nous, vous ne pouvez déjà plus vous arrêter d’écouter cet album en boucle, l’idée de pouvoir vous dandiner et sautiller sur les prodigieuses nouvelles productions de Balthazar doit venir réchauffer vos cœurs venant d’être mis à l’épreuve pendant les quelque 45 minutes de bonheur que nous procure ce nouveau chapitre qu’est Sand.

2021 c’est l’année de quoi pour Balthazar ? Bonne question, je dirais que c’est l’année de la résurrection ! (Jinte Deprez)


  • 07 novembre 2021 : Olympia (Paris)
  • 26 novembre 2021 : Lotto Arena (Anvers – BE)
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