Avec Tout sera beau, Barbara Rivage signe un premier album électrique
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Auteur·ice : Marthe Rousseau
01/03/2024

Avec Tout sera beau, Barbara Rivage signe un premier album électrique

Le duo rennais Barbara Rivage dévoile ce 1er mars son tout premier album Tout sera beau. Un titre sous forme de promesse, comme un dernier cri avant la fin du monde, alors même « qu’il paraît que tout va brûler ». Aussi planant qu’électrique, on vous dit pourquoi l’écouter.

La musique incandescente et mélancolique de Barbara Rivage nous avait conquis·es, à la Vague Parallèle. Aux commandes : Roxane Argouin (chant, claviers), dont la voix rappelle une certaine Catherine Ringer, accompagnée des riffs de Vivien Tacinelli (guitare, chant). Propulsé en 2021, après un concert aux iNOUïS du Printemps de Bourges, puis aux Trans Musicales, le duo rennais a ensuite partagé l’affiche avec Hervé et Juliette Armanet, pour finir en apothéose en avril 2023, à La Boule noire. Leurs titres électro-pop-rock-psychédélique annonçaient déjà de belles promesses. Et ce premier album Tout sera beau tient son pari.

Amour toujours

Avec Tout sera beau, Barbara Rivage joue sur cette injonction au bonheur, alors que le monde s’apprête à brûler. Dans ce premier album, le duo parle de l’amour, de la mort et de l’envie de vivre, vite. Une sorte de conte initiatique sensible et puissant, mêlé de surnaturel.

Le ton est donné dès le premier morceau avec Balade ordinaire. Amoureuse, Roxane fait l’expérience de la jalousie et répète dans le refrain, au-dessus d’une guitare funk : « tout en moi tout s’ébat tout en moi / je me demande l’amour c’est quoi ». Une mélodie pop et légère pour un premier – et non dernier – chagrin d’amour. La vie continue et la suite de l’album s’assombrit. Se posent alors des questions existentielles. Comment être heureux·se en amour si on ne s’aime pas soi-même ? Dans le titre – bijou – Visage triste, la voix intense de Roxane résonne en écho sur des sonorités électro qui nous hypnotisent. Outre l’amour, Barbara Rivage aborde la fin de l’enfance, mais aussi l’impossibilité de voir la lumière quand la tristesse « semble être millénaire ».

L’urgence de vivre

Ces textes pourraient prôner la tristesse comme un poème. Pourtant, se cache entre les lignes une envie de bouffer le monde et de défier la mort. Des phrases courtes d’une redoutable efficacité. Et une urgence de vivre que l’on ressent notamment dans le titre enivrant Laisse la maison brûler. Roxane y décrit une « maison » qui brûle, et tous ses espoirs avec. D’abord plaintive, elle appelle au secours pour ne pas sombrer à son tour dans les flammes. « Laisse la maison brûler / et le sol s’effondrer / j’entends ta voix extra / me dire que tout ira ». Roxane prend peu à peu de l’assurance, et nous entraîne dans une transe. « Ça te dérange si je change ». Sa voix se robotise, s’accélère, sur une production électro qui n’est pas sans rappeler les Daft Punk. On comprend qu’elle se passera de l’aide de qui que ce soit. Une montée en puissance électrique, jouissive pour les oreilles.

Défier les éléments

Mais rassurez-vous, cet album n’a rien de déprimant pour autant. Malgré l’apparente pesanteur de ses paroles, Barbara Rivage joue sur les mots, sans prendre les choses terrestres trop au sérieux. La plume de Roxane pointe plutôt au-delà du visible. Telle une magicienne, elle fait naître une femme du feu (dans le titre Visage triste). Certains arriveraient même à danser sur l’eau (Au bord du lac). Des images poétiques qui apportent une dimension surnaturelle, comme à la lecture de « Sur le dos des oiseaux j’ai volé » (L’appel), « Près de la mer s’est éteint / l’œil de la lune au matin » (Laisse la maison brûler), ou celle d’un « cœur hortensia » (La chute).

Des Rita Mitsouko à Sébastien Tellier

À la fin de l’album, c’est malgré tout l’amour qui triomphe. Une invitation à la paix intérieure, après le feu et les flammes. Dans l’ultime morceau D’amour et de larmes, Barbara Rivage décélère. Sur un rythme lent, nous parvient d’abord un air folk, puis les envolées de Roxane, telle une sirène. Au bout d’une intro de plus d’une minute, on entend sa voix au loin : « Dans la nuit / d’amour et de larmes / dans les armes des nuits / je t’aimerai encore ». Ces quatre vers se répètent en boucle, à l’infini, rappelant une Ritournelle à la Sébastien Tellier, le tout sur une guitare qui s’électrise. Des paroles minimalistes. Et la promesse d’un avenir plus grand, total, où « tout sera beau ».

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