“Un projet à écouter dans l’ordre, seul·e, déconnecté·e de tout, quand la nuit tombe.” Telle est la description de ce deuxième EP de Roxaane intitulé Hors ligne ce soir. Et on ne peut qu’approuver (attention, coeurs sensibles s’abstenir). On vous invite à explorer avec nous les émotions vagabondes d’une jeune femme remuée par des peines qu’elle exprime à travers la musique. Une musique mélancolique qui découle de plusieurs influences — principalement le rap et la pop. Pour une meilleure expérience, voici nos conseils : un, se déconnecter du monde, deux, appuyer sur play.
De sa voix lisse, Roxaane chante des histoires chagrinées sur des mélodies addictives dans Hors ligne ce soir. Avec Vertige, son premier projet, elle s’est déjà livrée de manière significative en abordant des sujets comme le doute ou la solitude. Apparemment l’inspiration vient facilement en compagnie de fortes émotions. En tout cas, pour Roxaane, il n’y a rien de plus vrai.
Si elle a recommandé d’écouter ce projet dans l’ordre, nous n’avons pas hésité à le faire pour tirer le meilleur parti de l’expérience. Dès les premiers titres, le sujet de la solitude s’inscrit une fois de plus dans ses textes. Rider en crissant ses pneus dans la Ville Lumière, seule et Hors ligne, c’est sans doute ce qui lui permet de pallier la tristesse et l’océan de larmes qui essaie de la noyer. Ajouté à cela, un aveu de son insécurité qui vient alourdir ses peines. En l’écoutant lancer des rimes qui formulent sa sincérité, notre premier ressenti est que le projet s’ouvre sur une invitation à reconnaître pleinement ses émotions.
Bien que son monde paraît assombri, une onde de positivité se cache entre les lignes. Certes sa musique est mélancolique, mais le choix des productions relate un climat un peu plus lumineux. C’est comme si, au beau milieu de la sortie nocturne durant laquelle c’est plus facile de relâcher ses chagrins, les drums dansantes d’Étrange venaient casser la grisaille pour nous donner envie de balancer notre tête, toujours le volant entre les mains. Alors que le rythme s’enracine de plus en plus dans nos oreilles, l’une de nos mains ne peut s’empêcher de se lever pour accompagner la cadence. Deuxième ressenti : ce qui est beau dans la mélancolie, c’est qu’elle est paradoxale. Un temps on pleure, un temps on danse. Un temps on s’évade, un temps on se retrouve. Un temps nos émotions sont lourdes, un temps on s’en allège. Et il n’a suffi que d’un soir à rider pour vivre le tout.
Le paradoxe n’est pas fini. Lorsque Ce que tu veux de moi commence, on comprend que l’amour a son rôle à jouer dans toute cette histoire. Mais on ne parle pas de cet amour qui a un aspect attrayant, cet amour qu’on pourrait envier par moments. Roxaane nous fait part d’un amour à la fois passionnel et toxique dont on aimerait se défaire mais qu’on ne veut pas non plus abandonner. On veut Encore des I love you tout en sachant pertinemment que ça ne nous apporterait qu’un bonheur éphémère. Et lorsqu’on décide finalement de passer le cap… “Ma personne favorite devient plus qu’une leçon de vie.”
C’est bizarre, c’est étrange tous ces sentiments que je ressens quand je cherche plus à leur plaire. (…) Mes journées sont un peu meilleures depuis que j’ai appris à me connaître.
C’est par une lueur d’espoir que se finit ce projet de Roxaane. Parce que finalement, l’enchaînement de ces mauvaises passes, ces moments d’introspection et de reconnaissance de ses émotions l’ont menée à l’amour de soi et le désir de grandir, de transformer le négatif en leçon de vie. Ce projet a d’ailleurs été un moyen pour Roxaane d’évoluer artistiquement en s’ouvrant plus que d’habitude et en explorant de nouvelles sonorités dans les productions. Son processus artistique et son message se rejoignent : la déconnexion du monde extérieur et l’écoute de soi-même mènent à une évolution. C’est une porte qui s’ouvre vers l’espoir.
Mélomane en quête d’émergence, amoureuse du rap et des mélodies alternatives.
