|Photo : Greg Ponthus
Loin des algorithmes et des rouages redoutables de l’industrie, une scène pop indépendante continue de fleurir et de nous séduire. Aujourd’hui, lumière sur Biche. Pour les amateur·ices de pop, nulle surprise. Depuis la sortie de leur premier disque La Nuit des Perséides en 2019, le quintet peaufine une pop sophistiquée et créative, qui aux poncifs préfèrent l’exploration et les tentatives.
C’est donc avec enthousiasme que nous avons accueilli en février dernier leur deuxième album B.I.C.H.E. Le groupe mené par Alexis Fugain signe un condensé de morceaux pop où les arrangements soignés font désormais la part belle aux mélodies. Autre nouveauté, Alexis affirme sa voix à travers le chant et les textes, qui révèlent une écriture nouvelle, plus observatrice et résolument politique. Fini le temps de la fiction, dans ce monde où tout va vite, la nécessité de témoigner et de poser un regard se fait ressentir. Il s’agit d’offrir, modestement, un point d’ancrage dans un monde qui glisse. Après tout, combien sommes-nous à partager ces doutes, ces peurs et ces ressentis ? Ce nouveau disque invite donc à réfléchir et se fait l’écho d’une conscience collective.
Pour comprendre les aspirations et les défis de ces nouveaux titres, nous sommes allés à la rencontre d’Alexis. Une conversation-fleuve toute en nuances et en modestie, qui nous fait dire que si l’avenir nous réserve bien des défis, il offre aussi son lot d’espoir et peut-être, de surprises.
LVP : Salut Alexis ! On se rencontre quelques semaines après la sortie du deuxième album de ton projet Biche. Comment vas-tu ?
Alexis : Ça va bien, je suis rendu au moment où j’ai encore des choses à faire tous les jours pour la sortie du disque mais je cherche aussi ce que je dois faire, ce qui veut dire que j’ai moins de choses à faire qu’avant la sortie. Comme toute sortie indépendante et autogérée, ça représentait beaucoup de travail et de stress. Là ça redescend donc c’est plutôt agréable et je suis content que le disque soit sorti, que d’autres personnes aient pu se l’accaparer un peu. Ça me fait du bien. Ça l’éloigne de moi.
LVP : Vous avez sorti en 2019 un premier album nommé La Nuit des Perséides. Puis vous avez publié quelques titres dont un EP avec Pearl & The Oysters. Quel était le défi de ce nouveau disque ?
Alexis : Du sens dans l’écriture, des tentatives d’écriture non-fictionnelle donc un peu plus sociétale et probablement plus personnelle aussi. Ça va de pair avec une interprétation du chant plus assumée, plus mise en avant et sans doute plus radicale dans le fait qu’elle est posée sur l’instrumentation contrairement au premier disque sur lequel les textes parlaient de petites histoires, de fictions, avec beaucoup d’effets de reverb, d’effets de voix, etc. Je pense que c’est la chose la plus radicale.
LVP : Pour ce disque, l’écriture est donc passée avant la composition ?
Alexis : Non. Ça a été la composition avant mais il y avait quand même l’idée d’avoir une voix centrale sans effet. Et aussi de faire un disque avec un rendu un peu dry ou raw c’est-à-dire qui racle un peu, qui est dur, avec une texture sonore un peu droite, sans trop d’apparat. C’est pour ça que le disque est un peu radical d’une certaine manière. C’est un album qui sonne un peu plus anglo-saxon. En Angleterre dans les années 90, il y avait des mix qui étaient extrêmes, ça pouvait même faire un peu mal aux oreilles parfois. Le but ici était d’avoir cet aspect radical et d’aller un tout petit peu plus loin, de faire cohabiter ça avec une écriture un peu plus poussée, modestement évidemment mais que ça puisse s’inscrire dans une sorte de tradition d’écriture un peu observatrice et sociétale. Ce qui a souvent été le cas dans la musique en France dans les années 60 / 70. Je trouve qu’on parlait beaucoup de la société et moins de nos propres mal-êtres. C’est juste poser un regard sur le monde. Je trouve que c’est quand même assez traditionnel dans les textes en français. Il fallait un peu jouer le jeu plutôt que de raconter des histoires dans lesquelles je ne me retrouverais pas forcément deux ans après. Là, je pense que même si je change de façon de penser et qu’on évolue, je ne ferai pas non plus drastiquement un pas de côté. Même en live, c’est beaucoup plus intéressant pour moi de les interpréter.
LVP : Tu parlais de cette écriture observatrice et sociétale. Il y a des thèmes justement qui reviennent et traversent l’album : tu partages tes interrogations quant à la période que nous traversons, tu témoignes de la vie sous algorithmes (Le Code), de l’influence du modèle américain (Americanism) ou encore de la désorientation face à tout ce qui se passe que l’on est nombreux·ses à partager. C’est un album qui semble pleinement inscrit dans son temps, dans son contexte.
Alexis : Pour le coup ce n’est pas un hasard mais j’avoue que là, à la lumière des récents événements, je ne m’attendais pas trop à ce que ce soit autant le cas. Ça précipite les choses et ça donne une lumière tout à fait nouvelle sur les textes. Par exemple, quand j’ai écrit Le Code le sujet de l’IA n’était pas aussi central dans nos sociétés. Et encore moins les États-Unis que l’on évoque dans Americanism. Ces deux exemples de morceaux sont extrêmes.
LVP : Sur le disque figure aussi le thème de la vitesse. Au vu des derniers événements, ça semble encore plus juste puisqu’on a l’impression d’être pris·es dans un tourbillon, un mouvement qui va vite, nous perd quelque peu et échappe à notre contrôle.
Alexis : Oui c’est très juste mais encore une fois ce n’était pas du tout prémédité. C’est un concours de circonstances.
LVP : Tout à l’heure, tu parlais de la musique française des années 60 /70 et de ta volonté d’orienter l’écriture de l’album vers ça. Est-ce qu’avant de te lancer dans l’écriture tu t’es inspiré de choses ? As-tu fait des recherches ?
Alexis : Sur l’écriture du français à des fins de chansons, je ne me suis pas raccroché à des influences françaises. En vrai, je me suis rattaché à très peu d’influences françaises sur le disque. Par contre, j’ai fait des recherches pour chaque texte à écrire.
LVP : Ça a pris quelle forme ?
Alexis : C’était de la recherche du type : je sors un dico, je vais sur Internet, je fais de la recherche vraiment pure et dure.
LVP : Que cherchais-tu ? Le mot juste ?
Alexis : Non. Si on prend l’exemple du Mont Ventoux, de prime à bord ça parle du Tour de France donc du cyclisme et de sa pratique en général, de ce que représente ce sport, etc, choses qui ne m’avaient pas franchement impacté jusqu’alors. Je ne m’étais jamais vraiment intéressé au cyclisme. C’est au contact de Margaux Bouchaudon, qui a participé au disque, que j’ai compris une autre facette de ce sport. J’ai saisi qu’il y avait un aspect à côté duquel j’étais totalement passé qui est l’esprit d’équipe. Ne m’y étant pas intéressé, je voyais juste un amas de personnes faisant du vélo côte à côte. En fait, je pense que pour la plupart des thèmes abordés dans l’album l’idée était d’apprendre quelque chose et de le mettre assez rapidement en musique.
LVP : C’est aussi le cas pour la chanson 8,432 kHz ?
Alexis : Non, en fait, avant cette idée d’apprentissage qui répond un peu à l’énorme syndrome de l’imposteur contre lequel je lutte quotidiennement, l’idée de base de l’album était d’exprimer un mouvement cyclique et répétitif. Tous les morceaux induisent l’idée d’un mouvement circulaire, de répétition ou en tout cas de quelque chose qui tourne sur lui-même. Or 8,432 kHz c’est la fréquence de mon acouphène qui est constamment là et qui pour moi est une boucle.
LVP : Comment as-tu écrit ces chansons ?
Alexis : On a enregistré tous les morceaux dans leur base. En gros, j’ai fait les maquettes puis on s’est retrouvés en résidence. À chaque fois, je faisais trois, quatre maquettes pour trois, quatre chansons. En général, on en gardait trois, parfois même deux, mais on leur donnait leur chance. On se retrouvait en répétition deux, trois jours et on les montait. Ensuite pendant les deux jours qui suivaient on enregistrait. On a fait ça pendant quasiment un an.
Une fois que tout ça était rentré dans la boîte, avec moi qui chante en yaourt par-dessus, j’ai pris à peu près trois mois pour écrire tous les textes. C’était vraiment des mois dédiés à ça. C’était trop bien parce que c’était vraiment un moment de recherche. Il y a évidemment une sensation très agréable quand on termine de structurer un morceau et de l’enregistrer mais quand on finit un texte, je trouve qu’il y a une chose très forte. C’est comme un petit choc d’adrénaline quand tu sens qu’il y a du sens un peu à tous les niveaux et que tout s’imbrique un peu correctement avec des mots. Je fais la musique instrumentale de manière instinctive, juste avec mes oreilles, je suis autodidacte. Alors que l’écriture, le fait d’agencer des mots, c’est un exercice qui est un peu plus technique je trouve. En plus, il est lourd de sens en France. On a un héritage culturel bien bourgeois. Donc l’écriture du français est quand même une grosse chape de plomb.
LVP : Selon toi, à quoi tient un bon texte de chanson ?
Alexis : C’est si la personne qui l’interprète est raccord avec. Si en l’interprétant, elle se sent en accord, qu’elle arrive à l’interpréter et à mettre de la justesse dans tous les mots. En tout cas, si cette personne fournit une interprétation qui lui est chère et qui lui est naturelle, je pense que c’est réussi. Pour la forme, je pense qu’il faut faire fit des règles parce que je crois que c’est ça le côté très bourgeois : se cantonner à de la forme, à des alexandrins ou une forme hyper poétique. Moi, je m’en fiche complètement. Pour le fond, je laisse à chacun et à chacune le choix de ce qu’il ou elle veut y mettre mais j’aurais tendance à préférer des textes qui se posent des questions et qui essayent de faire avancer le schmilblick, modestement. Dans l’ensemble, je trouve que le plus important se joue dans l’interprétation.
LVP : Tu avais cette vision de l’écriture, cette direction. Partant de là, comment s’est faite la composition ? Est-ce que ça a changé quelque chose ? Comment as-tu composé cet album ?
Alexis : Musicalement, contrairement au premier album où je faisais des bribes de morceaux que j’assemblais, j’ai plutôt fait des chansons cette fois. Enfin, des chansons, c’est peut-être un peu trop bizarre pour le commun des mortels ce genre de musique, ou un peu trop niche, trop exigeant comme ça m’est souvent reproché, mais pour autant les morceaux sont structurés comme des formats pop. Il y a du couplet-refrain-couplet-refrain, les chansons ne sont pas très longues. C’est plutôt qu’au départ j’avais quasiment ces structures avec une mélodie alors que sur le disque d’avant les mélodies arrivaient plus tard, je faisais les chansons un peu en patchwork. Là, c’est ce qui a changé. Je sentais bien que pour pouvoir interpréter au mieux les morceaux, il fallait essayer de se rapprocher le plus possible d’une écriture de chansons pop. Et donc ça a induit de mettre les mélodies dès le début, que ce soit la mélodie qui compte. Enfin je n’en suis pas encore à ce ratio parce que je suis un peu pudique sur le fait de mettre vraiment ma voix en avant. Je suis un peu réservé dans le chant. J’aimerais bien y arriver au bout d’un moment mais faire porter toute la responsabilité de la chanson, de ce qu’est une chanson sur la voix, j’ai du mal, j’y vais mollo. En tout cas, ce qui a changé le plus les choses c’est le fait d’avoir tout de suite mis les mélodies sur les instrumentations.
LVP : Sur ce disque on retrouve le travail minutieux de production et d’arrangements qui caractérise la musique de Biche. Comment on fait justement pour trouver le bon équilibre entre le trop et le trop peu ?
Alexis : Je pense que le fait d’enregistrer d’abord la base des morceaux, c’est-à-dire ce qu’il est physiquement possible de faire à cinq musicien·nes en live, puis les voix permet ensuite de voir ce qu’il y a comme place et donc ce qu’on veut mettre par rapport au sens du morceau. À ce moment-là ça devient beaucoup plus facile de savoir quand s’arrêter, de savoir s’il y en a trop ou trop peu. Ça aide beaucoup de planter les voix avant. C’est une chose que je n’avais pas fait sur le premier disque mais je vois vraiment la différence. Je perçois que c’est une de nos grosses évolutions. Par contre le temps de travail pour rajouter des détails et pour les mixer, pour faire en sorte qu’à la première écoute on se focalise sur quelque chose mais que quand on y revient on découvre d’autres détails, c’est beaucoup d’heures de travail. C’est trop, c’est même quasiment maladif. Ce sera la prochaine étape : être moins obsessionnel et jusqu’au-boutiste, et accepter le syndrome de l’imposteur, les choses que je n’ai pas pu acquérir et juste me dire que ma tentative sera à nu, que je peux chanter comme ça et que je n’ai pas besoin d’aller jusqu’au bout du moindre détail. Je pense que ça sera potentiellement une vraie piste de travail pour la suite.
LVP : Comme tu le disais un peu plus tôt, cet album est construit sur la circularité. Par exemple, le disque forme une boucle avec le premier et le dernier morceaux qui se répondent. Comment a-t-il été pensé ? Quelle est sa narration ?
Alexis : Les morceaux ont été écrits, enregistrés et terminés. Puis une fois que tout a été fini, la tracklist s’est dessinée. Je savais que le début de l’album allait être Une Brève Interrogation. Dès qu’on l’a eu, on savait que c’était le bon morceau parce qu’il fait aussi le lien avec ce que c’était avant musicalement et ce qu’il y a dans la suite de l’album. Je savais juste qu’il fallait que je trouve un petit truc qui réponde au premier morceau à la fin de l’album. Pour le reste, on a agencé un peu comme on voulait. Je pense qu’on a fait exprès que la face A soit beaucoup plus dense que la face B. La face A fait quasiment 18 minutes et la face B fait 4 minutes de moins. Americanism, qui est un des singles, est sur le début de la face B mais sinon il y a vraiment tout un ensemble de morceaux très pop qui s’enchaînent sur la première face et puis il y a des morceaux un peu plus bizarres sur la seconde. Je ne sais pas, les choses se sont présentées à moi au bout d’un moment et j’ai trouvé ça plus original que le fait d’essayer d’équilibrer les faces. Cette tracklist est vraiment arrivée à la fin.
LVP : Tu parlais du morceau Une Brève Interrogation qui ouvre le disque et semble avoir une certaine importance. Peux-tu nous en parler ?
Alexis : Oui, bien sûr. Il en a une parce que c’est celui qui parle de l’album, qui le présente. C’est un peu la pierre angulaire. C’est celui qui lie ce qu’il y avait avant à ce qu’il y avait au moment présent et à ce qu’il allait y avoir après dans l’album.
Dans le texte, il n’y a pas grand-chose qui est dit. Il n’y a pas d’énorme statement. Il n’y a pas grand-chose de la société comme ce qu’on disait tout à l’heure par exemple. C’est plutôt le nom de l’album qui est présenté. On dit qu’on va parler de ça. On dit aussi que c’est une tentative. Dans le texte, ça déroule un peu, j’essaie d’induire tout de suite l’idée que je ne vais pouvoir faire ça à la perfection. Je l’accepte d’ores et déjà, ce n’est qu’une tentative. Ça me permet de dérouler le reste de l’album.
LVP : Est-ce que tu dirais que Le Code, le deuxième single, est un peu plus représentatif de l’album ?
Alexis : Je ne pense pas qu’il y ait de morceau plus représentatif mais je crois que Le Code est particulièrement important car ça a été le premier morceau produit comme il fallait pour l’album. C’est celui qui a induit la production de tout le reste du disque. Donc il a vraiment une part importante. Déjà Vu aussi. Mais je pense que l’ovni de l’album en réalité c’est Labrador. C’est mon morceau préféré.
LVP : Veux-tu nous en parler ?
Alexis : C’est le morceau le plus intime. Je pense être une personne assez pudique, à l’aise en société et avec les gens mais pudique sur ce que je peux dire de mes sentiments et de mes émotions. Ce qui est plutôt ambivalent avec le fait de chanter et de prendre la parole. Labrador est la seule chanson d’amour que j’ai réussi à écrire correctement dans ma vie et elle pour mon chien parce qu’en vrai je préfère les chiens aux êtres humains. J’avoue. On m’a demandé si cette chanson était du second degré mais c’est vraiment premier degré.
LVP : Sur l’album figurent deux feats qui se suivent, le premier avec En Attendant Ana, le second avec Nick Wheeldon. Comment sont nées ces collaborations ? Et comment se sont-elles passées ?
Alexis : Dans le cas d’En Attendant Ana, Margaux a beaucoup participé à la création de cet album. Elle collabore beaucoup dans ma vie en général. On habite ensemble. On partage à peu près toutes nos expériences puisque la vérité c’est qu’on est tout le temps ensemble. C’est une personne qui m’a énormément fait avancer, au même titre que Vincent Hivert qui est là depuis longtemps maintenant.
Margaux est une personne qui m’a énormément enrichi sur l’écriture des textes. Elle y accorde un soin particulier alors que c’est en anglais et donc très différent. J’ai beaucoup appris auprès d’elle. Quand le squelette de Americanism a émergé, je l’ai entendu comme un morceau qui se rapprochait un peu du répertoire de En Attendant Ana, aussi parce qu’il invoquait certaines références communes. J’ai donc demandé à Margaux si elle acceptait de faire un morceau avec nous et elle a accepté.
On n’a pas tout de suite abordé le sujet de la thématique. On a juste fait le morceau, de loin, sans même qu’elle pose sa voix. Puis on s’est retrouvé un an après et on s’est dit que c’était le moment. Là on s’est demandé de quoi on allait parler. On trouvait la dynamique : elle qui chante et écrit en anglais et moi qui écrit et chante en français suffisamment intéressante pour que ça se mélange sur un morceau. Pourtant c’est une chose qui me refroidit un peu en général les morceaux mi-français, mi-anglais. Je ne sais pas pourquoi. Mais là, le fait d’en être l’instigateur, je me suis dit : « Allons-y ». Et encore une fois, ça a été une super expérience d’écriture.
Ce qu’on voulait évoquer c’était le fordisme. C’était la première idée. Politiquement, on voulait réfléchir à des choses comme ça. On a donc envisagé le morceau de manière frénétique avec un pied sur tous les temps comme un truc de répétition extrême, que l’on retrouve justement dans le fordisme et le travail à la chaîne. Mais on a buté un peu sur cet aspect. On s’est dit que c’était peut-être pas très digeste et qu’on n’avait possiblement pas assez de connaissances sur le sujet pour pouvoir le retranscrire poétiquement sur l’intégralité d’un morceau. Donc on s’est dit que c’était intéressant d’opposer la langue anglaise à la langue française par le biais de deux cultures et de voir comment telle culture et telle langue a eu un impact sur l’autre, ce qui nous a permis d’aborder cette organisation du travail qu’est le fordisme, et aussi le capitalisme. Ça nous a permis de mettre beaucoup de choses dedans. C’est une super expérience d’écriture parce qu’on a appris plein de choses. J’ai vu comment elle écrivait, comment elle abordait l’écriture en anglais.
Pour Nick Wheeldon, l’expérience est radicalement différente. Au départ Ça va ? n’avait pas de ligne de chant, ni même de mélodie. C’était juste une jam. On s’était dit qu’on allait se mettre une jam dans le tiroir, un morceau de 3 minutes et quelques. Vu que tout était très réfléchi, avait du sens, le fait d’avoir une jam permettait de se dire qu’il y avait un moment un peu léger.
Je l’ai présenté à Nick en lui demandant : « Tu ne veux pas chanter quelque chose comme ça, bien anglo-saxon, un peu Beck ? ». Enfin, je n’ai même pas cité Beck mais il a compris tout de suite l’idée. Il a écrit de son côté puis il est venu un après-midi à la maison. Il l’a rentré en une prise, qu’il a ensuite doublée. Normalement on devait prendre l’après-midi pour travailler dessus.
Il ne m’a pas présenté le texte. J’ai découvert le texte sur le moment, quand il est arrivé. Et le petit moment super léger est devenu déprimant parce que ça parle littéralement d’une société sous médicaments, mais très bien écrit, trop bien envoyé.
Je refais le parallèle avec ma façon hyper pudique d’aborder le chant, très insecure. Quand je fais des prises de chant, je prends du temps, il faut que je canalise beaucoup mon énergie. Nick est juste arrivé, il a envoyé deux takes. On est partis faire une balade dans la campagne et voilà. C’était hyper enrichissant : cette légèreté tout en abordant des thématiques un peu lourdes. Ça m’a fait aboutir à l’idée que ce n’est pas mal de se dire : « vas-y j’y vais, je lâche ce que j’ai à lâcher, sans trop faire attention aux détails ».
Donc le morceau est devenu cette jam avec juste la voix de Nick. Puis pour rendre la chose un peu cynique, pour twister et mettre un peu d’humour, on s’est dit qu’on allait se demander comment ça allait parce que c’est quelque chose de très commun dans la langue française de poser la question « Ça va ? » et d’y répondre « Ça va. » même quand ça ne va pas. En gros c’est comme ça que le morceau est né.
Ces deux expériences de collaboration sont potentiellement les choses les plus fluides et les plus cool que j’ai eu à faire sur l’album.
LVP : On évoquait les questions politiques et sociétales qui te sont chères. Le contexte actuel pose beaucoup de questions quant à l’avenir de la musique, et notamment des scènes indépendantes comme la vôtre. En France, des salles, des festivals et des dispositifs voient leurs aident diminuées, des lieux comme Le Motel ou L’International ferment, ça pose de nombreuses questions.
Alexis : La question des lieux est hyper importante parce que ce sont des groupuscules de personnes qui se font par rapport à des lieux qui sont fréquentés, par rapport à des soirées qu’on passe ensemble, à des moments où on discute, etc. Nous, autour de Biche et de En Attendant Ana par exemple, c’est le studio qu’on a, le Studio Claudio. Il est le point de jonction de tous les groupes avec lesquels on collabore. On y a notamment enregistré le dernier album de Eggs, et Gaétan Nonchalant est venu enregistré la moitié de son album.
LVP : On remarque une forte connexion entre vous sur la scène pop indé dont vous faites partie. Comment justement tu expliques qu’aujourd’hui on ait l’impression que ce soit plus fort qu’avant ?
Alexis : Parce qu’on est plus dans la galère qu’avant. Déjà, on a vieilli. On est tous·tes à peu près de la même génération donc la trentaine passée. Je prends l’exemple de Gaétan Nonchalant, Côme Ranjard, En Attendant Ana. Pour Eggs c’est un peu particulier parce que c’est un groupe un peu passion, ils ont tous des activités à côté et le but c’est de faire la fête, de se réunir entre amis, c’est un procédé un peu moins professionnalisant d’une certaine manière, bien que ça le soit par définition. Mais toutes les personnes qui se sont demandées si on pouvait vivre de la musique qu’on faisait se retrouvent quand même confrontées à une réponse qui est assez négative : aujourd’hui en France, l’industrie ne permet pas à des musiques comme les nôtres de nous faire vivre, tout simplement. Et je pense que quand on se rend compte de ça, on se serre les coudes.
Il y a une autre chose c’est que je pense que du point de vue de la culture musicale, on est toutes et tous très passionné·es donc on échange beaucoup.
Mais je pense que c’est normal que ça arrive maintenant par rapport à notre entourage. C’est terrible mais je pense que la vingtaine écrème un peu entre celles et ceux qui arrivent à en vivre et les autres qui vont en faire simplement pour le plaisir, qui avaient peut-être espoir il y a cinq ou six ans d’en faire leur métier mais qui se rendent compte que ce n’est pas possible et que ça ne va pas le faire. Dès ta première année d’intermittence, tu te rends vite compte si ça te convient ou non parce que c’est super précaire. C’est un style de vie où tu as quand même un gros point d’interrogation tous les douze mois. Il y a des gens pour qui ça ne va pas. Ça fait vite un tri. Et finalement, celles et ceux qui décident vraiment de faire ça se retrouvent au bout d’un moment. On se file des plans, on s’aide. Je crois qu’en ça, ça fédère un peu.
LVP : C’est une scène qui fonctionne par connexions, vous jouez souvent les un·es avec les autres, vous intervenez sur vos projets respectifs. Est-ce que vous vous fédérez aussi autour de lieux ? Tu parlais de votre studio déjà.
Alexis : Je ne dirais pas que c’est un endroit où tout le monde se rencontre parce qu’en général ce studio-là c’est un endroit où il y a un groupe et l’équipe du studio. On est quatre : il y a Margaux Bouchaudon la chanteuse d’En Attendant Ana, Vincent Hivert qui est le bassiste de ce groupe et qui est aussi le coproducteur de Biche. Il y a Paul Rannaud qui avait des groupes qui s’appelaient Volage et Cœur Joie, et qui est un producteur très balèze. Et il y a moi. Nous quatre avons ensuite rassemblé des personnes qui ont voulu travailler avec nous. Parfois, ces personnes-là se sont croisées, parfois non. Mais il y a un vecteur, un dénominateur commun qui est le studio. Quand ça se passe bien, on va se dire : « vas-y, viens, nous on sera à Paris, dans telle salle ». Et puis en fin de compte, il y a des personnes qui se croisent à ce moment-là. Les gens échangent et se rendent compte qu’ils ont en commun d’avoir enregistré au studio. Au final, ça agrandit petit à petit une sorte de constellation de groupes.
LVP : Est-ce qu’aujourd’hui, il y a encore des salles qui jouent le rôle de repères, de catalyseurs et qui vous aident ?
Alexis : C’était le cas de L’Espace B par exemple. La Mécanique Ondulatoire aussi. C’était même des scènes qui parfois ne se croisaient pas. C’était très bizarre. Aujourd’hui, il y a tellement moins de salles. En fin de compte, c’est un point négatif mais en même temps c’est un vrai point positif pour moi qui est assez mal vécu le fait d’être niche. C’était une niche qui n’en regardait pas une autre. Tout le monde se toisait, les gens ne se mélangeaient pas. Ça, c’est fini, Dieu merci.
LVP : Maintenant, comment vous retrouvez-vous ? Où allez-vous pour vous voir jouer en concert ? Quelles sont ou vont être vos possibilités ?
Alexis : Pour Biche, c’est un peu particulier parce qu’on est certes en développement mais on l’est moins que certains groupes. On a déjà fait deux fois La Maroquinerie. On va bientôt annoncer notre release dans une salle bien connue de Paris. Là dernièrement, on a fait deux POPUP! d’affilée. On a été hyper bien accueillis par leur équipe. Je pense que c’est un endroit qui est important parce que le son est bien. J’ai vu de bons concerts là-bas, avec une petite jauge, ce que j’adore parce que c’est intime et en même temps c’est tout de suite un peu électrique sur certains genres musicaux. Donc, il y a encore des endroits. Je pense aussi à Petit Bain qui est une salle très importante, de part les équipes qui la font tourner, la programmation et le fait que ce soit accessible à une myriade de projets et de groupes en développement, pas en développement, etc. Il y a cet espèce de truc intermédiaire qui fait que c’est encore très possible, ce qui était le cas à La Boule Noire il y a encore quelques années mais qui ne l’est plus. Il y a aussi La Pointe Lafayette, c’est un tout autre registre, tout autre genre musical mais c’est hyper important aussi.
LVP : Est-ce que tu arrives à te projeter et à savoir quel va être l’avenir de vos scènes en France ?
Alexis : Par rapport à nos individualités en tant qu’artistes et groupes, je ne peux pas dire parce qu’il y a trop de choses qui rentrent en compte, qui pour certaines sont propres à chaque individu qui compose cette scène. Par exemple, moi, j’ai cru que la liberté c’était l’indépendance enfin faire que de la musique de manière indépendante. En vérité, l’indépendance est possible par la liberté financière. Aujourd’hui, je me rends compte que la plus grande liberté, et moi je ne l’ai pas, c’est d’avoir un travail, un salaire en tout cas, de ne pas être trop précaire parce que ça te permet de réinvestir de l’argent sur ta musique et tes albums. Et donc, c’est d’être un peu moins indépendant et d’être un peu plus pieds et mains liés avec un patron ou avec une activité qui te rémunère. Donc rien que sur ça j’évolue et je me demande : « Si demain, je décide d’avoir une famille, est-ce que je vais pouvoir continuer à vivre comme je le fais ? » Je ne suis pas sûr. Et je pense qu’on est plusieurs à se poser des questions. Donc par rapport aux individualités et aux groupes qui composent cette scène, je ne sais pas.
Par rapport à comment va évoluer l’industrie musicale, si on parle d’une industrie qui se voudrait large et qui comprendrait les musiques déviantes que nous faisons et qui n’intéressent pas l’industrie telle qu’on la conçoit aujourd’hui, je pense que tout va un peu tomber à l’eau. En même temps, je ne prédis rien. C’est juste qu’on voit le streaming et ce que ça induit. On prévoit aussi ce que les coupes budgétaires à la culture vont faire. Je pense que tout va un peu s’effondrer et qu’il va falloir se serrer les coudes entre artistes. Ce qui est cool, c’est que nous, dans notre scène et notre constellation d’artistes, c’est déjà le cas. Mais je pense que l’ambition de percer dans l’industrie va devenir un truc de commerçants. Ça l’est déjà mais ce sera encore plus le cas. Et nous, on ne fera pas ça.
LVP : Il y a quelques semaines, on rencontrait le groupe québécois Bon Enfant qui nous confiait sa vision de l’avenir musical face à l’IA. Pour elles/eux, il pourrait y avoir un retour à l’authenticité, à quelque chose de plus concret, à l’expérience et notamment au live. Peut-être que pour vous aussi il y aura ça et que votre fonctionnement passera en partie par le fait de s’affirmer par l’expérience, la vulnérabilité, ce qui pourrait même se faire de façon concrète avec des objets comme des cassettes, etc. Peut-être que c’est un parti pris qui finira par séduire les gens.
Alexis : Je pense qu’il y a toujours des personnes qui sont et vont être en recherche d’expérience physique, présentielle, matérielle même. Les chiffres indiquent quand même que les gens ne sont jamais autant allés en concert. C’est juste qu’ils vont voir les concerts qui sont visibles pour eux/elles. Et nous, on est invisibilisé·es en général parce qu’on fait des genres musicaux qui n’ont pas pignon sur rue.
Une petite différence à faire entre le Québec et la France c’est que eux ont des systèmes d’aide financière qui sont très actifs et très présents. Nous, ça a été le cas mais là avec les deux quinquennats Macron, ça ne l’est plus. Concernant l’argent versé à la culture, on en a entendu parler avec ce qui s’est passé à Nantes, il va y avoir des choses assez compliquées. On a accès à des aides qui ne vont plus être accessibles d’ici la fin de l’année je pense. Là, avec toute l’actualité, ils disent qu’ils ne vont pas taxer davantage mais pour trouver de l’argent, ils vont forcément diminuer l’apport financier consacré à certaines choses. Pendant le Covid, on n’était pas essentiels donc la culture va être touchée. Je pense que le Canada a ça là alors que nous, on est en train de glisser vers un modèle plus américain. Ça va être très libéral. Ce qui veut dire que ça va être potentiellement très compétitif pour celles et ceux qui voudront bien jouer le jeu. Et pour les indés, ça risque de faire comme aux États-Unis c’est-à-dire qu’il y aura une plus grosse entraide et une plus grosse solidarité quand on sera tous·tes logé·es à la même enseigne et qu’on se rendra compte de ce que ça représente. Moi je le vois. Là j’ai sorti ce disque en indépendant, le jour de la sortie, j’étais épuisé. Tu dois tout faire. Ensuite, tu dois prévoir des concerts. Au premier concert, j’étais limite en train de dormir debout, pas sur scène évidemment mais j’étais crevé.
On est tous·tes en train de se rendre compte que c’est crevant. Je pense qu’il va y avoir un côté positif dans tout ça mais je suis assez peu optimiste. Nous on se battra toujours pour que les acquis sociaux persistent et que la culture soit toujours envisagée comme une chose essentielle. Néanmoins, si on était entendus, on pourrait avoir de l’espoir mais la vérité c’est que là, à chaque fois que le peuple a pris la parole ces dernières années, ça n’a pas été écouté. J’ai pas trop d’espoir par rapport à ça, si ce n’est de me demander si du chaos ne va pas émerger quelque chose d’un tout petit peu plus fédéré, d’un peu plus actif dans l’entraide et dans les prises de position. Est-ce qu’il ne va pas y avoir une repolitisation de la musique française par exemple, qui est une langue qui s’y prête assez bien je pense. Je suis assez curieux de voir tout ça personnellement.
LVP : La question de la repolitisation de la musique française est vraiment intéressante. Peut-être que ces dernières années voire ces dernières décennies comme on avait sans doute un peu moins besoin de se questionner, le propos politique était dans les scènes pop en France un peu moins au centre.
Alexis : Oui, dans la scène pop c’était assez dramatique en vrai. Moi c’est en m’extrayant de ça que je me suis repolitisé et même politisé tout court. En vrai, la scène pop est constituée de beaucoup de petit·es bourgeois·es et j’en suis. C’est bien de parler de déconstruction, c’est bien de parler de tout ça. Cela dit, le premier acte selon moi c’est quand même de faire l’effort de faire société, de s’ouvrir aux autres et aux autres genres musicaux. Je trouve que faire société c’est se repolitiser, et la musique doit aussi faire société d’une manière ou d’une autre. C’est un raisonnement qui avance petit à petit. Je ne peux pas dire que j’ai fait l’album le plus engagé mais pour autant, j’y ai mis un peu d’observation plus extérieure. Enfin c’est de l’observation par mon propre prisme néanmoins ce sont des questionnements de société. Je pense que ça, il faut qu’on recommence, même si c’est abordé de façon légère. Il faut qu’on s’intéresse, qu’on sache de quoi on parle, qu’on fasse un témoignage de ce qui se passe aussi dans nos sociétés.
LVP : Peut-être que c’est une très bonne façon de prendre position que d’acter et d’apporter un témoignage. Dans cet album justement, une chose marquante est que tu poses des constats, tu partages des observations, des ressentis sans être présomptueux ou moralisateur et en même temps ce sont des ressentis auxquels on peut parfaitement s’identifier.
Alexis : Ça me fait vraiment plaisir parce que ça a été un vrai enjeu. Surtout que le français on le comprend toutes et tous, et je trouve qu’il y a des biais qui rendent cette langue très moralisatrice et un peu dans l’injonction. Donc c’est avec beaucoup de fragilité que j’ai abordé certains thèmes. Je suis content parce que c’est pas la première fois qu’on me le dit. Les textes et les thématiques abordées, comme je le disais tout à l’heure, ont été une des grandes nouveautés de cet album par rapport à la musique de Biche. J’ai vraiment voulu le faire de tout mon cœur, le plus modestement et sérieusement possible.
LVP : Tu as osé aborder ces sujets, notamment politiques, plutôt que de prendre le risque d’être moralisateur et donc d’éviter ces sujets.
Alexis : Après, ce sont des tentatives. Attention parce que ça peut être assez prétentieux et galvaudé de parler d’art en général mais je crois que lorsqu’on crée des choses, il faut accepter que ce soit des tentatives. Jusqu’à maintenant, j’étais très pudique et je me disais : « j’ai fait une tentative, mais je ne l’assume pas », désormais je me dis que toute tentative mérite d’être rendue publique parce que ça fait quand même plus avancer le schmilblick que d’arriver à quelque chose d’aseptisé. En fin de compte, quand tu ne fais pas de tentative ça veut dire que tu te cantonnes à ce que tu connais et aujourd’hui ce qu’on connaît c’est ce qu’on a déjà en France grosso modo. Et moi, je trouve que c’est un peu ennuyeux de manière générale, sans être prétentieux ou pédant. Je me suis fortement ennuyé sur la scène pop française. Donc, il faut y aller. Pendant les dernières législatives, Le Front des Musiques Indépendantes l’a dit : il faut repolitiser les scènes. Même si ce n’est pas dans le discours, même si c’est dans les moments de rencontres, pendant les concerts, ou en essayant de jouer le jeu de la parité sur scène, etc., il faut se challenger un peu et se repolitiser. Je pense que c’est beaucoup plus enthousiasmant à l’aube de quelque chose qui risque de ne pas être fou. Si on s’en tient qu’à l’aspect industriel de la musique, c’est un peu l’ennui.
LVP : Pour conclure et revenir sur l’album, quel conseil donnerais-tu aux lecteur·rices pour écouter ce disque ?
Alexis : Je pense que c’est plutôt un album qui s’écoute tout·e seul·e, en tout cas pour la première écoute. Je crois que la meilleure manière de capter ce qui est dit dans cet album c’est d’être seul·e et d’être d’accord pour réfléchir un minimum au sens de l’album, se poser deux, trois questions et essayer de comprendre quels sont les messages derrière les morceaux. J’aimerais que les gens l’écoutent comme ça.
Maintenant, ça a été hyper important pour moi que l’album soit ludique, qu’il soit amusant à écouter avec plein de petits détails qui font que parfois tu peux aussi juste te défocaliser de la thématique, regarder ce qu’il se passe autour, voir un petit détail amusant et te dire : « ah c’est marrant ce son est rigolo, je ne l’avais pas entendu ». En gros, c’est un peu comme la différence entre l’EDM (Electronic Dance Music) et l’IDM (Intelligent Dance Music) dans la musique électronique, c’est une écoute peut-être un peu plus cérébrale. Je pense que c’est comme ça que j’écoute la musique donc fatalement s’il fallait se rapprocher le plus possible de l’idée de l’album c’est en écoutant et en réfléchissant un petit peu. Mais j’imagine que même en se décontractant sur un canapé ça peut fonctionner. Il y a quand même un appel à la sérénité, au calme et au moment qu’on s’octroie plutôt qu’à la fête très honnêtement. Pour ça, c’est plutôt en concert.
Le cœur grenadine et la déclaration facile, je passe mes journées les yeux rivés sur ma platine.