| Photo : Sarah C. Prinz
Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours.
Doechii – Crazy
Profitez-en avant que la censure ne l’emporte : le dernier clip de la sensation hip-hop US Doechii est le grand clip de ce début d’année. Nouvelle signature de l’écurie Top Dawg Entertainment/Capitol, Doechii cuisine la musique qu’on a envie d’entendre sur la nouvelle scène rap : novatrice, franche, directe. De son multi-couches Yucky Blucky Fruitcake à son clubby Persuasive, la jeune Floridienne de 22 ans a tout pour réussir. Son nouveau single Crazy est une ode survoltée “à la puissance, la créativité et la confiance en soi.” L’hallucinant visuel qui l’accompagne, signé de la réalisatrice C. Prinz, met en scène un groupe de femmes nues, s’adonnant à une chorégraphie viscérale et captivante. Un clip conceptuel et mémorable qui vise à dépasser la sexualisation systématique du corps féminin pour en faire ressortir les traits de résilience, de force et d’invincibilité. Grosse claque.
Arca – Cayó
Après avoir gaté la planète de quatre albums en une semaine à la fin de l’année passée, complétant ainsi sa pentalogie Kick, l’énigmatique et fascinante Arca sort enfin son œuvre manifeste sur vinyle. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule (et que le disque dur d’Arca semble déborder d’alléchants titres non dévoilés), elle accompagne cette annonce d’un nouveau single. Cayó avait déjà été dévoilé lors d’un live Twitch de l’artiste et circulait en sous-terrain sur le net de fan en fan. Pour cette sortie officielle, Arca accompagne cette ode cauchemardesque aux “modes non-binaires de penser l’altérité” d’un visuel dystopique, sombre et captivant qui fait une fois encore flamboyer son esthétique si léchée.
Nilüfer Yanya – The Dealer
Si son dernier album en date PAINLESS n’a quitté ni nos écouteurs, ni nos cœurs, Nilüfer Yanya n’a pas fini d’exploiter toute la richesse de ce nouveau projet. En témoigne le clip de The Dealer, pas forcément celui qui aura retenu le plus de notre attention mais, tout de même, un morceau dont on ne peut nier la qualité. Sur fond des coups de grattes subtils de Yanya, sa voix profonde se pose sur les couplets de ce morceau qui conte la déception, et qui se voit mis en images par Molly Daniel, sœur de la chanteuse. Une collaboration audiovisuelle pérenne qui ne change pas au fil des albums et des morceaux, et qui fait ici opérer sa magie avec des plans de l’artiste entre des teintes bleues mélancoliques et des écarlates plus fiévreux.
Empress Of – Save Me
L’impératrice est de retour. Après avoir affûté sa créativité sur son dernier album en date I’m Your Empress Of, Lorely Rodriguez (de son vrai nom) a inauguré son propre label Major Arcana et y développe une musique sans concession, dont la pop assumée tranche avec les expérimentations alternatives de ses débuts. En témoigne ce Save Me efficace et catchy en tout point, qui saisit l’attention dès la première écoute et tourne en boucle dans la tête pour la semaine qui suit. “I want you to save me in the back of the room” entonne la chanteuse, plus sulfureuse que jamais. D’après elle, c’est d’ailleurs son titre le plus explicitement sexuel, et ce côté charnel se voit transposé en métaphores diverses dans le visuel léché qui accompagne la sortie.
Omar Apollo – Tamagotchi
Votre nouvelle obsession pop s’appelle Omar Apollo, et il vient de sortir un premier album. Parmi la collection hautement éclectique de ce premier projet, le surpuissant Tamagotchi, produit par Pharrell Williams, se démarque facilement. Avec ses basses généreuses et percutantes et ses lignes hispaniques suaves, le titre dévoile une facette plus vorace et frontale du chanteur, qui nous avait habitué jusque là à une pop plus douce. Et ce détour en terre inconnue lui réussit bien. Le clip colle à cette ferveur rythmique en nous plongeant dans des séquences sorties tout droit de l’univers d’Euphoria, à se faire tourner des spliffs dans les rues ensoleillées de Los Angeles et se la jouer main character energy dans des house parties arrosées.
Primero – Trac
“Mon cœur bat de plus en plus fort” répète sempiternellement Primero sur son nouveau single. L’une des trois têtes de L’Or du Commun revient dévoiler son univers solo après les excellents projets Scénarios et Serein. Avec Trac, le Bruxellois exprime ses angoisses et conjure les démons de son quotidien avec un texte empli de vulnérabilité et de transparence. C’est que le penseur a toujours fait preuve de maestria pour faire parler ses doutes et ses tourments, à travers des textes plus saisissants les uns que les autres et armé d’un flow incisif. À la fois brut et habité, le visuel qui accompagne la sortie est le premier clip du réalisateur belge Antoine Negrevergne, à l’écriture de la série belge Fils de à paraître prochainement. Une plongée visuelle tourmentée et épidermique au plus proche de Primero, qui marque ici le début d’une année 2022 pleine de surprises. À suivre plus que jamais.
MacThenardier – Il ne se passe rien
Saisir la morosité de nos quotidiens lorsqu’un être cher nous manque. Voici le défi auquel s’est attelé MacThenardier avec son nouveau single Il ne se passe rien. Nous emmenant avec lui dans les rues de Lyon, ce doctorant en mathématiques le jour et musicien la nuit, nous plonge pour l’occasion dans son paysage ordinaire, et signe une ballade lo-fi et réaliste qui nous séduit. En filmant lui-même son trajet en vélo, le musicien réussit à retranscrire le réalisme de son récit, et à animer ainsi des parts de nos récits intimes. Découvert et signé par le label et collectif Entre-soi, MacThenardier aiguise avec cette sortie notre curiosité. Si on lui souhaite que son quotidien soit à nouveau empli d’intérêt, nous ne manquerons pas de suivre la sortie de son prochain EP, Ronan Ronan Ronan, prévue le 20 avril.
Maggie Rogers – That’s Where I Am
Une voix saturée d’effets surprenants, un style incomparable et une vibe à la Alanis Morissette, c’est la promesse qui nous est faite avec le nouveau single de Maggie Rogers. Et des paillettes, beaucoup de paillettes. Toute nouvelle direction pour l’Américaine en cursus à Harvard pour étudier “The spirituality of public gatherings and the ethics of power in pop culture”. Margaret est maintenant complètement en contrôle et ça se voit. Oserait-on dire que c’est l’album de la maturité ? Ça y ressemble en tout cas, on n’a jamais vu une Maggie Rogers aussi puissante et importante autant au niveau visuel que musical. Les guitares saturées y sont certainement pour quelque chose. Elle annonce ainsi son nouvel album Surrender à paraitre le 29 juillet prochain, avec un visuel bold en noir et blanc d’une femme en pleine montée vers l’espace populaire alternatif.
Zaoui – MAUVAIS
Voilà le début d’une nouvelle aventure qui devrait réchauffer le coeur des fans de Thérapie Taxi. Quelques mois après la tournée d’adieux du groupe, les membres du trio s’envolent vers de nouveaux horizons pour notre plus grand plaisir. Deuxième à s’élancer en solo après Adé l’année dernière, c’est Zaoui qui a dévoilé cette semaine son tout premier morceau, MAUVAIS. On y retrouve avec bonheur sa personnalité exubérante et son univers loufoque, dans un single qui confirme surtout que le jeune artiste n’a rien perdu du sens de la mélodie efficace et addictive qu’on aimait tant chez lui. Une nouvelle carrière dont on suivra la trajectoire de près au cours des prochains mois.
Kiddy Smile – Spread It
En ce dimanche absolument crucial pour le sort de l’Hexagone, on vous propose de vous attarder quelques instants sur un clip particulièrement à propos. Spread It, la nouvelle merveille de Kiddy Smile, n’est pas seulement une petite bombe musicale aux accents house mélancoliques. C’est aussi une brillante dénonciation des discriminations perpétrées par nos sociétés et des violences systémiques qui en découlent. De quoi inspirer, on l’espère, celles et ceux qui hésiteraient encore sur le bulletin à glisser dans l’urne pour entamer un changement vers un monde meilleur.
Sean – Piano Black
Portrait d’un jeune prince en quête de passions amoureuses sanglantes. Voici le nouveau statut du rappeur Sean, qui figure dans son nouveau clip Piano Black. Un second extrait de sa prochaine mixtape Restez Prince, disponible le 15 avril. Sous son costume de majordome, le jeune Parisien porte en réalité une couronne sur mesure, l’amenant au rang de prince au chevet d’une héritière cadenassée par ce schéma social. Le flow et l’expression tranchants en disent long sur le projet que Sean s’apprête à nous dévoiler. Restez branché·es, Restez Prince.
James Righton – Pause
Après son excellente Release Party, qu’on avait pu découvrir sur la compilation Foundations de Deewee, James Righton est de retour avec Pause. Un titre qui emprunte la même esthétique que son prédécesseur et qui annonce un premier album en juillet prochain, sur lequel on retrouvera d’ailleurs un certain Benny Andersson, du quatuor ABBA. Ce n’est pas un hasard lorsque l’on sait que Righton travaille en ce moment sur le live digital du groupe suédois. Ce single qui annonce son second album, Jim, I’m still here, est forcément marqué de la main (pas si) invisible des frères Dewaele et sent bon les nineties, jusque dans le clip où il nous emmène dans une déambulation touristique à coups de vidéos et de photos qui nous confirment que le grain est toujours une bonne idée.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.