Les clips de la semaine #45
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Auteur·ice : Paul Mougeot
27/10/2019

Les clips de la semaine #45

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 45, c’est maintenant.

Pethrol – Corps-eau

Notre sélection des meilleurs clips de la semaine débute par une drôle d’histoire, ou plutôt par un songe. Celui d’un homme abandonné à son sort à l’autre bout du monde, si seul qu’il finit par se fondre dans le paysage qui l’entoure et par se transformer en… pierre. Le rêve de l’homme-rocher, c’est une aventure tendre et délicate, une quête de sens portée par une douce guitare et par une voix solaire. C’est aussi le sous-titre de Corps-eau, le clip qui marque le grand retour du duo Pethrol après une absence de trois années – et en français s’il vous plaît. Pour percer le mystère de l’homme-rocher, rendez-vous le 7 novembre prochain au Palais de Tokyo.

 

Toukan Toukän – C’est Merveilleux

Lauréats 2019 du FAIR, les deux compères de Toukan Toukän pourraient bien s’imposer comme la next big thing de la pop française. Univers coloré et clairement identifiable, gros potentiel scénique et véritable penchant pour les morceaux qu’on n’oublie pas : les Tourangeaux cochent toutes les cases de ces projets qu’on se plait à suivre avec attention. Si vous ne les connaissez pas encore, C’est Merveilleux offre une fenêtre parfaite sur une musique qui s’incarne aussi bien dans des villes futuristes que dans des paysages paradisiaques.

 

Ryder The Eagle – Free Porn

À le voir hurler torse nu sur un bar, escalader la structure métallique d’une scène ou crier son chagrin sur les toits de Londres, on s’est souvent demandé si Ryder The Eagle avait des limites. Pas besoin de chercher plus loin : avec son dernier clip, le Toulousain nous offre une réponse claire et définitive. Et comme on pouvait s’y attendre, elle est négative. Free Porn revisite les plus grands classiques du porno, du fameux entretien embauche à la rencontre inopinée dans la rue en passant par l’obscur boulard hongrois, en plaçant évidemment le crooner dans le rôle de la pornstar. On en a déjà trop dit, on préfère donc vous laisser avec la vidéo.

 

Eliott Jane – Heroines

La sélection des clips de la semaine, c’est aussi le lieu des découvertes et des premières fois. Cette semaine, on a fait la rencontre d’Eliott Jane et de sa musique en clair-obscur : la Lyonnaise se nourrit ainsi des influences grunge de ses débuts comme d’un ciment pour construire un univers où la noirceur et la sensualité luttent à parts égales pour se faire une place au soleil. Son tout premier clip, Heroines, la révèle en égérie pop contemporaine, aussi douée devant la caméra pour que pour inventer des refrains addictifs. Prometteur.

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Sorry – Right Round The Clock

Cela fait quelques mois déjà que Sorry s’est imposé comme l’une des révélations de la scène musicale britannique à la faveur d’une poignée de concerts incandescents. Right Round The Clock nous rappelle les raisons de cette ascension fulgurante, avec un clip qui sent bon les pubs enfumés et les soirées qui finissent mal, annonciateur d’un premier album, 925, à paraître au printemps 2020. Pour laisser le mot de la fin au public de Sorry : “best band in Britain strikes again“.

 

Tyler, The Creator – I THINK

Retour en adolescence pour le leader du collectif Odd Future qui nous embarque dans une course-poursuite effrénée au beau milieu d’un bal de promo survolté alors qu’il cherche à rattraper un mystérieux jeune homme. Le pitch paraît banal, le clip l’est beaucoup moins : l’excentricité de son nouvel album IGOR fleurit ici plus que jamais. Perruque à la tête, grain rétro à l’image, Kendall Jenner au casting : tous les ingrédients sont là pour composer le clip de rêve pour ce morceau upbeat rappelant une certaine vibe des débuts de Kanye West. Tyler débute sa poursuite de l’amour au W.C., urinant entre une partie de gambling et une autre de sexe oral, classe. Un des parieurs sort alors vers le dancefloor après avoir tapé dans l’oeil du rappeur. “I think I’m falling in love” l’entend-on chanter sur les refrains. C’est alors que tout s’accélère et que plans d’ensemble et plans serrés nous plongent dans cette panique que l’on connaît tous : celle de ne pas retrouver son crush dans une soirée. Vers la fin du clip, l’artiste semble enfin trouver la trace de son apollon avant de nous laisser sur un cliffhanger des plus haletants. La légende Youtube nous annonce “a fraction of the video*”, le reste de cette love story ne devrait donc plus trop tarder. Impatience.

 

Låpsley – My Love Was Like The Rain

Intensité, beauté et frissons. Le nouveau Låpsley est une merveille et le clip qui l’accompagne l’est tout autant. “Rappelle toi quand tu me disais que mon amour était comme de la pluie. Pas le doux son après la sécheresse, mais la douleur d’une tempête.” Des lignes somptueuses mises en image de la plus belle des façons. On joue sur certains contrastes : entre la délicatesse, le calme de l’eau et la fureur de la foudre. Un mariage explosif qui superpose la douceur de la voix de la Britannique sur les sonorités électro qui enrobent son morceau. Les images sont incroyablement réussies et offrent des tableaux porteurs d’une métaphore captivante qui dépeint avec brio les états d’âmes de la sentimentale.

 

Sam Fender – The Borders

La nouvelle pépite du rock british ne finit pas de soulever ces questions délicates, celles qui dérangent ou qui mettent à mal. Après le suicide masculin dans Dead Boys, le racisme banalisé dans White Privilege ou le système orwellien de notre société dans Play GodFender s’attaque ici aux relations malsaines dans The Borders. Pas forcément les sentimentales, mais aussi les amicales. Roi du storytelling, le chanteur nous plonge dans une amitié toxique où le schéma dominant-dominé prime et écrase le plus faible des deux. Le clip vient donner vie à cette sombre histoire pour conter l’histoire de deux jeunes hommes : le bourreau et la victime. Un modèle manichéen tristement inspiré de plusieurs réalités représentées dans ces plans plus que réussis. Le clip est habité d’une tension particulière qui hante chaque minute et qui se voit intensifiée par la voix chaude de Fender venant battre sur des fracas de batterie et de guitare. Brilliant !

 

Blu Samu – GFM

Salomé Dos Santos est de retour pour élever la température. L’une des plus belles promesses de la scène rap made in Belgium a dévoilé le clip de son nouveau morceau GFM, comprenez God Forsaken Me ou “Dieu m’a abandonné”. Véritable purgatoire à sentiments et frustrations, l’univers de la jeune artiste se veut carnassier et franc, alimenté par une rage communicative qui captive autant qu’elle déstabilise. Blu est un personnage à part entière à la personnalité complexe brillamment mise en image par une équipe minutieuse, dont la touche-à-tout Yseult, proche amie de l’artiste. Passant du blanc au noir, de la Samu sage à la Samu révoltée, le visuel explore les différentes facettes de cette poétesse au sang chaud qui n’a pas fini de nous envoyer du lourd, notamment avec une mixtape à venir. Si Dieu a décide de l’abandonner, nous on ne la lâche plus !

 

CAVALE – FUTURE

On clôt notre sélection avec une nouvelle tête, CAVALE, en scène dans un clip à l’ambiance très Chelsea Hotel, ce lieu d’artistes New-Yorkais iconique des 70s. La musique, toute en distorsion, colle à cette esthétique aux couleurs saturées. Pour tout vous dire, l’énergie rock vintage qui jaillit de FUTURE habillerait à merveilles les Peaky Blinders dans une bonne scène de baston. Un premier single avant l’arrivée d’un prochain EP à suivre assurément.

 

Jaffna – Playground

Le temps ajoute une heure, Jaffna le fige. Depuis la parution de ses deux superbes comètes au sein du ciel électro d’Intuitive Records, s’égarer hors du globe était devenu coutume. Or, ce jeudi, Playground annonçait de nouvelles pérégrinations. La tête toujours en l’air, désormais les pieds à terre, nous foulons les conventions sur les talons brûlants d’un jeune sri-lankais. Comment s’affranchir de l’héritage alors que le bharathanatyam, ballet rituellement réservé aux femmes, hante une plante masculine ? La pupille au front, Mihiran joue l’offensive en déposant ses caresses endémiques sur le pavé londonien. Un propos incisif, des couleurs délicieuses, Jaffna signe là un manifeste d’une virulente tendresse.

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