Les clips de la semaine #75
"
Auteur·ice : Rédaction
07/06/2020

Les clips de la semaine #75

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 75, c’est maintenant !

Liss – Waste My Time

Le nouveau visage de la musique danoise. Ou plutôt les quatre nouveaux visages ! Le quatuor Liss rassemble le meilleur de ce que la pop-rock a à nous offrir. Les Inrocks les avait d’ailleurs déjà dans le viseur il y a quelques années, affirmant que le groupe écrivait la pop de demain. Et il semblerait que demain soit aujourd’hui, car la musique de ce boys band nordique semble s’accorder à merveille aux sonorités actuelles. Suite à un buzz précipité en 2016, le leader du groupe Søren Holm devra faire face à des troubles de santé mentale qui poussera Liss à ralentir la cadence. Des années loin des projecteurs qui permettront à la petite bande de Copenhague de se recentrer sur ce qui les anime, faire primer leur bien-être et revenir plus forts que jamais quelques années plus tard. Faisant suite à First et Second, leur troisième EP assez logiquement intitulé Third promet de cristalliser tout le potentiel de ce phénomène d’alt-pop. C’est du moins ce qu’inspire Waste My Timepremier extrait explosif et convaincant de la galette. Pour accompagner ce retour glorieux, c’est dans un clip sombre que se présente Holm, visiblement en paix avec ses démons qu’il affronte ici dans des tableaux ombragés et torturés, confortablement posté au cœur de ses troubles du passé. Not today, satan.

COCO BANS – Luxembourg

“L’album dévoilera, au fil des singles égrenés ces prochains mois, un songwriting intime où chaque plage nous fait vivre des séismes émotionnels.” Difficile de ne pas être conquis·es par ces jolies promesses qui annoncent le prochain album de l’artiste Américaine, aka Major Heartbreak, attendu pour début 2021. Un disque qui, d’après les premiers extraits, nous réserve de jolies compositions équilibrées entre fracas instrumental et volupté vocale. Son dernier morceau Luxembourg démontre d’ailleurs cette minutie du mariage instru-voix et nous emmène à la découverte de cet univers fait de sentiments et de blessures, relatant une histoire d’infidélité. Réalisé par la boîte N.L.C.T.L (Naïma Le Cesne & Thibaut Louvrier), le clip s’imprègne de l’authenticité terne des paysages de campagne pour illuminer une histoire d’amour adolescente, saisissant au vol toute l’intensité des passions insouciantes. Le ton est donné, Coco Bans est fin prête pour composer la bande-sonore parfaite de vos peines de coeur.

Olivia Dean – Baby Come Home

La simplicité sous son meilleur jour. S’il fallait vous décrire Olivia Dean en quelques mots, on vous parlerait très certainement de cette voix soul hypnotisante qui enrobe à la manière d’une Jorja Smith, déversant la chaleur de son accent british sur des mélodies de guitare voluptueuse. C’est le cas de ce délicat Baby Come Home, qui s’attaque au domaine de prédilection de l’artiste britannique : les débâcles amoureux. D’abord pensé comme un interlude, le morceau finira par s’offrir cette version smooth sous la plume de Maverick Sabre et Charlie Perry – deux collaborateurs de la discographie de Jorja Smith, d’où la similitude plutôt plaisante. Confinement oblige, c’est à deux mètres de distance qu’un ami de la chanteuse s’est inspiré d’une journée ensoleillée pour livrer un visuel épuré et agréable.

Gabriel Garzón Montano – Someone

Tic, tic, tic. À La Vague Parallèle, on sait reconnaître le son d’une bombe à retardement. Et croyez-nous lorsque l’on vous dit que ce Gabriel Garzón Montano va bientôt exploser. Voix puissante, univers singulier, morceaux accrocheurs : les ingrédients sont réunis pour faire du nouveau poulain de l’écurie Jagjaguwar votre nouvelle obsession musicale. Que ce soit sur des tracks hispaniques bouillonnantes rappelant les bangers d’un Bad Bunny ou sur de moelleuses compositions soul à la Daniel Caesar, le crooner tatoué jouit d’une versatilité musicale admirable qu’il mettait récemment à l’œuvre dans un medley éclectique pour les studios COLORS. C’est pour son titre Someone qu’il se mettait en scène cette semaine dans un visuel réussi, plongé dans des tons crèmes et rosés. L’occasion pour lui de nous exhiber ses plus beaux pas de danse, entre sensualité et androgynie captivante.

NAYANA IZ – TNT

No more fake people. Tel pourrait être le mantra mal-content de la dernière sortie de cette pépite de la nouvelle scène hip-hop made in UK. Issue du collectif NiNE8 (aux côtés des explosives Biig Piig ou Lava La Rue), la jeune chanteuse a su tirer son épingle du jeu l’an passé avec des premiers morceaux alléchants, reflets d’une envie grondante de laisser ses histoires s’immiscer dans la scène musicale actuelle. Et des histoires, elle en a ! Elle qui confie avoir l’impression d’être déjà vieille de 100 000 ans nous gâte de son franc parler et de son flow électrisant pour sublimer le mariage entre un hip-hop sans concessions et un héritage indien mélodieux. En résultent des morceaux renversants, à l’image de ce TNT, véritable pamphlet à l’égard des relations toxiques dont elle compte bien se débarrasser. TNT is my message that I see through it all – like an x-ray. It’s named like this because I’m about to go off and confront it all; I’m done playing games and hiding. I live by straight honesty and loyalty now it’s time to surround myself with people alike.” On vous avait prévenu : Nayana IZ n’a pas sa langue dans sa poche, et ce pour notre plus grand plaisir !

Dua Saleh – body cast

Encore une valeur sûre dénichée par les paires d’oreilles expertes de chez COLORS. Artiste non-binaire, engagé·e à de multiples niveaux, l’artiste Américain·e d’origine soudanaise se dressera comme l’une des premières voix à prendre la parole suite au meurtre de George Floyd par un policier blanc, le 25 mai dernier à Minneapolis. Une ville qu’iel connaît bien, car c’est depuis ce petit coin des USA qui est aussi le sien que cet esprit libre laissera valser sa plume sous l’impulsion d’une colère revendicatrice pour dénoncer les injustices subies par la communauté noire chaque jour, et ce à travers le monde. Un morceau qui était déjà prêt il y a plus d’un an, témoignant du caractère récidiviste de ces événements qui marquent peut-être l’actualité de ces derniers jours mais qui n’étaient pas moins présents ces dernières années, ces dernières décennies. body cast est une lettre ouverte poignante, fatiguée de devoir dénoncer sans cesse les mêmes actes impardonnables, les mêmes promesses faussées. Pour illustrer son propos, ce sont les noms des milliers de victimes de violences policières qui défilent à l’écran, semblant crier chacune à leur tour pour plus de justice et de paix. L’entièreté des bénéfices du morceau sera reversée à l’association Black Visions Collective basée à Minneapolis et qui lutte infatigablement pour les droits des personnes de couleur aux États-Unis.

FORM & La Chica – Waterfall

Le groupe électro français sort un nouveau clip pour l’un des morceaux de leur premier album, C.W.T. Cette voix, qui nous rappelle toujours autant celle d’Oliver Sim dans The XX, nous présente aujourd’hui Waterfall. À l’instar de leurs précédents clips, Waterfall nous emmène dans une ambiance entre jeux d’ombres et de lumières, avec une intensité palpable dans le récit et dans le jeu des personnages. Introspectif et planant, Waterfall est un dialogue entre l’Homme et l’Artiste, le premier se demandant comment nourrir le second. Les doutes se traduisent par la destruction du piano, outil de travail du musicien. La Chica, par son couplet, vient représenter la « source » qui s’adresse directement à l’artiste. La voix de la chanteuse franco-vénézuélienne nous imprègne de son mysticisme et nous enchante avant d’ouvrir les portes de l’intime. Un clip tout ce qu’il y a de plus beau et d’intense, pour personnifier les questionnements qui nous assaillent tou.te.s dans l’obscurité.

LA Priest – Rubber Sky 

Sam Eastgate. Une piscine gonflable. Une guitare. Ce sont les trois ingrédients du nouveau clip de LA Priest intitulé Rubber Sky – single qui annonce avec brio la sortie de Gene, son nouvel album tant attendu. Déjanté, provocant et planant. L’univers tropical de cet opus se décline dans un clip ingénieux pour une chanson qui nous embrasse sur la joue puis nous claque les fesses. Et pour cause, la production pop electro s’habille d’une délicieuse instru dont le sentiment se rapproche du slapping (ndlr. technique qui permet de produire des sons de percussions sur une instrument non prévu pour – à la manière d’une claque réellement). Impossible de ne pas écouter l’album à la vue du clip qui nous fait frissonner de réjouissance.

Kiol – Polly

Un bon vieux rock empreint de nostalgie et d’éclats de guitare électrique à vous tirer les larmes, ça vous dit ? Le Turinois Kiol vous apporte tout ça en s’inspirant des hymnes alt-rock de notre adolescence (coucou The Fray) en agrémentant le tout de son timbre délicieusement granuleux et de sa verve textuelle sentimentale et romantisée. Polly est extrait de son prochain album Techno Drug Store et sent bon les amourettes de vacances et les passions charnelles qui en découlent. C’est d’ailleurs lui qui en parle le mieux : Polly is a song about the eclipse of two souls, crazy sex and passion. It’s about the beginning of a love affair in all its little details, but it’s also about love and distance. When you live far away from your lover, it’s a constant falling in love and moving away, dreaming about the day you will meet again. And God, if the love is true, it’s worth all the pain.” Tourné à l’iPhone et ingénieusement retravaillé pour lui donner un irrésistible effet Super 8, le clip nous emmène sur les côtes de Sanremo et on sentirait presque le soleil nous frapper la peau.

Le Juiice – Matin

“Montre un peu de respect, t’es face à une reine.” Sur fond d’egotrip et de punchlines embrasées, Le Juiice s’impose comme l’un des nouveaux flows de cette nouvelle vague de rappeuses francophones. À la tête de son propre label, l’ambitieuse pépite hip-hop s’engage à mettre en lumière les artistes féminines de cette scène rap trop peu diversifiée :  Il y a plein de meufs avec ma mentalité mais elles ne sont pas représentées.” Après un premier EP Trap Mama qui aura su convaincre les pointures du milieu, la jeune Parisienne adulée par Fianso est de retour pour nous dévoiler la première partie de sa trilogie réalisée par Quentin Merabet, et dont chaque morceau s’accompagnera d’un court-métrage. Le premier, Matinretrace le quotidien de Joyce – de son vrai nom – qui s’occupe, aussitôt le jour levé, de sa petite famille. Une routine matinale qui reflète les valeurs de cette jeune femme talentueuse : les liens sacrés familiaux, le dévouement aux autres, l’amour fraternel. Vers la fin du visuel, on observe l’artiste s’apprêter pour se rendre à une soirée, annonçant la suite de la triade visuelle composée de Midi et Soir. Pour toutes celles et ceux qui en doutaient encore : le rap francophone féminin se porte merveilleusement bien !