Les clips de la semaine #83
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Auteur·ice : Rédaction
02/08/2020

Les clips de la semaine #83

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Et quelle semaine ! Les clips de la semaine épisode 83, c’est maintenant !

Beyoncé, Shatta Wale, Major Lazer – ALREADY

Queen B is back. Cela deviendrait presque une habitude. Sans crier gare, Beyoncé fait ce qu’elle sait faire de mieux : bouleverser le monde en droppant une nouvelle édition de son album The Lion King : The Gift et annoncer un film musical et album visuel, Black is King. Un nouveau corps de travail qui célèbre le Black power. ALREADY est le chef-d’œuvre de clip qui nous tease l’arrivée du film Black is King. Réalisé par le Belge Pierre Debusschere, le clip, tout comme le travail récent de la chanteuse, s’inspire des thèmes du Roi Lion, réinventant “les leçons du Roi Lion pour les jeunes rois et reines d’aujourd’hui à la recherche de leurs propres couronnes”, selon le communiqué de presse transmis par Pitchfork. Un clip d’une réalisation rare, comme nous les sert à chaque fois la Queen, et qui ne fait que réjouir la Beyhive en voyant l’artiste servir des chorégraphies énergiques tout en étant habillée par les meilleurs stylistes. Ce nouveau projet connaît pas mal de liens avec notre Plat Pays puisque, outre le réalisateur du clip, les bijoux portés par Beyoncé dans certains plans sont issus d’une petite bijouterie basée à Anvers. Le très attendu Black is King comportera également certaines scènes tournées en Belgique, aux côtés de lieux comme New York, Los Angeles, l’Afrique du Sud, l’Afrique de l’Ouest ou Londres. Way to go Belgium!

oklou – unearth me

Promenons-nous dans les bois. Si vous ne la connaissez pas encore, Oklou est la prochaine sensation de la musique alternative rêveuse et légère. Collaboratrice aussi bien de Flavien Berger que de Mura Masa, discrète et touchante, la Française a su attirer ces dernières années les regards les plus attentifs et transmettre ses sonorités si singulières, entre pop épurée et électro délicate, à un public semi-ésotérique. Cette semaine, avec un passage chez COLORS et l’annonce de son premier long projet, Marylou Mayniel compte bien se faire entendre et partager son art délicieux, subtil et dans l’air du temps. L’un des trois premiers titres dévoilés, unearth me, vient justement symboliser l’esprit général du disque à venir : “un univers de ré-imagination et d’émancipation féminine”. On retrouve alors cette idée de renaissance (tant artistique qu’identitaire) sous la caméra de Kevin Elamrani-Lince qui capture l’épopée boisée de la chanteuse qui s’attelle à déterrer une sorte d’entité mystique, avant que l’on ne la découvre elle-même couverte de terre, libérée de son cercueil sous-terrain. Des métaphores, de la poésie et de la musique imparables, tant de jolies choses à retrouver sur Galore, entièrement produit et écrit par la jeune artiste et attendu pour le 24 septembre prochain.

Deen Burbigo – Tout dedans

Deen Burbigo is back! Trois ans après la sortie de son album Grand cru, le rappeur originaire de Marseille fait enfin son retour avec la sortie du banger Tout dedans. Accompagné d’un clip réalisé par Yagooz, le Deen nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent et de sa technicité. Le visuel est cohérent et se marie extrêmement bien avec les trois couplets découpés et le refrain entêtant. Les plans du clip nous guident dans un quartier où on le voit déguster un grec, faire ses lessives et se balader à vélo. À part la coupe de cheveux, rien n’a changé dans la façon dont il ride l’instrumental. Deen Burbigo est toujours là et son absence semble avoir été productive, vu que ce son annonce le prochain album du rappeur.

Jadu Heart – Burning Hour

L’univers décalé de Jadu Heart est de retour le temps d’une ballade dans les bois avec Burning Hour. C’est déjà le sixième extrait que le groupe nous offre de l’album à paraître le 25 septembre prochain : Hyper Romance. C’est avec ce dernier qu’on se rend compte de la couleur du projet, qui sera plus spirituellement romantique. Burning Hour continue sur la lancée de Walk The Line et Caroline, plus acoustique, plus aérien, mais cette fois-ci plus sombre dans le texte. ‘I waited for the sign I waited for the right time. Oh but you kept me in the dark, you waited at the park you know I was your lover.’ On voit un certain rapprochement des mythes et rituels païens mélangés à  cette volonté de parler d’amour. Certaines paroles apparaissent dans la vidéo, avec toujours cette même écriture gothique rose qui, encore une fois, ajoute à cette witchy vibe. Le clip DIY est réalisé par le duo ainsi que Dave Monis, pour une vidéo inspirée de la culture européenne des films d’horreur qu’ils apprécient pour leurs références païennes. Tout est relié puisque l’album parlera des moments les plus difficiles et les plus profonds d’une relation, comme une flamme qui brûle si fort qu’elle peut en marquer les âmes et les corps, le tout teinté d’intensité et de spiritualité.

Frenetik – Trafic

Frenetik nous sert son nouveau clip, Trafic. Un plan séquence de deux minutes dans lequel on suit le rappeur dans différentes ambiances et situations. Grâce à des visuels et des plans extrêmement bien pensés, le jeune rappeur de Bruxelles met en image ses textes. Dans cette réalisation signée ARGO, les nombreux travellings de la caméra créent beaucoup de mouvement et de dynamique, malgré l’immobilité des sujets qui entourent le rappeur. Les sonorités sombres et agressives de ce morceau sont à l’image de ce que Frenetik propose dans son dernier EP Brouillon, sorti en mai dernier. Un très bon projet qui ne laisse présager que du bon pour la suite…

Glass Animals – It’s All So Incredibly Loud

Une piscine dans un jardin, la nuit. Dave Bayley, la tête et la voix de Glass Animals, se tient debout sur le plongeoir. Il est seul, il semble prêt à sauter. C’est dans ce décor à la Stranger Things (S01E02, la fameuse nuit où Barb se fait enlever) que nous sommes plongés au début du clip du nouveau single du groupe, It’s All So Extremely Loud. Un morceau construit comme une montée, de plus en plus puissante, portée par des synthés énormes et la voix de Dave, chargés d’émotion. Notre cœur grossit, se serre, se brise, explose. Une musique qui sert précisément le propos de la chanson, comme l’explique Dave : “Cette chanson entière ne représente que trois secondes de vie, celles juste avant de dire quelque chose qui va dévaster et changer pour toujours la vie de la personne en face de vous. Le silence entre ces mots qui sortent de votre bouche et la réaction lors de l’impact de ces mots”. Nous l’avons probablement déjà tous vécu, ce silence assourdissant : “You don’t make a sound / Heartbreak was never so loud”. La vidéo est précisément la représentation de ce moment : l’accumulation, le grand saut et la plongée dans le silence qui semble durer éternellement.

Angel Olsen – Whole New Mess

La reine est déjà de retour. Après avoir porté majestueusement sa couronne sur All Mirrors, Angel Olsen retourne à ses amours folk et sombres avec Whole New Mess, album prévu pour la fin du mois et dont est tiré ce single éponyme. Sur cet “album sœur de All Mirrors“, comme elle le décrit, Angel est toute seule, sans groupe. Ce disque regroupera des versions plus personnelles de morceaux déjà présents sur All Mirrors. Elle s’explique : All Mirrors était le fruit d’une rupture, mais il s’agissait de bien plus que ça. J’ai dû remettre en question toutes mes relations, mêmes amicales. J’ai voulu enregistrer les moments où j’étais en train de passer par ce processus. Sur Whole New Mess, ce sont mes points de vue personnels”. Ce single éclaireur est une ballade mélancolique et lancinante, registre dans lequel elle excelle. Sa voix suspendue s’envole sur l’accord mineur de sa guitare traînante. À chaque fois, ça nous fait le même effet : on craque. Le clip est un nouveau bijou visuel d’Ashley Connor (collaboratrice de longue date, mais aussi derrière Lilacs de Waxahatchee ou Dark Spring de Beach House) : dans un jeu de clairs-obscurs, Angel apparaît et se dérobe à notre regard. C’est classe et plein d’émotion. L’étoffe d’une reine.

Billie Eilish – my future

Billie a le don de rendre notre été plus doux. Comme nous tous durant la grosse pause forcée des ces derniers mois, elle a pris le temps de faire le point sur son passé, mais surtout de réfléchir à son futur. Le résultat : la douceur bien nommée my future. “Quand j’ai écrit cette chanson, j’étais exactement dans cet état d’esprit : pleine d’espoir, excitée par rapport à la suite et avec une tonne d’auto-réflexion et de développement personnel. Mais récemment, my future a aussi pris un tout nouveau sens dans le contexte actuel. J’espère que vous pourrez tous y trouver votre propre signification”, explique-t-elle. my future reflète aussi un virage dans son style. La ballade bénéficie d’une production simple mais léchée, sans fioritures, évidemment signée par son frère FINNEAS. La deuxième partie est même sautillante, presque funky. Sa voix est posée, heureuse. On s’éloigne de la mélancolie et de son univers habituellement sombre. Le clip, animé par Andrew Onorato, rend tout ça à merveille. Une Billie de dessin se promène, pensive, dans une nature nocturne et pluvieuse. Puis le matin se lève, la pluie cesse, la nature devient luxuriante. Emportée vers un ciel radieux, elle laisse derrière elle un paysage étincelant, coloré et paisible. Comme elle, on se dit que notre futur sera beau.

Alex Kapranos & Clara Luciani – Summer Wine

Attention, grosse alerte au glamour. D’un côté, Clara Luciani, sa classe naturelle et sa voix grave irrésistible. De l’autre, Alex Kapranos, crooner dandy à l’indéniable charisme et accessoirement leader de Franz Ferdinand. Au milieu, une reprise d’un tube de 1966. Après celles en français de The Bay et de Blue Jeans, Clara Luciani s’attaque au Summer Wine de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood. Avec les interprètes originaux de ce morceau, on était déjà au sommet du glamour. Clara et Alex font aussi bien avec cette cover, en français pour elle donc et en anglais pour lui (avec en bonus le dernier couplet en duo en VF). Le clip délicieusement kitsch nous emmène dans un désert mexicain digne d’un décor de Breaking Bad. Arrivés en décapotable, Clara et Alex interprètent leur version de ce “vin d’été” sur la scène d’un karaoké local, avec pour seul public un chien errant. Malgré cela, ça transpire la sensualité et l’alchimie entre ces deux-là est palpable. C’est léger, bien foutu et ça émoustille notre été exceptionnellement plat. Et pour l’émoustiller un peu plus, si La Vague Parallèle était Closer, on vous dirait qu’Alex et Clara sont ensemble dans la vraie vie. Mais comme ce n’est pas du tout la ligne éditoriale de la maison, on vous conseille juste de vous tourner vers Google.

Geeeko – Pull Up On Me

Le 30 juillet Geeeko sort Pull up on me, où il arrive une fois de plus à nous emmener dans un univers sombre et dur malgré un son rythmé et enjaillant. Le jeune rappeur bruxellois continue son ascension, tant au niveau de la qualité du morceau, de la production, que de la vidéo. Geeeko avait déjà mis la barre très haute, notamment avec le double clip de Fucked up et Fendi, sortis en 2019. Deux sons qui font partie de sa première mixtape, Réel, sortie en avril 2020. Les clips ont été réalisés par son fidèle réalisateur Johann Dorlipo, qui réussit toujours à sublimer ce que le rappeur ressent. Ici aussi, la recette marche à merveille. La réalisation et la dynamique de la vidéo suivent la cadence et le mouvement du flow, un véritable plaisir pour les yeux et les oreilles ! Plusieurs atmosphères sont présentes dans le clip : des plans plus sombres contrastent avec des séquences claires et lumineuses, laissant le tout s’enchaîner de manière très dynamique. Ces changements d’atmosphères donnent un plus au flow déjà très spontané.

Phoebe Bridgers – I Know The End

Le troisième visuel de Phoebe Bridgers accompagnant son merveilleux Punisher est à l’image de l’artiste elle-même : glauque, inquiétant, sombre, mais extrêmement poétique. Long de près de 6 minutes, réalisé par Alissa Torvinen, le court-métrage nous emmène dans une succession captivante de séquences léchées, hautement visuelles et truffées des gimmicks constituant l’univers de la Britannique : combinaisons squelette, allusions mortuaires, couleurs ternes, thèmes apocalyptiques. Accompagner un morceau aussi costaud que cet hymne frissonnant, abordant la tanatophobie de la jeune artiste, n’était pas une mince affaire. Il fallait refléter les angoisses, la nuance entre les deux moitiés de l’œuvre, ainsi que la rage de cette outro torrentueuse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le défi est relevé haut la main. On n’est pas sûr·es d’avoir capté toutes les connotations enfouies dans les différentes scènes, mais qu’importe : l’absurdité de certains plans fait de ce visuel un incontournable. Tourné dans l’impressionnant stade Los Angeles’ Memorial Coliseum (complètement vide), on suit avec fascination la course poursuite de Phoebe avec la fin (“The end is near”) qui la mènera à un ultime live électrique entouré de son band pour finalement symboliser la fin de sa vie par un baiser iconique avec son double vieilli. Une ode à la vie, à la mort, entre ombre et lumière, qui vient cristalliser toutes les émotions d’un album brillant.

Alfie Templeman – Things I Thought Were Mine

Alfie Templeman est rapidement devenu le chouchou d’une bonne partie du monde, et La Vague Parallèle ne saurait échapper à la règle, puisque nous vous en parlions déjà lors de ses tous premiers morceaux. Alfie a aujourd’hui le vent en poupe, après avoir sorti son nouvel EP, Happiness in Liquid Form en juillet dernier. Issu de cet EP, le single Things I Thought Were Mine est une pépite chantante aux rythmes entêtants. Un nouveau clip vient l’illustrer : on y voit le jeune musicien jouer aux jeux vidéo depuis sa chambre, depuis sa webcam. Tout le clip s’articule autour du jeu vidéo, aux allures de Mario, où le réel Alfie actionne son propre avatar dans le jeu d’arcade. Un clip détonnant aux multiples clins d’œil à ses autres titres dans le graphisme du jeu vidéo, et où l’on voit l’artiste chanter les paroles depuis sa webcam, tout en jouant, pour finir par reprendre sa guitare à la webcam sur la fin du morceau. On ne vous gâche pas le suspens et on vous laisse découvrir si Alfie s’en sort dans son défi face au Rat King.

Disclosure – Douha (Mali Mali) (feat. Fatoumata Diawara)
Ils ne nous avaient donc pas menti : le prochain album des frères Lawrence sera un concentré d’énergie. Et ce n’est pas cette nouvelle pépite infusée de rayons UV qui dira le contraire. Après Ultimatum, une première collaboration nominée aux prestigieux Grammy Awards en 2018, le duo Disclosure fait une nouvelle fois équipe avec la sensation malienne Fatoumata Diawara. En résulte une ode galvanisante à la danse, parfumée des sonorités chaudes et relevées apportées par la chanteuse, qui en profite pour faire honneur à ses terres d’origines, qui donneront leur nom au morceau. Niveau clip, la réalisatrice Mahaneela s’est chargée de capturer toute la fibre émancipatrice et libératrice du morceau en un visuel emprunt de liberté. De l’Italie à l’Afrique du Sud, en passant par New York, sur les toits de la ville ou au beau milieu des campagnes maliennes, on retrouve ainsi une multitude de corps en transe, usant de chorégraphies envolées pour dissiper les temps étranges qui nous traversent actuellement. Un condensé d’allégresse et d’insouciance dansante qui tombe à pic, moins d’un mois avant l’arrivée d’un album qui a tout pour nous faire danser tout l’été.

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