Si on devait décrire Nova Twins, on les qualifierait probablement de meufs beaucoup trop cools, mais comme elles n’aiment pas les étiquettes, on vous laisse vous faire votre propre idée. Le duo Britannique revient en grandes pompes pour leur nouvel album Supernova, une épopée cyberpunk aux notes révoltantes.
Depuis leur premier album Who Are the Girls?, sorti en 2020, les filles de Nova Twins n’ont cessé de faire du bruit autour d’elles. Probablement parce qu’elles sont géniales, mais aussi car il n’existe pas d’autre groupe qui leur ressemble. Amy Love et Georgia South amènent à elles deux un des sons les plus exaltants de l’année sur la scène rock. Elles réinventent les codes de la musique alternative loud, qu’elles explorent de plein de manières, tout en conservant une identité British bien ancrée. Leur nouvel album Supernova est loin de nous déplaire.
La créativité qui émane de ce duo est brute, futuriste et acidulée. À l’image de leur temps, elles gardent le contrôle sur leur univers visuel avec lequel elles jouent dans leurs clips. En deux albums, elles ont réussi à créer un son unique qui leur est propre, et qui se différentie du metal classique.
Brut, excentrique, militant
Pour ce nouvel album, on a l’impression qu’elles ont troqué leur étiquette de “bad girls” pour celle de guerrières amazones. Ce n’est pas facile, quand on est deux femmes noires, de s’imposer dans le milieu du metal, et le duo est de plus en plus vocal sur le sujet. Il ne faut pas être sorcier•ère pour deviner la discrimination qu’elles ont pu subir quand le public a compris qu’elles n’allaient pas faire de R&B. Que ce soit au niveau de la programmation des festivals ou de la couverture médiatique, il est encore difficile de s’imposer et d’être prises au sérieux.
“We really noticed that when we first came on the scene there was this whole new wave of feminist punk. A lot of magazines were picking and choosing. Even though we were playing the same shows as a lot of our peers, we weren’t getting included or seen as riot grrrls.
Si aujourd’hui elles disent ne plus autant ressentir cet isolement, le souvenir persiste de l’époque où elles se demandaient “What’s wrong with us?“.
En parallèle avec leur histoire, la chanson Cleopatra se présente comme un hymne à l’expression sans honte de leur identité personnelle. Avec ce symbole de la puissance féminine, Amy et Georgia font le parallèle entre la prise de pouvoir d’une reine mythique et deux femmes qui tracent leur chemin dans ce monde rock and roll hostile. Elles brandissent leurs valeurs féministes sur un groove punk et une disto à faire tomber les soutiens-gorges.
Blacker than the leather that’s holding our boots together
If you rock a different shade, we come under the same umbrella
Pharaohs and empresses, our bones made out of treasure
I’ll be twirling on swords, watch me slit and slice and sever
Leur univers est fortement inspiré des histoires de super-héros, que ce soit dans l’esthétique à la Super Smash Bros de Choose Your Fighter ou à leurs instrus, dignes d’une scène de combat dans Matrix.
Supernova
Leur musique claque, frappe et révolte. Elles aiment les éléments industriels, métalliques et piquants. Le son qu’elles ont sorti pour Supernova est peut-être l’ébauche d’un nouveau mouvement qui s’éloigne du metal classique, notamment avec l’utilisation qu’elle font de la basse, hyper présente, qui engloutit presque la guitare. Si on écoute, on peut trouver des similarités avec Wargasm UK ou même Poppy, cette ressemblance peut être attribuée aux influences electro qu’elles incorporent dans leur musique.
Supernova est plus audacieux que Who Are the Girls?, on monte d’un cran niveau heavy et on assume un univers monté de toutes pièces de leurs influences comic book. Le rap prend ici beaucoup d’espace et s’incorpore presque comme un instrument qui rythme le reste. Le mix est par moment un peu chaotique, elles ont clairement fait le choix esthétique d’assembler le tout comme un brouillard sonore qui bourdonne pour accentuer le côté audacieux. Le tout évolue comme une sorte d’épopée catchy très communicative d’une émotion de révolte et de puissance.
L’album est assez unifié, mais certaines chansons sortent tout de même du lot pour leur originalité, mais aussi pour les thèmes traités dans les paroles. Pour Antagonist, elles marquent leur refus de se faire passer pour des victimes, et K.M.B. (kill my boyfriend), fait subtilement allusion aux violences conjugales, donne du pouvoir aux femmes qui se vengent et se moquent des hommes qui prétendent être forts. Leur force résulte dans l’humour subtil qu’elles utilisent dans leur clip pour faire passer de vrais messages qui sont, malheureusement, trop peu entendus dans le monde du metal.
Avec A Dark Place For Somewhere Beautiful, la guitare est mise sur une autre fréquence, un peu à la Bring Me The Horizon, et diffère un peu plus des autres chansons, sans pour autant faire l’impasse sur le côté électrique à la Frankenstein.
L’album se termine sur Sleep Paralysis. Si on sentait une petite influence Tim Burton dans certaines sonorités de l’album, le côté petite poupée creepy est totalement assumé sur ce titre qui explose ensuite au moment du drop. La chanson explore différentes dynamiques et fait echo à l’intro de l’album.
We created this world where it almost felt like Stranger Things, The Upside Down. Everything seems really peaceful and calm and then, suddenly, the chorus hits. That gnarly hellscape feeling truly felt like what we were living through. It shows that we’re not afraid to not be super loud, that we don’t put boundaries on ourselves.
Nova Twins, c’est le groupe dont on avait besoin pour secouer nos oreilles en quête de nouvelles expériences. Elles sont le visage de ce que le metal devrait être en 2022 : jeune, féminin et totalement barré. Le duo apporte une nouvelle fusion de styles et balaye l’image vieillissante du punk rock de papa d’un coup de talon.
Ma playlist est aussi bipolaire que moi. J’aime le metal, le sang et les boyaux, tant que ça reste vegan.
