Sur Power, illuminati hotties nous chante la puissance de la vraie vie
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Auteur·ice : Zoé Leclercq
10/09/2024

Sur Power, illuminati hotties nous chante la puissance de la vraie vie

Sur Power, son troisième album, illuminati hotties nous partage des chansons introspectives et profondes. Sur un son pop/rock plus doux, elle nous raconte les hauts et les bas de sa vie depuis son album précédent, avec authenticité.

Il s’en est passé des choses dans la vie personnelle de Sarah Tudzin depuis son deuxième album : Let Me Do One More. En quatre ans, elle a vécu un mariage et le décès de sa mère. Ces extrêmes de la vie, même si opposées polaires, trouvent toutes deux leur place sur cet album, et c’est ce qui en fait la puissance.

Derrière illuminati hotties, il y a Sarah Tudzin, musicienne « couteau suisse », ingé son et productrice américaine basée à Los Angeles. Tudzin a d’ailleurs produit des artistes tel·les que boygenius et Weyes Blood, rien que ça… Mais c’est avec illuminati hotties qu’elle combine son expertise de productrice et sa fibre créative, en tant qu’autrice-compositrice. Son genre est décrit comme pop/rock indie ou tender punk. Son troisième album, Power, est plus « tender » que « punk ». Il est sorti le 23 août, la saison où on range ses bottes boueuse de festival et on enfile des birkenstock pour partir cueillir des framboises. La saison parfaite, donc, pour se plonger dans cet album aussi introspectif que fun.

Power s’ouvre sur le premier single de l’album, qu’on a eu la chance d’entendre dès le mois de mai : Can’t Be Still, un titre juvénile et électrisant, qui nous ramène un peu en enfance en nous donnant envie de sauter partout. C’est une potentielle future hymne des personnes ayant un trouble du déficit de l’attention (TDAH). Le single est efficace, on a même droit à un solo de guitare pas très harmonieux et aussi hyperactif que son interprète.

Avec I Would Like, Still Love You, illuminati hotties nous plonge dans un titre d’amour lesbien dégoulinant, voire potentiellement un peu toxique. Sarah Tudzin explique toutes les filouteries que pourrait lui infliger son amoureuse et qui ne l’empêcheraient pas de l’aimer. Par exemple, brûler sa maison ou venir la tuer pendant la nuit. Cute !  Alors, toxique ou pas ? Tout ce qu’on dira, c’est qu’un soupçon de noix de muscade n’a jamais fait de mal à personne. Puis, la toxicité, ça inspire de chouettes paroles…

If you came to murder me one night in my sleep
I would like, still
Love you
And if you came to burn down my house while I was out
I would like, still
Love you

On continue les vibes des relations un peu toxiques avec Throw (Life Raft), qui illustre le complexe de la sauveuse de Tudzin qui est prête à tout laisser tomber pour aider celle qu’elle aime. C’est romantique, même si on ne cautionne pas à 100%, encore une fois.

Sur Rot, illuminati hotties nous susurre ses paroles. C’est comme si elle nous racontait un secret, comme si elle ne voulait pas croire que ce qu’elle dit est vrai. Elle nous parle du cancer de sa mère, de sa tumeur qui s’étend comme un champignon, de l’inévitabilité de sa mort. et elle la supplie de rester forte.

Sunk in a
A morning pure
Learning that
There’s no cure
I knew when
I first heard
You’re shattered
That I’m sure

Musicalement, cette chanson rappelle toutes vos chansons indie/rock préférées de Big Thief et Clairo

Sur Falling in Love With Somebody Better, on monte le volume de l’ampli pour crier à fond comme on le fait sur Girlfriend de Avril Lavigne, sauf qu’ici, c’est avec des lesbiennes. Sur cette chanson, Sarah Tudzin parle avec fierté à son ex de la nouvelle personne avec qui elle sort qui est “mieux”, ce qui peut être un peu niais, certes, mais on retiendra la morale “I want to see me better”. Preach, on t’en prie, frime avec ton glow up amoureux, Sarah.

The L, c’est une claque, un effet de distorsion et de reverb sur une voix un peu vénère : “I’m irritated/Clench my jaw and tell a lie”. Tudzin raconte comment elle ravale sa fierté lors d’une dispute. “Taking The L“, c’est s’avouer vaincue. Sur Stereogum, Sarah Tudzin a expliqué qu’elle était contente d’avoir appris quand savoir mettre sa fierté de côté pour pouvoir trouver une solution : “C’est difficile, quand on est indépendante, sûre de soi et têtue, de savoir comment se comporter dans une relation, mais je me rends dans cette chanson… L’amour l’emporte toujours…”.

Tudzin fait l’ode aux grasses-mat entre amoureuses sur Sleeping In et on n’est pas du tout jaloux·se de la relation illustrée dans cette chanson mielleuse. Non, on n’est pas du tout submergé·e par des images d’un dimanche passé à enchaîner des cafés, et à refaire le monde sur un bout d’oreiller illuminé par la lumière chaude et dorée du matin. Pas. Du. Tout. Des petits sons de clochettes accompagnés de chœurs euphoriques qui crient en crescendo ‘Yeah!” rajoutent une touche de douceur presque kitsch à ce titre qui pue l’amour.

Sur Didn’t  en featuring avec Cavetown, illuminati hotties se déchaîne sur un gros riff tout droit sorti d’un classique punk des années 90. Elle nous encourage à apprendre à dire “non”, à ne pas se forcer quand on ne veut pas, à nous faire passer en premièr·e. Fini le people pleasing pour les deux interprètes. Ensuite vient You Are Not Who You Were, une ballade à la guitare acoustique sur laquelle Tudzin chante qu’elle ne reconnait plus sa partenaire. On rêve d’entendre les riffs galvanisants de What’s the Fuzz? en featuring avec Sad13 en live, même si on n’a pas compris toutes les paroles, qui semblent avoir été générées de façon aléatoire. Ceci dit, ça colle à son TDAH : Tudzin partage un peu tout ce qui lui passe par la tête.

Get your ice cream! Get your Jesus!
Howdy, Alaska, the tundra’s freezing
Working the basics and building muscle
I’m not doing anything too special

Illuminati hotties garde le même niveau d’énergie sur la chanson suivante de Power, YSL. Avec une voix autotunée presque robotique et glitchy, Tudzin nous répète “Don’t play“. Elle sait ce qu’elle veut, et elle ne veut pas perdre de temps. Boost de confiance immédiat.

Sur le titre éponyme de l’album, Tudzin revient en douceur. Elle s’adresse à sa mère décédée, s’excuse d’avoir été bête ou cruelle, puis lui dit qu’elle aimerait être avec elle. C’est doux, plus nostalgique que triste, une sensation renforcée par le violon qui vient clore le titre en apothéose. Illuminati hotties termine l’album sur Everything Changes, en parlant de son deuil, de comment elle est coincée et observe les autres aller de l’avant.

Everything changes
Now you can’t get up
Now the good is gone
While you’re watching
Every person around you
Getting their life done
Like they’re moving on
‘Cause they’re moving on

Power se clôture donc comme il a commencé : de façon authentique. Sans prétention, sans artifice. En écoutant ce dernier opus d‘Illuminati hotties, on est transporté·e dans la douceur amère de l’automne avant l’heure. On pense à la lumière encore chaude des soirées froides de septembre, aux jeux de société entre ami·es, aux jours qui raccourcissent. On imagine les feuilles qui jaunissent sur les arbres et on rêve d’un pumpkin spice latte trop cher. La vie simple, la vraie vie avec tout le bien et le mal qu’elle comprend. C’est ce que Sarah Tudzin réussit à nous faire entendre sur Power : l’équilibre entre le triste et le fun, le dur et le doux, la mort et l’amour.

 

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