Un chaos organisé en plein cœur de Lyon
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Auteur·ice : Arotiana Razafimanantsoa
20/03/2024

Un chaos organisé en plein cœur de Lyon

| Photos : Arotiana Razafimanantsoa pour La Vague Parallèle

Un vendredi soir de février, après une journée de sorties musicales toujours aussi flamboyantes, Fleur sous bitume fêtait avec son public la sortie de son projet Organiser le chaos. Teinté de vulnérabilité, ce projet aborde de façon poétique la recherche de la beauté dans un monde chaotique. Fleur sous bitume et le musicien Armand Cheneval nous ont montré sur scène qu’Organiser le chaos est aussi le fruit d’une connexion entre deux artistes que l’univers n’a sans doute pas réunis par hasard.

Si Paris et Bruxelles sont des villes qui bouillonnent de fulgurance artistique, on aime aussi ouvrir les portes des petites salles d’autres villes car les pépites, il peut y en avoir partout. C’est ce qu’on a fait ce soir-là en nous rendant à la release party de Fleur sous bitume en co-plateau avec El Bobby, artistes émergents de la scène lyonnaise.

Au plein cœur du premier arrondissement de Lyon, un public rempli de bienveillance – c’est important de le préciser car ça a réellement été le cas – se tenait face à la scène d’A Thou Bout d’Chant. El Bobby fut le premier artiste à performer en contant des textes forts et touchants sur des productions électroniques. Il s’est même retrouvé à comparer son set à un one man show tant son ouverture au public était réel et intime. Programmé au festival Woodstower l’été dernier, c’est définitivement un artiste qui sait engager les spectateur·ices. Avec son rap qui sort des sentiers battus, il jongle entre émotions, transparence et faire sauter le public à coup de “seul dans la nuit et seul dans le noir, noir, noir, noir, noir. Pour m’amuser j’ai besoin de toi, toi, toi, toi, toi.”

Après quelques échanges au frais ou autour du bar, le spectacle reprend avec Fleur sous bitume qui entre sur scène, guitare à la main.

Comme si le noir dans le ciel disparaissait pendant une seconde quand je rédige ces lignes…

© Arotiana Razafimanantsoa

Si son entrée se fait en douceur, Fleur sous bitume accapare rapidement l’attention du public en le surprenant avec un enchaînement de mélodies et de textes rappés. Un public qui, comme on l’a dit plus tôt, a fait preuve de bienveillance du début jusqu’à la fin. Un public qui soutient, qui acclame, qui accompagne. Ce public n’a pas hésité à accueillir agréablement les exclus, à chanter les passages des chansons qu’il connaissait – notamment Dans le noir au tout début du set, Merde ou Fantôme avec Simon Tabardel – et à accueillir les artistes lorsqu’ils le rejoignaient.

En parlant d’exclus, nous avons été servi·es et ce pour notre plus grand plaisir. Comme dans ses autres projets, Fleur sous bitume aborde souvent le thème de l’apocalypse. “Quoi que t’y fasses, tu ne te prépares jamais entièrement”. Est-ce une façon de se préparer à un futur incertain pour mieux l’accueillir ? Ou peut-être de détourner l’attention de notre cerveau des problèmes actuels et le diriger vers d’autres préoccupations potentielles ? Ou encore une façon d’embellir le monde actuel en comparaison de ce qu’il pourrait être à sa fin ? De toute manière, peu importe la réponse, Fleur sous bitume aime aussi écrire et chanter ce qui peut suivre cette fameuse apocalypse. “J’ai quand même le sourire aux lèvres, ce qu’il y a après peut être mieux”. C’est avec ces mots qu’il introduit Gratte ciel qui parle d’un amour post-apocalyptique.

© Arotiana Razafimanantsoa

© Arotiana Razafimanantsoa

Ce jour-là, c’était également le jour de la sortie de son dernier projet Organiser le chaos. S’il ne parle plus d’un monde post-apocalyptique, cette fois-ci il se concentre sur un monde beaucoup plus actuel mais toujours avec une brume grise devant les yeux car ce qu’il voit est loin d’être agréable. Mais tout comme il arrive à parler d’amour au beau milieu d’une hypothétique fin du monde, il arrive à transmettre un message légèrement ponctué d’optimisme au beau milieu de la solitude et de sombres réflexions.

Et ce monde si pourri que je décris dans mes chansons, c’est à nous de le reconstruire et d’en faire quelque chose de beau. C’est à nous d’organiser le chaos.

© Arotiana Razafimanantsoa

S’il y a une chose qui a frappé nos yeux, c’est la connexion palpable entre Fleur sous bitume et Armand Cheneval. On a d’ailleurs eu droit à l’histoire de leur rencontre : un post sur un groupe Facebook de musicien·nes, un message sur Messenger, une rencontre à l’AlternatiBar, puis une première chanson, Brille. Leur collaboration sur l’intégralité d’Organiser le chaos a permis à Fleur sous bitume d’affiner son identité musicale et textuelle. Comment mieux terminer ces quelques paragraphes qu’en vous invitant à écouter Organiser le chaos ?

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