“Une envie de s’émanciper” : Requin Chagrin nous a parlé de son troisième album Bye Bye Baby
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Auteur·ice : Léa Formentel
04/05/2021

“Une envie de s’émanciper” : Requin Chagrin nous a parlé de son troisième album Bye Bye Baby

Deux ans après son sublime Sémaphore, la chanteuse originaire du Var sortait son troisième album, le 9 avril dernier, Bye Bye Baby, reflet de réflexions personnelles, tout en prenant le soin de raconter le monde autour d’elle. On a retrouvé Marion Brunetto qui nous a expliqué comment, à travers ces dix titres, elle raconte son envie de s’émanciper, de se “libérer des choses un peu négatives”. Un thème qui lui est cher.

La Vague Parallèle : Hello Marion, comment ça va ? Comment se sont passé les confinements, niveau moral, niveau musique ?

Requin Chagrin : Ça va bien ! Alors le premier, un peu comme tout le monde, j’étais un peu choquée de ce qui allait nous arriver. C’est quand même un truc un peu inédit et il y avait une ambiance un peu « fin du monde » qui était un peu angoissante. Après je pense que niveau moral et musique ça allait plutôt bien pour moi, ça ne m’a pas trop « atteint ». Et niveau musique, je n’ai pas arrêté d’en faire, j’en faisais toute la journée et je m’amusais plutôt pas mal !

LVP : Ça fait trois semaines que ton troisième album, Bye Bye Baby, est sorti. Comment tu te sens après cette sortie ? Est-ce qu’il y a un rituel quand tu sors un album ?

RC : Je suis hyper contente qu’il soit enfin sorti. Je suis assez contente aussi d’avoir eu des retours. De pouvoir en parler aussi ! Non franchement ça se passe plutôt bien. On aurait aimé faire une release party, ce genre de trucs. Se retrouver un peu, après tout ce temps et fêter un peu plus la sortie, mais je pense qu’il faudra être patient et ça va arriver ! Sinon un rituel, non je ne crois pas. En général on fête ça entre proches. C’est ce genre de jours où on se lève un peu tôt, un peu comme Noël, on a hâte de voir ce qu’il se passe.

LVP : Est-ce que Bye Bye Baby a été composé pendant le premier confinement ?

RC : J’ai commencé un peu avant et j’ai continué de mars jusqu’en août. Non stop. Et non, franchement, ça allait ! Ça ne me changeait pas tellement de ma façon de travailler étant donné que j’étais tout le temps à la maison avec mes instruments. Parfois je perdais un peu la notion du temps. Mais niveau musique c’était plutôt cool en tout cas !

LVP : Pour ce troisième album, pourquoi t’es-tu entourée cette fois d’Ash Workman et de Chab au mastering ?

RC : Avec Chab on avait déjà travaillé ensemble sur le précédent et je suis hyper contente de retravailler avec lui sur ce nouvel album, et pour Ash on hésitait quand même, parce que le mix c’est assez important. On voulait se renouveler aussi, avec le label on se demandait un peu qui pourrait mixer, et Ash on ne m’en a dit que du bien. Sa discographie est super cool, il y a des choses assez variées. Il a fait Metronomy, il a fait un groupe que j’aimais beaucoup aussi, qui s’appelle Veronica Falls. J’aurais aimé pouvoir le rencontrer et aller à Margate dans son studio, c’est ce qui était prévu mais malheureusement on n’a pas pu y aller. C’était aussi pour s’évader un peu, être avec lui dans son studio, c’est toujours cool, quand on passe six mois toute seule à s’enregistrer, de rencontrer d’autres gens et de travailler avec eux. Donc ça s’est fait un peu comme ça, j’aimais bien ce qu’il faisait et on ne m’en a dit que du bien. J’étais contente même à distance.

 

LVP : Tout s’est donc fait à distance ? 

RC : Oui voilà, on s’envoyait des mails et je lui faisais des retours. Ça a été assez efficace malgré tout.

LVP : Pour le titre de l’album, pourquoi avoir choisi Bye Bye Baby ?

RC : En réalité, j’ai un peu hésité pour le titre de l’album. Ce n’est jamais quelque chose de facile à trouver. Et sur celui-ci, la chanson qui porte le même nom était importante pour moi. Ça parle d’une envie d’aller ailleurs, de s’émanciper, de grandir, de voir d’autres choses et de se délester de choses un peu négatives qui pourraient nous retenir un peu. De se “libérer”, tout simplement. Et je trouvais que le titre était cool pour ça, c’est un thème que j’apprécie et qui est important pour moi. Et puis, quand j’ai vu l’illustration qui allait devenir la pochette, j’ai réalisé que ça avait vraiment un sens avec la voiture, le voyage, etc.

LVP : Comment sélectionnes-tu les titres qui terminent sur l’album, en règle générale ?

RC : Je dois avouer que j’en ai créé bien plus que les dix qui se retrouvent sur le disque. Il y a des choses que j’ai commencées et que je n’ai pas finies. En fait, quand il y a la musique qui me plaît (parce que je commence toujours par la musique), il faut qu’elle me plaise, et que je puisse la réécouter avec plaisir. Ensuite, quand je dois faire des mélodies de voix et des textes, j’ai envie que ce soit naturel. Et pas que je galère ou et que ce soit trop long. En gros, je me dis : « bon bah ce n’est pas celle-là, tant pis ça restera de côté ». Donc là, dans l’ensemble, j’avais quinze chansons qui tenaient la route et qui me plaisaient. Il a fallu faire un choix malheureusement, c’est toujours un peu comme ça. Mais ce qui m’a surtout aidée, c’est qu’à la fin du mois d’août, vraiment jusqu’à la fin de ma période de composition, avant d’aller en studio pour faire les batteries et les voix, j’avais composé le premier titre et le dernier. Presque dans les mêmes quinze jours qui se suivaient et je me suis dit : “ah bah ça, c’est un super titre pour commencer un album et ça c’est un super titre pour le terminer”. Du coup ça m’a aidée à faire un choix en fait, pour raconter quelque chose de cohérent entre ce départ et cette fin.

LVP : Au niveau de tes références musicales, j’ai pu lire entre autres Molly Nilsson ou les Cocteau Twins. Quelles sont tes autres références pour la conception de l’album ?

RC : C’est vrai que j’aime beaucoup ces deux groupes, après j’ai écouté et beaucoup apprécié le dernier MGMT, ils ont sorti un titre qui s’appelle In The Afternoon que je trouve super, juste avant que je me mette à composer. Je trouve que le son est super beau, l’alliance entre le côté un peu de synthé/de clavier, avec les guitares un peu plus discrètes peut-être sur MGMT, mais je trouvais qu’il y avait vraiment une bonne ambiance. J’aime bien aussi des groupes canadiens, québécois. J’aime beaucoup Corridor, pour le coup ils ont beaucoup de guitares, eux ! J’aime bien leurs chansons, leur son de guitare… J’ai écouté ça aussi, pendant le confinement.

LVP : Et ça ne te manque pas de jouer de la batterie dans un groupe de rock ?

RC : Ah oui, c’est vrai que c’est le truc qui me manque ! Et j’avais hâte d’aller en studio, premièrement pour jouer les batteries que j’avais programmées avec mon logiciel. J’avais hâte de les jouer et on a fait une petite répétition, parce que je suis partie en studio avec mon claviériste Gaël, pour réviser un peu parce qu’on avait une semaine de studio donc il fallait vraiment être efficace. On n’avait malheureusement pas trop le temps de chercher sur place donc on a cherché nos parties avant et on s’est exercé. C’était déjà super cool, j’étais contente ! Et jouer dans un groupe, c’est vrai. J’espère que j’en aurai à nouveau l’occasion.

 

LVP : On a pu te voir en livestream au Petit Bain, qui a été retransmis sur Arte Concert. Comment s’est passé le retour sur scène ?

RC : Je trouve qu’on était plutôt heureux de se retrouver, de répéter, de faire du son ! Ça nous a fait tous un peu drôle quand on s’est retrouvé pour la première répétition. Après, au Petit Bain pour Arte Concert, il y avait l’espèce de trac qu’on n’avait pas ressenti depuis un moment avant de monter sur scène. Après sur place c’était super, l’équipe était vraiment cool. On n’a pas pu jouer dans des conditions vraiment live parce qu’on n’était pas sur la scène, on était devant la scène, ce qui fait qu’on ne pouvait pas mettre la diffusion à fond, pour des histoires de prise de son ce n’était pas pratique. Mais bon c’était quand même super, il y avait quand même du son malgré tout ! On était heureux. Après voilà, il manquait le public, donc entre les morceaux c’était toujours un peu étrange quoi, un silence, bon…

LVP : Est-ce que tu as fait d’autres livestreams à part celui-ci ?

RC : Je crois que c’est le premier !

LVP : Tu penses que vous allez en refaire ?

RC : Pourquoi pas ! C’est un truc chouette. Ça permet de regarder un concert en ligne même s’il y a des vrais concerts qui pourraient être là, c’est toujours un contenu cool, à partager. Peut-être qu’il y en aura d’autres, oui.

LVP : Qu’est-ce qui te manque le plus dans le fait de faire des concerts ? À part le public, j’imagine…

RC : Oui le public c’est vraiment le gros manque… Et puis aussi d’en voir ! J’aime bien voir des concerts aussi. Après c’est des trucs bêtes mais après une répétition, aller se poser quelque part, de passer du temps avec le groupe aussi, c’est toujours un peu compliqué quand les terrasses sont fermées ! Ce genre de choses, c’est un peu dommage.

LVP :  Est-ce que tu as d’autres dates de prévues à part La Maroquinerie, le 28 octobre ?

RC : Oui La Maroquinerie c’est la date qu’on a annoncée là. Oui, il y a d’autres dates qui vont arriver, autour du 28 octobre, avant aussi j’espère que ce sera maintenu pendant l’été. J’espère qu’on pourra annoncer ça vite, et que ce sera maintenu jusqu’au bout !


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