Yelle : ” Ma stratégie, pas de stratégie”
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Auteur·ice : Charles Gallet
06/02/2018

Yelle : ” Ma stratégie, pas de stratégie”

Il y a des artistes qu’on appelle précurseurs. Des artistes qui, qu’on le veuille ou non, ont tapé juste et vu le futur bien avant tout le monde. Même si cela entraine des galères et de l’incompréhension concernant leur musique. Cela fait maintenant plus de 10 ans que Yelle fait rimer pop et français, qu’elle fait danser les mots de la langue de Molière. Et si ça n’a pas toujours été le cas, son talent est désormais reconnu dans son propre pays. L’explosion de tout un tas de groupes qu’on adore n’aurait probablement pas pu avoir lieu si Yelle n’avait pas été là, et c’est donc avec un grand plaisir qu’on a pu lui poser quelques questions suite à ses trois dates sold out au Badaboum.

La Vague Parallèle : Tu sors de 3 dates sold out à Paris. Comment as tu vécu ce moment ?
Yelle : De manière très émue, on n’avait pas joué depuis l’automne 2015 au Casino de Paris pour nos 10 ans, c’est toujours très particulier à Paris, très fort !

LVP : Complètement Fou est sorti en 2014 depuis il y a eu une vraie explosion de groupes qui chantent en français. Tu as l’impression d’avoir tracé le chemin pour ces groupes ?
Y : Oui, c’est sûrement prétentieux de dire ça mais je pense que je fais partie de ceux/celles qui ont initié ce retour du Français, c’est kiffant ! On reçoit beaucoup de messages en ce sens.

LVP : Tu sors des chansons de manière espacée depuis un ou deux ans. C’est important pour toi de garder une certaine liberté et une certaine spontanéité dans ta façon d’envisager la musique ?
Y : Complètement. Dernièrement, un patron de label me disait « il faut une stratégie », je lui ai répondu « ma stratégie : pas de stratégie ».

LVP : Comment tu vois ton évolution depuis la sortie de Pop Up ? Est-ce que ta façon de travailler a évolué ?
Y : Oui, on renouvelle toujours notre façon de travailler, à chaque album, on ouvre le cercle ! Les collaborations c’est la clé pour se développer, et c’est super plaisant.

LVP : Tes paroles peuvent parfois sembler naïves, pourtant il y a souvent un message derrière. C’est important pour toi de disséminer des idées derrière tes paroles ?
Y : J’aime la double lecture. Pouvoir choisir de rester en surface ou d’aller un peu au fond et c’est tellement chouette quand les gens font l’effort de cette apnée !

LVP : Tu as beaucoup de succès à l’étranger, où les gens ne comprennent pas forcément tes paroles. Tu penses que c’est dû au fait que tu fasses “chanter” le français ? Que tu le rendes mélodieux ?
Y : Ça, ça reste l’élément surprenant. On constate le kif, y a un vrai truc d’instinct. On ne peut pas tout expliquer…

LVP : Comment réagissent les gens quand ils comprennent tes textes ?
Y : En vrai c’est étrange parce que souvent les gens sont marqués par l’aspect cru/cul de certaines paroles, mais c’est ultra minoritaire. Parfois les gens sont choqués mais genre rien de grave !

LVP : Question un peu personnelle : est-ce que tu réalises que Safari Disco Club est un des plus beaux albums de pop française de ces 15 dernières années ?
: C’est gentil de dire ça. Oui j’ai beaucoup de retours en ce sens, c’est dur à réaliser mais oui je sens bien un truc particulier sur cet album.

LVP : Quels sont vos plans pour 2018 ?
Y : On va sortir un EP fin août avec un titre avant l’été, et des concerts à droite à gauche !

LVP : C’est quoi vos coups de coeurs récents ?
Y Je viens de lire L’amour et Les Forêts d’Eric Reinhardt, je sais qu’il est sorti il y a un moment mais j’ai vraiment trouvé ce roman incroyable. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dévoré un livre comme ça et qu’une histoire n’avait plus provoqué autant de réactions différentes chez moi, : de la colère, du soulagement, etc. Un magnifique roman d’amour et de folie.
Sinon, allez découvrir Voyou sur scène ou via son EP On s’emmène avec toi. Il a ouvert pour nos derniers concerts parisiens et c’est un jeune homme ultra talentueux !

LVP : La question con : est-ce que ça vous hante encore d’être associé au mouvement Tecktonik ?

Y : Ça ne m’a jamais hanté… Ce mouvement était génial et les gens qui l’ont créé, ultra passionnés et sincères. Une énergie trop belle de jeunes qui veulent juste kiffer et danser, sans clivage social, sans complexe, c’était ouf. Ils se sont fait tirer dessus à boulets rouges par les branchés parce que l’esthétique était typée dans un sens qui leur déplaisait, c’est tout.

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