“Continuer à jamais” : au-delà des limites avec l’Orchestra Baobab
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Auteur·ice : Victor Houillon
11/03/2024

“Continuer à jamais” : au-delà des limites avec l’Orchestra Baobab

Photos : Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

Lorsqu’on y pense, un groupe de musique fait souvent office de capsule temporelle, de reflet d’une époque. Le Manchester des années 90 a Oasis, le New York des années 00 a les Strokes, et ainsi de suite. Mais qu’en est-il de la notion de transmission, de mémoire et de connexion ? Sous la canopée de Pete the Monkey, nous avons rencontré l’été dernier l’Orchestra Baobab, pilier de la scène afro-cubaine en constante évolution depuis les années 60, pour y répondre.

La Vague Parallèle : Bonjour ! On vous attendait l’année dernière, vous voici avec nous cette année. Cela a-t-il une saveur particulière à vos yeux ?

Orchestra Baobab : L’année dernière, nous n’avions pas pu venir car nous avions demandé un visa pour l’Angleterre, qui garde les passeports pour un minimum de cinq semaines. Cela nous a fait un peu mal. Rater un concert, pour un musicien, c’est le désastre. On aurait aimé être là avec vous, et ça c’est réalisé cette année. On est là, on va faire la fête, et on est venus avec le soleil !

LVP : Merci pour ça, car nous sommes encore trempé·es de la pluie de ce matin. Votre collectif combine influences sénégalaises et cubaines, quel pont voyez-vous entre ces deux musiques ?

OB : La musique est universelle. Les anciens qui ont créé le groupe ont joué de sorte d’avoir toutes sortes de styles en même temps, en combinant les inspirations personnelles et la musique traditionnelle de chez nous, pour essayer de créer quelque chose qui appartient à l’Orchestra Baobab. Jusqu’à présent, nous essayons de garder cette philosophie. 

LVP : Vous parlez des anciens qui ont créé le groupe. La notion de transmission semble centrale à l’Orchestra Baobab, comment se déroule-t-elle entre les anciens et les nouveaux ?

OB : Certains prennent le train en marche. D’autres sont les neveux, les fils de l’Orchestra Baobab. Ils baignent dans le groupe depuis leur enfance, nous avons un fonctionnement familial. À l’origine, l’Orchestra Baobab est un lieu qui a été fondé par le président sénégalais pour accueillir et satisfaire ses invités. Moi, après voir collaboré sur de nombreux morceaux dès la fin des années 1960 comme On verra ça, j’ai rejoint l’orchestre au moment où il s’est disloqué après avoir travaillé avec Youssou N’Dour. Puis, en 2000, nous avons décidé de recommencer le travail des anciens. 

Quand on dit que la musique est universelle, cela compte pour les horizons, mais également pour les générations !

LVP : Vous avez travaillé avec un grand nombre de producteurs, tout en gardant cette idée que tout doit être live et brut comme sur Pirate’s Choice. Comment faites-vous pour incorporer les influences de la nouvelle génération sur les prochains ?

OB : Il se trouve que nous avions commencé une maquette avec certains qui ne sont malheureusement plus là. On compte sur cette nouvelle génération pour adapter cette musique-là à leurs inspirations. Quand on dit que la musique est universelle, cela compte pour les horizons, mais également pour les générations ! On essaye de toucher à tout, nous n’avons pas de frontières. 

LVP : En parlant de dépasser cette notion de frontières, auriez-vous des recommandations de cette nouvelle scène sénégalaise qu’il nous faut découvrir ?

OB : Daara J Family sont très, très, très appréciés. C’est le groupe de Faada Freddy. Écoutez également Bideew Bou Bess et Didier Awadi qui font de belles choses. 

 

Nous pouvons continuer à jamais.

LVP : Une chose me marque avec l’Orchestra Baobab, c’est qu’il n’y a pas d’équivalent en France de groupe qui se transmette de génération en génération. 

OB : Nous pouvons continuer à jamais. Même au Sénégal, nous sommes les seuls. Il n’y a qu’avec l’Orchestra Baobab que les anciens laissent autant leur chance aux jeunes. Il y a trois ans, nous avons rencontré Manu Dibango, qui devait faire une tournée en première partie de nous. Il m’a dit « il faut que je fasse comme vous, que je transmette, car je n’ai plus beaucoup de réservoir ». Je m’en rappelle encore à présent. Malheureusement, lui n’a pas eu le temps. C’est comme ça, c’est la vie. C’est pour ça que nous souhaitons transmettre avant de nous arrêter.

LVP : Pour finir, une impression sur Pete the Monkey ?

OB:  Nous venons d’arriver, et nous n’avons pas encore eu l’occasion de découvrir les artistes. Mais ce décor est magnifique ! Et c’est une bonne chose que les artistes de différents horizons se rencontrent. 


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