Kali Uchis resplendit et s’épanouit sur Orquídeas
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Auteur·ice : Chaima Kartobi
17/02/2024

Kali Uchis resplendit et s’épanouit sur Orquídeas

Le 12 janvier 2024 dernier, Kali Uchis nous a présenté Orquídeas, second album latin de sa carrière qui a su réchauffer un début d’année particulièrement frais de ce côté de l’hémisphère. Quatorze titres aux sonorités plurielles aussi complexes que légères, mais toujours autant addictives. 

Moins d’un an après la sortie de Red Moon In Venus, troisième opus de la chanteuse n’ayant pas été reçu à bras ouverts par la critique, Uchis ne se laisse pas abattre et revient avec ce qui semble être l’œuvre la plus aboutie d’une courte mais non moins riche carrière.

Après avoir exploré de multiples horizons, Kali semble enfin avoir enfin trouvé celui qui lui correspond. Orquídeas apparaît alors comme une véritable revendication de l’identité de la chanteuse, comme une preuve que cette dernière sait y faire et qu’elle n’est plus la jeune chose fragile qui chantait le soleil après la tempête comme sur le titre After The Storm en 2018. 

Elle semble se redécouvrir, mais surtout s’épanouir sur ces albums qu’elle-même qualifie de latins. Ici, elle remanie une recette dont elle seule a le secret et pousse encore plus loin ce concept déjà testé et approuvé lors de la sortie de son deuxième-né Sin Miedo (Del amor y otros demonios) en 2020. En naviguant avec une aisance déconcertante entre les codes des deux hémisphères du continent qui l’a vu naître, c’est un projet sublimement unique que représente OrquídeasL’écriture, la production, la proposition artistique autant musicale que visuelle : rien n’est laissé pour compte. En alliant et repoussant les pré-requis d’univers musicaux tels que la néo soul, la synth pop, le reggaeton ou encore le boléro, Orquídeas apparaît comme un véritable constat de ce qui fait de Karly-Marina Loaiza la Kali Uchis que nous connaissons tous et que nous aimons tant.

Que serait Kali Uchis sans cette versatilité indéniable qui l’a définit tant ? Kali c’est avant tout une femme plurielle à la féminité et au sex appeal ultra assumés avec lesquels elle aime jouer et questionner. Sensuelle et charnelle, maternelle et mystique, Kali Uchis se veut comme une femme accomplie en accord avec les ambivalences qui la composent et avec lesquelles elle ne cesse de s’amuser et de créer. Un coup ultra provocante sur le titre style perreo Labios Mordidos en featuring avec l’icône colombienne Karol G, fatalement séduisante dans Te Mata ou encore totalement mystique et presque mythique dans Diosa, elle ne laisse rien pour compte et s’arme d’une créativité sans limite afin de révéler tous les pans de sa personnalité. 

S’ouvrant sur ¿Como Asi?, titre rappelant une pop rétro-futuriste déjà présente sur Sin Miedo, c’est avec un titre brumeux aux rythmiques saccadées que Kali dévoile l’atmosphère de son quatrième projet. Dramatiquement forte, elle revient sur une relation tumultueuse dans le poignant Te Mata. Sur un magnifique boléro aux airs de film colombien des années 60, c’est une relation sous fond de violences conjugales qu’elle dépeint. Elle s’entoure aussi de la photographe de mode Bethany Vargas pour la réalisation du clip de ce single, une collaboration donnant lieu à un clip reflétant à lui seul l’empreinte Kali Uchis.

Mais la grande nouveauté d’Orquídeas, c’est l’arrivée d’une Kali plus qu’amoureuse. Sous fond de mélodies totalement planantes et plus que prenantes, elle exprime son amour inconditionnel envers son partenaire de longue date et futur père de son enfant, le rappeur Don Toliver. On ressent alors l’intensité de ses sentiments au travers du magnifique Tu corazón es mío. Avec un clip aux allures d’album de famille, composé d’un diaporama de souvenirs d’enfance des deux artistes mais aussi d’extraits intimes de la grossesse de la chanteuse, Kali nous dévoile pour la première fois une partie de son intimité, jusqu’ici plus que gardée. Elle n’en oublie pas pour autant de rappeler qu’elle est avant tout une séductrice et dédie une grande partie de ses titres, comme le mielleux Heladito ou encore le presque divin Diosa, à la mise en avant de sa volupté ainsi que de ses désirs les plus profonds.

Orquídeas, c’est aussi une ode à son pays d’origine, la Colombie et plus largement au monde latino américain. Fleur nationale du pays mais aussi symbole de fertilité et de féminité, ce titre pour le moins sobre n’en reste pas vide de sens. 

Même si elle naît et grandit en Virginie, la Colombie reste omniprésente dans la vie de la chanteuse. Au fur et à mesure des étés passés là-bas, elle s’imprègne de cette culture si diverse et colorée et en fera une partie prépondérante de son identité artistique. Cet album se compose alors comme un voyage au travers des différentes régions mais aussi traditions sonores du pays. Si l’Amérique latine est bien connue pour le reggaeton, genre qui a su traverser les frontières pour se retrouver au cœur de toutes soirées, elle fait preuve d’une grande confusion géographique quant il en vient à certains genres tels que la cumbia, le perreo ou encore le merengue. Chaque titre comprend une touche, parfois subtile, le reliant à la terre d’origine de la chanteuse. 

Et c’est ce qu’on pourrait qualifier de réussite, puisqu’elle nous transporte autant au cœur des soirées ardentes et sulfureuses aux airs perreo et reggaeton de Medellín avec le frénétique Muñekita, que dans l’effervescence des soirées salsa/merengue plus traditionnelles de Cali avec l’entrainant Dame Besos // Muevete.

Si dans ses précédents albums, elle s’entourait autant d’artistes du nord que du sud du continent, pour Orquídeas l’honneur est aux latino·as, en invitant quelques unes des icônes les plus streamées du monde latino-américain. À commencer par le chanteur mexicain Peso Pluma sur le hit Igual que un Ángel qui a dépassé les cent millions de streams sur Spotify, c’est sur une synth pop tout en apesanteur que les deux artistes se sont hissés tout en haut du Latin Billboard.

Sont encore au rendez-vous la superstar colombienne Karol G (avec qui la chanteuse avait déjà collaboré) sur l’hymne reggaeton Labios Mordidos dans lequel les deux chanteuses mettent à l’honneur les latinas en déclarant fièrement:

“Amo a mis Brasileñas, y mis Colombianas, Dominicanas Boricuas, amo mis Mexicanas”.

Et l’on y entend même la figure de proue du reggaeton portoricain Rauw Alejandro et l’emblème du rap colombien El Alfa.

Comme à la maison pour ce quatrième album, Kali nous présente l’aboutissement d’une recherche d’identité. En trouvant le son qu’elle aime et surtout avec qui elle aime le faire, s’entourant de producteurs aux influences multiples tels que Carter Lang (SZA, Mac Miller, Alicia Keys) ou encore P2j (Doja Cat, Burna Boy, Aminé). Orquídeas est un véritable parti-pris, décomplexé, bruyant et diversifié. Kali nous prouve encore une fois qu’elle n’a pas froid aux yeux et expose sa latinidad dans toute sa beauté. 

C’est un véritable voyage au travers des différentes facettes de la chanteuse, musicalement guidée par les diversités sonores colombiennes qu’elle chérit tant. Délicieusement frais et enivrant, Orquídeas est dans l’air du temps, tout simplement beau, positif et pour tout ça, gracias a Colombia !

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