Les détails qui ont fait de Pete the Monkey l’un de nos festivals préférés de la saison
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Auteur·ice : Joséphine Petit
06/08/2023

Les détails qui ont fait de Pete the Monkey l’un de nos festivals préférés de la saison

| Photos : Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle · Article co-écrit avec Victor Houillon et Rafael Dufour

On attendait ces quelques jours avec impatience depuis des mois. Cela fait quelques années déjà que Pete the Monkey est devenu notre rituel de pèlerinage normand préféré. Mi-juillet, la rédaction est montée dans une navette direction Saint-Aubin-sur-Mer, ses champs peuplés de vaches, ses falaises couleur craie et ses petites cabanes colorées sur la plage, mais aussi et surtout, un week-end de festivités hautes en couleurs et aux valeurs inégalées. Parce que Pete the Monkey est un festival hors du commun qui nous tient particulièrement à cœur, on revient ici sur ce qui a fait la magie de l’édition 2023. 

La scéno incroyable mais vraie

Venir à Pete the Monkey, c’est tout d’abord passer la porte d’un autre monde. D’une scène au décor sous-marin plus vrai que nature à un autel de mariage fait d’abat-jours scintillant la nuit, en passant par un labyrinthe de draps recelant surprises et trésors, notamment un babyfoot suspendu taille XS qui nous aura valu des parties endiablées, ce lieu est fait de merveilles qui rendent l’expérience ludique, et surtout unique. On décernera une mention spéciale coup de cœur à la scène Jibou avec son ciel aux voiles de bâteaux et son fond de carte postale. Que l’on doive les créations au festival ou bien aux festivalier·es (big up au totem-méduse qui nous aura hypnotisé·es pendant trois jours), on vit à Pete the Monkey un rêve éveillé inédit. 

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


Le sauna naturiste

On le répète à chaque fois, Pete the Monkey, c’est bien plus que de la musique ! Une certaine forme de bienveillance et de convivialité qui se retrouve jusqu’à l’espace sauna présent sur le site, avec évidemment deux saunas, mais aussi des bains et douches glacés pour se remettre d’aplomb. Naturiste si l’on veut, en maillot de bain si l’on préfère, ce fut un espace de rencontre et de partage qui permettait à chacun·e de faire une pause fraîcheur en pleine journée ou chaleur la nuit venue, au coin d’un feu. 


Les concerts sous la pluie

Après s’être baigné·es sous la grêle, place aux Clopes, qui se sont joués des averses pour électriser encore plus le public de Saint-Aubin-sur-Mer, avec pour résultat un pogo composé à moitié de fans et à moitié de curieux·ses en pleine découverte. Une joie partagée qui vire à la catharsis lorsque l’on s’empoigne pour scander en chœur que laver la vaisselle, c’est important ! La pluie n’aura pas non plus épargné Zaho de Sagazan qui a teinté sa pop à fleur de peau d’une couleur mélancolique idoine. Quarante-cinq minutes de communion entre la messie et ses disciplines, dans une ascension progressive vers les cieux. Avec sa présence obsédante et hypnotisante sur scène, la chanteuse nous en a presque fait oublier la sensation de pluie sur notre peau. Mais comme le dit son hymne La symphonie des éclairs : “il fait toujours beau au-dessus des nuages”. Et puis quand il s’agit de “danser, danser, danser” au gré des sensibilités techno grisantes de sa musique, la pluie est accessoire si ce n’est jubilatoire. 

© Les Clopes par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

© Zaho de Sagazan par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


L’enchaînement solaire entre Sababa 5, la parade et Orchestra Baobab

Après la pluie, le beau temps. Et quoi de mieux pour le célébrer que de voyager de Tel Aviv à Bamako, surtout si le voyage se fait avec une parade ? Sitôt le groove moyen-oriental de Sababa 5 terminé, une procession mêlant carnaval et batucada nous emmène jusque l’Orchestra Baobab pour onduler avec délice au son des influences cubaines et ouest-africaines. On transcende les générations, les continents, pour se rassembler autour d’un déhanché commun.

© Sababa 5 par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


La lumière dorée convoquée par Polycool et DEADLETTER

C’est aussi pour cela que l’on adore le bord de mer normand : quand la pluie laisse la place au soleil, celui-ci se fait plus doré et brûlant qu’avant. Il n’y aura pas d’exception à la règle lorsqu’on s’avance devant Polycool et qu’on prend autant de plaisir à regarder les festivalier·es danser dans la lumière dorée, que le groupe se déhancher sur scène et les guirlandes de drapeaux voler dans le ciel bleu. On fera instinctivement quelques pas de recul, pour mieux capturer tous les détails de l’instant sous nos paupières en souriant, avant de se fondre encore plus dans la foule pour danser jusqu’aux dernières notes du concert. On file ensuite en vitesse se poster au premier rang du plus gros bordel du week-end devant DEADLETTER. Le groupe soulève la folie en chacun·e de nous en un claquement de doigts crépitant sous un soleil couchant jaune-orange qui donne au show une couleur de tableau. On en ressortira rosé·es et essouflé·es, mais surtout galvanisé·es d’avoir tant sauté, dansé, hurlé fit for work ! et de s’y être oublié·es.

© DEADLETTER par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

© DEADLETTER par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


La sieste au pied des concerts

Qui dit fête jusqu’au petit matin pourrait vouloir dire lendemain difficile. Heureusement, lorsque Gaétan Nonchalant ouvre le bal avec douceur, tout se déroule pour le mieux. Les groupes d’ami·es se forment ici et là et se laissent bercer par Les Légumes, La Berezina ou autres ballades folk-rock, en somnolant les un·es sur les autres. Vonfelt ou encore Bon Enfant verront eux aussi les pelouses des scènes Jibou et Château se noircir de festivalier·es en position horizontale, une belle manière de rappeler que la musique se vit avant tout sur l’instant.

© Vonfelt par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


La scène amphi : une autre façon d’imaginer le live

Et si l’on vous proposait de voir deux fois le même concert dans une journée ? Un défi original mais qui attise notre curiosité lorsqu’on apprend que le premier aura lieu de jour sous le soleil, et le second de nuit, un casque vissé sur les oreilles. D’autant plus que l’expérience se déroule à la scène Amphi, une pépite de bien-être au ciel voilé et au décor de campagne. Challenge accepted, on se laisse prendre au jeu, qui deviendra très vite notre rituel favori du festival, assis·es sous le soleil sur les tapis, debouts sous la lune entouré·es de casques verts transformant la foule en une joyeuse bande de petites lucioles. Lorsqu’on se fait la remarque qu’un live d’Astral Bakers est aussi beau de jour que de nuit, on ne pourra s’empêcher de penser la même chose le lendemain pour Gaétan Nonchalant, et de se dire qu’il n’y a qu’à Pete the Monkey qu’on peut vivre tout ça.

© Gaétan Nonchalant par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


Le bain de foule de Flavien Berger

Au cœur de l’un des concerts les plus attendus du week-end, Flavien Berger descend de son perchoir pour une session d’impro façon bain de foule. C’est dans une chaleur humaine moite qui voit doucement évoluer la prod sur laquelle s’amuse l’artiste que l’on sent s’unir la foule et monter l’envie irrésistible de serrer nos voisin·es dans nos bras. Lorsqu’il se retourne vers la scène, les bras se lèvent et lui dessinent le chemin en un “chateau de mains” qu’il chante tout en retournant paisiblement vers son décor lumineux. Un interlude fougueux et surtout inoubliable.

© Flavien Berger par Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


Se briser la nuque sur la techno de l’Underworld

Même si l’on aimait de tout notre cœur le Camion Bazar, sa résidence de prestige a été remplacée en 2023 par l’Underworld, une nouvelle scène électro à la programmation plurielle qui nous a frappé·es d’un vent techno dévastateur. La musique électronique y fut poussée dans ses retranchements, plus qu’elle ne l’avait jamais été dans le festival. Entre trance, house effrénée et acid techno, tous les genres raves s’y sont réunis à la tombée de la nuit, comme un exercice exaltant de gravité pour nos petits corps fatigués. Même celles et ceux qui n’y étaient pas familier·es ont trouvé leur compte avec des remix hardcore des plus grands classiques. Nous n’oublierons pas l’eurodance de Désenchantée de Mylène Farmer ou de Smell Like Teen Spirit de Nirvana par le duo La Darude, dont l’effet fédérateur a été immédiat. Sur les dernières heures, l’Underworld se transformera en contre-soirée lors d’un set écrasant du collectif Microclimat avec au programme des beats gabber infinis qui nous obsèdent encore, comme sur le salace WAP de Cardi B et Megan Thee Stallion.


Les artistes qui sont reçu·es comme à la maison

Beaucoup d’artistes vous diront que Pete The Monkey est leur festival préféré. C’est pourquoi on ne s’étonnera pas d’y voir se balader celles et ceux qui sont programmé·es. Et comme lorsqu’on aime, on ne compte pas, iels reviennent parfois après plusieurs années, attendu·es de pied ferme par le public. Parmi elles et eux, on comptait cet été Acid Arab, Miel de Montagne, ou encore Tino Gelli, que ce soit cette fois-ci au sein de Polycool, l’an dernier avec Walter Astral, ou même auparavant avec Abraxas, un projet aujourd’hui inactif. Le retour et l’humilité du crooner oriental Johan Papaconstantino, déjà venu en 2018, signifiaient aussi beaucoup. Nul besoin de rappeler que Fishbach animait comme chaque année avec ferveur la Folie de Pete pour les oiseaux de nuit. Retrouver Pete the Monkey, c’est soulever l’émotion qui nous serre lorsqu’on revoit quelqu’un qui nous est cher après du temps perdu. C’est se sentir à la maison, pour les artistes comme pour les festivalier·es.

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle


Le closing plaisir coupable de Manol

Toute fête a une fin. Mais ce n’est pas pour autant que celle-ci doit se faire dans la tristesse. Avant l’inévitable after au camping, c’est Manol qui a la charge de conclure en beauté ces trois jours hors-du-temps. Et de quelle manière ! Alors que tout le monde se rassemble spontanément à la scène Jibou, le DJ qui anime notamment les soirées 3310 du POP UP! alterne entre deep cuts electro et remix des classiques des années 2000. On se retrouve alors à danser sur du Nelly Furtado, à chanter en coeur Africa de Toto ou encore à s’embraser de concert sur Désenchantée version eurodance. Un dénouement parfait qui marquera les esprits jusqu’au lendemain, quand ce refrain de Mylène Farmer se fait encore entendre parmi les festivalier·es qui attendent leurs navettes. Merci pour tout Pierre le Singe, et à l’année prochaine !

© Clémence Trebosc pour La Vague Parallèle

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