Still. There’s Hope, la lumineuse renaissance de Victor Solf
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Auteur·ice : Hugo Payen
04/05/2021

Still. There’s Hope, la lumineuse renaissance de Victor Solf

| Photo : Joaquim Bayle

Après quatre années aussi magnifiques que douloureuses, c’est en février 2019 que Victor Solf décide de clôturer un chapitre important de sa vie, celui de Her. C’est alors la fin d’un chapitre à l’univers romantique et sensuel dont les titres emblématiques continueront, eux, encore longtemps, à réveiller nos plus beaux déhanchés. Très vite, Victor Solf se plonge corps et âme dans un nouveau projet, en solitaire cette fois-ci. Deux ans plus tard, après une longue attente aux avant-goûts prometteurs et colorés, c’est avec Still. There’s Hope, un premier album aussi touchant qu’éclatant, que Victor Solf nous invite aujourd’hui dans sa nouvelle aventure.

Le sentiment qui nous traverse après avoir découvert un nouvel artiste, une nouvelle voix, un nouvel univers musical, alors qu’on ne s’y attendait pas, on le connaît tous. Ce genre de découverte du dimanche après-midi passé à surfer en aléatoire sur les plateformes de streaming à la recherche de nouveaux morceaux toujours plus étincelants. La première fois qu’on entend la voix chaude, un tantinet rauque de Victor Solf, quelque chose change en nous, comme si nous venions de mettre la main sur un véritable diamant brut. Plus de six ans après ses premiers succès sous l’étendard pop Her, rien n’a changé. Aujourd’hui, Victor Solf vient de finir son premier album, Still. There’s Hope, et pourtant, c’est le début de tout ce qui va suivre pour l’artiste aux multiples talents.

Une des choses que l’on peut décider, c‘est la façon dont on se souviendra de nous et de la musique qu’on va faire. – Victor

Un souvenir

Passionné de musique depuis son plus jeune âge, c’est emmené par sa passion sans limites pour la musique qu’il décide de donner des cours de chant pour se faire un peu d’argent et vivre au travers de celle-ci comme il l’entend. C’est lors de ses années d’université à Rennes que Victor Solf rencontre Simon Carpentier, avec qui il formera le duo Her en 2015. Ses influences soul et gospel ayant bercé sa jeunesse, on les reconnaît sans forcer dans leurs titres très chauds dans lesquels une énergie se fait ressentir durant chaque minute. La musique occupe la majeure partie de leur vie. Rapidement, ils décident d’unir leurs forces en formant un premier groupe, The Popopopos. Un album et une mini tournée plus tard, le groupe se divise et laisse place à Her. De nouvelles sonorités assumées et des valeurs fortes font alors la force du duo rennais.

 

Après un premier EP en 2016, Her Tape#1, abordant le thème de la femme de la plus jolie des manières, l’amour et la sensualité, le groupe pop se développe rapidement et atteint les sommets en enchaînant les succès. Her explose en France et à l’international. Des titres vibrants aussi beaux les uns que les autres se succèdent, et les tournées commencent à s’accumuler. Les valeurs véhiculées par le groupe font remuer de plus en plus de personnes à travers le monde, apportant avec elles une vague d’unité, d’espoir et d’amour.

Quelques mois plus tard, Simon est emmené par la maladie, laissant son ami de toujours aux commandes du navire qu’est Her. La force, l’espoir et la détermination du duo semblent avoir rejoint le cœur de Victor qui n’abandonne pas, ayant promis à Simon de sortir l’album en préparation tant attendu par les deux amis. En 2018, Victor tient sa promesse en nous proposant un album éponyme, rendant hommage à Simon pendant plus de cinquante minutes somptueusement sensibles. Une tournée plus tard, Victor décide de fermer la page de l’histoire après un dernier concert au Zénith de Paris, en février 2019. Et si la page se tourne pour Her, Victor Solf est loin d’en avoir fini avec la musique, nous promettant un retour en solitaire quand le temps aura fait son œuvre.

Une nouvelle page

Des mois durant, Victor s’efface sous un hiatus artistique et personnel avant de nous inviter l’année suivante dans son nouvel univers plus intime, plus personnel, et ce au travers d’un premier titre en piano-voix resplendissant, Traffic Light. La musique classique étant une de ses influences principales, la pureté de ce premier titre nous transperce. Victor Solf nous paraît alors apaisé et prêt à reconquérir la scène musicale avec un premier opus en préparation, prévu pour avril 2020. Armé de son piano comme seul compagnon de chambre, Victor écrit, se dévoile, avant d’y rajouter les arrangements nécessaires à sa nouvelle vision artistique. Une première consécration, qui arrive ainsi quelques mois plus tard, avec la sortie de Aftermath.

Un premier EP quasiment ineffable de par sa beauté et son honnêteté. On redécouvre une autre facette de Victor, plus personnelle, presque mélancolique face aux aléas de la vie.  Avec ses arrangements langoureux, les racines pop de l’artiste resurgissent en toute subtilité avant de s’enchaîner sur la douceur des autres titres tout autant travaillés au millimètre près. Victor Solf est bel est bien de retour, et quel soulagement. Le premier confinement ne tardant pas à pointer le bout de son nez, Victor ne veut pas perdre de temps. Et si nos occupations les plus folles ont pu voir le jour pendant cette période d’ermitage, Victor, lui, s’est laissé envahir par sa créativité la plus colorée. Sans que l’on ne s’en rende compte, un second EP nous est déjà dévoilé sous la forme d’une mixtape expérimentale, 12 Monkeys Mixtape, aux sonorités chaudes et dansantes. Une nouvelle fois, Victor nous révèle une partie de lui qui n’est pas en reste de ses déhanchés indétrônables.

 

Parallèlement, Victor laisse sa plume faire son œuvre et se plonge corps et âme dans la préparation d’un premier album qui ne pouvait être que prometteur. Après la sortie de deux singles énergiques et assumés, How Did We et I Don’t Fit, l’attente interminable touche à sa fin. Aujourd’hui, l’attente est finie, Victor Solf est bel et bien de retour, et peut-être même plus fort qu’avant si l’on en croit le tourbillon d’émotions qui vient de nous traverser pendant les quarante-cinq minutes d’émerveillement de ce premier album Still. There’s Hope.

L’objectif de Victor, avec la réalisation de ce premier album en solitaire, était de sortir de sa zone de confort, de délaisser le travail accompli auparavant autour des riffs de guitares électriques, et ce au profit des accords délicats de son piano. Une mission indubitablement réussie pour l’artiste qui, dès les premières minutes de l’album, nous prend par la main au travers de ces nouveaux morceaux où le piano occupe une place prédominante sous ses formes les plus diverses et variées.

Un album qui débute sans réelle surprise par I Don’t Fit et How Did We, deux titres que nous avons eu la chance de découvrir il y a quelques semaines déjà. Victor met le ton d’entrée de jeu, nous proposant deux titres forts aux contours pop uptempo nous replongeant par moment dans un univers musical reconnaissable. Une entrée en matière qui continue avec Fight For Love et son rythme soul gorgé d’énergie. Un titre très personnel pour Victor, s’apparentant à un véritable hymne humaniste venu rallumer cette vague de folie et d’espoir dont nous avions besoin.

 

Et si la quête de l’espoir retrouvé est au cœur des textes de l’artiste, la ligne directrice du piano-voix ne se retrouve qu’embellie au fur et à mesure des morceaux. Après avoir bougé la tête frénétiquement pendant ces trois premiers titres, c’est avec un retour à ce que Victor peut faire de plus doux que nous continuons ce nouveau chapitre. Nous découvrons ainsi Happiness, un quatrième titre éclatant où les accords de piano s’accordent à merveille sur le beat ondulant qui les survole. L’émotion continue à s’accumuler avec Comet, où l’on peut retrouver quelques accords de guitare acoustique venue colorer cette déclaration d’amour pour son jeune fils. Un titre aussi épuré que brillant, qui complète à la perfection cette ode à l’amour qu’est Still. There’s Hope.

La magie opère morceau après morceau, nous invitant toujours plus loin dans l’émotion que Victor nous procure depuis des années maintenant. On redécouvre ainsi Traffic Lights et son piano délicat, premier titre marquant de cette nouvelle aventure en solitaire pour l’artiste. Et ce, avant d’enchaîner avec Call Your Grandma, suivi de Drop The Ego et de son beat langoureux survolé le temps d’un instant d’un subtil mélange de guitare électrique et de saxophone, avec toujours ce rapport au piano venu clôturer ce moment de joie qu’est ce huitième morceau.

Et si notre enthousiasme ne fait qu’être à son paroxysme, ce premier album arrive doucement à sa fin. Après la tempête précédente, le retour au calme se fait ressentir avec Someone Else, un titre des plus mélancoliques, que certains aficionados ont déjà pu entendre lors de Live Sessions. Victor nous dévoile alors un titre venu chambouler nos cœurs en abordant certaines facettes d’une rupture amoureuse, et ce de la manière la plus épurée.

 

L’ascenseur émotionnel poursuit sa route avec Utopia, qui vient alors réveiller nos sens pour faire remuer chaque centimètre de notre corps et ce, avant un énième retour au calme en guise d’avant-dernier morceau où seuls le piano et la voix de Victor nous rejoignent, nous faisant voyager hors du temps pendant ces trois minutes aussi simples que sensationnelles. Et si l’on croyait avoir tout entendu, Trouble Behind vient, comme par magie, clôturer ce chef-d’œuvre qu’est Still. There’s Hope. Une conclusion fascinante, nous invitant à faire table rase de nos multiples problèmes et à permettre à la lumière, peu importe sa forme, de rentrer.

La finalité est telle qu’on ne ressort pas de cet album comme nous y sommes entrés. La recherche d’espoir, de lumière qui navigue au travers de ces douze titres tous aussi lumineux les uns que les autres ne manque pas de nous toucher, de nous chambouler d’une manière ou d’une autre, mais aussi de mettre des mots sur certaines de nos émotions les plus profondes. Avec Still. There’s Hope, Victor Solf réussit avec brio non seulement le pari qu’il s’était lancé il y a près de trois ans, mais il réussit aussi à nous redonner foi en l’amour. Que cet amour soit celui de soi ou des autres.

Ce sentiment d’émerveillement vis-à-vis de Victor Solf dont nous parlions au début de cette chronique reste intact, année après année. Et c’est bien là que réside toute la force de cet artiste aux multiples talents. Aujourd’hui nous découvrions le premier album en solitaire de Victor Solf, un premier album ravivant toute la passion que l’artiste nous transmet depuis des années maintenant. Une réussite indéniable pour l’artiste, avec qui nous avons eu la chance de discuter il y a quelques jours lors d’un échange aussi fantastique que Still. There’s Hope.


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