Une vie palpitante, des anecdotes à gogo, Lydia Képinski n’avait pas forcément choisi de devenir une (future) star
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Auteur·ice : Matéo Vigné
19/10/2023

Une vie palpitante, des anecdotes à gogo, Lydia Képinski n’avait pas forcément choisi de devenir une (future) star

Photo | Ludovic Rolland-Marcotte

Un soir pas comme les autres, au Botanique, alors que la vie culturelle retenait son souffle après la terreur des derniers jours, des dernières heures, quoi de mieux que de se laisser porter par l’univers décalé de Lydia Képinski. Un moment de répit, un clignement des yeux, un instant suspendu. Si ce nom vous est familier, c’est soit que vous avez une très bonne culture musicale outre-Atlantique, soit que vous avez déjà entonné dans un moment de grabuge les chansonnettes tantôt trash tantôt excitantes de cette artiste sans pareil. Avant son concert à Bruxelles pour la tournée européenne de son album Depuis, on s’est posés le temps d’échanger un peu sur son univers, ses paroles, ses collaborations et tout ce qui entoure la vie palpitante du phénomène Lydia Képinski.

La Vague Parallèle : Coucou Lydia, comment ça va en ce moment ?

Lydia Képinski : Ça va très bien, je suis dans un café vers Ixelles qui s’appelle Bisou. Un café dans lequel je déguste un toast avec ses œufs pochés et tout ça est délicieux.

LVP : Tu as commencé à produire en 2016-2017, qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer ?

Lydia : Un concours qui s’appelle Cégep en spectacle (au Québec le Cégep est un niveau scolaire entre le lycée et la fac), une espèce de talent show. J’ai gagné des prix en argent avec des chansons que j’avais composées et l’appât du gain m’a poussé à poursuivre.

LVP : On ressent dans tes albums que tout ce que tu racontes suit à la perfection des moments de vie, est-ce que tu dirais qu’avec une vie un peu plus boring tu aurais moins de choses à chanter aussi ?  

Lydia : C’est vrai, ma vie est palpitante. De base je me décrirais comme une personne aventureuse. Ensuite, le fait de faire de la musique rend ma vie chaotique alors les deux se nourrissent l’un l’autre. Après, il n’y a pas de sous-sentiment et la situation la plus banale peut être racontée de manière épique. 

LVP : Pour les gens qui ne connaissent pas trop ton univers, je pense qu’iels seront vite fans de tout ça ! Toi à l’époque, tu étais fan de qui ? Qu’est-ce qui a forgé ce personnage de Lydia Képinski ?

Lydia : Barbara :)

LVP : Dans Depuis, tu as écrit un morceau qui s’appelle MTL me déteste, qu’est-ce que tu as fait pour te mettre à dos toute la ville ?

Lydia : Bien des fois j’ai parlé avant de réfléchir. Et ce à travers tout le Québec, pas juste à Montréal. Je me suis dit qu’en écrivant une chanson dans laquelle j’avoue avec humilité que certaines personnes ne m’aiment pas, ces dernières apprécieraient peut-être le geste. Ce serait comme une sorte de premier pas vers une probable réconciliation.

LVP : On retrouve une esthétique très cinématographique dans tes clips vidéos, qui font référence à une pop culture qu’on a tou·tes (plus ou moins) en tête. Comment est-ce que tu construis ces univers pendant la réalisation de ces clips ? (si tu veux faire un shout out n’hésite pas !)

Lydia : J’ai toujours fait appel à des réalisateur·ices de talent avec qui on a développé une esthétique et des concepts (Alec Pronovost, Sara El Abed, Clara L’Heureux-Garcia). Je ne suis pas actrice alors c’était important pour moi de travailler autour de mes idées et d’être bien accompagnée pour pouvoir me sentir bien là dedans. J’en profite aussi pour réaliser des fantasmes. J’avais envie de conduire une Jaguar décapotable vintage dans Montréal, de me battre dans un combat d’arts martiaux mixtes et de danser lascivement dans un bar crado. 

LVP : L’un de mes morceaux préférés dans ton répertoire c’est Apprendre à mentir, ça fait écho à pas mal de choses qu’on vit tou·tes au quotidien, dans nos relations. Est-ce que ça vaut toujours le coup, 6 ans après avoir écrit cette chanson, de mentir ?

Lydia : Merci ! Sans mensonge, l’humanité serait probablement anéantie. On a besoin de diplomatie, de se protéger et de garder espoir. Ce n’est pas une question de malhonnêteté, mais de survie. Se sentir trahi·e parce que quelqu’un nous a menti c’est nul, mais se mentir à soi-même quand tout va mal peut être salvateur. Sinon, mentir à un·e ami·e pour l’encourager, ça peut faire du bien aussi. 

LVP : Tu as un exemple en tête de mensonge que tu sors souvent ?

Lydia : À chaque fois que quelqu’un se trouve laid·e sur une photo et s’attend à ce que je réagisse je dis que c’est pas si pire. 

LVP : Il y a 6 mois tu sortais J’aime quand on danse (tes mains sur mes hanches) avec Les Louanges, comment ça s’est passé ?

Lydia : C’était super, j’ai de la difficulté à collaborer avec d’autres artistes parce que c’est souvent un choc de directions artistiques, mais dans ce cas j’ai vraiment écrit la chanson en laissant un trou après le premier refrain et Vincent a écrit son couplet pour le boucher alors on ne s’est pas du tout marché·es dessus. Le shooting photo était très fun aussi, on est allé au Bruno Sports Bar à Montréal boire un coup avec Jean-François Sauvé, notre ami photographe, et on a pris des photos au fil de la soirée. Mon shooting préféré à vie.

 

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LVP : Comment choisis-tu les artistes avec qui tu collabores ?

Lydia : Faut qu’on puisse aller boire un verre et bien s’entendre. On peut vivre sur deux planètes esthétiques différentes, si on peut se parler sans gêne et sans narcissisme c’est bon.

LVP : Je reviens d’un été au Québec où j’ai fait le plein de nouveaux noms, styles, looks, énergies… j’avais l’impression de découvrir tout un monde qui m’était à la fois inconnu et familier. Comment ça se fait, selon toi, que les artistes canadien·nes ne jouissent pas de la même visibilité que d’autres artistes francophones dans cette même sphère linguistique ?

Lydia : Je pense que si nous avions une frontière commune nous aurions plus d’échanges, le fait que nous sommes sur deux continents rend la chose plus compliquée. Personne ne va passer le week-end à Montréal, comme il peut le faire à Bruxelles ou Genève. Le contact humain et la présence physique restent le vecteur principal de communication selon moi. 

LVP : Pour nos lecteur·ices qui sont pas encore ouvert·es à la culture outre-Atlantique, tu recommanderais qui comme artistes pour se faire une idée de l’énergie bouillonnante de la scène québécoise ?

Lydia : Ariane Roy, Hubert Lenoir, Les Louanges, Lou-Adriane Cassidy, P’tit Belliveau (Nouveau-Brunswick), Choses Sauvages, LaF, il faut tou·tes les voir en spectacle.

LVP : J’ai trouvé ça assez marrant ta photo sur Wikipedia, tu sais qui l’a choisie ?

Crédits : Jarek Sarosiek

Lydia : C’était après un spectacle peu glorieux en 2018 qui avait cruellement manqué de promo, où il n’y avait que 10 personnes dont une tablée complète de polonais·es venu·es soutenir la diaspora. Iels étaient fort déçu·es que je ne parle pas la langue et se sont mis·es à m’apprendre des mots. Jarek, sur la photo, m’a fait signer son drapeau je me sentais comme l’ambassadrice de la Pologne au Québec. J’adore cette photo. C’est sans doute sa femme qui l’a prise. Dziękuję.

LVP : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette fin de 2023 ?

Lydia : Souhaitez-moi de contracter la chance de pouvoir revenir en Europe en 2024 ! Merci !! L.K.

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