Entre vulnérabilité et romantisme, Iskander Moon nous ouvre les portes de son Are You Lost Here?
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Auteur·ice : Hugo Payen
23/04/2024

Entre vulnérabilité et romantisme, Iskander Moon nous ouvre les portes de son Are You Lost Here?

| Photos : Luc Gommers

Quelques mois seulement après avoir fait chavirer les coeurs sur son éblouissant Saturday Silence, Iskander Moon nous dévoile Are You Lost Here?. Un premier EP long de sept titres aussi sensibles qu’éloquents venus réchauffer nos coeurs. Nouvelle pépite de notre adorée scène belge, l’auteur-compositeur nous en dit plus sur son premier long format. Rencontre. 

En musique, il y a de ces voix que l’on oublie pas, de ces mots qui résonnent plus que d’autres. C’est clairement ce qui nous traverse l’esprit la première fois qu’on écoute Iskander Moon et son univers niché entre une folk brute et des envolées puissantes à la Bon Iver.

Entre une formation longue de six ans en musique classique et piano, une tournée en Europe aux côtés du chef d’orchestre belge de renom Philippe Herreweghe et un premier groupe porté par un look de crooner et des sonorités bien rock, Iskander Moens – de son vrai nom – fait ses armes aux côtés des meilleurs. Au même moment, c’est dans cet univers où se mêlent vulnérabilité et authenticité que l’auteur-compositeur se découvre et se voit évoluer. Pour notre plus grand plaisir, on doit l’avouer.

« Alors que j’étudiais la musique classique et le piano, je suis rapidement arrivé à devoir me plonger dans des univers comme ceux de Bach ou Debussy. Et c’est quelque chose que j’adorais en réalité, mais j’ai vite réalisé que je ne pouvais pas en faire grand-chose, du moins que ce n’était pas vers ça que je voulais aller en tant qu’artiste. Ça m’a beaucoup appris sur la musique, et sur ma musique. Au fur et à mesure, on a fondé HYPER! qui est plus tourné rock. On jouait en costumes, on écoutait des groupes comme Arctic Monkeys, Queens of The Stone Age, Trigger Fingers. On voulait faire du bruit (rires). En même temps, j’ai commencé à trouver cet équilibre dans lequel je suis maintenant tant au niveau de l’écriture que de la composition. Le monde de la musique classique a eu un réel impact dans la manière dont j’arrange mes morceaux aujourd’hui. »

Quelques années plus tard, c’est le grand saut. Saturday Silence arrive dans nos oreilles. Premier single d’une aventure musicale qui s’annonce radieuse, il vient marquer avec panache la direction prise par l’auteur-compositeur. Une voix puissante sur une mélodie addictive aux sonorités chaudes : dans le mille.

Manifestement, nous ne sommes pas les seul·es à chavirer. Rapidement, Saturday Silence place Iskander Moon sous le feu des projecteurs. « Je n’avais pas réellement d’attentes à la sortie de Saturday Silence, j’étais juste sur un petit nuage en réalité. Je venais de signer chez PIAS à l’époque et je réalisais qu’on comprenait enfin ma musique et qu’on ferait tout pour lui donner la résonance que j’avais envie de lui donner. C’est rare. Ça faisait un sacré bout de temps que j’avais envie de sortir Saturday Silence, je l’ai écrite il y a plus de trois ans ! La voir prendre vie comme ça, l’entendre passer en radio et recevoir autant de soutien c’est juste magique. J’entends plein d’artistes dire qu’ils sont déçu·es de leur première sortie mais franchement, aucun regrets » dit-il, sourire au coin des lèvres.

Une première mise à nu qui ne fait que le conforter dans ses idées, mettant ainsi de côté toutes les pressions que ce genre d’aventure pourrait lui infliger. En abordant le sujet, l’auteur-compositeur nous explique que « de la pression, il y en aura toujours. Surtout si tu vois que ça fonctionne en radio, que tu as pas mal de streams. Mais au final, ce ne sont que des chiffres. Il faut le garder dans un coin de la tête aussi, sinon c’est encore pire ».

Au même moment, Are You Lost Here? est déjà clôturé, ne laissant en effet que peu de place au stress que peut apporter la mise en ligne d’un premier morceau. La sortie peu de temps après de Berlin vient ainsi rajouter à l’excitation grandissante quant à la suite de l’aventure.

Plongée vers l’inconnu

À la manière d’un nomade moderne, la découverte en son sens le plus large fait partie intégrante du processus de création d’Iskander Moon. Découvrir un endroit, une atmosphère, une personne aussi, et se laisser stimuler par toutes ces choses qui se dévoilent et s’offrent alors à nous, sous nos yeux, sans réellement savoir où celles-ci nous mèneront. Se découvrir soi-même aussi.

« La musique, c’est comme une thérapie pour moi. Pas sur le moment même, après coup. Parce que souvent, c’est le fait d’écrire qui va aller ouvrir certaines choses, ramener certaines de tes émotions. Quand j’écris, je pars plus d’un sentiment que j’éprouve sur le moment-même. Comme pour une thérapie plus classique, la musique va aller creuser dans les émotions que tu rejettes, ou que tu ne vois pas forcément plutôt. C’est ça aussi la magie de la chose. »

Finalement, la genèse d’Are You Lost Here? va naître entre les murs de neuf studios et ce, dans près de cinq pays différents, puisant dans chacun d’entre eux toutes les émotions lui ayant été données de vivre ces dernières années. Le résultat n’en est que sublimé. Are You Lost Here? se veut simple mais surtout touchant.

Au départ d’une improvisation au piano dans une église toscane, Prelude prend vie. « Sometimes, I just wanna go away », s’exclame-t-il sur ces quelques accords acoustiques. Un premier morceau qui ouvre joliment la voie au reste de l’aventure.

Une aventure musicale qui nous emmène dans les rues de New York sur American Dream – ou du moins dans l’idée qu’on s’en fait. Ce n’est un secret pour personne, la ville américaine en fait rêver plus d’un·e. C’est de ce rêve dont il est question sur American Dream.

« J’ai toujours rêvé de visiter New York, voir à quoi ressemble cette ville dont tout le monde parle ! American Dream parle de cette envie qui, je pense, a traversé l’esprit de pas mal de monde tellement cette ville fascine. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la manière dont cette ville ne s’arrête jamais. La vie sur place, les gens ne s’arrêtent jamais de vivre en fait. C’est un flux d’énergie constant qui s’y dégage. Et c’est d’ailleurs ce qui fait sa particularité. C’est quelque chose que j’essaye de garder en tête dans mon quotidien : cette énergie débordante et cette persévérance constante. »

Une ville qui, pour l’anecdote, va l’inspirer pour donner un nom à cet ensemble gracieux de morceaux : « Ces mots, Are You Lost Here?, viennent d’un vocal – sur lequel je suis retombé récemment d’ailleurs, qui date d’il y a plus d’un an ! Je venais d’arriver à New York pour la première fois et je ne sais pas pourquoi j’y ai pensé mais en me baladant dans les rues de Manhattan, je me suis directement dit que ce serait un super titre (rires). Je voulais que cette question résonne singulièrement en chacune des personnes qui écoutent l’EP. Le fait qu’on puisse se faire sa propre signification de cette question, c’était pile ce que je voulais. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question finalement ! Il résume à merveille l’énergie de ces sept morceaux », explique-t-il.

Par la suite, Iskander Moon nous emmène à travers les émotions que lui procure l’arrivée du printemps dans sa Zelzate (commune flamande) natale sur Beauty Of It All et son envolée vocale percutante, ou encore la fin brutale d’une amitié sur les notes de Berlin.

Un premier EP haut en couleurs qui vient alors fermer ses portes avec son splendide Like A Home Without You / Everything. Un morceau fort, gorgé de vulnérabilité, où la mélancolie atteint son apogée. La meilleure manière de clôturer ce chapitre qu’est Are You Lost Here? selon l’auteur-compositeur qui nous raconte : « Ce morceau fait écho à ce moment où tu te réveilles sans la personne qui partageait ton lit, ce moment où tu réalises que tu dois aller de l’avant et accepter la chose. Pour moi, il fallait que l’EP se termine sur ce morceau. C’était la place où il prenait le plus de sens, je dirais. C’est un morceau qui parle de fin, qui aborde cette idée de clôture. Je sais que c’est le morceau le plus fort en émotions d’une certaine manière, mais je trouvais que c’était la meilleure manière de fermer ce chapitre ».

Un clap de fin remarquable et romantique donc, comme les six morceaux le précédant d’ailleurs. Sur Are You Lost Here?, Iskander Moon frappe fort. Une plume sensible et mélancolique survolée d’arrangements organiques méticuleusement travaillés, la recette nous semble plus que gagnante. En tout cas, nous, on est fan. Une chance qu’il vienne nous partager tous ces souvenirs le 4 mai prochain sur la scène de l’Ancienne Belgique.


  • 02 mai : Café Café, Hasselt
  • 03 mai : Het Depot, Leuven
  • 04 mai : AB Club, Brussel
  • 08 mai : De Zwerver, Leffinge
  • 04 aout : Festival Dranouter, Dranouter

 

 

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