| Photo : Laurent Humbert
Cela fait quelques temps déjà que Sébastien Delage trace son chemin, intime et singulier, au sein d’une industrie musicale qui peut s’estimer heureuse de voir enfin émerger de nouveaux role models. Car en une poignée de morceaux seulement, le jeune artiste, dont l’identité queer est chevillée au corps, s’est érigé en figure libérée et inspirante, véritable symbole d’une émancipation conquise de haute lutte. C’est donc avec une fierté non dissimulée qu’on vous présente son nouveau clip, Pas Encore Minuit, en exclusivité sur La Vague Parallèle.
Comment grandir et s’épanouir lorsque les modèles auxquels on pourrait s’identifier ne nous ressemblent pas et demeurent désespérément les mêmes, calqués sur une norme implacable qui nous condamne à la marge ? Cette quête d’identité impérieuse et brûlante, Sébastien Delage l’a vécue comme des milliers d’autres personnes invisibilisées, c’est-à-dire à tâtons. C’est peut-être ce qui explique qu’elle structure à ce point le projet artistique qu’il mène désormais en solo et sous son propre nom, avec la volonté de retranscrire son cheminement en n’occultant rien des ornières et des cahots qu’il a traversés.
La sexualité tient forcément une place importante dans ce récit qui s’écrit sous une lumière crue et sans artifice. Elle s’inscrit même en fil rouge du deuxième album de Sébastien Delage, Baise Platine, qui paraîtra en mai prochain sur son label Drama Queen Music. Après Rien Compris, sorti l’année dernière, ce nouveau disque célèbre l’amour et ses manifestations, des plus évidentes aux plus taboues en passant par les plus éclatantes ou les plus douloureuses. Aujourd’hui, c’est donc le clip du morceau Pas Encore Minuit qu’on vous présente en exclusivité sur La Vague Parallèle.
En guise de préambule, disons-le tout net : le titre nous a bouleversé·es. Car à sa manière, avec une précision sidérante, Sébastien Delage parvient à mettre le doigt sur des souvenirs profondément enfouis en chacun·e d’entre nous, des bribes de sensations qu’on aurait préféré oublier, ou du moins passer sous silence. N’y voyez aucune brutalité, bien au contraire : c’est avec une grande douceur, dans les mots comme dans les intonations qui les font vivre, que ces instantanés sont exhumés et développés en grand format juste sous nos yeux, le tout sur une bande-son qui emprunte autant à Radiohead qu’à Blur.
Réalisée à quatre mains par Jeytall et Sébastien Delage lui-même, la vidéo retrace ainsi le fil d’une soirée comme on en a tous·tes vécu, où les sentiments se bousculent dans une atmosphère embuée par les vapeurs d’alcool, sans qu’on n’arrive véritablement à les démêler. On y retrouve l’artiste, pris dans le jeu d’une séduction qui attise un désir qui le met mal à l’aise et auquel il finit par renoncer – par peur, par manque d’envie ou de confiance en soi ?
C’est en tout cas la preuve éclatante que rien ne sera passé sous silence dans cet album qu’on attend décidément avec impatience. D’ici-là, on vous donne rendez-vous le 16 mai prochain au 360 Music Party pour découvrir Sébastien Delage sur scène, en chair et en os.
Pratiquant assidu du headbang nonchalant en milieu festif. Je dégaine mon stylo entre deux mouvements de tête.
