Frenetik veut revenir à l’essence du rap avec Jeu de couleurs
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Auteur·ice : Paul-Louis Godier
22/01/2021

Frenetik veut revenir à l’essence du rap avec Jeu de couleurs

Si l’on devait retenir une révélation rap en 2020, ce serait sans hésitation Frenetik, rappeur bruxellois que LVP avait déjà placé dans ses petits papiers. Son premier EP, Brouillon, nous avait particulièrement plu et ses différentes apparitions (COLORS, Planète Rap et Booska-P) ont fait de lui le prochain sur la liste. Avec sa mixtape Jeu de couleurs, la pépite belge espère continuer sur sa lancée et marquer la nouvelle année. Pour cette occasion, nous sommes allé·es à la rencontre de ce jeune rookie… depuis le temps qu’on en parle !

Huit mois après la sortie de son premier EP Brouillon, un plongeon dans le rap cru et sans tabou du phénomène belge, c’est d’un deuxième nourrisson que le rappeur de Jeunes Boss vient d’accoucher. S’il avait terminé son premier projet en ouvrant la voie à des thèmes plus politiques et profonds, il a bien pris le soin de continuer dans cette direction et de les défendre plus en détails sur Jeu de couleurs.

C’est une évidence de parler de ces sujets, de revendiquer mes convictions et mes opinions. C’est une responsabilité quelque part. C’est bien de rapper et de faire de l’égotrip, mais il faut aussi revenir à l’essence du rap. Ce courant a été mis en place avant tout pour faire passer des messages, transmettre des émotions et des pensées.

En effet, le rap a tendance à oublier la raison pour laquelle il existe. Peut-être parce que c’est inutile de se poser la question, ou bien tout simplement parce que le rap s’est ouvert et diversifié et qu’il faut l’accepter. Si un rappeur incarne cette nostalgie d’un rap dénonciateur, c’est bien Frenetik. Cette mixtape est une explication de sa vie et elle évoque une réalité qui n’est pas toujours montrée à son sens. Un rap engagé et mature.

Quand je parle des violences policières par exemple, les gens disent que je parle de l’actualité, mais j’ai écrit le texte il y a cinq ans. Donc c’était déjà un problème à cette époque, c’est juste qu’on n’en parlait pas encore à la TV.

 

Sur Jeu de couleurs, le rappeur d’Evere étale sa palette artistique en expérimentant, certes, de nouvelles choses, mais en restant fidèle à ce qu’il sait faire de mieux : rapper. Il nous surprend à certains moments avec de nouvelles sonorités, comme sur le morceau Frérot, produit par Twinsmatic, où une boucle de guitare électrique le guide. Frenetik arrive à nous faire entrer dans son univers grâce notamment au travail de producteur comme Chuki Beats, Guapo du soleil, Dolfa et à l’apport du virtuose Sofiane Pamart, sur Noir sur Blanc. De nouvelles expériences sonores qu’il voulait exploiter pour toucher différents publics.

Pour ce projet, j’avais envie de surprendre les gens. C’est un peu la confirmation de mon évolution de ces deux dernières années. Après pour les sonorités, c’est toujours moi, engagé, du rap dur, mais j’ai quand même essayé de m’ouvrir à de nouveaux horizons. Je pense que c’est important de rester accessible à tous, sans forcément renoncer à X ou X partie de soi-même. C’est un peu ça la logique du projet.

La collaboration avec Sofiane Pamart est l’un des chefs-d’œuvre de ce projet. Un piano-voix très personnel, amplifié par une interprétation puissante et brut du rappeur. Cette manière de se livrer et de parler de ses émotions est un aspect que l’on retrouve tout au long de la mixtape. Un aspect qu’il assume et qu’il n’a pas peur de mettre en avant. En effet, Jeu de couleurs, c’est l’association de différentes couleurs à différentes émotions : le rouge met en avant la colère et la rage que Frenetik a en lui, le jaune prend des allures plus légères laissant place à l’affection et à l’amour. Le noir et blanc sont le mélange de deux personnages, Frenetik d’une part et David de l’autre.

Jeux de couleurs c’est ma carte d’identité. C’est une explication sur ma vie, ma musique et sur qui je suis. Il faut que je rap ce que je ressens. Il faut que ceux qui sont d’accord avec moi, puissent se retrouver dans ma musique. Le challenge c’est de réussir à toucher ceux qu’ils ne le sont pas forcément. Mais rien que pour moi-même, c’est important de mettre en musique mes émotions.

 

Même si certaines choses restent encore mystérieuses et secrètes, beaucoup de traits de la personnalité de Frenetik sont exposés. Cette mixtape est la première véritable rencontre entre le rappeur et un public qui le découvre et apprend à le connaître. Un projet prometteur, qui pourrait sonner comme une bonne transition en vue d’album, à moins que le rappeur bruxellois ne veuille nous dire encore certaines choses avant de se lancer.

Jeux de couleurs n’est pas fini. Jeu de couleurs c’est l’explication, mais il manque encore la confirmation…

C’est aussi par le choix des mots que l’on sent une certaine satisfaction chez Frenetik qui avait terminé son premier projet Brouillon en disant « si la musique ça marche pas, j’te promets que j’arrête, j’retournerais au quartier pour détailler barrette ». Sur Jeu de couleurs, c’est en donnant la définition de la réussite qu’il boucle la mixtape. « Réussir c’est d’abord accepter les erreurs qu’on a pu commettre, faire bouger les choses, pour finir par devenir la meilleure version de nous-mêmes. » Peut-être sa manière de dire qu’il a trouvé sa voie ? Ce qui est certain, c’est qu’un nouveau palier a été franchi. Le brouillon est désormais jeté, la feuille est maintenant remplie, il ne reste plus qu’au public à la comprendre. Et pour ceux qui ne connaissent pas encore MIA, il va falloir malheureusement réécouter le projet…


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