Les clips de la semaine #168
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Auteur·ice : Rédaction
01/05/2022

Les clips de la semaine #168

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque semaine le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ces sept derniers jours. 


Shay – DA

Shay nous avait manqué comme la crème solaire manque à Richard Cocciante. Il faut dire que depuis 2019 et la sortie de son dernier album, Antidote, la rap queen molenbeekoise s’était faite discrète, au grand dam de ses fidèles jolies garces. Puis, en ce début d’avril 2022, une lueur, un teaser venu annoncer le retour de Shay et l’arrivée d’un projet nouveau, intitulé Prototype. Dans la foulée, elle balance cette semaine un premier titre, DA, et son clip. On l’y retrouve plus électrique que jamais, rassuré·es de voir qu’elle n’a rien perdu de son débit mordant et de sa prestance. L’artiste y campe son personnage cyborg bouillonnant, observé derrière une glace par des scientifiques désabusé·es. Elle riposte, envoie bouler la vitre et s’échappe dans le monde qui n’en pouvait plus de l’attendre. À peine revenue dans nos oreilles, Shay se fraie à nouveau un chemin de choix au sein de la noblesse du rap féminin francophone. Sortez les clairons et déroulez le tapis rouge, the queen is back.

 

Norma – A Place Where I Belong

C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve cette semaine l’une de nos héroïnes favorites, Norma. Quelques semaines après la sortie de Crocodile Tears (Think It Over), l’artiste toulousaine continue à dévoiler son nouveau chapitre musical avec A Place Where I Belong. Toujours lancée à pleine vitesse dans cette quête initiatique qui sous-tend sa musique, Norma ralentit ici la cadence avec un titre plus contemplatif et un clip en noir et en blanc qu’elle signe aux côtés de Shane Coffey. Cette nouvelle vidéo en forme de clin d’oeil aux films de Jim Jarmusch annonce surtout la sortie imminente de Hell.O.V.E., son nouvel album que la jeune artiste célébrera au Consulat le jour de sa sortie, le 13 mai prochain.

UTO Souvent Parfois

Dans la catégorie des retours qu’on attendait avec impatience, UTO figure en bonne place – et c’est peu de le dire. Le mystérieux tandem nous avait conquis·e·s il y a 3 ans avec The Night’s Due, un disque vénéneux à l’élégance racée dont on attendait la suite avec impatience. Nous voilà désormais récompensé·e·s avec un nouveau clip, Souvent Parfois, qui préfigure la sortie du premier album du duo. Neysa et Emile ont ainsi fait appel au réalisateur Marcos Dos Santos pour donner vie à cette course-poursuite effrénée en forêt qui illustre symboliquement le manque d’un être aimé et le douloureux convoi de non-dits et des pensées obsessionnelles qu’il convoque. Une inhabituelle incursion dans la langue de Molière dont on espère qu’elle trouvera écho sur le prochain disque d’UTO, dont la sortie est prévue pour l’été.

 

Mario.D – On est mieux sur le sol

Alerte découverte : si vous aimez la coldwave, ce titre est fait pour vous. Batteur (et chanteur) de Last Night We Killed Pineapple, trio dont on vous parlait il y a presque deux mois, Mario.D délivre le clip de l’entêtant On est mieux sur le sol. Le clip raconte l’histoire d’une personne qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui n’est plus à l’aise avec ce qui l’entoure et qui sent la fin arriver, mais n’a pas le contrôle dessus. Ambiance morbide, aussi glaçante que sa musique, on appréciera le côté Thriller du creusage de tombe. On est mieux sur le sol est un premier extrait de Mémoire, son nouvel EP à paraitre le 26 mai prochain sur Tête Froide records.

 

Pi Ja Ma – Les Questions (feat. Papa)

Et si finalement, le feat le plus stylé n’était pas celui que l’on ferait avec l’un de nos parents ? C’est en tout cas le pari lancé par Pi Ja Ma avec ce nouveau titre Les Questions, sur lequel elle chante en duo avec son papa. Quand Pauline transcende le complexe d’Œdipe, le résultat s’habille d’une simplicité qui nous ravit. Presque comme une comptine, la chanson énumère ainsi les questions que l’on se pose lorsqu’on grandit, celles qui nous tiennent compagnie pendant nos insomnies et qui nous effraient lorsqu’on essaie d’imaginer quelle personne nous allons devenir. D’une voix et d’une présence rassurantes, le père de l’artiste nous livre ses réponses, rendant définitivement ce duo de famille des plus attendrissants. Pour accompagner la sortie de ce nouveau titre, la musicienne, qui est aussi illustratrice, publie un clip dessiné. Ne vous méprenez pas, derrières les apparences candides des Questions, Pi Ja Ma sonde avec justesse la profondeur de ces tourments existentiels et nous rappelle que la frontière entre l’enfant que nous avons été et la personne que nous sommes n’est pas aussi définitive. Un peu de baume au cœur en attendant la sortie d’un nouvel album qui devrait à son tour nous séduire.

 

Angèle – Libre

Si vous aviez pas encore compris, Angèle est libre. Du coup, pour ses clips, si elle a envie de raconter l’histoire d’une pizza au fromage qui a l’air de dater de la sortie de Brol et d’un personnage volant aux cheveux bleus, elle ne va pas se gêner. L’artiste troque cette fois son manteau Chanel et son look de popstar pour une combi d’astronaute et une dégaine de super-héroïne qui flotte dans les airs. Elle est légère, libre, résiste même à la pesanteur. Dans une ville digne de Gotham City, cafards et embouteillages compris, elle atomise tout sur son passage. Si l’époque “école de redressement pour machos et yeux globuleux” signée Charlotte Abramow nous manque quelques fois, les talents de réalisation de Aube Perrie catapultent Angèle dans un univers radicalement nouveau. Plus sombre, ironique et professionnel, il est à l’image de Nonante-Cinq, sorti en décembre dernier. Et que dire de Pepette ? La chienne crève l’écran dans une apparition discrète pour un jeu puissant !

 

Molly Nilsson – Obnoxiously Talented

Pendant ce temps à Berlin, rien n’arrête Molly Nilsson. Quatre années après l’excellent Twenty Twenty, l’artiste suédoise de synthpop revient avec Extreme, son dixième album studio. Rien que ça ! À l’image de cet opus enregistré à domicile, l’artiste nous livre un clip DIY, réalisé par Rami. Déjà présent pour la création du clip de Pompeii, on retrouve sur Obnoxiously Talented une esthétique vintage très marquée, qui n’est pas sans convoquer le souvenir des eighties dont Molly s’est directement inspirée pour ce titre. Dans un appartement qui plante le décor de cette décennie, on retrouve l’artiste voguant aux occupations d’un quotidien excentrique qui semble pourtant réaliste. Avec ce clip, Molly Nilsson insuffle un soupçon d’onirisme et d’humour, et fait ainsi un pied-de-nez à l’angoisse et la stupeur ambiantes.

 

070 Shake – Skin and Bones

Ces dernières années ont été mouvementées pour 070 Shake, pointure de l’écurie G.O.O.D. Music qui partageait il y a maintenant plus de deux ans Modus Vivendi, un premier long-format qui avait mis tout le monde d’accord. Elle revient enfin annoncer un nouvel album, intitulé You Can’t Kill Me, et partage un lead single fidèle à son identité musicale mais qui s’offre tout de même un détour plus synth-pop que le reste de sa discographie. Petit bonus pour le beat switch en fin de morceau. Elle construit Skin and Bones comme un mille-feuilles d’intensité d’une mélancolie amère qui caresse. Le clip, signé Noah Lee, suit d’ailleurs cette idée avec des séquences sombres mais poétiques.

 

Miya Folick – Oh God

Notre découverte de la semaine a une voix d’or, une plume ultrasensible et un sens de l’esthétisme léché. Miya Folick, originaire de Los Angeles, dégaine son premier single solo depuis son album Premonitions en 2019. Intitulé Oh God, le morceau parle de “ce moment de remords/panique/peur soudaine : quand vous mettez votre paume sur votre front et que vous vous demandez ce que vous avez fait de votre vie. Vous savez que quelque chose doit changer et pour la première fois, vous êtes prêt·e à tout essayer.” Elle raconte donc le courage d’affronter l’échec sur des notes mélancoliques et puissantes et des refrains chantés-criés qui filent les frissons à chaque fois. C’est la réalisatrice Lucy Sandler qui s’occupe de donner corps au morceau, et décide de la faire à travers une délicieuse image pellicule à ne pas rater.

 

Sofiane Pamart & MEYY – Laisse-moi

À l’occasion de la sortie de la série belge Fils De, une histoire de gangster repenti ayant pour toile de fond Bruxelles, on vous fait découvrir la bande originale cousue main de cette fiction. Composée d’inédits des artistes belges les plus excitant·es du moment (de Kobo à Shaka Shams en passant par K.ZIA), la compilation s’ouvre sur un featuring qui nous fait particulièrement chaud au cœur, et qui signe le track générique de la série : Sofiane Pamart et MEYY. La grâce du piano de l’un vient se marier à la volupté vocale de l’autre pour offrir une parenthèse pleine d’intensité et d’onirisme. À noter que c’est le première fois qu’on a l’occasion d’entendre MEYY sur du français. Le clip, inspiré de l’univers de Fils De, nous plonge dans un univers urbain avec des extraits tirés de la série qui mettent notamment en scène le chanteur et acteur belge Marka.

 

LSDXOXO – DRaiN

Retour à l’adolescence sur le nouveau titre de la sensation techno LSDXOXO, qui délaisse la frontalité de ses pépites électroniques extravagantes pour embrasser une pop-punk réjouissante. Sur DRaiN, premier single de son premier long-format à venir prochainement sur son label Floorgasm, il s’offre l’hymne d’amour qu’il aurait rêvé avoir en tant que jeune homme homosexuel : “Je voulais faire un morceau de musique qui parle à ma version adolescente, comme j’aurais aimé qu’on me parle à travers la culture pop dans mes années charnières. Il y avait peu ou pas d’exemples de l’amour gay (surtout alternatif et noir) dans la musique pop à l’époque, alors j’ai fait cette chanson pour l’envoyer au bébé LSDXOXO.” Dans le clip, Raushaan Glasgow (de son vrai nom) crève l’écran et se dévoile plus esthète que jamais.

 

Jonathan Bree – You Are The Man 

Des synthés, plus de synthés et beaucoup de mélancolie noire. C’est la promesse du nouveau single de Jonathan Bree, You Are The Man. La bizarrerie divine du Néo-zélandais n’a pas fini de nous emporter dans une atmosphère sombre et orchestrale. Son combo gagnant : le masque blanc sur la tête, l’influence prog rock italienne et sa voix aussi grave qu’envoûtante. Le clip est mis en scène comme un talk show/une émission où il présenterait son nouveau single façon années 80, qui rappelle l’influence de la production. Chaque représentation de l’artiste est presque un film d’auteur en soi, dans une étrangeté contrôlée et poétique. On y voit balancer des têtes dans le public comme si celui-ci était hypnotisé par le tableau, bercé par la voix de Jonathan.

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