Les clips de la semaine #94
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Auteur·ice : Rédaction
17/10/2020

Les clips de la semaine #94

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont retenu notre attention ces derniers jours. Cette semaine, les jolies sorties prennent le pas sur les mauvaises nouvelles, et on compile votre dose de bonnes ondes pour les sept jours à venir. Les clips de la semaine épisode 94, c’est maintenant !

Gaël Faye – Lundi Méchant

Le lundi au soleil, le moral est pluvieux“. Avec ce couvre-feu, même les samedi soirs ont des airs de Lundi Méchant. Et si une drôle de routine s’installe, le génial Gaël Faye continue de distiller les bribes d’un nouvel album à paraître (enfin !) le 6 novembre. L’artiste multi-facette (rappeur, écrivain, chanteur, conteur ? Lui ne se fixe en tout cas aucune limite) l’avoue, ces nouvelles chansons sont autant de raisons de s’évader l’espace d’un instant. Loin du métro-boulot-dodo grisaillant, les images de Leïla Sy (connue notamment pour avoir réalisé Banlieusards avec Kerry James) subliment la routine évoquée dans les textes de l’auteur de Petit Pays. Un Lundi Méchant, donc, mais coloré, dernier extrait d’un album éclectique et intriguant qui promet de valoir son pesant d’or et de featurings délicieux. 

Ténéré ft. Moka Boka – A qui l’honneur

Vous l’aurez compris, on commence à vraiment être fan du travail de Temple Caché, ce studio qui avait déjà réalisé le clip de Réalité pour Grand Soleil. Cette fois, le studio s’empare de la réalisation du clip de Ténéré, preuve de la grande entente entre Nowadays Records et l’agence créative. Ténéré, c’est ce petit bijou du label, fan de bécanes, amoureux de production et élevé à l’influence du clavecin par son père pasteur. Il s’associe pour ce nouveau morceau, annonciateur de son album à venir, avec Moka Boka, rappeur devenu valeur sûre dans la scène francophone. Le résultat est sans appel : un morceau contemplatif au texte et à la production hypnotiques qui nous emmène – sur une bécane justement – à la rencontre de deux amis parcourant la ville à toute vitesse après une nuit blanche à refaire le monde. Une virée rimant avec liberté, le mot d’ordre du clip selon le réalisateur Kelzang Ravach. Une virée qui apaise leur agitation mentale, et un clip et un morceau qui apaisent la nôtre.

Bonnie Banane – Flash

Issu de son album Sexy Planet, attendu pour le 13 novembre prochain, Flash synthétise un peu tout l’univers de l’ovni de la nouvelle scène alternative francophone. Entre r’n’b langoureux et chanson française à textes, Bonnie Banane construit son personnage à partir d’une esthétique pointue et d’une musique singulière. Sur les délicates sonorités de LoubenskyPapoozMonomiteMartial Foe et Jimmy Whoo, elle partage ici ses souvenances d’un rendez-vous marquant. La poésie qui s’en dégage est captivante et le clip la renforce davantage, mettant en scène la chanteuse et son adorable chiot en pleine ascension de la Dame de fer. Des images sobres et élégantes signées Mati Diop et qui se limitent à une palette de couleurs nuancée de bruns et de blancs. Magnétique.

KUČKA – Ascension

Si sa voix céleste vous dit quelque chose, ce n’est pas par hasard : la chanteuse australienne KUČKA donne de la voix sur différentes pépites du producteur Flume, dont l’incandescent Hyperreal. Faisant suite à un premier album en 2015 intitulé Unconditional, elle continue d’évoluer en solo depuis novembre pour dégainer des sorties qualifiables d’électro-soul. Et Ascension confirme bien cette catégorisation en proposant une symbiose intéressante entre des couches de voix féériques, une R’n’b épurée mais puissante et des lignes d’electronica. En se glissant dans la peau d’une héroïne de jeux vidéo façon Zelda, KUČKA articule son clip autour de l’idée d’évolution : “Nous sommes constamment confrontés à de nouveaux défis, que nous le réalisions ou pas, et c’est important de ne pas laisser la peur se mettre dans le chemin de l’appréciation de ce processus.” En espérant que ces quatre premiers titres partagés constituent la base d’un album à venir, affaire à suivre !

Beacon – Feel Something

C’était la petite claque du 15 octobre ! Le duo de Brooklyn signé chez Ghostly revient en force avec Feel Something, un titre électronique ensorcelant. Le morceau s’ouvre sur un beat hip-hop / trip-hop puissant en contraste avec la voix soyeuse de Thomas Mullarney III, qui nous dépeint une vision surréaliste du désir et du contrôle. On retrouve avec grand plaisir les fameux arpèges de synthés et les motifs de guitare si caractéristiques du duo, qui ne sont pas sans rappeler Phantogram et même Radiohead. À l’image, le duo nous embarque dans un voyage hypnotique de trois minutes où vagues mouvantes, bandes colorées et faisceaux lumineux réagissent aux évolutions sonores. Promis, vous allez ressentir quelque chose…

 

King Princess – Only Time Makes It Human

Le retour de la Couronne ! King Princess revient pour la première fois depuis la réédition de son excellent Cheap Queen en février dernier. Pour l’occasion, elle dévoile son morceau Only Time Makes It Human, qu’elle a produit elle-même accompagnée de son inséparable acolyte Mike Malchicoff et Mark Ronson. Et si l’univers du premier opus nous emmenait divaguer sur une pop parfois acoustique et parfois rock, ce premier extrait de sa discographie future semble taillé pour les dancefloors. Plus pop encore, l’icône queer rayonne ici sur une vibe dance ultra catchy aux airs addictifs pour aborder une feue conquête sentimentale. Aux commandes du clip, on retrouve Quinn Wilson qui insuffle un esprit de transhumanisme à l’ensemble en mettant en scène un avatar 3D de King Princess modélisé par l’artiste Pastelae.

Django Django – Spirals (MGMT Remix)

Un remix de Django Django par MGMT. Aussi rapidement qu’un tube de MGMT atteint le sommet des charts (plus période Oracular Spectacular que MGMT), la pertinence de l’association de ces deux monuments de la scène indie du vingtième siècle s’est imposée. Django Django continue l’exploration tortueuse, et souvent réussie d’un univers musical personnel gorgé d’influences de Joy Division à Interpol. MGMT plonge dans le passé, fuse dans le futur, accumule les styles aussi bien que les instruments et les couches de synthétiseurs. Dans les deux cas, la liberté absolue prime et les artistes ne suivent que leur envie. Sans barrière, sans entrave. Telle cette version de Spirals : psychédélique, dansante, chatoyante, endiablée, rappelant parfois une trans des années 90. Magnifiquement imagée par Gemma Yin dont les remuants visuels alternent lignes clignotantes, silhouettes géométriques et aplats colorés hypnotisants pour une cavalcade infinie et transcendante. 

Genoux Vener – Métro Boulot Dodo

Métro Boulot Dodo : trois mots qui semblent faire l’actualité depuis les dernières mesures sanitaires annoncées par notre cher président. Trois mots qu’ont également choisi les Genoux Vener pour faire un retour remarquable et remarqué. Il faut l’avouer, les filles ont le tempo gravé dans la peau, quel sens du timing ! Avec ce nouveau single énergique, à mi-chemin entre dance 90s et pop acidulée, le duo parisien semble vouloir nous plonger dans un tout nouvel univers où contradictions et sarcasmes s’entremêlent. Un jeu que Randolph Lungela a parfaitement réussi à retranscrire dans le clip dont le scénario a été imaginé par Chloé et Pauline elles-mêmes, parsemé d’éléments de leur quotidien tels que des lieux qui leurs sont chers et quelques amis pour le rendre à leur image.

Claud – Gold

Premier nom de l’écurie Saddest FactoriesClaud et son univers coloré viennent adoucir notre semaine. Le label, fondé récemment par l’autrice-compositrice Phoebe Bridgers, se veut le plus éclectique possible, uniquement guidé par la qualité de la musique qu’il abrite. Et de la qualité, Claud en regorge ! À 21 ans seulement, la musique de cette pépite d’indie pop venue tout droit de Brooklyn dégage une saveur d’allégresse mélancolique, en adéquation parfaite avec le thème abordé : une rupture amoureuse. L’artiste a d’ailleurs une façon assez amusante de parler de Gold : “Imaginez monter sur un navire qui fait des allers-retours, mais parfaitement dans les temps. […] Vous savez que vous coulez mais en même temps vous êtes fasciné·e par la façon dont le navire s’est synchronisé avec la mer. Je n’ai jamais été sur un navire qui coulait au milieu de la mer, mais j’ai été en couple.”

Julia Jacklin – to Perth, before the border closes

Imbibée d’un charme brute comme seule la nature sauvage d’une île-continent suscite, la musique de Julia Jacklin. La chanteuse originaire des Blue Mountains parcourt depuis ses débuts les sentiers en friche de nos émotions. Son folk rock aussi aride que percutant vise toujours juste. to Perth, before the border closes ne déroge pas à la règle. Quelques phrases déclamées d’une voix de bronze, quelques accords lancinants de guitare électrique, des textes d’une beauté simple et farouche. Et surtout des envolées lyriques d’une rare puissance qui enserrent nos cœurs et réchauffent nos corps aussi rapidement que le souffle du Brickfielder à la fin de l’été. Le vidéoclip composé d’images grinçantes montées par la musicienne elle-même laisse transparaître une vision cauchemardesque du folklore australien.

Jacob Banks – Devil That I Know

Jacob Banks, justement, fait partie des personnes auxquelles Gaël Faye a fait appel pour son nouvel opus. Cela n’empêche pas l’anglo-nigérian de plancher sur ses propres sorties, avec un deuxième clip en quelques semaines : Devil That I Know. Et c’est encore une belle petite claque. On vous l’avait déjà avoué, on adore tout particulièrement quand le chanteur à la voix d’or renoue avec ses influences soul et adopte une production minimaliste. Cerise sur le gâteau, les images qui accompagnent cette chanson épousent parfaitement cette esthétique. Alors que le texte décrit les questionnements d’un couple qui s’étiole doucement mais sûrement, le spectateur est plongé au cœur de cette fuite en avant à bord d’un véhicule. Si, au départ, les couleurs sont dorées et les protagonistes souriants, la route qui défile se fait de plus en plus morne au fur et à mesure des personnages aperçus à son bord. Aussi simple qu’efficace, aussi poétique qu’implacable, Jacob Banks prouve une nouvelle fois que pop peut rimer avec émotion.

Bandit Bandit – Nyctalope

Nyctalope, adj. et n. : qui voit la nuit. Un an après la sortie de leur premier EP, Bandit Bandit offre un clip clairvoyant à ce titre sur un scénario de nuit ardente. La porte s’ouvre sur la fougue de deux amants dans un crépuscule désert jusqu’à l’amour brûlant et torturé qu’ils se portent au creux de la nuit. Du rock en bande son comme à l’écran, des plans soignés et une lumière toujours habilement choisie, c’est à Théo Sauvage, déjà à la réalisation des premières vidéos du groupe, que l’on doit ce clip incandescent. S’il y a un message que l’on retient ici, c’est bien de se sentir vivant par le sentiment, qu’il nous porte ou nous déchire : ressentons, aimons, vivons (et écoutons Bandit Bandit quand ça fait des étincelles).

John Frusciante – Brand E

C’est peu dire que le clip qui suit est un petit événement dans le monde de la musique. Car depuis une dizaine d’années, le légendaire guitariste des Red Hot Chili Peppers s’est fait rare au point de disparaître presque totalement du radar des médias et des circuits traditionnels, pour ne laisser filtrer qu’une poignée de morceaux diffusés ça et là. Cette semaine, il a fait son grand retour en révélant le clip de Brand E, extrait de son prochain album, Maya. Loin de l’époque où il éclairait les plus grandes scènes du monde de ses solos enflammés, John Frusciante y apparaît en chasseurs d’aliens, campé sur les montagnes d’Hollywood avec une paire de jumelles à la main, au son d’un morceau largement inspiré de la jungle britannique des années 90. Un come-back pour le moins étonnant, dont on a hâte de connaître la suite, prévue pour le 23 octobre prochain.

Ojos – misterio misterio

Semaine après semaine, Ojos continue à poser les pierres d’un chemin qui s’annonce des plus radieux. Nouvelle étape cette semaine avec la sortie de leur dernière vidéo, pour le titre misterio misterio. Toujours empreint de cette dualité qui fait leur marque de fabrique, le duo franco-chilien nous embarque dans son studio pour nous dévoiler la génèse de ce morceau à la rythmique si particulière, qui laisse une large place à l’instinct et à la respiration. Côté paroles, Ojos explore toujours ces sentiments qui naissent au creux du ventre, en abordant notamment la question du désir féminin et de l’emprise que les hommes exercent dessus.

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