Les clips du mois : février
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Auteur·ice : Rédaction
11/03/2024

Les clips du mois : février

Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci. 


Le plus romanesque : The Lemon Twigs They Don’t Know How To Fall In Place

| Sélectionné par Léa

Il n’a pas fallu bien longtemps avant d’avoir des nouvelles des frères d’Addario. Après un Everything Harmony très orchestral et sur fond de “défaite”, c’est avec le titre They Don’t Know How To Fall In Place qu’ils annoncent leur prochaine galette : A Dream Is All We Know à paraître en mai prochain. Et comme l’esprit fantaisiste de The Lemon Twigs est toujours en activité, le clip, réalisé par Amber Navarro (Molly Lewis, Weyes Blood…), met en scène de minuscules versions des frangins courant dans tous les sens, dans le genre des Borrowers, sur fond d’orgues et d’harmonies très colorées. Et comme le thème de l’amour déchu n’est jamais très loin, il s’agit ici d’une référence à une relation amoureuse qui n’aboutit jamais, le tout avec beaucoup d’auto-dérision. Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’ont pas perdu leur humour.


Le plus Charlotte aux fraises : Juliet Ivy we’re all eating each other

| Sélectionné par Chloé

We’re all eating each other, ou comment donner au nihilisme un goût sucré. Voilà un clip qui n’est pas aussi coloré qu’il ne semble l’être, car Juliet Ivy y parle de la mort. Dans son univers pop et fleuri, la New-Yorkaise de 23 ans explore le cycle de la vie. Pour résumer : comment trouver un sens à sa vie, alors qu’on est destiné·es à se transformer en miel ? Car dans son monde, chacun·e se décompose en jonquille ou en pissenlit, que les abeilles viennent butiner. La chanteuse n’offre pas vraiment de réponses à nos question existentielles, mais vous propose d’y réfléchir autour d’une dinette dans son jardin. Niveau décors, on est entre Charlotte aux fraises et Animal Crossing, autant vous dire qu’on croque dedans à pleines dents.


Le plus stroboscopique : Chalk ft. Fears Bliss

| Sélectionné par Joséphine

Bliss, c’est le post-punk de Chalk qui s’élève le temps d’un couplet sous la voix aérienne de Fears, c’est du contemporain à tendance lyrical qui colle comme une seconde peau au morceau, c’est l’audace et l’intelligence de sortir d’une zone de confort dont le trio irlandais n’a même pas encore eu le temps de dessiner les contours. Alors qu’on passe de tableaux gris à des jaunes et des bleus, alternant jusqu’à ce que couleurs et corps se rencontrent et s’entrechoquent sous les stroboscopes, ce clip laisse en trois minutes l’envie de lâcher les rênes sous les injonctions de Ross Cullen assénant “I said dance!” jusqu’à ce qu’il se joigne lui-même aux danseur·ses. Exaltant.


Le plus ovni : TH ADN

| Sélectionné par Tiphaine

Petit prodige du rap français, TH vient de passer à la vitesse supérieure en nous proposant ADN, un clip énigmatique, à la simplicité quasi surprenante tant son récit est captivant. Cela faisait un moment qu’on avait le rappeur de Bondy dans le viseur et quelle fut notre émotion à la sortie de son dernier clip ! Réalisé par le très talentueux ZAVEN, TH se livre sur son quotidien dans une ambiance planante : “L’œil des hommes, c’est pire que l’œil du cyclone / Donc j’sors toujours couvert“. Amateur de la DA en noir et blanc, ADN est le deuxième titre clipé de son nouvel EP Signal II, où le rappeur affine sa vision artistique, nous embarque dans une trap particulière en mettant en avant sa cité et son emprise sur ce dernier. Il est désormais certain que TH contribuera à élever le rap de demain, on a déjà hâte de voir ses textes performés en live.


Le plus brutal : Brutalismus 3000 Europaträume

| Sélectionné par Rafael

Le meilleur de la techno berlinoise se résume aujourd’hui à Brutalismus 3000. Moins d’un an après leur premier album ULTRAKUNST, le duo allemand fait un retour fracassant, mais en bonne et due forme avec une esthétique délectablement glaciale. Europatraüme nous sert toutes les pires horreurs possibles et inimaginables : des corps amorphes ou complètements épileptiques, qui habitent des lieux sans âme et déserts. Ce vilain cauchemar, on n’est pas prêt d’en sortir avec la voix impérative et obsédante de Victoria Vassiliki Daldas, qui sert de ligne d’horizon dans un chaos gabber. Si ce clip est le fruit de ce qu’ont retenu Brutalismus 3000 de leur récente tournée européenne, c’est à se demander si le show n’est pas sur scène ou dans la fosse. Cette aliénation qui se défile à l’écran est en tout cas un moyen brutal mais efficace pour imprégner nos cerveaux et rappeler à tout le monde qui sont les fiers descendants de la hardcore allemande.


Le plus périurbain : salome Off The Hook

| Sélectionné par Charly

Sommes-nous à l’heure du crépuscule ou à celle de l’aurore ? Malmené·es par cette prod lourde et alarmante coproduite par Brodinski et Jérémy Chatelain, on suit, désorienté·es, une vaporeuse salome dans ses errances internes, impasses de la vie sociale qui la font préférer se retirer : “Small talk, dramas and you call it a life ?”. La Bruxelloise s’échappe en lisière de la capitale européenne, vacillant entre des grottes abyssales et des marécages dans lesquels se reflètent usines et centrale nucléaire. Comme le centre, la périphérie est métallique et rouillée, froide. L’authenticité en plus, suffisante pour y trouver refuge.


Le plus vachu : Mahmood TUTA GOLD

| Sélectionné par Caroline

Notre prince de la musique italienne a encore frappé. Il y a quelques semaines, Mahmood présentait TUTA GOLD comme participation au festival de Sanremo, pour espérer représenter une troisième fois l’Italie à l’Eurovision. Comme nous le disions dans cet article, notre coeur a été brisé quand on a appris que ni lui, ni Ghali ne remportait le concours. Néanmoins, après deux jours de vie dans le monde de l’internet, l’Italie entière était complètement accro au single et à sa choré (qui n’a pas encore fini de nous faire transpirer). Vêtu tantôt de chaussures poilues, tantôt d’un survet’, toujours avec des touches d’or, Mahmood nous offre une masterclass comme on en voit peu. Par exemple, on peut l’y voir nourrir et caresser des vaches en plein milieu d’une cité tout en racontant “Tu disais ‘retourne dans ton pays’, tu sais que je ne suis pas rancunier.” Génie. Depuis, TUTA GOLD est au top de toutes les charts internationales. Quant à nous, on espère que, bientôt, il n’existera plus aucun monde sur lequel Mahmood ne règne pas.


Le plus difficile à regarder : Justice Generator

| Sélectionné par Louise

Mais c’est quoi ce bordel ?! Oui, on s’est dit la même chose. Dans un monde qui mêle la puissance illimitée de la création audiovisuelle et le retour de l’un des projets les plus emblématiques de l’électro française, forcément, ça peut faire ça. Ce 14 février, alors que la St Valentin bat son plein dans les coeurs amoureux autant que dans ceux qui regrettent que ce jour existe, Justice nous dévoile Generator comme un cadeau délicieusement empoisonné. Dans ce clip signé Léa Ceheivi qui relève autant de l’exploit que du dégoût, il y a des câbles et des entrailles, des masques et des cicatrices, autant d’humain que de robotique pour célébrer les frontières infinies des passions sulfureuses qui peuvent unir deux êtres. Le tout sur une bande originale tout aussi futuriste et dramatique. C’est flippant, c’est décadent, c’est puissant, c’est brillant, c’est Justice. Un avant-goût de la couleur des dancefloors de nos festivals préférés puisqu’il annonce le retour du groupe avec Hyperdrama, un album prévu pour le 26 avril. Vivement l’été !


Le plus sylvestre : Saya Gray AA BOUQUET FOR YOUR 180 FACE

| Sélectionné par Pauline

Pour annoncer la sortie de son EP QWERTY II, Saya Gray dévoile une composition à la fois aérienne et à la basse teintée d’urgence. Dans ce clip, sur fond de forêt verdoyante, elle mène une troupe aux habits vermillon à la poursuite d’une présence mystique. La chanteuse japonaise et canadienne nous donne des indices sans nous permettre de percer son mystère. L’ancienne directrice musicale de Daniel Caesar a pour habitude de constituer son patchwork musical de façon énigmatique. À l’image du chaos de notre monde digital, la musicienne compose des chansons aux “milles personnalités”. Tout ce que l’on sait, c’est que QWERTY II, qu’elle décrit comme “une collection d’idées et de collages assemblés comme le ying et le yang”, saura nous apporter le réconfort que l’on mérite.

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