Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci.
Le plus bucolique : Othélie – Martini
| Sélectionné par Anne-Sophie
Othélie dans un open space, Othélie dans un champ de fleurs, Othélie dans un théâtre rouge, Othélie bientôt dans toutes les oreilles. Son nom sonne aussi bien que sa musique et n’importe quel décor fonctionne. Martini est son troisième clip en trois ans. Chaque morceau semble prendre du temps mais le résultat est proportionnel à l’attente. Aymane Alhamid et Owen Samba-Dhelot sont à la réalisation, mais on lui doit le stylisme et surtout la qualité des couleurs car la chanteuse est d’abord photographe. On apprécie sa voix lascive et la touche d’humour, et bien que l’on en sache encore peu, on a compris qu’elle aimait le bon son et la nu-soul. On sait aussi qu’elle devrait sortir un EP avant la fin de l’année et pour patienter, on vous invite à écouter ce qu’elle a déjà fait. Si vous aimez Martini, vous ne devriez pas être déçu·es.
Le plus romantique : beabadoobee, Laufey – A Night To Remember
| Sélectionné par Caroline
À nos hopeless romantics, un peu de jazz et d’amour spécialement pour vous. Si quelque chose nous manquait pour passer l’automne et affronter la dépression saisonnière, c’était certainement des accords de bossa nova, du jazz vocal émanant des deux voix les plus belles de notre époque. A Night To Remember se veut plus sensuel que les sonorités habituelles des deux artistes, et c’était bien l’intention du titre. On suit deux âmes, deux corps qui se séduisent dans les rues de Londres. “Underneath the sheets, you enchanted me” constitue le début de la progression du titre, et on ne veut plus la quitter. Une atmosphère cinématographique d’un autre temps guidée par la fragilité et la beauté, peut-être illusoire, dont on a besoin pour naviguer la vie en ce moment.
Le plus sci-fi : Jacques – Absolve
| Sélectionné par Quitterie
Pour les amateur·ices de science-fiction et d’êtres venus d’ailleurs, le dernier clip de Jacques saura vous ravir. Mais l’ectoplasme du clip est-il vraiment extraterrestre ? Dans Absolve, Jacques déambule dans le Louvre au gré des œuvres. L’artiste ne peut contenir son émotion qui se transforme alors en monstre de sensibilité. La peinture coule, la chevelure emblématique de Jacques pousse, le musée et lui ne font plus qu’un. Ce clip réalisé par Paul Trillo est à l’image de la musique qu’il habille : mutant, envoûtant et beau. Vous ne regretterez pas l’expérience.
Le plus magnétoscopique : Felixita – Bureau/music.xls
| Sélectionné par Arotiana
Ah, la pop lumineuse de Felixita nous a manqué… Toujours avec sa patte décalée et entraînante, elle nous emmène cette fois-ci dans un environnement que plusieurs d’entre nous connaissent : l’open space. Il ne s’agit pas d’un espace de travail qui rappelle The Office ni même les espaces de coworking plus modernes, non. Elle se joue d’une esthétique rétro et grisâtre qui fait écho à ce qu’elle chante : “je me mets de la musique, il y a le temps qui passe. J’sais pas ce que j’attends.” Son attitude nonchalante et les paroles récurrentes qui nous sortent difficilement de la tête nous donnent envie d’écouter cette chanson en boucle, assis·es dans nos sièges de bureau, sans que personne autour ne sache ce qui passe dans nos casques. Tout cela en se disant la même chose qu’elle : “on me donne de l’espoir et du café, pour le reste je vais me débrouiller.”
Le plus frénétique : Scuffles – Chromé Total
| Sélectionné par Rafael
Avec Scuffles, c’est tout pour la sensation. Le duo nantais ne lésine pas sur les hyperboles, les grosses voix et les pulsations électro effrénées pour nous inviter à vivre tout à fond. Chromé total, leur dernier single, constitue un melting pot de tout cela, agrémenté par une sauce 80s qui nous est bien familière. Si de prime abord, le clip semble faire la promotion d’une activité physique régulière, voyez-le plutôt comme une ode à nos nuits de fêtes éternelles. Celles où les corps paraissent infatigables devant les minutes qui passent. Celles où le kitsch redevient de bon goût, où porter des lunettes de savoyard et un chapeau de cow-boy sous les stroboscopes vont de soi. Derrière ces détails insignifiants, Scuffles honore l’élan de liberté et de pure euphorie qui rassemblent les gens autour de la rave culture. Ce n’est finalement peut-être pas qu’un homme, seul, déchainé dans des lieux déserts. Il a sûrement tout un monde derrière lui.
Le plus sensible : Odezenne feat. Lonely Band – Ils Dansent (Unplugged)
| Sélectionné par Juliette
De la douceur noire et amère, grande par sa véracité. Odezenne revient nous sortir de nos têtes quelques instants pour nous relier aux mondes. Des images de nature, entre autres. Sur un texte chantant le cœur au bout des lèvres, Odezenne s’allie à Lonely Band pour éclaircir un temps l’obscurité, sans artifices, débordante de contrastes douloureux. On y reconnaît les artistes bordelais, garants d’une multiplicité de perspectives, sensibles et sensés, qui présagent d’un retour beau, juste et intense – nécessaire.
Le plus délicat : GRV (Flavien Berger, Sacha Rudy) – Music for Maison d’en face
| Sélectionné par Joséphine
Lundi 3 avril 2023, 22h, sur le parvis du Théâtre du Châtelet, on se regarde un peu hagards, l’esprit encore ailleurs. On vient de voir Maison d’en face, le second ballet de La Marche Bleue, et deux pensées nous étreignent : quand est-ce qu’on y retourne, et surtout, quand est-ce que nos oreilles pourront écouter au quotidien cette incroyable bande-son ? Composée en grande partie par Flavien Berger rejoint par instants par Sacha Rudy et quelques autres artistes, cette heure de musique, au-delà d’illustrer parfaitement un ballet générationnel émouvant, nous a porté·es loin dans les méandres de nos réflexions existentielles. Alors que Dans cent ans vient à peine de sortir, on se dit qu’il ne reste plus qu’à s’armer de patience tout en espérant que ce trésor perce un jour la glace jusqu’à nos platines. Six mois plus tard, alors que nous commencions à penser qu’on l’avait simplement rêvé, le disque est là, tout aussi beau que dans notre souvenir. Accompagné d’une vidéo chorégraphiée reprenant un extrait du ballet, on vous y promet du rêve étourdi, des contours de relations, du temps suspendu et quelques citations d’une discographie déjà culte, le tout enveloppé sous un plaid de délicatesse touchante.
Le plus corporel : Jamila Woods (ft. Saba) – Practice
| Sélectionné par Hugo
Mise à nu pour Jamila Woods qui profite de l’automne pour nous offrir un quatrième album brillant, qui fait bouger les hanches autant qu’il nous fait couler les larmes. Mélodie accrocheuse, texte émotif et funk à volonté, Practice réunit toutes ces choses qui font de Water Made Us un véritable rayon de soleil. Sortie réussie pour Jamila Woods qui viendra nous dépeindre ses émotions sur ces quelques riffs gorgés de soleil au printemps prochain.
Le plus déconcertant : Miel de Montagne – Le Pigeon
| Sélectionné par Louise
Pour ce clip, le mec avait apparemment sous la main deux pigeons, un vrai et un faux, une planche de skate, un gilet jaune, des claquettes, un brancard, une chaise de camping, une poubelle et quelques tomates et s’est dit « vas-y, ça passe ». Et, surprise, ça passe ! Dans nos oreilles, autant de contrariétés que de plaisir. Si on ne sait pas vraiment où donner de la tête, on la secoue frénétiquement jusqu’à ce que les sons s’arrêtent. Une chute de haut vol, 0% premier degré, qui nous ramène d’un coup à notre triste existence. Game over. Servi à la sauce Miel de Montagne, Le Pigeon c’est l’absurde de bon goût (ou le bon goût de l’absurde) sur fond de carte postale, on n’a pas tout compris mais on adore. Déconcertant on vous dit.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.
