Mind Clarity : ligne d’horizon au-dessus des tumultes avec Lake Haze
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Auteur·ice : Diego Mathy
18/11/2023

Mind Clarity : ligne d’horizon au-dessus des tumultes avec Lake Haze

L’artiste portugais Lake Haze a sorti quatre nouveaux titres et c’est l’occasion de l’emporter dans La Vague Parallèle. Sa quête effrénée d’expressions sonores nous amène à sa sixième sortie de l’année, après quatre EP et un album (rien que ça). Avec le label Time Is Now, il produit une musique aérienne renforcée par des rythmes breaks. Le tout baigne dans la douce mélancolie caractéristique de son œuvre, empreinte de sa sensibilité.

Presque d’instinct, on aimerait chercher les notes acidulées auxquelles sa musique fait habituellement écho. Mais cette fois, comme précédemment avec Intergalatic Communication ou encore Blue Suzuki, le musicien a laissé place à l’absence de sa pleine maîtrise de la musique Acid. C’est donc sans ses fameuses courbes électrochimiques, que l’on trouvait dans Pixelated Kabuki par exemple, qu’on évolue dans un univers plus lisse.

Avec l’EP Mind Clarity, on fait presque abstraction des machines. On quitte le côté un peu scientifique de ses expérimentations électro pour plus de légèreté. C’est d’ailleurs, d’une manière, ce que le nom de l’EP évoque : clarté d’esprit. Un concept difficilement exprimable avec des sons complexes qui résultent d’un mélange de câbles, de volts et de séquenceurs.

On peut également entendre le mot « clarté » en tant que nuances. En effet, loin d’être « dark » comme les deux titres de son EP Atomic Level, sorti en 2020, les mélodies renvoient plutôt à des tons clairs. Les chorus, ponctuels et lointains mais bien présents, de Ego Destroyer et Inner Peace nous plongent dans un truc un peu céleste. Du genre grand ciel bleu avec quelques toiles nuageuses, d’une clarté éblouissante. Et tout semble flotter un peu dans cette atmosphère onirique. Alors on prend de la hauteur en même temps que les notes et le monde s’éloigne un peu plus à chaque titre.

Les émotions remplacent le tangible et la nostalgie se révèle être un espace assez confo. On s’installe donc, à notre aise, au cœur de ces notes un peu tristes mais porteuses. Les mélodies sont dignes d’un film plutôt dur mais trop beau, comme celle de Caribbean Croft qu’on ajouterait bien à la BO de « 120 battements par minute ».

Petit pincement aux cœurs mais les têtes bougent, les corps se balancent et les pieds tapent le sol. Et oui, d’une certaine façon, les rythmes décoiffés nous ramènent au corps (on peut dire déconstruits mais pourquoi pas amener un peu de cheveux dans cette histoire). Et non, personne n’a dit qu’on ne pouvait pas pleurer et danser en même temps. En fait, c’est un peu comme si l’un combattait l’autre : les pulsations vectrices de force face aux mélodies maussades.

D’ailleurs, si on fait attention, (à part dans le morceau Mind Clarity) c’est toujours le motif mélodique qui est présenté le premier, comme pour installer l’ambiance. Puis, suivent les basslines et breakbeats, venus sauver l’auditeur.ice de ses larmes. Cette distinction des éléments débouche sur leur coexistence : la mélodie comme ligne d’horizon, et le rythme comme agitateur.

 

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