Pas un Kopeck en poche, JupiterGrandeTacheRo rêve de Rolex
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Auteur·ice : Charly Galbin
27/10/2023

Pas un Kopeck en poche, JupiterGrandeTacheRo rêve de Rolex

Après le lumineux Peaux Mortes Et Terres Rares, son premier projet sorti cette année, JupiterGrandeTacheRo proclame sa sincérité dans Kopeck, son nouveau single. Un quotidien fait de rap, de précarité et d’anxiété se raconte dans une forme musicale détendue, triomphante et luxuriante.

Il aurait très bien pu s’appeler No skip tant l’artiste strasbourgeois nous a offert en juin dernier un 15 titres dont chacun a prétendu, au fil des écoutes répétées, intégrer notre playlist SUMMER 2023. Oui, ici on s’est buté sous le soleil à Été Sous Verre, Emoji !!! Sad Face !!!, Ange Ou Mouche ou Goodbye Rap Shit, et on me dit que non Charly tu ne peux pas tous les citer.

C’est qu’il y a un truc vachement libérateur dans le rap de JupiterGrandeTacheRo. Les productions aériennes, qu’il crée toutes, semblent ne montrer que des ciels dégagés. Et quand on retombe de cette transe c’est pour mieux rebondir sur des coussins de pulpe de pamplemousse.

À l’intérieur de ce flacon rayonnant, les textes n’abordent pourtant pas toujours ce qu’auraient envie de montrer des humains à des extraterrestres par exemple : urgence psychiatrique, RSA, sevrage, dette. Ce tableau des classes populaires serait cependant mieux compris des hommes verts si on les accueillait avec Le Manifeste.

Car la piégeuse ode à l’impuissance se retourne chez Jupiter aux contacts d’une relation amoureuse, d’un répertoire libéré du numéro du dealos et d’une gourmande salade de cadavres de riches. Rien de larmoyant, authentique et vitaliste – ça fait du bien.

Le Sisyphe alsacien poursuit donc son œuvre avec ce nouveau single, même si elle n’apporte pas un Kopeck. Musicalement inspiré par le Chicagoan Lucki, ce morceau raconte le quotidien de l’artiste, marqué par des factures de gaz exorbitantes et des pensées révoltées contre ceux « qui trouvent ça chill d’avoir un domestique ».

En commençant « à trouver ça beau les Rolex », le rappeur confie aussi sa relation toxique à l’idéologie bling-bling indissociable de la culture rap, qu’il conspue mais dont il peut éviter l’influence. La prod inspirée de la plug de Stoopidxool, Flansie ou des Français Bricksy et 3g rejoint le propos parfaitement, semblant clinquée comme le poignet de Nicolas Sarkozy.

Son précédent single s’appelait Carats Freestyle et on se dit qu’en ce moment les nuits de JupiterGrandeTacheRo sont envahies par des rêves aux décors d’or pur, ce qui ne l’empêche pas de faire un rap rafraîchissant de sincérité, le réel comme imaginaire, dans la lignée de ses potes Urde et ozkar.

Depuis 1665, une Grande Tache rouge intrigue les observateurs de Jupiter. Cet anticyclone colossal impressionne par sa longévité, semblant ne jamais être rassasié. C’est la carrière qu’on souhaite à l’artiste du même nom, qui mérite définitivement plus qu’un kopeck.

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