Retour sur le festival Chorus 2024 : les Hauts-de-Seine n’ont pas fini de nous étonner
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Auteur·ice : Chaima Kartobi
22/04/2024

Retour sur le festival Chorus 2024 : les Hauts-de-Seine n’ont pas fini de nous étonner

Pop toute douce, neo soul envoûtante et rap en tous genres, celui qui se veut comme le premier festival de l’année est revenu pour une édition 2024 qui a su introduire les rythmes de notre été. Reconnu pour sa longévité, porté sur l’émergence et la création, le Chorus Festival qui s’est déroulé du 20 au 24 mars dernier a su représenter habilement la diversité et l’éclectisme musical qui ravit le public français. Investissant la mythique Seine Musicale de Boulogne et ses six scènes aux ambiances multiples et à la qualité sonore difficilement égalable, le Chorus a su nous concocter une programmation ravissant un public toujours plus diversifié.

C’est arrivé·es sous un temps pluvieux ne laissant pas du tout présager que le printemps pointe le bout de son nez que nous entamons cette journée. Si nous avons malheureusement raté l’Emergence Day se tenant en amont du festival et durant lequel la magnifique Nina Versyp et sa voix cristalline ont été récompensées, c’est avec une flopée d’artistes tout aussi talentueux·ses que nous avions rendez-vous. Nous entamons cette journée avec la jeune Rori ouvrant le bal sur la scène extérieure du parvis. Révélation de la scène pop-rock belge, c’est avec une énergie débordante et communicative ainsi qu’une grande sensibilité qu’elle entend bien abolir les tabous sur certains sujets tels que la santé mentale. Nous nous dirigeons ensuite vers la fameuse grande scène afin de pouvoir assister à son inauguration par un groupe cette fois-ci, mais encore une fois venu tout droit de Belgique. Colt se veut comme la nouvelle figure de proue de la pop bruxelloise. Souhaitant partager les parcelles les plus profondes de leur intimité avec leur public, c’est sur un titre plus qu’intimiste racontant le coming out de la chanteuse que le groupe ouvre son set. S’ensuivront ensuite des thématiques familiales, amicales et bien évidemment amoureuses. Colline et Antoine se livrent et se délivrent tout au long de ce concert magnifiquement exécuté. Avec leurs mélodies envoûtantes, paroles engagées et l’aspect presque lyrique qui s’émane de la voix de la chanteuse, c’est dans une ambiance doucement énergique que le duo nous démontre qu’iels ont la musique dans la peau et que ce n’est pas prêt de bouger. 

Retour dehors, pour le concert de l’un·e des artistes que nous attendions le plus : Jordan Mackampa. La nouvelle sensation de la neo soul londonienne nous fait l’honneur de réchauffer nos petits cœurs avec un show tout en simplicité et convivialité. Ressortant les quelques mots de français qu’il a appris durant sa jeunesse, le musicien révélé derrière le micro de Colors met un point d’honneur à connecter avec son public. Oscillant entre certains de ses titres les plus écoutés comme Alibi ou Mary et quelques exclusivités qui paraîtront très prochainement. Véritable coup de cœur de cette édition, la voix profonde de Mackampa, la chaleur de sa musique et les influences qui s’y rencontrent font de lui un artiste complet à la patte unique.

Sonnent 19h et la prise d’otage des différentes scènes par les artistes rap présent·es au festival. Ne sachant pas vraiment où se diriger, nous avons décidé d’alterner entre petite et grande scène où nous avions respectivement rendez-vous avec Yvnnis et SpiderYvnnis fait partie de cette nouvelle génération de rappeur·ses qui n’a pas peur d’exprimer sa versatilité et sa créativité débordante. Nourri par des influences multiples, c’est pour nous l’occasion de retrouver chacune de celles-ci lors d’un concert enflammé où le rappeur drifte entre certains de ses morceaux les plus connus comme les désormais classiques Vin Italien et Gare du Nord et des titres plus niches pour son public plus affûté. Il est alors temps pour nous d’aller explorer les recoins du lieu en retrouvant Danyl dans La Capsule. Multi-instrumentiste, rappeur et chanteur, c’est une performance des plus intéressantes que le jeune artiste nous offre. Puisant son inspiration dans le multi-culturalisme duquel il est issu, c’est toutes ses influences que l’artiste explore durant un show survolté. Du rap au raï, Danyl expose les sonorités qui l’ont fait grandir et qui ont construit l’artiste aux confluences des genres qu’il est aujourd’hui.

Cap sur la grande scène pour y retrouver un mastodonte du rap français à l’histoire des plus touchantes : Prince Waly. De ses débuts à Montreuil avec Big Budha Cheez à la reconnaissance avec Moussa et BOY Z vol2, Prince Waly n’est pas nouveau dans le paysage du rap français. Accompagné de chœurs et de sa femme, la douce Enchantée Julia, c’est un show plein d’émotion que le couple nous propose. Avec des jeux de lumières ainsi qu’une scénographie discrète, c’est la pureté, la profondeur et la versatilité de sa musique que le chanteur a souhaité mettre à l’honneur. Alternant des morceaux de ses premières mixtapes et des succès plus récents comme Problèmes, Crash (en featuring avec Julia) ou encore BBF, Prince Waly sait préparer le terrain pour ses confrères de la scène rap française en faisant bouillonner son public. 

Pour conclure cette journée, engagement et prise de parole étaient au rendez-vous avec la figure de proue de la neo soul et du rnb psychédélique londonien Greentea Peng. À travers sa voix mielleuse et profonde, ses textes porteurs de sens et ses lignes de basses toujours plus envoûtantes, Greentea Peng est la révolution du genre de ces dernières années. Marchant sur les traces de quelques-unes de ses idoles telles qu’Erykah Badu ou Etta James, elle vient apporter un vent de fraîcheur et d’unité sur la scène du Chorus Festival. Visiblement impressionnée par la grandeur de cette scène, elle qui a l’habitude de jouer des petits shows intimistes dans les différents bars de sa ville, c’est toute en émotion que la jeune artiste nous fait part de son univers. Arrivant coiffée de son emblématique chapeau de cow-boy ainsi que d’un keffieh marquant son engagement auprès de la lutte palestinienne, elle ouvre son show avec le superbe Nah it ain’t the same, pour lequel elle convie un contrebassiste permettant de capturer la profondeur de ce morceau prêchant la difficulté de trouver et d’affirmer son identité. Car oui, l’identité est bel et bien le fil conducteur de l’art de Greentea Peng, on retrouve ce sujet sur le percutant Human qu’elle interprète à la suite. Personnage presque mystique à la voix captivante, elle enchaîne avec fluidité les morceaux issus de ses deux projets Man Made et Greenzone 108, ravissant ses plus ancien·nes fans présent·es pour l’occasion. Concluant avec un medley réunissant Bob Marley, Mojo ou encore Billie Eillish, Greentea Peng expose l’étendue de son talent ainsi que sa capacité à se réapproprier et à faire évoluer les morceaux qu’elle reprend. Véritable coup de cœur, Greentea Peng est une artiste au service des âmes perdues en quête de réconfort et de confiance.

Revenant pour deux jours auxquels nous n’avons malheureusement pas pu assister, le Chorus Festival a encore une fois démontré l’étendue de ses talents avec cette édition 2024. Grâce à son accessibilité, sa diversité et sa qualité, il ravit chaque année de plus en plus de spectateur·ices. Une recette gagnante que vous pourrez retrouver du 2 au 6 avril prochain.

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