Talk show irradie les âmes et transperce les corps avec Effigy
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Auteur·ice : Chloé Merckx
22/02/2024

Talk show irradie les âmes et transperce les corps avec Effigy

Partant d’un univers post-punk, le groupe Londonien Talk Show a passé les derniers mois à concocter un objet sonore unique. Produit par Remi Kabaka Jr., aka le batteur de Gorillaz, Effigy transpire le dystopique par son côté industriel et cru, issu d’un mix judicieux de guitares et d’électro. Son écoute emporte nos corps dans une transe sonore qui nous fait le même effet qu’une séance de cardio.

Dès les premières minutes, on ressent tout de suite l’adrénaline, la sueur, la fête, voire le délit. On s’imagine parfaitement Harrison Swann, George Sullivan, Tom Holmes et Chloe MacGregor, jouant au fond d’une cave, amplificateurs à fond, afin que les vibrations des lignes de basse résonnent dans les tuyaux d’un Londres underground. Mobilisant ainsi les âmes en recherche de sensations fortes à se joindre à la danse. Avec leur premier album Effigy, les musicien·nes de Talk Show viennent intimider la scène alternative anglaise avec leur créativité irrévérencieuse.

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Effigy est une expérience sensorielle. Tout le long, on ressent quelque chose de l’ordre de l’endurance, comme un parcours d’obstacles menant à l’anéantissement d’un boss final. Gold ouvre le projet et plante le décor pour le reste de l’album. C’est la rencontre des protagonistes qui nous accompagneront dans cette aventure : le rythme, la basse, et la voix d’Harrison Swann, grainée comme du bitume. Gold est ce genre de titre qui invite à se laisser emporter dans l’inconnu.

Nous sommes ensuite happé·es par la ligne de basse qui claque de Oh! You’re! All! Mine!, un son assez sulfureux qui mêle ce côté plus organique des instruments à cordes et des éléments électro. Toujours dans ce rythme de course poursuite, Red/White nous maintient dans cet état de sueur, contrebalancé par un bridge plus aérien, un peu comme un saut en parachute. Cette impression de menace imminente est amplifiée par le flow de Swann qui cadence le son avec le refrain.

Avec Closer, on retourne dans le monde de la nuit. C’est la proximité des corps, la chaleur humaine, l’odeur de cuir et de bière chaude d’un sous-sol en béton. On se rappelle le sentiment d’excitation quand on entre dans une soirée, à se dire que tout peut arriver. Les guitares du début résonnent comme une alarme, comme un rappel du danger potentiel. Mais la chanson n’en est pas moins excitante, la tension monte au fur et à mesure qu’on répète les paroles “Closer, closer“, pour finir en beauté sur un drop.

L’écoute se poursuit sur Oil at the Bottom of a Drum, qui apporte un temps un peu plus lent à l’album, sans pour autant être dénué d’agitation. Le rythme nous rappelle presque une chanson reggae, pourtant bien à l’opposé de l’univers dépravé qui nous colle à la peau depuis le début.

Got Sold qui vient ensuite est probablement le morceau le plus entraînant de l’album, avec son rythme funk et son refrain super énergique. Ce riff de guitare court mais efficace explose comme une bombe, la basse gronde comme le moteur d’une voiture qui fait des drifts sous un couché de soleil. Nous voilà conquis·es.

À ce stade d’avancement dans le projet, nous identifions les influences de la bande dans les pulsations : The Chemical Brothers, The Prodigy ou encore Nine Inch Nails. On ressent que chaque chanson est construite d’un mélange hybride entre un genre et la touche Talk Show. Panic nous rappelle légèrement un Nick Cave dans l’intonation du début et part dans un refrain presque pop-rock par la suite, pour rester dans la discorde.

Avec Small Blue World, la basse sert de ligne directrice dans ce tempo presque agressif. Les guitares jouent encore une fois sur ce côté menaçant, dans une instru où tout semble partir en vrille. L’album nous tient en haleine jusqu’au bout, et se termine par un bouquet final avec Catalonia, un son aux influences rave qui clôture ce parcours initiatique.

Il y a quelque chose de très excitant, quand on tombe sur un album comme Effigy. C’est la joie de découvrir un projet naissant qui ne manque pas d’audace. Pendant neuf titres, tout est fougue, on se sent nerveux·se, sans pour autant savoir décoller nos oreilles du casque. Talk Show nous propose quelque chose d’immersif et de brûlant, dont on ne va pas se lasser de sitôt.

Talk Show

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