Transe Atlantique : le festival qui clôt l’été avec succès
"
Auteur·ice : Alice Sevilla
07/09/2023

Transe Atlantique : le festival qui clôt l’été avec succès

| Photos : © Willy Vainqueur en couverture et © Alice Sevilla pour La Vague Parallèle

Saintes est une ville marquée par le passé. À chaque coin de rue, on y découvre un vestige de l’antiquité, une preuve d’un patrimoine culturel important dans cette petite ville où il y fait bon vivre. Tout en haut de la rue des Jacobins se trouve l’endroit que l’on attendait tous·tes : le Festival Transe Atlantique. Surplombant une magnifique vue de Saintes, on entre dans une bulle franco-canadienne où la grande scène est entourée de différents petits stands. Loisirs, merchandising (avec un magnifique tee-shirt de Céline Dion mis en avant), ateliers et nourriture, il y a de quoi se faire plaisir. Ces trois prochains jours s’annoncent prometteurs !

Vendredi : on s’ambiance avec Marie-Gold, Pi Ja Ma, Marie-Flore et Zed Yun Pavarotti

Le sourire aux lèvres et le Québec sur le bout de la langue, c’est Marie-Gold qui ouvre le bal avec son hoodie noir extra-large et son rap coloré. Artiste inconnue du public français – qui reste un peu timide – Marie-Gold réussit à charmer les plus curieux·ses par sa good vibe et les captive par l’histoire de La Baveuse qu’elle incarne. On la suit dans différentes péripéties, que ce soit au tribunal avec Votre Honneur ou encore chez la psychologue avec Chez la psy.

Elle nous attrape par ses punchlines féministes et son rap déjanté et ne nous donne qu’une seule envie : celle de monter sur scène avec elle pour jumper ensemble et rejoindre cette ambiance explosive. Une complicité s’installe, elle chante C’est qui le boss ? et on répond volontiers que c’est elle car il n’y a rien de plus évident que cette vérité. Marie-Gold et ses deux acolytes terminent le live avec le désir de nous faire danser comme en club et, même s’il n’est que 19h42 comme elle nous l’indique, on la suit car il n’y a pas d’heure pour s’enflammer. Son concert annonce la couleur : ce festival sera de braise.

Marie-Gold © Alice Sevilla

Nymphette aux cheveux roux, Pauline de Tarragon attire notre oreille de sa douce voix cristalline qui démarre avec des vocalises en intro de sa première chanson. Accompagnée d’Axel Concato, avec qui elle forme Pi Ja Ma, elle nous invite dans son univers bien à elle avec ses chansons pop mélancoliques – parfois chantées en français d’autres en anglais – ainsi qu’avec ses interludes humoristiques qui nous font tous·tes rire aux éclats.

Coucher de soleil sur l’Église Saint Eutrope qui sert de fond de scène, l’ambiance est aux douceurs et à la golden hour. Pi Ja Ma nous envoûte tant par ses chansons que par ses anecdotes. Elle nous raconte celle de son titre J’ai oublié, écrite pour un de ses ex qui, selon elle, était beau mais lui a dit qu’elle était grosse, un beau red flag. Alors, en soutien, on ira streamer fort cette chanson afin qu’elle fasse « de l’argent sur son cul », comme elle le dit si bien. One woman show, air saxophoniste de qualité et chanteuse à l’air décalé, Pi Ja Ma a tout pour plaire et c’est ce qu’elle fait. Elle clôt son live avec Radio Girl et, tel un chat, donne des coups de pattes sur la guitare d’Axel qui en joue comme une rockstar.

Pi Ja Ma © Alice Sevilla

Grande silhouette vêtue d’une combinaison crème, Marie-Flore trône au milieu de la scène éclairée d’un seul projecteur et commence son concert avec Je sais pas si ça va, tandis que nous, on sait déjà qu’avec elle, tout ira bien. Mal accompagnée en amour, Marie-Flore ne l’est certainement pas sur scène. Ses trois musiciens, placés derrière elle, l’y entourent. Sous leur œil musical, elle s’empare de l’espace. Elle danse la tristesse telle une déesse et nous enveloppe de joie de sa voix morose. Le public, qui s’est amassé près d’elle, connaît et chante ses mots du début jusqu’à leur ponctuation. Surtout celleux qui ont le cœur brisé. Entre nous, on se sait. Puis, gorge serrée avec la lune qui nous sourit en fond, elle tire les larmes de nos cœurs avec les premières notes de Je sais qu’il est tard, chanson qui a lié nos cœurs à ses mots, notre amour à son art.

Textes percutants au bord des lèvres et dynamisme magnétique jusqu’au bout du corps, Marie-Flore termine son concert avec Tout ou rien façon électro et nous embarque, sourires dessinés sur nos visages et le sien, comme au club. On pourrait y rester jusqu’au bout de la nuit. Décidément, Marie-Flore sait bien y faire niveau Braquage et nous touche avec ce concert à la fin duquel on termine avec “dans nos yeux, un automatique arrosage”.

Marie Flore © Alice Sevilla

23h, notre corps crie famine. Direction le stand « Les p’tits bonheurs du Québec » où nous goûtons pour la première fois la fameuse poutine. Rien ne vaut des frites pour se requinquer, surtout quand elles baignent dans de la sauce et qu’elles sont ensevelies par quelques morceaux de skouik-skouik ! Réchauffé·es par cette comfort food et par une bière canadienne goût café, on rejoint la scène sur laquelle Zed Yun Pavarotti s’apprête à monter.

Clope au bec et voix rocailleuse qui vient du fond des entrailles, Zed Yun Pavarotti détonne pour cette fin de première journée et fait honneur au festival. Le public, principalement composé d’ados en ébullition, est tellement chaud que l’artiste au visage tatoué fait un rappel surprise avec son titre Girlfriend. Avec un bagout qui assure une prestance certaine, Zed Yun et ses musiciens – surtout sa guitariste dont on ne peut détacher nos yeux – envoient du lourd et répondent à la promesse d’un concert magistral aux paroles rap et aux sonorités rock.

Zed Yun Pavarotti © Alice Sevilla


Samedi : on monte en intensité avec Mélissa Laveaux, Lulu Van Trapp, Mademoiselle K et Macadam Crocodile

Après une bonne nuit dans une ancienne chambre de nonne à l’Abbaye-aux-Dames, on retourne taper du pied et secouer des épaules dans notre petite bulle en hauteur qu’est le Transe Atlantique. Arrivé·es au sommet de cette montée où l’on pourrait presque caresser le soleil, petit tour au stand de Fakele avant, histoire de se faire tirer le portrait par son afghan box. Quelques minutes plus tard, on repart avec deux belles photos de nous à accrocher sur notre frigo.

Puis, Mélissa Laveaux monte sur scène et commence la cérémonie de son chant enveloppant. Grosses lunettes roses sur le bout du nez et bottines à talons rouges aux pieds, Mélissa Laveaux nous fait voyager telle Dorothy Gale dans le passé de ces héroïnes oubliées dont elle nous chante leurs histoires. On se laisse bercer par leurs récits et charmer par la jovialité de la Canadienne. Nos âmes entrent en communion avec elle ainsi qu’avec sa musique, nos corps aussi et on ne peut s’empêcher de danser ce pouvoir féminin qui découlent des hymnes de ces héroïnes. Peut-être étaient-elles là aussi, qui sait ?

Mélissa Laveaux © Alice Sevilla

Ah, les Lulu Van Trapp… Encore un concert où l’on n’a pas été déçu·es ! Toujours aussi féroces et explosifs, les musiciens, Max, Nico et Manu, ainsi que la chanteuse Rebecca – qui joue aussi du synthé – ont su nous faire plus qu’adhérer à leur fameuse quête de liberté et d’amour dans laquelle on les suit les yeux fermés et les oreilles bien ouvertes. On ne peut résister à ce son grisant et cette voix ensorcelante, surtout quand les Lulu Van Trapp nous font découvrir deux de leurs nouvelles chansons : National honey (she loves violence) et L’amour et la Bagarre. On vous avait bien dit que leur musique était mi-tendre mi-violente ! CQFD.

Lulu Van Trapp © Alice Sevilla

Après un arrêt au stand « Bullets BBQ » pour une pause culinaire, on rejoint la masse agglutinée à la scène et qui attend Mademoiselle K avec impatience. Elle apparaît enfin, avec sa guitare en bandoulière, dans la lumière scintillante qui se reflète sur sa combinaison dorée. Et là, c’est la claque. D’une aisance à couper le souffle, on ne se lassera jamais de la voir manier sa guitare d’une main de maître aux doigts de fée. On sent presque une réelle relation entre les deux car leur osmose est palpable, les entourant dans une bulle bien à elles, nous donnant ainsi un magnifique spectacle à voir. Le public est au taquet, fin connaisseur de ses paroles et on prend plaisir à se mêler à leur chant pour notre préférée : Je suis jalouse.

Mademoiselle K, ainsi que ses musiciens, nous prennent au ventre par leur jeu mordant et leur énergie hypnotisante. On la revoit encore danser de ses muscles saillants sur J’rêve d’un CRS avec sa voix particulière en fond sonore. Quel beau souvenir.

Mademoiselle K © Alice Sevilla

Last but not least, la soirée se termine avec les Macadam Crocodile. On vous avait promis que ça allait groover et on peut vous dire qu’on ne s’est pas moqué·es de vous !
Malgré quelques insolences d’une technologie rebelle – que Xavier Polycarpe et Vincent Brulin ont su bien maîtriser – nos pieds se laissent embarquer et frôlent le plancher (enfin l’herbe) comme s’ils étaient pris d’une soudaine indépendance de choix et de mouvements. La pluie nous tombe dessus avec légèreté, juste quelques secondes, comme si elle voulait nous rafraîchir sur un dancefloor on fire. On saute, on danse, on rit et ce, même sur scène, lorsque Xavier nous invite tous·tes à les y rejoindre pour leur chanson finale. On s’entraide pour y monter en souriant, heureux·ses de ce moment partagé et de nos hanches qui swinguent ensemble.

Macadam Crocodile © Alice Sevilla


Dimanche : on termine en beauté avec UssaR, Diane Tell et Voyou

Dernier jour de festival et on a le cœur triste. Comme des ados qui rentreraient de colo en quittant leur amourette de vacances… Pour l’adoucir un peu, on se laisse convaincre de jouer à la dernière session de Bingo animée par Bingo Fever, dans l’espoir de repartir avec le gros lot et le cœur plus léger. On a échoué à avoir le premier mais on repart tout de même allégé·es pour rejoindre le premier concert de cette troisième journée.

Sous un soleil brillant de ses rayons dorés sur la scène, UssaR prend place derrière son synthé. Lunettes noires sur le nez, collier de perles autour du cou et sourire ravageur sur les lèvres, il nous attrape par sa musique douce et expérimentale ainsi que par ses paroles percutantes et mélodieuses. Le public – qui attend, assis sagement, la doyenne du jour – est plus spectateur que danseur mais se laisse tout de même prendre au jeu en faisant les chœurs de Loin du Sud. Grâce à UssaR, on « voit la mer », pour cette fin d’été à Saintes. On en aurait presque un goût salé sur le bout de la langue et une odeur de sable chaud au fond des poumons. Un tendre voyage.

UssaR © Alice Sevilla

On profite de l’interlude pour faire un petit tour au village des exposants et décidons, par curiosité, de faire une séance de voyance pour lire notre avenir. On vous épargne les détails de celui-ci sauf cette info que l’on sait depuis le début : on attend le prochain concert avec impatience.

Et là, débarque sur la scène, un petit bout de femme au sourire large et au cœur grand. C’est Diane Tell, la marraine du festival. Chaleureuse comme un thé devant un feu de cheminée, Diane Tell enchaîne ses morceaux avec sa guitare au bout des doigts et le soleil qui se couche derrière elle. Puis, le sourire toujours dessiné sur son joyeux visage, elle chantonne Si j’étais un homme avec l’Église Saint Eutrope encore en fond de décor. Le public se tait, fasciné par cet aura qui se dégage de la scène mais surtout d’elle, dans un gracieux moment suspendu dans le temps.

Diane Tell © Alice Sevilla

C’est Voyou qui clôture cette troisième et dernière journée de festival. Spoiler alert : c’était chanmé !

Voyou est d’un entrain contagieux et d’une énergie à faire tourner la tête. Il parcourt la scène de petits sauts de sauterelle et nous invite dans son royaume minuscule au décor « enfantin » où, vraiment, il y fait bon de s’y amuser. Accompagné par sa belle bande de musiciens et sa trompette, Voyou met une ambiance folle – que ce soit sur scène ou dans le public – surtout avec La nuit le jour sur laquelle il nous divise et nous attribue un des rôles de ces deux temps. Il vit sa musique et nous avec lui. Il a le don de chanter la nature avec bienveillance, ainsi que ces choses de la vie que l’on détruit tant on les prend pour acquises, et on l’en remercie. Pour ces mises en lumière et ce rappel d’ouvrir l’œil sur ces mille merveilles qui nous entourent, même aussi minuscule qu’un insecte soient-elles.

Voyou, en plus de son concert grandiose, nous fait l’honneur de nous offrir trois surprises : sa nouvelle chanson D’amour et d’insouciance, son morceau Soleil soleil chanté à capella assis en bord de scène avec ses musiciens qui l’accompagnent en chœur, mais surtout Diane Tell qui les rejoint pour chanter Si j’étais une homme en trio avec lui et sa choriste Laura Etchegoyhen. Encore un moment magique plein de complicité qui conclut ce festival avec beauté.

Voyou © Alice Sevilla

Vous l’aurez compris, le Transe Atlantique : on a testé et approuvé. Pour une deuxième édition, le festival nous épate autant par sa programmation digne des plus grands, que par son cadre et ses activités annexes. On n’est pas médium mais on sait déjà que l’on y retournera l’année prochaine.

Alors, on s’y voit ?

| Photos : © Alice Sevilla

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@